Province oblate de l’Est du Canada
Présence oblate : 1866-1968?
Situation géographique : sud-ouest de Montréal

Le noviciat : le noviciat de Lachine (devenu noviciat de Ville LaSalle en 1912) connut diverses pérégrinations avant de s’établir définitivement à Lachine en 1866. Il passa de Saint-Hilaire à Longueuil, de Longueuil à Montréal, de Montréal à Caughnawaga (Sault St- Louis), de Caughnawaga (Kahnauke) à Montréal et finalement de Montréal à Lachine. À Lachine, le noviciat servit pendant quelque temps de juniorat et de maison d’études pour la philosophie et la théologie.

On trouve peu de renseignements sur le noviciat de Caughnawaga lui-même. Le 28 mai 1862, Mgr Joseph-Eugène-Guigues écrit au père Pierre Aubert que la résidence du Sault Saint-Louis ne pouvait servir de noviciat à moins d’y faire les réparations demandées par le père Joseph-Eugène Antoine, ce que refusait le supérieur général.

Le père Aubert exigeait le choix d’un autre lieu et suggérait la ville de Montréal. Le père Hyacinthe Charpenay accepta la charge de maître des novices. Malgré tout, on se résolut à loger les novices à Caughnawaga durant encore un certain temps puisque le père Antoine « attendait patiemment la venue de quelques sujets pour peupler le petit noviciat qui venait d’être construit. » On ne pouvait arrêter les travaux sans une perte considérable. L’année suivante, on annonça que le petit noviciat, composé de trois novices et de deux postulants, donnait des consolations.

Mais les jours du noviciat de Caughnawaga étaient comptés. On se transporta à Montréal le 25 avril 1864, le père Antoine quittant, lui aussi, pour accompagner ses novices dans leur nouvelle résidence. On dût, cependant, aller ailleurs et, cette fois, définitivement à Lachine. À trois lieues de Montréal, en face du Sault Saint-Louis, s’élevait une vieille église et un vieux presbytère abandonnés depuis un an. Le père Antoine convoitait cette propriété depuis six ans pour y placer ses novices. L’endroit était idéal : rapproché de la ville, il était facilement accessible. En été, six trains faisaient chaque jour le trajet aller et retour, tandis qu’en hiver il y avait quatre trains chaque jour. De plus, deux voitures publiques circulaient tous les jours entre Lachine et Montréal. Il fallut quelques temps avant de se décider.

Finalement, on passa un contrat entre la paroisse des Saints-Anges de Lachine et les Oblats, le 19 avril 1866. Le transfert du noviciat eut lieu le 23 mai. On note en 1867 que le nombre de novices scolastiques se maintenait à dix depuis trois ans et qu’il y avait huit frères convers.

Il faut noter qu’une fois l’édifice construit, les novices y faisaient certaines études et une partie de la théologie jusqu’à l’ouverture du scolasticat d’Archeville (Ottawa-Est) où ils terminaient leur formation, tout en exerçant le rôle de professeurs et de surveillants.

Le recrutement des frères convers intéressait les autorités à l’égal de celui des scolastiques. Leur noviciat proprement dit avait suivi celui des scolastiques. Mais en 1864, le père Florent Vandenberghe, visiteur canonique, décida d’établir le noviciat des frères au Collège d’Ottawa qui y demeura jusqu’au jour où les novices scolastiques revinrent à Lachine.

Bilan. On avait construit le noviciat de Lachine dans l’espoir de voir les vocations se multiplier. Ce but fut atteint, car le nombre des novices devint assez imposant pour l’époque. Il y avait sept novices en 1863. Ils étaient six novices scolastiques et dix convers en 1878. Cette proportion fut maintenue durant la période, mais dépassa la vingtaine en 1887 et quarante en 1899.?Douze maîtres de novices se succédèrent au noviciat Notre-Dame-des-Anges et près de deux mille jeunes y furent accueillis. Environ mille cinq cents firent leur première oblation, et ce pour le noviciat des scolastiques seulement. Quant à la vocation de frère oblat, quelques quatre cent-cinquante prononcèrent leurs premiers vœux. En 1942, le noviciat quitte définitivement LaSalle [nom de Lachine après 1912] pour s’établir à Richelieu bien que les candidats à la vie de frère s’y établirent dès l’ouverture de cette maison en 1930, sauf un certain nombre qui firent leur noviciat à LaSalle jusqu’en 1937.

L’année 1943 marque l’aube d’une nouvelle vocation pour la maison Notre- Dame-des-Anges : les retraites fermées, destinées au monde ouvrier. Les débuts furent ardus. Dans un rapport annuel de 1954, on affirme que la Maison a terminé sa onzième année d’activité, qu’elle consacre ses énergies à l’évangélisation des ouvriers de la ville, aux cultivateurs des campagnes et surtout aux pauvres de l’une ou l’autre classe qu’on accueillit avec une cordiale charité. Pour cette seule année, elle dirigea 91 retraites groupant 5212 retraitants venus d’environ 200 paroisses, répartis comme suit : 46% d’hommes et de jeunes gens; 33% femmes et jeunes filles; 17 % d’étudiants et étudiantes; 4 % de prêtres et de religieux. L’œuvre dura vingt-cinq ans.

Au début des années 60, le climat social et religieux amorce des changements majeurs. Les retraites fermées du genre traditionnel n’ont plus la faveur populaire. En 1966, il devient évident que ce service spirituel a atteint son terme.

Le cimetière de La Salle dans lequel reposait quatre-vingt-trois Oblats et deux bienfaiteurs fut déménagé à Richelieu en 1972.

Eugène Lapointe OMI