MISSION OMI DU SAHARA

Repris du site nosotrosomi.blogspot.com

  • Monseigneur Mario León OMI (Préfet Apostolique du Sahara Occidental)

Ces temps de pandémie ne furent pas non plus des moments faciles pour la famille chrétienne de Dahla, ancienne Villacisneros, où les Missionnaires Oblats ont une mission. Je dis « pas non plus » parce que certainement beaucoup pourraient dire la même chose. Ici, à Dahla, nos paroissiens ont vécu des moments très certainement difficiles… comme s’il s’agissait d’une longue « passion ». Ici aussi, la crise économique a durement frappé avec la fermeture d’hôtels, de restaurants, d’usines et de frigos à poissons… Nos paroissiens, nos frères et sœurs en Christ, sont des migrants, qui sont ici pour travailler, économiser de l’argent et partir. si possible aux îles Canaries. Avec l’augmentation du nombre de cas covid19, l’économie a terriblement souffert, et les premiers à subir le coup ont été les migrants, ce maillon faible, pauvres entre les pauvres.

À Pâques, l’an dernier, les Oblats n’ont pas pu être présents. Nous étions confinés à Laayoune, à 535 km. Nous souffrions parce que nous ne pouvions pas être avec eux. Et ils ont sûrement souffert parce qu’ils ne pouvaient pas se rencontrer et célébrer leur foi, avec nous dans l’église. Et à Dahla, les chrétiens sont une famille. Encore une fois, beaucoup pourront dire… «chez-nous aussi. » Bien sûr! Et louez le Seigneur ! Mais ici, à Dahla, nos frères et sœurs sont seuls. Leurs familles sont à des milliers de kilomètres. Ils vivent « entassés » dans leurs maisons, avec quasiment aucune intimité, trois, quatre … sept dans la même pièce… C’est terrible… vous ne vous sentez pas « chez vous » où que vous habitiez… et curieusement, et c’est une très belle chose, à l’églises, ils se sentent comme en famille. C’est l’un de nos buts : se sentir en paroisse (temple) comme à la maison et à l’église (communauté), comme en famille.

Ainsi, les mois de confinement ont été pour eux une véritable période de dur d’isolement. D’une part, ils étaient sans travail… et comme ils vivent au jour le jour, une journée sans travail est un jour sans argent … comment payer le « loyer » de la partie de la chambre qui leur revient, la nourriture, etc. ? Au début, il leur était interdit de sortir dans la rue… impossible ! Comment pouvez-vous garder 14-20 personnes en 60 m2 à peine ? Même prier devenait difficile pour eux … comment trouver le calme et le silence au milieu de toute cette agitation ? Nous avons essayé d’atténuer les distances et l’absence en faisant comme tout le monde… par notre prière, nos messages d’encouragement et d’espérance.

Cette année, Dieu merci, nous avons pu nous rendre présents. Il est vrai qu’un confinement est maintenu à partir de 21h00 – le Mercredi Saint, il a été avancé à 20h00 en raison de l’apparition de la redoutable « souche britannique »! – et que nous continuons avec les restrictions bien connues de capacité, de distanciation, d’utilisation de gels et de masques… mais nous avons pu célébrer Pâques! D’ailleurs, la famille s’est agrandie !

En faisant de la « jonglerie pastorale », nous essayons d’offrir formation et préparation aux sacrements de l’initiation chrétienne à certains de nos paroissiens qui nous demandent de le faire.

Dans des conditions normales, cela prendrait 2-3 ans… ici, nous essayons de le faire en moins d’un an. Peu de nos paroissiens « tiennent » à Dahla plus d’un an… Et en ce dimanche de Pâques, le Seigneur nous a donné deux nouvelles sœurs : Juliette, la plus « petite » a reçu le baptême, la confirmation et a fait la première communion. Petula, baptisée dans une église évangélique, a été admise à la pleine communion de l’Église catholique, puis a reçu la confirmation et a fait la première communion. Un cadeau de l’Esprit! La famille est en croissance !

La joie était indescriptible. Ils pouvaient difficilement rester immobiles à leur place… ils avaient besoin de chanter, de célébrer, de prier, de louer. La « rigidité » des mesures imposées par COVID19, nous n’aimons pas trop … même si nous le prenons avec patience et joie. Mais de temps en temps, le « bouchon » saute et … la joie déborde tout simplement…

Amen! alléluia! Aujourd’hui, nous avons connu une grande joie. C’est le jour que le Seigneur a fait! Que débordent notre joie et notre allégresse ! Non, il n’est pas facile de contenir le Saint-Esprit, encore moins en cas de pandémie.