Giovanni Marchetti est né en 1753 et a été nommé archevêque titulaire d’Ancyre en 1814, puis secrétaire de la Congrégation des Évêques et Réguliers à la fin de 1825. Lors de sa première rencontre avec lui, le 6 décembre 1825, le père de Mazenod écrit dans son journal: «J’ai été au palais du Quirinal pour faire connaissance avec le célèbre Mgr Marchetti, archevêque d’Ancyre. C’est un prélat remarquable par sa science et le zèle dont il a fait preuve en tout temps. Du temps de Pie VII, il était un des missionnaires qui prêchaient sur les places publiques […] Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et, quoique âgé de soixante-quatorze ou soixante-quinze ans, il travaille encore, et de préférence sur la controverse avec les Gallicans dont il n’aime pas l’opinion.»(Écrits oblats I, t. 17, p. 43).

C’est surtout Mgr Marchetti que le Fondateur a fréquenté à Rome en 1825-1826 et avec lequel il a travaillé. Il l’a alors rencontré au moins vingt et une fois et a toujours été accueilli aimablement. Il se plaint assez souvent de la lenteur de certains personnages romains mais loue sans cesse la disponibilité et le dévouement de Mgr Marchetti. Le père de Mazenod a été reçu par le Pape le 20 décembre et l’a convaincu qu’il fallait non seulement louer la Règle mais l’approuver. Mgr Marchetti a eu une audience quelques jours après et s’est soumis volontiers à la volonté du Pape qui lui a parlé du Fondateur «de la manière la plus satisfaisante pour ne pas dire flatteuse» (père de Mazenod au père Tempier, le 29 décembre 1825).

Au début du mois de janvier 1826, le père de Mazenod apprend que Mgr Arbaud, évêque de Gap, et les autres évêques qui lui avaient donné des lettres de recommandation, ont écrit à Rome pour s’opposer à l’approbation. Lors d’une visite à Mgr Marchetti, celui-ci, adversaire du gallicanisme, repousse les conclusions de l’évêque de Gap. Au lieu d’être un obstacle, cette lettre favorise l’approbation; on tient à Rome à affirmer l’autorité du Saint-Siège.

Mgr Marchetti fait partie de la commission des trois cardinaux qui approuvent la Règle le 15 février. Dans la soirée du 15, le père de Mazenod travaille pendant deux heures avec lui afin de faire les corrections du texte, demandées par la commission. On continue le lendemain. Le 18 février, c’est encore l’archevêque d’Ancyre qui annonce que le Pape a approuvé la Règle le jour précédent. Après avoir recopié pendant trois jours le texte corrigé, le Fondateur va le porter au secrétaire de la Congrégation des Évêques et Réguliers et écrit au père Tempier le 27 février: «Il est impossible d’être plus exact que l’est cet excellent archevêque d’Ancyre. Il me reçoit avec une amitié et une bonté charmantes…» (Écrits oblats I, t. 7, p. 45). La préparation du bref a pris quelques semaines et Mgr Marchetti est intervenu pour qu’au secrétariat des brefs on termine au plus tôt cette affaire.

Le 20 mars, le Fondateur raconte au père Tempier qu’on est étonné à Rome de la rapidité avec laquelle il a obtenu l’approbation de la Règle. Il en attribue le mérite surtout à Léon XII mais aussi à Mgr Marchetti qui a fait «chorus avec le Pape»; «dans toutes ses audiences, il s’entretient de nous avec le Saint-Père, toujours dans le sens le plus favorable» (Écrits oblats I, t. 7, p. 68).

Mgr Marchetti est décédé en 1829. Mgr de Mazenod ne le nomme plus que deux fois au cours de sa vie, en particulier dans une lettre au cardinal Gousset, le 21 juillet 1852, pour dire que l’archevêque d’Ancyre avait été son ami, opposé au gallicanisme mais cependant défenseur des traditions de l’Église de France.

Yvon Beaudoin, o.m.i.