Le 15 juillet1925, le territoire habité par les Inuit canadiens et dépendant du vicariat apostolique du Keewatin, sous la houlette de Mgr Ovide Charlebois, OMI, devint la préfecture apostolique de la Baie d’Hudson avec, à sa tête, Mgr Arsène Turquetil, OMI, le fondateur de Chesterfield Inlet (lgluligaarjuk), la première des missions esquimaudes de l’Arctique central. La préfecture comprend l’immensité désertique entre Churchill et le Pôle Nord, entre le Mackenzie et l’océan atlantique. Le personnel missionnaire est restreint, composé du préfet apostolique, de quatre pères et de deux frères: les pères Lionel Ducharme (1897-1979), Honoré Pigeon (1891-1934), Emmanuel Duplain (1592-1972) et Louis Desponts, prêtre novice oblat qui ne persévéra pas, et les frères Prime Girard (1883-1949) et Jacques Volant (1900-1987). La période antérieure à 1925 est traitée sous les mots Mackenzie, Keewatin, etc.

En 1926, le frère Girard et le père Duplain fondent la mission de Coral Harbour sur l’île Southampton (Salliq), tandis que le père Pigeon dirige, en compagnie du père Arthur Thibert (1898-1963), la mission Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus de Cap-Esquimau (Arviat), fondée en 1924 par le frère Girard et le père Ducharme.

En 1927, deux nouvelles recrues venues de France, les pères Armand Clabaut (1900-1966) et Marcel Rio (1899-1992) accompagnent Mgr Turquetil à Baker Lake (Qamanittuaq) et y établissent la mission Saint-Paul, précédés par un ministre protestant, le révérend Smith qui, en tant que premier arrivé, considère la plupart des indigènes comme appartenant à la foi anglicane.

En 1929, le père Prime Girard, ordonné prêtre en mai de la même année par Ms Olivier-Elzéar Mathieu, archevêque de Regina, accompagné du père Étienne Bazin (1903 -1972), nouvellement arrivé de France, s’en va fonder la mission de Pond Inlet (Mittimataliq), la plus septentrionale de toutes les missions catholiques, au nord de la Terre de Baffin, dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. La religion anglicane y était implantée déjà, grâce à un baptême collectif administré l’année précédente par l’évêque Anderson, voyageant à bord du M. S. Nascopie.

En 1930, le père Bazin se rend à Abvajark, à proximité d’lglulik et s’y construit une pauvre desserte qui passera au feu. De ses cendres sortira la florissante mission actuelle d’lglulik, dédiée à saint Étienne et à Notre-Dame-Auxiliatrice.

Le personnel missionnaire est alors de dix pères, en comptant Ms Turquetil et le père Alain Kermel (1903-1970), oblat français arrivé dans la préfecture en 1929 et sorti en 1937 pour cause de maladie. Les dix-sept chrétiens de 1917 sont devenus près d’une centaine en 1998.

Ms Turquetil voudrait pouvoir s’occuper non seulement des âmes mais aussi des corps. En 193 1, son projet d’hôpital devient réalité. Le bâtiment, érigé à Chesterfield Inlet par les frères Volant et Gilles-Marie Paradis (1911-1984) et des pères disponibles, sous la direction du frère Antoine Kacl, polonais d’origine et prêté par la province d’Alberta-Saskatchewan, est confié à une branche des sœurs de la Charité, les sœurs Grises de Nicolet. Les fondatrices sont au nombre de quatre: Marie-Anne Fréchette (1886-1972), supérieure, Saint-Ignace de Loyola (Anastasie Héroux) (1900-1994), infirmière, Adélaïde Fafard (1885-1972) cuisinière, et Thérèse de l’Enfant-Jésus (Yvonne Désilets) (1906-1987), sacristine et lingère. En 1931 également, l’Église anglicane inaugure l’hôpital Saint-Luc de Pangnirtung. De 1934 à 1942 et de 1944 à 1958, dix médecins se succéderont à Chesterfield Inlet.

La préfecture apostolique de la Baie d’Hudson est, en 1931, promue au rang de vicariat apostolique. Le 23 février 1932, Ms Turquetil est ordonné évêque dans la cathédrale de Montréal par Mgr Georges Gauthier, Ms Gabriel Breynat et Ms Ovide Charlebois. Il prend comme devise «ut convertantur».

En 1933, le père Henri-Paul Dionne (1905-1949) reçoit son obédience pour la Baie d’Hudson et, après deux ans à Coral Harbour, s’établit à Cap-Esquimau. Comme le père Pigeon en 1934, il disparaîtra accidentellement en octobre 7949 avec deux Inuit. Le père Jean Philippe (1909- ) lui tient compagnie en 1935 et part pour Baker Lake en 1937. En 1935, le père Richard Ferron (1907-1995) prête main-forte à Ms Turquetil qui, en 1929, a établi sa résidence à Churchill, Manitoba. Cette même année 1935, le père Pierre Henry 0904-1979), surnommé Kajualuk par les lnuit, va fonder la mission Saint-Pierre de Pelly Bay (Kugaarjuk ou Arviliqjuat), après avoir été, dès 1933, le compagnon du père Clabaut, fondateur de la mission Notre-Dame-des-Neiges, à Repulse Bay (Naujat). En 1935, deux Québécois, les pères Joseph Massé (1905-1975) venu de Coral Harbour où il était depuis son arrivée au Nord en 1931 et Marc Lacroix (1906-1976), depuis un an missionnaire à Chesterfield Inlet, se trouvent également à Repulse Bay.

La population catholique du vicariat s’élève à environ 500 baptisés et 280 catéchumènes. Au personnel missionnaire, il faut ajouter les pères Julien-Marie Cochard (1907-1990) qui, après avoir séjourné à Eskimo Point en 1934, restera à Pond Inlet de 1935 à 1943, Théophile Didier (1910-1986) à Chesterfield Inlet de 1935 è11939 et Étienne Danielo (1910-1965) à Pond Inlet de 1935 à 1955, sauf à Iglulik, en 1948.

En 1936, le père Eugène Fafard (1902-1987), arrivé du Nord en 1921 après avoir été affecté à la mission de Coral Harbour et en 1933 à Chesterfield Inlet, va fonder la première mission catholique au Nouveau-Québec, à Wakeham Bay (Kangiqsujuaq), avec le père Aloysius Cartier (1903-1961), originaire du Texas.

En 1936, arrivent de France le père Antonin Mouchard (1908-1912) et du Québec le frère Raymond Bédard (né en 1909) qui plus tard quitta la Congrégation et est aujourd’hui décédé. Le père Mouchard, après un bref séjour à Chesterfield Inlet puis à Cap-Esquimau, ira à Baker Lake de 193 8 à 1942. La famine et les privations lui feront perdre la raison et il mourra à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu, à Montréal.

En 1937, deux Français, les pères Marin Toch (1910-1974) et Jean-Marie Trébaol (1905-1988) vont l’un à Chesterfield Inlet, l’autre à Iglulik. Un Américain, le père James Dunleavy (1910-1942) va à Cap-Esquimau. Un Belge, le père Franz Van de Velde (1909- ) va à Repulse Bay pour continuer, en 1938, vers Pelly Bay, où il restera jusqu’à 1965 avant de se rendre à Iglulik et, en 1969, à Sanerajak (Hall Beach) jusqu’à novembre 1986, date de son retour en Belgique.

L’année 1937 est aussi marquée par le premier synode dans le vicariat apostolique de la Baie d’Hudson. Le synode avait pour objet de donner des directives précises et uniformes à tous les missionnaires œuvrant dans neuf postes de mission. Il coïncidait avec le vingt-cinquième anniversaire de la fondation de Chesterfield Inlet. Profitant de cette réunion extraordinaire des missionnaires et de la présence de leurs excellences Mgr Arthur Sinnott, de Winnipeg, Mgr Émile Yelle, de Saint-Boniface, Mgr Gabriel Breynat, du Mackenzie et Mgr Martin Lajeunesse, du Keewatin, Mgr Turquetil fit du père Armand Clabaut son coadjuteur avec droit de succession. L’ordination eut lieu le 21 août dans l’humble chapelle de Chesterfield Inlet. Certains visiteurs avaient été transportés de Churchill par le père Paul Schulte à bord du Saint-Luc, avion de la Miva, ou à bord du Sancta Maria, par le capitaine Louis Bisson, pilote au service des missions du Mackenzie. D’autres vinrent sur le M. F. Thérèse, semi-brise-glace en acier construit en Hollande, qui succéda au Thérèse, bateau de faible tonnage, et au Pie XI, goélette de 40 tonnes construite en 1933 à l’île du Cap Breton.

En 1939, le personnel du vicariat apostolique de la Baie d’Hudson s’établit comme suit:

1. Churchill (Manitoba), Saints-Martyrs-Canadiens, Mgr Turquetil, vicaire apostolique et en même temps vicaire des missions, supérieur religieux; Mgr Clabaut; les pères Duplain et Ferron.

2. Chesterfield Inlet, Notre-Dame-de-la-Délivrande: les pères Ducharme, Didier, Toch et Joseph Choque (1912-1979), arrive de Belgique en 1938; les frères Paradis et Bédard.

3. Cap-Esquimau, Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus: les pères Dionne, Dunleavy et Lucien Schneider (1907-1978), arrivé de France en septembre 1939; le frère Nazzareno Carnevale, arrivé d’Italie en 1938.

4. Baker Lake, Saint-Paul: les pères Philippe et Mouchard.

5. Pond Inlet, Sacré-Cœur: les pères Cochard et Danielo; le frère Volant.

6. Repulse Bay, Notre-Dame-des-Neiges: les pères Lacroix, Massé et Joseph Buliard (1914-1956), arrivé de France en août 1939. Au cours d’une promenade sur la mer, ayant défoncé la glace, ce dernier se gela les mains et fut remplacé temporairement par le père Robert Biasiolli de San Antonio, Texas, (1914-1980). En 1942, le père Biasiolli quittera le Nord pour devenir aumônier militaire, puis missionnaire au Mexique.

7. Iglulik, Saint-Etienne: les pères Bazin et Trébaol.

8. Wakeham Bay, Sainte-Anne: les pères Fafard et André Steinmann (1912-1991), arrivé de France en1938.

9. Pelly Bay, Saint-Pierre: les pères Henry et Van de Velde.

10. Ivuyivik, Saint-Louis: les pères Cartier et Hubert Mascaret (1913-1991), arrivé de France en 1938.

11. Montréal et Outremont: Ms Turquetil ayant quitté son bureau du 5124, rue Christophe-Colomb, à Montréa1, a pris comme pied-à-terrele245, rue Bloomfield, à Outremont. Y séjournent, en 1939, les pères Girard, Thibert et Guy Mary-Rousselière (1913-1994), arrivé de France en août 1938. Photographe et ethnologue, auteur de plusieurs livres sur les Inuit, le père Mary-Rousselière, après s’être occupé des Amérindiens de Little Duck Lake de 1940 à, 1944, ira à Pond Inlet, Iglulik, Baker Lake, Repulse Bay, Churchill pour s’établir de nouveau à Pond Inlet, en 1958. Il est aussi le rédacteur de la revue Eskimo que le père Jean Philippe inaugura en 1944 sous le titre Trait d’union. Quant au père Rio, il est retourné en congé en Bretagne. On le retrouvera en 1940 à Ivuyivik.

Il faut aussi noter, à l’automne 1939, la fondation de la mission catholique de Cap Dorset (Kingnait) avec les pères Fafard et Joseph Choque, et le frère André Chauvel (1905-1972), un Français arrivé en 1938.

En 1940, arrive à Chesterfield Inlet le père Roland Courtemanche (1915- ), Québécois. Il y accumulera trente ans de ministère, ses autres obédiences l’ayant conduit à Cap-Esquimau (1942-1947), à Coral Harbour (1947-1948), à Frobisher Bay (1969-1971) et à Churchill (1971-1975; 1987-1996).

Sans avoir jamais été au Nord, fait aussi partie du personnel de la Baie d’Hudson, le père Charlemagne Jacques (1903-1948), séjournant à la procure de Montréal, rue Bloomfield de 1940 à 1948.

Les statistiques des années 1940-1941 donnent 37 Oblats (2 évêques, 30 pères et 5 frères) et 6 sœurs Grises. Parmi les Inuit, il y a 750 catéchumènes, 725 baptisés et 5 833 païens. Vu la mentalité de l’époque, il semble bien que nos frères protestants aient été inclus parmi les païens!

Dans une lettre du 18 janvier 1940, le père Théodore Labouré, supérieur général, résumait ainsi la situation à la Baie d’Hudson: «Un des vicariats les plus difficiles et l’un des meilleurs à tous les points de vue: organisation matérielle, esprit apostolique, esprit religieux, bonne entente entre les pères et avec les évêques. Sans cela, la vie serait intenable dans ces missions pénibles.»

Missions pénibles à plus d’un point de vue. Les Inuit forment une population nomade de chasseurs vivant sous l’iglou ou la tente, dispersés en campements souvent très éloignés les uns des autres. Le prêtre se déplace de l’un à l’autre en traîne à chiens, habillé comme les indigènes de peau de caribou. Il loge sous le même dôme de neige, partageant la viande gelée, la plate-forme de neige servant de lit et parfois la vermine due au manque d’hygiène. Sous la maison de neige, il enseigne, baptise, dit la messe et bénit les jeunes mariés. En guise de voyage de noces, l’homme partira à la chasse au phoque ou ira visiter ses trappes tandis que son épouse continuera à aider sa belle-mère dans la couture des peaux ou le soin du ménage. Comme combustible, il y a l’huile de phoque et de baleine ou la mousse ramassée dans la toundra. A Pâques et à Noël, le missionnaire accueille à la mission les Inuit capables de s’y rendre si la famine, le manque de vêtements ou une maladie parmi les gens ou les chiens que le sorcier n’a pu conjurer ne les en empêchent. A l’été, lors de l’arrivée du bateau ravitailleur, les hommes reviendront souvent en marchant, accompagnés de l’un ou l’autre chien servant de portefaix et aideront au déchargement, gagnant ainsi quelques «plus» leur permettant de traiter thé, tabac, farine et munitions au magasin le plus proche.

Son coadjuteur Mgr Clabaut étant retourné en France au début de la seconde guerre mondiale, Mgr Turquetil, épuisé par le souci de ses missions, ses voyages continuels dans le Nord pour visiter son vicariat ou dans le Sud pour une survie financière toujours précaire, donne sa démission. Le père Marc Lacroix, supérieur à Chesterfield Inlet, est choisi pour lui succéder. Il n’a que 37 ans. Le 22 février 1943, il est ordonné évêque à Saint-Hyacinthe, Québec, et prend comme devise «De tenebris ad lucem».

Parmi les gestes importants posés par Mgr Lacroix, signalons l’achat du Regina Polaris, en 1947, remplagant ainsi le M. F. Thérèse, coulé en 1944 près de Cap Dorset; également en 1947, son approbation de la création, par le père Ferron, de la compagnie Arctic Wings et du musée esquimau de Churchill; le passage, en 1946, des missions de Wakeham et Ivuyivik et des pères Steinmann, Mascaret (revenu à la Baie d’Hudson en 1965) et Schneider et du frère Chauvel au nouveau vicariat du Labrador sous la houlette de Mgr Lionel Scheffer, OMI (1903-1966); en 1955, l’inauguration d’un pensionnat à Chesterfield Inlet, confié aux sœurs Grises et permettant aux enfants des postes éloignés de venir y demeurer d’août à mai de chaque année jusqu’à l’établissement des écoles de village par le gouvernement fédéral d’Ottawa et l’envoi des élèves les plus avancés à Churchill ou Yellowknife.

Au point de vue du personnel, en 1946, le père Massé passe à la province du Manitoba en 194J, le père Cartier quitte Ivuyivik et reçoit une obédience pour les Philippines; en 1948, le père Bazin rentre en France où il demande la sécularisation. Le père Joseph-Eugène Pelletier (1914-1996), Québécois, arrivé en 1942 reste à Cap Dorset jusqu’à 1946. En 1943, le père François Bérubé (1917-1982), Québécois, arrive à Chesterfield Inlet. Après un bref séjour à Repulse Bay et Chesterfield Inlet, il demeure à Cap-Esquimau jusqu’à 1954 alors qu’un mal d’oreilles aigu l’oblige à quitter le Nord. En 1944, après avoir subi le naufrage du M. F. Thérèse, le père René Bélair (1918- ) débarque à Cap Dorset. De 1952 à 1910, il sera en charge de l’économat à Churchill avant de passer à la province du Manitoba. Trois nouveaux frères canadiens enrichiront le vicariat: Olivier Richer (1908-1969), qui restera quatre ans à Chesterfield Inlet et quinze ans à Churchill comme cuisinier; Roger Boutin (1923-), arrivé lui aussi en 1945 à Chesterfield Inlet, qu’il quittera en 1948 en même temps qu’il laisse la Congrégation, et Roméo Boisclair (1911-1919), qui se dévouera à partir de 1947 à Churchill puis à Chesterfield Inlet jusqu’à sa mort subite. Au père Pierre Lessard (1919- ), Québécois, arrive en 1946 qui œuvrera surtout à Churchill et sur la ligne DEW, s’ajoutent, en 1941, les pères Charles Choque (1921- ), Belge, Antonio Ostan (1920- ), Italien, à Iglulik et Pond Inlet de 1947 à 1952, Rogatien Papion (1921- ), Français, qui, après avoir séjourné dans différentes missions, est revenu pour un troisième séjour à Whale Cove (Tikirarjuaq), qu’il a fondé en 1960, et Ernest Trinel (1918-1993) qui passa au Labrador de 1962 à 1975 pour revenir à la Baie d’Hudson en 1976, avant de se retirer à Cap-de-la-Madeleine en 1987. En 1949, le père Lauréat Lord (1922-1983), Québécois, gagne Fort Churchill où il sera aumônier militaire, chef scout et curé pendant près de 20 ans. En 1949, le père Joseph Le Verge (1924- ), Français, arrive à Repulse Bay pour descendre ensuite à Rankin Inlet et Repulse Bay. Il quittera le Nord en 1977 pour du ministère en Colombie-Britannique. En 1950, le frère Jean-Marie Tremblay (1927- ) de Richelieu, Québec, reçoit son obédience pour la Baie d’Hudson. Il travaillera d’abord à Churchill, puis quelque temps à Chesterfield Inlet avant de revenir à l’évêché de Churchill, où il se dévouera au service de toutes les missions. Il se retirera, en 1992, à la Casa Bonita de Winnipeg. En 1953, le père Louis Fournier (1923- ) arrivé de France, construit à Chesterfield Inlet une grotte de Notre-Dame de Lourdes. Il passera 25 ans à Iglulik pour ensuite passer à Iqaluit, Whale Cove et Repulse Bay. Arrive aussi de Belgique la même année le père Bernard Fransen (1925- ) qui, après avoir séjourné dans plusieurs missions, quittera le Nord vers l975 et la Congrégation vers 1981.

En 1952, le père Cochard, alors à Cap-Esquimau, devient officiellement vicaire des missions, rôle joué jusqu’alors par l’évêque. De 1962 à1 1966, il sera remplacé par le père Robert Haramburu (1913-), venu du Mackenzie avec le titre de provincial de la vice-province de la Baie d’Hudson. Lui succédera, en 1966, le père Charles Choque, alors à Rankin Inlet, lui-même remplacé, en 1974, par le père Robert Lechat (1920- ), arrivé en 1946 au Labrador et, en 1972, à lglulik. C’est sous l’administration de ce dernier que la vice-province deviendra délégation ad extra rattachée à la province du Manitoba, le 3l mai 1983. La délégation aura successivement comme supérieurs le père Jean-Gabriel Dufour (1928-1996), Savoyard, arrivé en mission en 1955, et le père Joannès Rivoire (1931- ) venu de France en 1960 pour servir à Iglulik, Repulse Bay et Eskimo Point.

En juin 1955, à Washington, meurt Mgr Turquetil, retiré depuis plusieurs années au scolasticat des Oblats.

L’année 1956 voir arriver de Belgique le père André Goussaert (1930- ) Après avoir aidé à la construction de la nouvelle maison-chapelle de Baker Lake, il s’envole vers Pelly Bay, Gjoa Haven et Cambridge. Il se dévoue à la création des coopératives inuit. En 1980, il quitte le Oblats et se marie. Sur ces entrefaites, le frère Jérôme Vermersch (1922- ), son compagnon depuis 1958, rentre définitivement en Belgique.

A la fin d’octobre 1956, la délégation déplore la disparition mystérieuse du père Joseph Buliard, missionnaire à Garry Lake, desserte de Baker Lake, noyé ou assassiné. Le père Rio quitte le vicariat pour s’occuper des Inuit hospitalisés dans les sanatoriums.

En 1960, l’Oblat québécois Jean-Guy Roberge (1931- ) monte au Nord, à Iglulik et Frobisher Bay, pour rentrer au Québec vers 1963.

Le l3 juillet 1967, le vicariat apostolique devient le diocèse de Churchill-Baie d’Hudson.

Le 9 septembre 1968, Mgr Lacroix, malade, remet sa démission non sans avoir donné son approbation au projet dit des catéchistes inuit, projet que soutiendra le père Robert Paradis (1913- ), Québécois, arrivé en mission en 1951, fondateur de Rankin Inlet (Kangirsliniq), ville minière, en 1957 et de Frobisher Bay (Iqaluit) en 1959. Le père Joseph Meeus, (1927- ) Belge, arrivé au Labrador et passé à la Baie d’Hudson en 1968, sera impliqué dans le mouvement des catéchistes inuit soit à Iqaluit, soit à Arviliqjuat, dont dépendent Talurjuat (Spence Bay) et Uqsuqtuq (Gjoa Haven). Le père Georges Lorson (1923- ), Français, arrivé au Nord en 1950, sera, avec le père Didier, un des formateurs à l’école pour catéchistes fondée à Arviliqjuat en 1968.

Le 2l mai l970, le père Omer Robidoux (1913-1986) est ordonné évêque de Churchill-Baie d’Hudson dans la cathédrale de Winnipeg par le cardinal George B. Flahiff, c.s.b.. Sa devise sera «Ut sint Unum». Mgr Robidoux insistera sur le travail des laïques dans la christianisation du Nord, sur le rôle des catéchistes, des sœurs impliquées dans la catéchèse, préférant investir dans les personnes plutôt que dans les bâtiments. Depuis les années 1950, la physionomie du Nord a bien changé. De nomades, les Inuit sont devenus sédentaires; de chasseurs et trappeurs, ils sont devenus de plus en plus dépendants des largesses du gouvernement; ils ont leurs écoles, leurs dispensaires, leurs locaux de réunion, parfois leurs entreprises privées. Ils ont aussi la légitime ambition de se gouverner eux-mêmes, de garder leur langue, de participer aux bénéfices que pourraient apporter gisements miniers ou pétrolifères.

Le 9 septembre 1916 s’éteint Mgr Lacroix, inhumé dans le cimetière oblat de Richelieu où le rejoindront, en 1979, les pères Henry, Ducharme et Joseph Choque, ainsi que le frère Boisclair, tandis que le frère Lucien Parent, né en 1929, sera inhumé à Hull. Le frère Parent a servi comme cuisinier à Chesterfield Inlet, Rankin Inlet et Churchill de 1955 à 1975, passant alors à Ottawa.

Le personnel oblat diminue; pour raison d’âge ou de maladie, plusieurs ont laissé le Nord: le père Cochard en 1963, le père Fafard en 1966, le père Trébaol en 1969, le père Henry en 1971 et ceux qui restent dans le Nord vieillissent. Cependant, en 1978, les pères Patrick Lorand (1937- ), Français, et Erik Dejaeger (1941- ) Belge, sont tous deux ordonnés par Mgr Robidoux et destinés aux missions inuit. Patrick Lorand quittera la congrégation en 1994 et le père Dejaeger retournera en Belgique en 1995. Le 9 juin 1984, Louis Légaré (1949- ), de Québec, est aussi ordonné prêtre par Mgr Robidoux, ayant auparavant été initié à la vie esquimaude à Pelly Bay. Le 13 juillet 1984 est enterré à Churchill le frère Gilles-Marie Paradis.

Le 12 novembre 1986, l’avion transportant à Pelly Bay Mgr Robidoux, le père Didier, expert en langue inuktitut et traducteur officiel de la Bible, et sœur Lise Turcotte, s.g.m., coordonnatrice diocésaine de la catéchèse, s’écrase près de Rankin Inlet. Il n’y a aucun survivant.

Le père Jean Dufour est désigné comme administrateur du diocèse jusqu’à la nomination de Mgr Reynald Rouleau au siège de Churchill-Baie d’Hudson, le 23 mai 1987. Mgr Rouleau est né à Saint-Jean-de-Dieu, diocèse de Rimouski, Québec, le 30 novembre 1935.ll est ordonné évêque à Rankin Inlet, le 29 juillet 1987, par Mgr Peter Sutton, archevêque de Keewatin-Le Pas, accompagné de Mgr Jules Leguerrier, évêque de Moosonee, et de Mgr Denis Croteau, évêque de Mackenzie-Fort Smith.

En 1998, il reste sept prêtres, dont cinq Oblats, responsables d’un ou plusieurs postes dans les missions de ce diocèse de 2 500 000 km2

Charles Choque OMI