1. Présence temporaire (1849-1850)
  2. Fondation officielle: collège-séminaire et tournées missionnaires (1852-1857)
  3. Un demi-siècle de ministère dans la paroisse mexicaine (1929-1980)

Présence temporaire (1849-1850)
En 1849, le père Adrien Telmon, s’appuyant sur l’autorisation qu’il avait eue du Fondateur de faire une fondation aux États-Unis, accepta, après l’échec de Pittsburgh, la demande de Mgr Jean-Marie Odin, premier évêque de Galveston, d’étendre la présence de l’Église catho­lique dans la basse vallée du Rio Grande au Texas. Les Oblats choisis par le père Telmon se séparèrent à la Nouvelle Orléans, le père Telmon et deux compa­gnons, le père Alexandre Soulerin et le frère Joseph Menthe, prirent le navire en direction de Brownsville, pendant que le père Augustin Gaudet et le scolastique Paul Gelot, avec Mgr Odin, se dirigèrent vers Galveston où ils arrivèrent au début de décembre. Le projet des deux Oblats était de demeurer temporairement à Gal­veston pendant que leurs confrères feraient une fondation convenable à Brownsville. Pendant que le frère Gelot continuait sa formation, le père Gaudet aida le clergé local; les deux étudièrent aussi l’anglais et l’espagnol. Mais la vie difficile des Oblats de Brownsville au début de leur séjour retarda la réalisation de ce projet. Après le départ en avril 1850 de l’Évêque pour la visite de son vaste diocèse, le père Gaudet se trouva bientôt seul prêtre en ville, chargé de la paroisse et du convent des Ursulines. Quand sa lettre de plaintes arriva en France en septembre, le Conseil général décida de le rappeler immédiatement au Canada, ironiquement au moment où la situation à Bronwsville lui permettait d’y aller à la fin octobre. Obéissant aux ordres venus de France, le père Gaudet quitta Galveston au début du mois de novembre 1850. Le frère Gelot, dont le Fondateur était mécontent, décida de rester aux États-Unis et fut admis dans le clergé diocésain.

Fondation officielle: collège-séminaire et tournées missionnaires (1852-1857)
Ayant fort besoin de prêtres, de reli­gieux et de secours financiers, Mgr Odin s’embarqua pour l’Europe en 1851. À Marseille, il supplia Mgr de Mazenod de venir à son secours et pro­posa aux Oblats deux objectifs: retourner à Bronwsville, que les Oblats avaient également quitté, pour y reprendre la cure pastorale du territoire et construire une école, cons­truire à Galveston et fournir le personnel d’un collège-séminaire, tout en aidant au ministère pastoral. Mgr de Mazenod ré­pondit généreusement en envoyant le plus grand groupe de missionnaires qu’il n’avait fait partir en une seule fois: six prêtres et un frère. Ils étaient tous très jeunes, entre 24 et 34 ans. Il choisit pour supérieur le père Jean-Marie Verdet, prêtre depuis trois ans, cinq autres prêtres ordonnés en février 1852, avant leur départ (Pierre Parisot, Étienne Vignole, Jean-Marie Gaye, Rigomer Olivier, Pierre-Yves Kéralum) et le frère Pierre Roudet, profès depuis le mois de dé­cembre. Ces sept Oblats exercèrent une longue et profonde influence au Texas où ils demeurèrent jusqu’à leur mort. Quatre vécurent jusqu’à la fin du XIXe siècle, deux y travaillèrent respectivement vingt et trente ans.

Comme une révolution avait éclatée sur le versant mexicain du Rio Grande, avec des conséquences au Texas, ceci survint souvent par la suite, Mgr Odin laissa d’abord tous les nouveaux venus à Galveston. Ils arrivèrent en mai 1852. Il commencèrent aussitôt à étudier l’anglais et l’espagnol, tout en aidant au ministère. Le père Verdet et trois confrères partirent en octobre pour reprendre la fondation de Brownsville, le père Kéralum les suivit cinq mois plus tard. Les pères Parisot et Vignole demeurèrent à Galveston pour essayer de fonder le collège-séminaire; cela s’avéra une œuvre difficile. Ces jeunes Oblats n’avaient aucune expé­rience dans la direction d’une institution d’éducation et parlaient peu l’anglais. Pour remédier à ces faiblesses, des Oblats furent envoyés du Canada, mais le plus capable, le père Jean-Fleury Baudrand, mourut de la fièvre jaune en mai 1853, quelques mois après son arrivée. L’am­bitieux projet de construction ne fut terminé qu’en janvier 1855; les classes commencèrent finalement sous la direc­tion du père Julien Baudre. Quand il n’enseignait pas, le père Parisot faisait de longues randonnées missionnaires dans des régions sans prêtres à l’Est du Texas et dans l’Ouest de la Louisiane, de même qu’au centre du Texas, pour quêter et recruter des pensionnaires pour le nou­veau collège.

En octobre 1856, le père Gaudet fut rappelé du Canada pour être supérieur à Galveston. Avec ses confrères, il constata qu’ils ne dirigeaient en réalité qu’une école primaire. On n’aurait pas de voca­tions au sacerdoce avant deux décennies et Mgr Odin continuait à envoyer au séminaire Lazariste du Missouri les quelques séminaristes étrangers qui se présentaient. De plus, les Oblats trou­vaient difficilement un personnel qui parlait couramment l’anglais et était bon professeur. Pensant qu’un tel collège était un ministère qui ne convenait pas aux Oblats, ils demandèrent au Conseil géné­ral de le céder au diocèse. Mgr Odin répondit que l’éducation catholique était un travail missionnaire dans le contexte américain d’alors. Le Fondateur et son Conseil montrèrent de la compréhension mais furent d’accord avec les pères du Texas. En octobre 1857, les deux derniers Oblats laissèrent Galveston. Deux avaient déjà été envoyés au Canada, dont le sco­lastique McGrath, qui fut plus tard le pre­mier provincial de la première province oblate des États-Unis. Les cinq autres Oblats furent envoyés à Brownsville.

Un demi-siècle de ministère dans la paroisse mexicaine (1929-1980)
Quand les Oblats retournèrent à Gal­veston en 1929, leur réputation était bien établie parmi les évêques du Sud-Ouest américain comme missionnaires des Mexicains. Dans les premières décennies du XXe siècle, les Mexicains émigrèrent nombreux, pour la première fois, au Sud-Ouest du Texas; en 1911 l’Évêque de Galveston demanda aux Oblats de s’occuper d’eux temporairement, parce qu’ils étaient sans pasteurs. Sur l’île de Galveston, les Ursulines de l’église Saint-Patrick avaient commencé en 1917 une école pour les Mexicains, sur l’avenue H. Une nouvelle école mexicaine fut construite en 1916, sur l’avenue M. Avec l’arrivée de quelques prêtres réfugiés, la vieille salle, construite en bois, de la paroisse Saint-Patrick fut déplacée et servit d’école et de chapelle, dédiée à Notre-Dame de Guadeloupe. Trois prêtres mexicains y exercèrent successivement le ministère du dimanche. Au départ de ces prêtres en 1929, les Oblats acceptèrent le service de la chapelle qui avait des dettes et était sans presbytère. Ils visitèrent aussi les Mexicains des villes voisines de Texas City et de Dickinson.

Pendant un demi siècle les Oblats furent chargés de l’église et de ses mis­sions. Les curés demeurèrent longtemps: Paul Hally de 1929 à 1937, Joseph Dwan de 1940 à 1950, Georges Green de 1952 à 1965 et Cornelius McNally de 1965 à 1978. Au cours des premières années les paroissiens étaient surtout des travailleurs qui déchargeaient les navires de bananes. Les principales associations pieuses furent les Guadalupanas et les Vasallos de Cristo Re. Celle-ci était une association d’hom­mes qui firent des travaux de menuiserie dont un théâtre extérieur pour de fréquentes levées de fonds par des concerts, des pièces de théâtre, des drames religieux, et pour les cérémonies solennelles de clôture des processions publiques dans les environs. Le père Hally trouva le moyen d’aider les Sœurs de l’école et de construire un presbytère en bois, sans recevoir de salaire et vivant toujours dans les dettes. Après six années de luttes à ce sujet, il demanda à l’évêque que les trois paroisses territoriales per­mettent aux Mexicains vivant dans les limites de ces paroisses de pouvoir les fréquenter. Il mit ainsi fin à l’église de la communauté mexicaine, en tant qu’église «nationale »

À Texas City, une chapelle en bois, dédiée à Notre-Dame des Neiges, fut construite en 1938 pour les Mexicains avec des fonds provenant de la Catholic Church Extension Society. Elle fut desser­vie par les Oblats. L’année suivante, les catholiques de langue anglaise et espa­gnole d’Alvin, ville située à mi-chemin entre Galveston et Houston, et leur chapelle de Saint-Jean-Baptiste, furent confiés aux soins des Oblats de la rési­dence de Galveston, alors qu’ils dépen­daient jusque là des Oblats de Houston. Un autre Oblat reçut alors son obédience pour Galveston afin d’y exercer le ministère et d’aider à Alvin et à Texas City. Lorsque l’usine de produit chimique de Texas City explosa en 1947, causant plus de 400 morts et des milliers de blessés, le père Thomas Griffin se dévoua d’une façon héroïque, au milieu des flammes, pour porter des secours maté­riels et spirituels. Le curé, prêtre diocésain de la paroisse de langue anglaise de Texas City, fut tué pendant qu’il portait les mêmes secours. L’explosion détruisit la chapelle mexicaine, tout près de l’usine. Lorsque le père James Delaney fut chargé du ministère à Alvin et à Texas City en 1948, la cure pastorale de la plupart des Mexicains de Pearland, à quelques miles d’Alvin, fut également confiée aux Oblats. En prévision de cette triple res­ponsabilité, le père Delaney obtint du provincial la permission de résider à Alvin qui, en 1952, eut une paroisse indé­pendante de Notre-Dame de Guadeloupe. La résidence de Galveston n’a donc plus eu de succursales après 1948. À la demande de l’Évêque, la chapelle mexi­caine de Texas City fut de nouveau confiée aux Oblats de Galveston de mars 1957 à mars 1959, mais cela n’a été qu’une situation temporaire.

En 1947, le peu loquace père Dwan notait qu’il n’y avait jamais eu suffisamment d’argent à la paroisse de Galveston, hors le strict nécessaire pour maintenir les vieux édifices. L’église n’avait pas de clocher, ni d’orgue ou même de chemin de croix. Cependant la fréquentation de l’église et de l’école augmenta au point qu’il fallut d’autres locaux; c’est ainsi qu’en 1948 le père Dwan fit construire une nouvelle église en blocs de ciment; l’ancienne église devint salle paroissiale et annexe de l’école. À cause de l’augmentation des besoins de la paroisse, il y eut habituellement une vicaire à partir de 1951.

En 1952, le provincial remarquait que la population d’origine mexicaine était répandue dans toute la ville, à l’exception de deux groupes loin de l’église. Les prêtres de la paroisse eurent aussi la cure pastorale des malades de l’hôpital de la marine et, à leur demande, des Mexicains qui se trouvaient dans d’autres hôpitaux de Galveston. La ville était devenue un important centre médical. Le provincial estimait qu’il y avait environ 6000 per­sonnes d’origine mexicaine dans la ville, mais seulement 800 venaient à l’église le dimanche. Il recommanda de célébrer trois messes au lieu de deux et également d’avoir un sermon en anglais.

Cette recommandation et la note sur la présence de Mexicains dans toute la ville donnent une idée de l’évolution démographique de l’église «nationale» mexicaine. De plus en plus les Mexicains étaient bilingues, nés aux États-Unis et les Américains de langue anglaise venaient à l’église. Dans les rapports annuels de la paroisse de 1958 à 1964, le père Georges Green souligne toujours que l’anglais est la principale langue parlée par les parois­siens. En 1963, il remarque qu’une église nationale n’est plus nécessaire; l’année suivante il déclare que la paroisse doit devenir territoriale. Le nouveau curé, le père Cornelius McNally, fait la même recommandation en 1965. Le 1955 à 1965, le nombre de messes du dimanche passe de trois à cinq, et les participants de 1100 à 2000. On fait de nouvelles constructions en 1950: un gymnase où les jeunes peuvent s’entraîner pour les tournois des Golden Gloves, une nouvelle salle paroissiale avec cafétéria, et une nouvelle école. Ceci est réalisé grâce à l’aide continue des hommes de la paroisse et à des événements organisés pour trouver des fonds, tels que les tamaladas par les femmes et les bazars.

Au milieu des années 1960 des signes dangereux pour l’avenir commencent à apparaître: les baptêmes passent d’une moyenne de 100 à 65, les mariages de 16 à six. La paroisse devient territoriale en 1966. Cependant les paroissiens demeu­rent surtout des Américains d’origine mexicaine. La paroisse compte, en 1972, 800 familles: 80% de descendance mexi­caine et 20% de descendance anglaise. L’école paroissiale, dirigée encore par les Ursulines, allait alors mieux que jamais; elle doubla ses effectifs de 440 élèves entre 1965 et 1973. Mais vers 1980 appa­raît clairement le déclin de la paroisse. Le nombre de familles a diminué de 40% depuis 1973. La participation à la messe dominicale a diminué au même rythme, de même que le nombre d’élèves au point où l’avenir de l’école devint incertain. Dans le territoire de la paroisse en 1980 la population était composée de 50% de Noirs, 30% de Blancs et 20% d’Hispano-Américains. Le 6 octobre, les Oblats passèrent aux Franciscains l’adminis­tration de la paroisse nationale mexicaine. Douze années après, le diocèse et les Franciscains ont fusionné la communauté paroissiale de Notre-Dame de Guadeloupe avec celle de Saint-Patrick, paroisse qui au début du siècle avait été à l’origine de l’école et de la chapelle pour les Mexicains.

Robert Wright, o.m.i.