Luang Prabang (Agence Fides) – La petite Eglise au Laos participe spirituellement avec une grande affection et une grande reconnaissance à la commémoration de Mgr Lionello Berti, missionnaire des Oblats de Marie Immaculée (OMI) disparu au Laos voici 50 ans, le 24 février. Ainsi que le rappelle à l’Agence Fides le Père Angelo Pelis, OMI, missionnaire pendant de nombreuses années dans le pays, « un demi-siècle après la mort tragique de Mgr Lionello Berti, premier évêque du nord du Laos, nous participerons avec émotion à la messe pour sa commémoration, qui sera célébrée à Reggello (Florence) le 24 février, en présence de témoins du drame encore ancré dans notre âme ». Reggello se trouve sur le territoire du diocèse de Fiesole, pays natal de l’évêque.

En tant que prêtre, après être entré chez les OMI, en 1957, le Père Berti accepta sa destination, à savoir le nord du Laos, partant avec cinq confrères. Le Laos, ancienne colonie française indépendante depuis 1955, comptait alors un peu plus de 3 millions d’habitants appartenant à une mosaïque d’ethnies très différentes entre elles, en terme de langues, d’usages et de coutumes.

P. Bramante Marchiol, P. Lionello Berti et P. Mario Borzaga

Les Oblats de Marie Immaculée étaient présents depuis 1935 dans le nord du pays, au sein d’une zone comprenant une population animiste et bouddhiste. L’arrivée de six jeunes prêtres italiens donna un nouvel élan à l’œuvre missionnaire. En 1963, fut créé le vicariat apostolique de Luang-Prabang, dont  Mgr Berti sera le premier évêque. Les conditions de vie pour la population, dans ce pays pauvre et dépourvu de voies de communication, étaient compliquées par les actions de guérilla des factions opposées, dont celle des communistes du Pathet-Lao, visant à obtenir l’indépendance.

Dans ce cas, il était facile d’identifier la religion catholique aux colonialistes, et les missionnaires en firent les frais. En effet, ce sont 15 prêtres et catéchistes qui, au cours de ces années-là, sacrifièrent leur vie à cause de leur engagement au service de la pastorale. Du reste, les premiers missionnaires étaient arrivés avec les colonisateurs français, qui avaient entrevu dans la propagation de la foi chrétienne un possible véhicule pour étendre leur influence politique au sein de la population.

En 1963, à l’âge de 37 ans seulement, le Père Lionello Berti fut consacré évêque et nommé Vicaire apostolique de Luang-Prabang. Lorsque la zone lui fut confiée, elle comptait 80 catholiques alors qu’à sa mort, en 1968, ils étaient un millier. Au cours de ses cinq années de ministère et malgré la pauvreté des moyens et en personnel, la mission s’étendit jusqu’à la frontière avec la Thaïlande, la Birmanie et la Chine. Mgr Berti commença les travaux de construction de la cathédrale, du séminaire et des écoles. Il confia aux Sœurs de la Charité le soin des malades, et en partie la formation des catéchistes. Il fonda la Congrégation des Auxiliaires de Marie Mère de l’Eglise en vue de la formation humaine et chrétienne des femmes, un ordre séculier qui continue son œuvre jusqu’à ce jour.

De gauche à droite: avec le pape Jean XXIII en 1962 et avec le pape Paul VI en 1963

Le 24 février 1968, un petit groupe de familles Hmong se préparait à partir pour la zone de Sayaboury, où il cherchait refuge contre les violences des guérilleros présents dans les montagnes. Mgr Berti décida, avec une délicatesse toute paternelle, de les accompagner pour vérifier leur installation. De manière inexplicable, quelques minutes avant d’atteindre leur but, l’avion à bord duquel ils se trouvaient s’abattit dans le Mékong. Les restes de 13 corps – sur 35 au total – furent déchirés par les animaux et disparurent dans les eaux du fleuve. Onze jours après, devant les yeux stupéfaits de ses confrères missionnaires, le corps du jeune évêque émergea des eaux du fleuve, miraculeusement intact.

Aux funérailles de l’évêque Berti

Au cours de la révolution de 1975, les missionnaires étrangers furent expulsés, leurs propriétés séquestrées et destinées à des usages civils, la chapelle étant transformée en dépôt.  Pendant 30 ans, on perdit la trace de la tombe de Mgr Berti. Par la suite, grâce à une œuvre patiente de médiation auprès des autorités laotienne, la tombe fut retrouvée et restaurée dignement. (PA) (Agence Fides 23/02/2018)