1. Départ

Le manoir de Grace Dieu est situé à l’est de Ashby-de-la-Zouche, loin dans la campagne de Leicestershire. Il doit son nom à un prieuré voisin de religieuses augustiniennes dissous au temps de la Réforme. Les ruines se trouvent à environ un demi-mile du manoir. L’Ode to Grace Dieu de Wordsworth fait allusion à ces ruines. On a, à quelques miles de distance, les villages les plus rapprochés: Whit­wick, Thringston, Shepshed, Osgathorpe, Coalville.

Grace Dieu

Ambrose Phillipps voulut s’établir au manoir de Grace Dieu comme protecteur d’un lieu de culte d’où les prêtres iraient convertir les gens de la région. Pour former un personnel, Ambrose s’adressa d’abord en vain aux Passionnistes. Il se tourna ensuite vers les Rosminiens qui envoyèrent le père Gentili en juin 1840. Le père Gentili se retira en mai 1842 à cause des ingérences d’Ambrose dans la mission. Des pourparlers étaient déjà en­gagés avec les Oblats. Ambrose entendit parler d’eux par Mgr Forbin-Janson qui était ami de Laura sa femme et qui visita Grace Dieu. Le père Daly visita Grace Dieu en avril et en août 1845. Il s’entendit avec Ambrose au sujet de la mission. Il restait à l’abbaye Saint-Bernard.

Le 5 septembre 1845, la communauté prit possession de The Warren, maison mise à la disposition des Oblats à quelque distance du manoir. Cette maison permet­tait aux pères de jouir de la solitude nécessaire à la vie de communauté, mais elle était trop éloignée des villages où ils exerçaient leur ministère. M. Ambrose accepta de leur construire une nouvelle résidence près de la chapelle de Holy Cross à Whitwick. Les Oblats quittèrent The Warren le 3 juillet 1847 et allèrent habiter dans une maison de Thringstone, dépendance de celle de Whitwick.

Les premiers membres de la commu­nauté furent les pères Perron, supérieur, Naughten, le frère Bayeul et l’abbé Coussinier, prêtre diocésain de Marseille. Les pères Cooke et Tamburini, avec John Noble non encore prêtre, rejoignirent la communauté en juillet 1846. Arrivé de Penzance en 1847, le père Walsh fut envoyé à Everingham avec le père Perron. Le père Cooke devint alors supérieur. Les Oblats exerçaient le ministère au manoir et au village de Whitwick. Le manoir comprenait une vaste maison et une chapelle. C’est le père d’Ambrose qui lui avait fait construire cette maison à l’occa­sion de son mariage avec Laura Clifford. L’architecte fut William Railton qui cons­truisit la maison de forme rectangulaire, en stuc. Auguste Welby Pugin agrandit la maison en style gothique. «À gauche, la tour du portique fut construite dans la partie supérieure par Pugin avec une horloge sur la façade, des créneaux et une flèche. Derrière se trouvait la chapelle mise à l’usage du public en 1837. À droite, Pugin ajouta en 1847 deux étages avec mansardes pour les besoins des membres de la famille qui augmentaient. Il fit aussi une cuisine sur un des côtés de la maison…» La chapelle fut construite en trois temps: 1834, 1837 et 1848-1849. Le père Perron célébra pour la première fois dans la chapelle le 14 septembre 1845. Au départ des Oblats en 1848, Pugin ajouta une aile au manoir pour le chapelain. Lors de la réforme liturgique en 1960 on a enlevé beaucoup d’ornementations à la chapelle. Le manoir est maintenant une école catholique, propriété des Rosminiens.

Les pères Cooke et Noble ont étendu leur apostolat aux villages de Thringstone et Osgathorpe et aux villes de Coalville, Castle Donnington et Ashby-de-le-Zouche. Il y eut beaucoup de conversions comme témoigne la cérémonie de confir­mation par Mgr Walsh de 232 personnes à Whitwick en mai 1847. Le père Cooke a laissé une longue deion de son mi­nistère et de celui du père Noble. Il adopta la méthode pastorale du père Gentili, son prédécesseur rosminien: visite des fa­milles et prédication en plein air. Les pères annonçaient qu’un sermon serait donné sur la pelouse du village et lan­çaient une invitation cordiale aux résidents. Les sujets de sermons portaient habituellement sur quelques vérités chrétiennes comme le salut, la conversion, la passion et la mort du Christ. On évitait les sujets controversés.

Départ
À la mort du père Perron à Evering­ham, le 22 février 1848, le père Cooke fut appelé pour le remplacer. Pendant ce temps Ambrose Phillipps commençait à demander aux Oblats ce qui leur paraissait inacceptable. Le conseil général du 24 mars 1848 décida de retirer la commu­nauté de Grace Dieu et de la réunir à celle d’Everingham. On maintint de bonnes relations avec la famille. Le père Cooke visita souvent Grace Dieu par la suite et lors de la visite de Mgr de Mazenod en Angleterre en 1850, les pères Cooke et Noble ont dîné avec la famille Phillipps à Loughborough, où ils passèrent la nuit et célébrèrent la messe le lendemain.

Dans une lettre du 18 juillet 1882 au provincial d’alors, le père Anthony Gaughran, Laura de Lisle écrivit au sujet du père Cooke: «Un homme que j’ai toujours considéré comme un saint. Il y a peu de chose que j’aie regretté plus que son départ de notre voisinage où sa mé­moire est encore en vénération, car tous voyaient en lui un saint. Cela fait environ 34 ans qu’il nous a laissés… Dans la maison de Whitwick où vivaient le père Cooke et ses compagnons, il y a une petite communauté de Sœurs de la Charité de Saint-Paul qui enseignent dans les deux écoles, et le prêtre vit dans une autre maison de l’autre côté de la rue. Mais il n’y a plus de nombreuses conversions comme au temps du père Cooke.» Le 16 juin 1892, Laura de Lisle écrivait encore de Onebarrow, Leicester, à l’éditeur de la revue Oblate Missionary Record: J’ai toujours eu la plus grande estime pour votre congrégation et j’ai été très peinée quand les pères ont quitté nos missions. Cela a été une grande perte, car ils étaient vraiment des hommes zélés et des missionnaires qui avaient du succès.

Michael Hughes, o.m.i.