James Robert Hope, plus tard Hope-Scott, naquit à Great Marlow, Bucking­hamshire, le 15 juillet 1812. Les Hope étaient issus d’une vieille famille écos­saise anoblie en 1703. James avait pour oncle le comte de Hopetoun. Son père était un éminent militaire qui avait fondé le collège militaire de Sandhurst, où James a vécu de 1813 à 1819. Il devait par la suite suivre ses parents dans leurs voyages en Allemagne et en Italie. De retour en Angleterre, il fréquenta le collège Kepyer puis celui d’Eton, où il reçut une éducation classique tradition­nelle. En décembre 1828, il se rendit à Christ Church, Oxford, étudier l’éthique et la philosophie jusqu’à 1833. C’est là qu’il connut William Gladstone, le futur premier ministre, dont il deviendra un ami intime, jusqu’à sa conversion. Durant sa première année, on le décrit comme «remarquable au milieu d’une foule de brillants jeunes nobles de son temps». Un changement marqué allait suivre, «une inquiétude et un mécontentement face à la vie», qui le conduirait à devenir ecclésias­tique. Il pensa à recevoir les ordres dans l’Église d’Angleterre. C’était le désir de sa mère. En avril 1833, il était élu fellow du collège Merton, à Oxford. «Les trois années suivantes de sa vie… forment une période pleine d’incertitude et d’indéci­sion par rapport à sa carrière future, d’anxiété sur son état religieux et de souffrance profonde causée par la maladie et la mort de membres de sa famille qu’il chérissait.»

Au printemps 1834, il rejoignait son frère dans le cabinet d’avocat de Lincoln’s Inn et entreprenait des études de droit. Il pensa de nouveau à entrer dans les ordres. Ses études préparatoires au Barreau ont été souvent interrompues. Au cours d’une de ces interruptions, il passa un certain temps à Dublin, où il assista son cousin Thomas, comte de Haddington et Lord Lieutenant d’Irlande. Deux de ses trois frères moururent à cette époque. Sa résidence à Londres fut alors celle de ses parents, à l’hôpital de Chelsea dont son père a été gouverneur jusqu’à sa mort en 1835. Il était déjà profondément influencé par le mouvement tractarien, qui appuyait le mouvement d’Oxford. L’année 1836, marque le début d’une grande amitié avec William Gladstone et aussi d’Edward Badeley, un avocat et un éminent tracta­rien qui allait devenir, comme catholique, un des conseillers du docteur Newman dans le procès Achilli. En janvier 1838, il entrait au barreau de l’Inner Temple. Tout en exerçant quelque peu dans les tribunaux ecclésiastiques, il commença à paraître devant les comités du Parlement britannique. Ce n’est cependant qu’en 1843 que débuta réellement sa carrière d’avocat au Parlement. C’était l’époque de la législation sur le chemin de fer dont il tira ce qui a été décrit comme un «énorme» revenu.

En octobre 1838, il rencontra M. Newman dans ses bureaux d’Oriel et ils devinrent immédiatement de grands amis. Robert Ornsby dit que «ce fut la grande amitié de la vie de M. Hope de 1838 jusqu’à l’heure de sa mort». Elle révèle l’approfondissement de la connaissance de la catholicité chez James Hope et son désenchantement croissant devant l’Église anglicane. L’affaire de l’évêché anglo-allemand de Jérusalem, en 1841-1842, sur laquelle il composa un tract, l’a influencé grandement. Après une longue période d’hésitation, il fut admis dans l’Église catholique en même temps que Henry Manning, à Farm Street, Londres, le 6 avril 1851, par le père J. Brownbill, s.j.

Entre-temps, il se marie en 1847 avec Charlotte Lockhart, petite-fille de sir Wal­ter Scott. En 1848, il loua de son beau-frère Walter Lockart-Scott, le manoir seigneurial tudor et écossais d’Abbots­ford, que Scott avait fait construire pour lui-même à Roxburghshire. À la mort de celui-ci en 1853, il en devenait proprié­taire par sa femme et en faisait sa demeure principale pour le reste de sa vie. John Newman y séjourna quelque cinq semaines durant l’hiver 1852-1853.

C’est à cette époque que les Oblats entrèrent en relation avec James Hope-Scott, après avoir accepté la proposition de Mgr Gillis de se charger d’une mission à Galashiels, située à proximité d’Abbots­ford. James Hope-Scott avait déjà fait ériger, à Galashiels, une chapelle tempo­raire à l’intention des catholiques de l’endroit. Il accepta alors de «fournir une grande maison pour loger de six à huit prêtres en vue de former un centre missionnaire, garnir une bibliothèque de théologie et de permettre à la commu­nauté de jouir en paix de la propriété aussi longtemps que celle-ci remplirait les clauses de l’entente. (Vincent Denny, p. 79.) Celle-ci fut signée le 31 décembre 1852. Dès 1857, il avait déjà remplacé la chapelle temporaire par une autre dédiée à Notre-Dame et à saint André. Ce n’est que l’une des nombreuses largesses de M. Hope-Scott à l’endroit de l’Église aux frontières de l’Écosse. En effet, toute sa vie il contribua très généreusement aux œuvres de charité. Son épouse, qui l’avait suivi dans l’Église catholique, tomba malade et mourut le 26 octobre 1858. Ro­bert Ornsby écrit à ce sujet: «Mgr Gillis lui a donné la dernière absolution, assisté du père [John] Noble, l’un des pères Oblats de Galashiels» (p. 162). Peu de temps après, les Oblats quittaient Gala­shiels. En janvier 1859, dans une lettre adressée à M. Hope-Scott, le Fondateur donnait le motif justifiant sa décision et annonçait que les Oblats quitteraient les lieux à Pâques de cette année-là. Le père Achille Rey rapporte que le Fondateur avait rencontré M. Hope à Londres au début de juillet 1857, lors de sa seconde visite à la province.

En 1861, James Hope-Scott se maria de nouveau avec lady Victoria Howard, sœur du duc de Norfolk. Il mourut à Londres le 29 avril 1873. Robert Ornsby ne fait mention d’aucun Oblat à la messe des funérailles le 5 mai 1873, où le cardi­nal Newman a donné un long sermon reproduit au complet dans son livre. Il a été enseveli le 7 mai 1873 dans le caveau du couvent Sainte-Marguerite, à Brunts­field, Édimbourg. Pour le cardinal New­man, c’était «une grande âme», un homme «d’une rare qualité», qui a renon­cé à une grande carrière publique «dans le but de faire un bien de nature plus spécifi­quement religieuse, dans des œuvres incontestablement méritoires; des œuvres de bonté, de bienveillance, d’attention personnelle; des œuvres d’amour et d’abnégation, où la main droite ignore ce que fait la main gauche… C’était l’un de ces rares hommes qui ne se contentent pas de donner à Dieu la dîme de leurs revenus; il était une fontaine de générosité intarissable qui se répandait de tout côté en offrandes religieuses, en présents, en dons, en œuvres accomplies dans ses domaines, en soins apportés à ses gens et en aumônes.»

Sa sœur Louisa Dorothea épousa lord Henry Kerr. Avec leurs enfants, ils rendirent visite au Fondateur à Marseille en 1859. Lord Henry Kerr était un prêtre anglican qui passa au catholicisme peu de temps après James. Dans sa lettre à James Hope-Scott, le Fondateur mentionne le nom de «Hyères». «À partir de 1859, dit Robert Ornsby, on pensait qu’il était nécessaire que l’enfant qui lui restait de son premier mariage passât chaque hiver dans un climat meilleur. Hyères, dans le Sud de la France, fut choisi dans ce but. M. Hope-Scott y acheta une propriété, Villa Madona, située près du boulevard d’Orient dans un très bel endroit…»

Michael Hughes, o.m.i.