Naissance à Gap, Hautes-Alpes, le 22 janvier 1804
Prise d’habit à N. -D. du Laus, le 25 décembre 1821
Oblation à Aix, le 4 novembre 1823 (no 16)
Ordination sacerdotale à Marseille, le 3 septembre 1826
Décès à Aix, le 13 juillet 1828.

Victor Antoine Arnoux est né à Gap, Hautes-Alpes, le 22 janvier 1804. On sait qu’il avait quelques frères et au moins une sœur, religieuse sous le nom de Mère Saint-Victor. Il fit sa première communion à 13 ans, le 1er juin 1816, et se fit alors recevoir dans la confrérie de la Sainte-Trinité. Il aimait la solitude et, dans ses temps libres, il exerçait avec adresse l’art de menuisier, de tourneur, de plâtrier, faisant de petits objets de dévotion, en particulier des croix et des chapelets.

Il fut un brillant élève au collège de Gap. Le 14 septembre 1821, Alphonse Coulin, scolastique à Notre-Dame du Laus, écrit: «Arnoux, de Gap, que nous attendons tous les jours, a remporté tous les prix de la classe d’humanité.» Un Oblat de Notre-Dame du Laus visita le collège et Victor décida de devenir missionnaire. Il commença le noviciat le 25 décembre 1821 et fit son oblation à Aix, le 4 novembre 1823. Au mois de juillet 1822, Coulin écrit au Fondateur que «Arnoux a trop peu de caractère, sa timidité cache ses talents; il a fait de bons devoirs».

À Aix, où il arrive avec les novices à la fin de 1822, Victor est sacristain et va chaque jour, avec ses confrères, suivre les cours de théologie au grand séminaire. Il est ordonné prêtre à Marseille, par Mgr Fortuné de Mazenod, le 3 septembre 1826. Il exerce le ministère sacerdotal pendant moins de deux ans. Le père Hippolyte Courtès écrit: «Nous regrettons sans doute que l’état habituel de maladie et de souffrance de notre saint et la trop courte durée de sa vie ne lui aient pas permis de réaliser tout ce qu’il y avait dans son cœur de prêtre de miséricorde et de charité; mais du moins tout ce qu’il a pu faire il l’a fait et au-delà, et son zèle n’a pas été infructueux. Les témoignages sont unanimes sur l’efficacité des travaux du père Arnoux. On lui confia la direction des novices et il les rendit fervents; on l’envoie évangéliser les peuples des campagnes, et les pécheurs se convertissent à sa voix. S’il parle dans une maison d’éducation, la jeunesse l’écoute attentive, respectueuse, édifiée, persuadée qu’elle entend, qu’elle voit un saint. Au collège d’Aix, où il est chargé particulièrement de la confession des enfants qui n’ont pas encore fait la première communion, il s’attire le respect des élèves et des maîtres, et le chef de l’établissement, M. Marius Tupin, témoigne de la plus vraie satisfaction au supérieur de la Mission du choix d’un collaborateur qui est un ange de piété et de douceur. Dans les hôpitaux, nul malade ne résiste à l’onction de sa parole…»

Sa maladie (tuberculose) l’affaiblit de plus en plus. On l’envoie pendant quelque temps à Fuveau, où l’air est plus sain. Il revient mourir à Aix le 13 juillet 1828, en présence de sa mère et de toute la communauté réunie autour de lui pour réciter le chapelet. Le père de Mazenod n’a pas été averti à temps et il en fait le reproche au supérieur: «Ne sais-tu pas que je regarde comme un devoir principal d’assister tous ceux de nos frères qui sont en danger de mort à ma portée.» Dans une lettre du 21 juillet à Mgr Philibert de Brouillard, évêque de Grenoble, il écrit que ce jeune père est décédé «en odeur de sainteté. Les transports de la dévotion publique ont été si subits et si universels qu’il a fallu livrer la soutane pour sauver les ornements, et quelques parties même de son corps que la piété du peuple n’eût pas épargné». Le 29 suivant, il annonce au père Hippolyte Guibert et à ses confrères de Nîmes la mort de «notre bienheureux père Arnoux, modèle de toutes les vertus, héroïque observateur des règles, aussi spirituel que saint, qui va prendre possession du ciel à l’âge de vingt-quatre ans cinq mois, nous laissant désolés de sa perte autant qu’édifiés de son passage parmi nous».

Le 29 mars 1929, le père de Mazenod demande au père Courtès de «faire par écrit l’abrégé de la vie de notre père Arnoux, non dans le style oratoire, mais l’historique; les plus petits détails sont intéressants pour l’édification de la famille». Le supérieur d’Aix obéit à sa façon. Il écrit une notice de 58 pages, mais il fait le contraire de ce que lui demande le Fondateur. Il écrit dans «le style oratoire», avec très peu de précisions historiques. Il fait un traité sur le religieux obéissant, pauvre et chaste, de même que sur la grandeur du sacerdoce, mais avec peu de faits précis sur la vie du père Arnoux. Retenons cependant ce paragraphe de la notice: «Sans le savoir assurément, il exerça sur tous ses confrères une puissance d’édification dont on trouverait peut-être peu d’exemples. Il était impossible, quand on se trouvait près du jeune saint, d’échapper à l’influence de ses vertus, de ne point devenir plus attentif et plus fervent dans l’oraison, plus recueilli dans le temple et durant la célébration des saints mystères, plus mortifié dans les repas, plus religieux observateur du silence et de toutes les prescriptions de la règle, plus intérieur en un mot et plus zélé pour tout ce qui tient au service de Dieu et à la perfection de la vie spirituelle.» Rappelons encore ici le beau témoignage rendu au père Arnoux par l’un de ses confrères: «Nous l’appelions le Saint. En s’approchant de lui, on se croyait obligé de parler des choses de Dieu. On sentait que toute autre conversation n’eût point été à sa place.»

Les restes du père Victor Arnoux reposent dans le caveau des Oblats au cimetière d’Aix.

Yvon Beaudoin, o.m.i.