Naissance à Mercœur (Haute-Loire), le 15 août 1833
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 24 février 1857
Oblation à Montolivet, le 24 juin 1858 (no 461)
Ordination sacerdotale à Marseille en 1864
Expulsion et dispense des vœux, au mois d’août 1865.

Jean Baptiste Gazard est né à Mercœur, diocèse du Puy, le 15 août 1833. Après quelques années au grand séminaire du Puy, il commença son noviciat à Notre-Dame de l’Osier le 24 février 1857 et fit son oblation à Montolivet le 24 juin 1858. Dans ses notes sur les novices, le père Vandenberghe a écrit à l’arrivée du novice en février 1857: «Minoré du séminaire du Puy. Je crois qu’il peut faire un très bon sujet tant pour la piété que pour les talents.» En l’envoyant à Marseille en février 1858, il ajoute: «Ce frère doit voir encore les traités du décalogue, péché, foi, Église. C’est un cœur très droit et de bonne volonté. Il a eu des passions vives et encore il est craintif et se trouble facilement. Sa piété est solide, d’un caractère austère, un peu taquin et contrariant, sans malice.»

Il finit sa théologie à Montolivet au début de 1858 et, après son ordination au sous-diaconat, il est envoyé professeur à l’école ecclésiastique de Vico. Il revient en juillet 1859. Dans ses comptes rendus, le père Mouchette, modérateur des scolastiques, écrit: «Je l’ai trouvé peu communicatif. On dit qu’il n’a pas contenté à Vico, que même il y avait danger à l’y laisser.» Il passe l’année scolaire 1859-1860 à Montolivet. Le père Mouchette le trouve inconstant et dit qu’il a des «tentations fréquentes d’orgueil, d’ambition et d’impureté.»

Il enseigne au juniorat de Notre-Dame de Lumières de 1860 à 1863. On examine son cas au conseil général le 22 juillet 1863. Le secrétaire écrit dans le procès-verbal de la séance: «Etat anormal du frère Gazard, diacre et professeur au juniorat. Les sentiments de ce frère sont variables, ni la piété ni la volonté ne paraissent assez fermes. Sa conduite aussi paraît parfois ombrageuse. Il paraissait imprudent de lui conférer la prêtrise. Il ne peut pas non plus être chargé des enfants du juniorat. L’on se demande que faire? Comme il est dans les ordres sacrés, la Congrégation doit tenir à honneur de lui faciliter les moyens de bien faire. Ce sera donc le sujet d’un examen pour le placer convenablement.»

On le rappelle à Montolivet et il est ordonné prêtre au début de 1864. Au cours de l’été, il écrit au père Fabre pour dire qu’il souffre d’inaction et de solitude à Montolivet; il demande de changer de maison. On l’envoie au Calvaire où, en 1864 et 1865, il prêche quelques retraites et missions. En juillet 1865, le père Bellon, supérieur du Calvaire, écrit au père Fabre en disant que le père Gazard a été dénoncé à l’évêché de Marseille pour conduite scandaleuse. On l’envoie en retraite à Notre-Dame de Bon Secours et, au conseil général le 6 août 1865, on décide de l’expulser et de le dispenser de ses vœux. Le secrétaire écrit dans le procès-verbal de la séance: «Dans une longue lettre le père Gazard, accusé d’attentat aux bonnes mœurs sur l’une de ses pénitentes dans le parloir du Calvaire, avoue ses méfaits à Vico et au juniorat de Lumières puis, sans nier absolument les faits à lui imputés et comme accomplis au parloir du Calvaire, incrimine la conduite du supérieur local. Toute cette affaire pesée et discutée mûrement […], le conseil est d’avis qu’on renvoie immédiatement ce père qui a déjà gravement failli deux fois et qui ne nous laisse pas d’espoir aussi pour l’avenir, on ne saurait plus où le placer, etc.»

Le père quitte Notre-Dame de Bon Secours vers le 15 août 1865 et retourne dans sa famille. Au mois de septembre, il écrit au père Fabre pour s’excuser de la peine et des soucis qu’il lui a causés. Il espère encore qu’on reviendra sur la décision prise et demande un celebret, des intentions de messes et une lettre de recommandation auprès de l’évêque du Puy.

Yvon Beaudoin, o.m.i.