1. En Angleterre (1846-1856)
  2. En Écosse (1856-1867)
  3. Décès accidentel

Naissance à Dublin, le 6 juin 1823
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 21 novembre 1841
Oblation à Marseille, le 17 février 1843 (no 105)
Ordination sacerdotale à Oscott, le 18 septembre 1847
Décès à Leith, Écosse, le 2 avril 1867.

John Noble est né à Dublin le 6 juin 1823. En 1839, à seize ans, il entra au collège de Saint-Vincent de Paul à Castelknock, près de Dublin, dirigé par les Lazaristes, et y demeura jusqu’en 1841. Le supérieur du collège loua la vertu du jeune homme et son zèle pour l’œuvre de la Propagation de la foi.

Au cours de l’été, John rencontre le père William Joseph Daly, envoyé en Angleterre et en Irlande par le Fondateur afin d’examiner la possibilité d’une fondation oblate. John part pour la France avec deux compatriotes (Francis McDonagh et T. Meehan) et, le 21 novembre, il commence son noviciat à Notre-Dame de l’Osier. En septembre 1842, il rejoint les scolastiques au séminaire de Marseille où il fait son oblation le 17 février 1843. Les scolastiques passent les vacances d’été à Notre-Dame de Lumières. En 1844, le père Pascal Ricard, supérieur, les trouvent tous «faibles en vertu», à l’exception des frères Édouard Chevalier et Joseph Arnoux. Il est aussi «assez content des frères irlandais J. Naghten et J. Noble.» En 1845, John Noble passe par une crise de scrupules, au point où il ne fait plus rien au séminaire. Son cas est soumis au conseil général, le 9 mai. Les membres du conseil proposent de le dispenser des vœux. On craint que son mal soit héréditaire puisque «sa mère a été frappée d’une sorte d’aliénation d’esprit à la fin de sa vie». On suit cependant l’avis des pères Casimir Aubert et Charles Bellon qui proposent de l’envoyer en repos auprès du père Vincens à Notre-Dame de l’Osier «pour quelques mois d’épreuves encore».

En Angleterre (1846-1856)
John Noble se remet suffisamment pour être envoyé en Angleterre avec le père Robert Cooke, au cours de l’été 1846. Il réside d’abord à Grace Dieu dans le comté de Leicester et prend part à quelques missions. Le 18 septembre 1847, il est ordonné prêtre dans la chapelle du collège Saint Mary à Oscott.

Entre 1847-1848 et 1851-1852, six fondations ont été faites en Angleterre et quatre abandonnées presque aussitôt. Ceci explique les diverses obédiences du père. En 1848, on le trouve à Everinham dans le Yorkshire, en 1849 à Maryvale (Old Oscott), à Manchester et Aldenham. À la fin de 1849, il prend part à la mission donnée à Liverpool. À la suite de cette mis­sion, l’évêque confie aux Oblats le district et la chapelle de Holy Cross. Le père Noble demeure et travaille dans cette ville de Liverpool de 1850 à 1855. En février 1851, le père Casimir Aubert, supérieur de cette communauté, écrit au père Arnoux: «Nos pères de Liverpool se portent assez bien, à l’exception du pauvre père Noble, qui finira par se tuer à force de travail.» Pendant son séjour dans cette ville, le père remplit la fonction de curé et fait construire une grande école. Malade en 1854, il est appelé à Marseille par le Fondateur; il y reste en repos de septembre 1854 au 18 février 1855. À son retour, il collabore avec le père Cooke, provincial, à la recherche d’une maison à Dublin en vue d’une fondation, il prêche ensuite quelques missions, en particulier à Bradford et Dublin. En 1856, il est élu délégué au Chapitre général.

En Écosse (1856-1867)
À son retour du Chapitre, le père Noble est nommé supérieur de la communauté de Galashiels, en Écosse, mais continue à prêcher des missions, en particulier à Thurles en Irlande et le carême dans la cathédrale d’Édimbourg en 1858. En 1859, il obtient de Mgr Gillis, vicaire apostolique d’Édimbourg, et du Fondateur le transfert de la résidence de Galashiels à Leith, où il fait construire une résidence pour les Oblats et des écoles. Il prêche avec succès dans les villes et les campagnes d’Écosse, sans cesser d’accompagner occasionnellement le père Cooke dans des missions paroissiales en Irlande et en Angleterre.

Le père Noble est troisième conseiller ordinaire de la province de 1851 à 1856, puis ensuite premier conseiller extraor­dinaire, toujours avec le père Robert Cooke, provincial de 1851 à 1867. À ce titre, il prend part à toutes les décisions du conseil provincial. Le 12 janvier 1859, le père Joseph Arnoux, à Dublin, le dénonce à Mgr de Mazenod comme un des respon­sables de la perte et de la fermeture des maisons de Penzance, de Maryvale, de Galashiels, etc. Il l’accuse de mener le père Casimir Aubert «comme il veut», de s’ériger en provincial, de laisser dans l’ignorance de ses décisions le père Cooke et même d’avoir trompé l’administration générale. Il ajoute: «Quand finira ce système de dessous main qui a si souvent jeté le trouble et la confusion dans notre province et qui refroidit tant la charité fraternelle?»

Après la mort du père Noble, le père Arnoux écrit une longue lettre au père Fabre. Il ne cache pas les bons côtés du défunt, son zèle, ses dons de prédicateur, dit qu’il «était très estimé du clergé et de l’aristocratie catholique de l’Écosse. Il se conduisait toujours à leur égard, et généralement à l’égard de tout le monde, avec beaucoup de circonspection […] Il est fâcheux, conclut-il, qu’il y eût chez lui je ne sais quelle tendance qui l’empêchait de suivre un genre de vie plus régulier.» Dans sa circulaire du 4 juin 1867, le père Fabre commente cette lettre par ces mots: «Ces observations montrent une fois de plus combien le ministère extérieur, trop largement exercé, s’oppose à la pratique de la régularité religieuse.»

Décès accidentel
Les 30, 31 mars et 1er avril 1867 ont été les journées de l’adoration perpétuelle dans l’église oblate de Leith. Après le dernier exercice du soir, le père Noble, fatigué, s’entretient avec le frère John Atkinson puis, souffrant d’insomnies, il sort dans la nuit pour faire une promenade sur les docks, selon une habitude qu’il avait déjà à Liverpool. Il rencontre un policier catholique avec qui il converse longuement. Il fait un grand vent. Le père ne voit pas, semble-t-il, une chaîne qui est tendue sur le quai. Il la heurte, tombe à l’eau et se noie. On retrouve son corps le matin, le 2 avril, avec des blessures au bras et au pied droit.

Toutes les classes de la société prennent part au deuil des Oblats. Les funérailles sont célébrées le vendredi 5 avril par Mgr Strain, vicaire apostolique d’Édimbourg. Le père Noble n’avait que 43 ans. Son corps a été déposé dans un caveau creusé au-dessous de l’église de Leith.

Yvon Beaudoin
et Michael Hughes, o.m.i.