1. La pensée du fondateur
  2. L’obéissance dans la congrégation de 1861 à 1965
  3. De vatican II à nos jours
  4. Conclusion

Le but de cet article est l’étude du vœu d’obéissance tel que le Fondateur l’a compris, les Chapitres généraux et les Supérieurs généraux l’ont développé, et les Constitutions et Règles de 1982 le définissent. L’auteur n’a aucunement l’intention d’élaborer une théologie ou une spiritualité de ce vœu, ni de faire une étude sur la vertu d’obéissance.

LA PENSÉE DU FONDATEUR

À la lumière des écrits du Fondateur de 1809 jusqu’à 1857, nous voyons que sa pensée sur le vœu d’obéissance s’inspire de la doctrine communément répandue à son époque. Elle s’appuie sur l’enseignement de saints tels que Thomas d’Aquin, Bonaventure, Thérèse d’Avila, ou du vénérable Caraffa, et surtout sur la doctrine de l’obéissance aveugle de saint Ignace de Loyola. Cette pensée est demeurée constante et presque inflexible jusqu’à la fin de sa vie.

1. LA NATURE DE L’OBEISSANCE

Dans les Constitutions et Règles de 1818, le Fondateur ne propose aucune définition de l’obéissance. Mais il donne les raisons pour lesquelles ce vœu doit être considéré comme «le principal et le plus essentiel de tous» [1]. Il fait sienne la pensée de saint Thomas d’Aquin, pour qui le vœu d’obéissance est celui par lequel «on offre davantage à Dieu que par les autres vœux»: «il comprend tous les autres» et «plus une chose nous rapproche de la fin pour laquelle elle a été instituée plus elle est parfaite» [2].

Néanmoins, en traitant de l’étendue de l’obéissance, le Fondateur indique brièvement les éléments essentiels de ce vœu: a. il exige la soumission de la «volonté et même de l’intellect»; b. le supérieur est celui «qui a le pouvoir d’ordonner au nom du Seigneur» et c. «on fait plus certainement la volonté de Dieu en obéissant qu’en faisant toute autre chose de son propre choix» [3].

L’obéissance a toujours été d’une importance capitale dans la vie religieuse et sacerdotale du Fondateur. Selon lui, l’obéissance est le «fondement de tout l’édifice religieux» [4]; les Oblats doivent être «des fils d’obéissance» [5]. À son entrée au séminaire de Saint-Sulpice, l’estime qu’il a de cette vertu est déjà évidente. Voici une de ses résolutions de retraite d’octobre 1808: «Dévouement absolu aux ordres des supérieurs, soumission parfaite à la moindre de leurs volontés, quelque puériles qu’elles paraissent, quelque dures qu’elles puissent être pour un homme qui a vécu jusqu’à la vingt-sixième année de son âge dans la plus entière indépendance. […] Observance scrupuleuse de la règle, dussai-je paraître minutieux aux yeux de plusieurs de mes confrères» [6]. Il ajoute:«Rien contre Dieu est la devise strictement indispensable de tout chrétien» [7].

Pour lui, l’obéissance est le moyen certain de toujours accomplir la volonté de Dieu et d’assurer son salut. «Ô sainte obéissance! voie assurée qui conduit au ciel, puissé-je ne m’écarter jamais de la ligne que tu me traces, puissé-je toujours être docile à tes moindres conseils. Oui, mon cher frère, hors de ce sentier, point de salut pour nous» [8].

Devenu fondateur d’une congrégation, il était donc normal qu’il exige de tous ses membres une obéissance complète. Quand il apprend que le père Jacques Santoni a parlé de son défaut d’entente avec le Fondateur, il écrit au père Pierre Aubert que la vie religieuse est là «où l’on ne doit connaître que l’obéissance» [9].

2. LES CARACTERISTIQUES DE L’OBEISSANCE

Il est intéressant de remarquer que les mêmes caractéristiques mentionnées dans la première rédaction des Constitutions de 1818 reviennent dans la deuxième lettre circulaire du 2 février 1857 [10]. Dans ces deux documents, il demande que l’obéissance soit prompte, humble et universelle. Ces mêmes caractéristiques seront de toutes les éditions de la Règle jusqu’à Vatican II.

a. L’obéissance prompte

Le Fondateur semble exiger une sorte d’immédiateté dans l’exécution des décisions des supérieurs. Il écrit au père Bermond en 1842: «Il faut des hommes […] d’obéissance absolue, qui agissent promptement et volontiers en opposition à leurs propres idées» [11]. Il s’attend à ce que, une fois la décision prise par le supérieur, les sujets abandonnent leurs opinions et leurs objections, et passent complètement et immédiatement à l’exécution. Ils doivent cesser de raisonner de sorte que, même si la décision semble déraisonnable, elle doit être exécutée. Il écrit au père Vincent Mille: «Au nom de Dieu, ne raisonnez jamais quand il s’agit d’obéissance. Le mieux sera toujours de faire simplement ce qui est prescrit» [12]. Toute discussion et tout raisonnement doivent cesser «quand il n’y a plus à discuter et que je me suis prononcé de la manière la plus formelle» [13].

Dans une lettre au père Casimir Aubert, en 1836, le Fondateur a recours à une allégorie pour démontrer l’importance d’une obéissance prompte: «Tout ce que j’exige dans ces conjonctures pénibles et embarrassantes, c’est que le pilote commande dans la tempête, c’est que tout l’équipage obéisse en silence […]» [14]. Il exige cette promptitude en raison de l’urgence à poursuivre l’œuvre que Dieu lui a confiée.

b. L’obéissance humble

Pour le Fondateur, l’humilité en le domaine de l’obéissance se perçoit surtout par une indifférence totale envers ses goûts et opinions personnels pour adhérer à la décision du supérieur en toute soumission. L’indifférence du religieux devant les décisions des supérieurs exige une humilité profonde. Il écrit au père Hippolyte Courtès, en 1831: «L’essentiel est qu’on se rompe à l’obéissance et à une indifférence absolue pour tel ou tel emploi, pour tel ou tel supérieur; sans cela on n’a rien obtenu» [15].

Le Fondateur demande une humilité qui amène le religieux à éviter tout murmure, toute critique, toute récrimination, une fois prise la décision du supérieur. C’est une humilité qui exige un renoncement total à tous les goûts et toutes les préférences intérieures qui pourraient surgir. En 1831, il écrit au père Mille: «Ainsi, si vous renoncez entièrement à vous-même, à vos goûts, aux raisonnements mêmes que votre esprit pourrait vous suggérer, vous parviendrez à vous acquitter […] de la charge délicate qui vous est imposée» [16].

À la suite d’une décision du Fondateur qu’il ne pouvait pas exécuter, le père Santoni, provincial de la mission du Canada, avait présenté sa démission au Fondateur. Il va sans dire que celui-ci l’a refusée; il lui répond par les mots suivants: «Lisez vos saintes Règles sur l’obéissance; […] il n’y est pas question d’entente, […] cette prétendue entente n’est pas admissible à l’égard d’aucun supérieur; […] il vous manque quelque chose d’indispensable, c’est la grâce d’état. […] Pour en finir, en religion, il ne s’agit pas d’entente, on ne connaît que l’obéissance. […] Je vous prescris donc en vertu de la sainte obéissance de continuer de servir la Congrégation en cette qualité de Provincial» [17].

La soumission de la volonté et même de l’intelligence qu’exige le Fondateur présuppose, chez ses religieux, une profonde humilité, car il s’agit du renoncement à ce qu’il y a de plus personnel et de précieux dans le cœur de l’homme.

c. L’obéissance universelle

Selon la pensée du Fondateur, un supérieur peut exiger d’un sujet, soit selon le vœu, soit selon la vertu, toute action qui n’est pas manifestement péché. Il a, dans une lettre, les paroles suivantes: «Il n’y a de contraire à notre Institut que ce qui offense Dieu. Tout le reste est soumis à l’obéissance. […] Vous vous êtes engagés à tout ce que l’obéissance peut prescrire et tout ce qui n’est pas péché est de son domaine. […] Tout est dit pour les sujets quand ils ont reçu leur obédience […]» [18].

Évidemment, le Fondateur n’exige cette sorte d’obéissance que lorsque sa décision est finale, c’est-à-dire «quand [les sujets] ont reçu leur obédience». Alors, l’obéissance ne se limite pas aux articles des Constitutions et Règles, mais à toute action qui n’est pas péché. Pour le Fondateur, «ce principe est incontestable» [19].

En vertu de cette notion de l’obéissance, le Fondateur reconnaît aux supérieurs un pouvoir presque illimité. Il écrit au père Henry Tempier, qui doit faire une visite canonique de la mission du Canada: «Agissez avec autorité, ne ménagez personne quand il s’agira de rétablir la régularité, l’obéissance […]» [20]. Au père Mille, il écrit encore: «Le supérieur ne peut s’astreindre à aucune condition. Cet aspect de l’obéissance peut, pour la pensée moderne, paraître exagérée. Mais si le Fondateur, comme tous les fondateurs d’ordres, demandait une totale disponibilité de tous les membres, c’était pour que s’accomplisse la mission du Christ confiée à la Congrégation par l’entremise de l’Église.

3. LES MOTIFS DE L’OBEISSANCE

Pour quelles raisons le Fondateur a-t-il tellement insisté sur la nécessité de l’obéissance? On peut en dégager plusieurs. Qu’il suffise, cependant, d’attirer l’attention sur les suivantes: l’imitation du Christ, l’apostolat, l’unité de la Congrégation, la paix et le bonheur des religieux, et le mérite des actions accomplies.

a. L’imitation du Christ

Toute la vie du Fondateur a été centrée sur l’imitation de son Sauveur. Encore diacre à Saint-Sulpice, il écrit dans une conférence spirituelle: «N’ayant pas imité mon modèle dans son innocence, me sera-t-il refusé de l’imiter dans son dévouement pour la gloire de son Père et le salut des hommes?» [21] On peut dire qu’il était obsédé par le Christ et que son seul désir était de se conformer à Lui. Il n’est pas surprenant, alors, que le premier article des Constitutions et Règles de 1818 souligne cet aspect: «La fin de l’Institut des Missionnaires dits de Provence est premièrement de former une réunion de prêtres […] qui s’efforcent d’imiter les vertus et exemples de notre Sauveur Jésus Christ» [22]. Dans ses notes de retraites de 1831, il écrit encore: «Tout est là; qu’ils s’efforcent d’imiter les vertus et les exemples de notre Sauveur Jésus Christ. Que l’on grave ces paroles dans son cœur, qu’on les écrive partout pour les avoir sans cesse sous les yeux» [23]. En nous invitant à imiter le Christ, c’est à la sainteté que le Fondateur nous invite. «Travailler sérieusement à devenir des saints», nous dit-il dans la Règle de 1818 [24].

b. L’apostolat

L’obéissance est pour le Fondateur un instrument au service d’un projet apostolique. Le vœu n’est pas d’abord et uniquement ordonné à la création d’une communauté. Il est dirigé avant tout vers une tâche à accomplir. C’est ce qui ressort d’une lettre qu’il écrivait au père Casimir Aubert: «Tout ce que j’exige dans ces conjonctures pénibles et embarrassantes, c’est que le pilote commande dans la tempête, c’est que tout l’équipage obéisse en silence et que l’on m’épargne les récriminations qui ne sont pas de saison dans les cas pressants où chacun doit faire sa manœuvre comme il peut, dans le poste qui lui est assigné» [25]. L’obéissance ne vise que la fidélité de toute la communauté à l’appel du Saint Esprit vers la mission à accomplir.

c. L’unité de la Congrégation

Comme pour les anciens ordres monastiques, le Fondateur voit dans l’obéissance un moyen d’établir entre les membres une unité par laquelle tous sont les serviteurs les uns des autres. Une des valeurs fondamentales de l’obéissance est la création de la koinonia fraternelle, où chacun s’efforce d’aimer Dieu et son prochain. Les Constitutions et Règles de 1818 mentionnent que «l’obéissance est le lien de l’union dans toute société bien ordonnée» [26]. Dans une lettre au père Jean-Baptiste Honorat, le Fondateur fait le lien entre l’obéissance et les paroles des Actes «un cœur et une âme»: «[…] n’ayant qu’un cœur et qu’une âme, agissant dans le même esprit sous la dépendance régulière qui vous montre à tous les yeux des hommes vivant selon la discipline de leur règle, dans l’obéissance et la charité, voués à toutes les œuvres de zèle conformément à cette obéissance […]» [27]. Écrivant à la communauté de Ceylan (Sri Lanka), il dit: «Soyez unis parmi vous, vivant dans une parfaite obéissance à celui qui me représente ou pour mieux dire qui tient la place de Dieu parmi vous» [28].

d. La paix et le bonheur des sujets

C’est, de plus, en obéissant que les Oblats pourront faire l’expérience d’une paix et d’un bonheur intérieurs profonds. Il écrit au père Mille: «[…] la sainte obéissance qui seule donne le prix à toutes vos actions» [29]. Ce thème ressort surtout dans ses lettres où il donne des directives aux Oblats qui ont une tendance au scrupule. Au père Jacques-Antoine Jourdan, troublé par des scrupules, il écrit: «Que la paix de Notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous. Eh! quoi, ne la posséderiez-vous pas cette précieuse paix? […] Ah! si cela était, mon bon ami, ce serait bien par votre faute. […] Notre Seigneur veut que ses enfants se conduisent par la voie de l’autorité et de l’obéissance; c’est ainsi qu’il manifeste sa très sainte volonté: qui vos audit, me audit» [30]. Et au père Mille, il écrit: «[…] être content de tout et vivre vraiment heureux sous la douce gouverne de l’obéissance […]» [31].

Cette paix dont parle le Fondateur trouve son origine dans le fait que l’obéissance donne l’assurance au religieux de connaître et d’accomplir fidèlement la volonté de Dieu. Elle est, pour lui, le seul moyen de connaître cette volonté et ainsi de sauver son âme.

e. Le mérite de nos actions

Dans ses notes de retraite de 1814, il écrit: «Je ne dois point oublier que ce qui me faisait le plus de peine lors de ma maladie, c’était de m’être trouvé dans une position où j’agissais par ma seule volonté, de manière que je ne savais pas si mes œuvres, qui n’avaient pas le mérite de l’obéissance, étaient agréées par Dieu» [32]. Il revient avec la même pensée dans une lettre au père Mille: «[…] obéissance qui seule peut donner le prix à toutes vos actions» [33].

4. LA NOTION D’OBEISSANCE CHEZ LE FONDATEUR

a. L’obéissance aveugle d’Ignace de Loyola

Il est vrai que le Fondateur a puisé de nombreux articles de la Règle de 1818 chez saint Alphonse de Liguori. Ce qui est surprenant, c’est qu’il ne le nomme que deux fois, alors qu’il mentionne saint Ignace de Loyola cinq fois. Il semble, comme le dit si bien le père Yvon Beaudoin, que le Fondateur a puisé chez saint Alphonse la lettre de la Règle, mais qu’il en a puisé chez saint Ignace «bien plus l’esprit, la spiritualité que la lettre» [34]. Le père Beaudoin ajoute: «L’inspiration ignatienne apparaît dans les articles sur l’obéissance […]» [35]. De plus, dans ses lettres, il «propose sans cesse les Jésuites en exemple» [36].

Il est important, alors, de réfléchir sur l’obéissance ignatienne si l’on veut comprendre l’obéissance que le Fondateur exigeait de ses premiers Oblats.

L’obéissance que saint Ignace exige de ses disciples est connue sous la formule d’«obéissance aveugle», qu’il explique dans une lettre célèbre adressée aux pères et frères du Portugal en 1553. CetteLettre sur l’obéissance a exercé une influence considérable sur la vie religieuse durant les quatre derniers siècles. La plupart des congrégations religieuses actives ont adopté la conception ignatienne de l’obéissance.

Cette notion d’obéissance aveugle comprend les points suivants [37]:

1. L’obéissance est exaltée comme le fondement de toutes les autres vertus et seule la foi peut motiver une soumission qui exprime la confiance totale dans le Seigneur. La Lettre nous renvoie au texte de saint Paul, «Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort» (Ph 2, 8), qui place l’obéissance au cœur du mystère chrétien et à celui de saint Luc, «Qui vous écoute m’écoute» (Lc 10, 16). C’est à ce texte de Luc que le Fondateur recourt dans la lettre au père Jourdan citée plus haut [38]. Seule la foi doit commander l’attitude du religieux dans ce domaine.

2. La Lettre de saint Ignace met ensuite en lumière l’abnégation nécessaire pour soumettre sa volonté à la volonté du supérieur. L’obéissance est le «don d’une volonté qui se renonce sous la lumière de la foi afin de faire plus sûrement la volonté divine» [39]. Sans ce renoncement à sa volonté propre, l’obéissance est illusoire.

3. Saint Ignace enseigne que l’obéissance n’atteint sa perfection que si elle entraîne, chez le religieux, le sacrifice de son jugement en le conformant au jugement du supérieur. Il ne s’agit pas seulement de vaincre sa volonté propre, mais aussi de se convaincre que l’ordre reçu est bon, même si le jugement personnel est certain du contraire. Seul le saut dans la foi peut rendre possible un tel sacrifice et lui enlever toute impression d’absurdité. C’est ici que nous abordons le point principal de la Lettre. Sept fois saint Ignace y «rappelle que le religieux doit se rendre aveugle aux qualités et aux défauts du supérieur». Sept fois encore il fait apparaître «cette cécité comme l’envers seulement, ou la conséquence, d’une vision que seule la foi peut rendre brillante» [40]. Saint Ignace enseigne qu’il est possible psychologiquement à l’intelligence d’adhérer à une décision qui ne lui est pas évidente en raison de l’interdépendance de nos facultés. «Il appartient, d’une part, à l’intelligence d’entraîner la volonté vers l’exécution de l’acte qu’elle lui représente. D’autre part, la volonté influe sur l’intelligence en orientant son attention sur les motifs qui peuvent modifier son jugement» [41]. C’est précisément ce défaut de conformité qui rend l’obéissance insupportable et inefficace. L’obéissance du jugement est nécessaire car elle seule la rend agréable à Dieu.

Il est évident que le Fondateur s’est inspiré de cette notion ignatienne de l’obéissance aveugle dans le gouvernement de sa Congrégation. Nous retrouvons dans ses écrits tous les éléments présentés par saint Ignace, comme dans les formules suivantes: «[…] il faudrait encore que la volonté se soumît intérieurement» [42]; «[…] elle doit soumettre la volonté et même l’intellect» [43]. À la fin de sa vie, il écrit dans sa lettre circulaire du 2 février 1857: «Ils observeront surtout une exacte obéissance […] de manière qu’on puisse dire d’eux qu’ils n’ont point de volonté propre, mais qu’ils l’ont toute déposée entre les mains de ceux qui les gouvernent […]» [44]. Dans ce même document, il fait sienne la parole célèbre de saint Ignace: «On doit être entre leurs mains comme une cire molle qui prend la forme qu’on veut. On doit se regarder comme un corps mort, qui n’a de lui-même aucun mouvement» [45]. Suit immédiatement une citation de saint François-Xavier: «Il faut soumettre votre volonté et votre jugement à vos supérieurs […]» [46].

4. Que dire, alors, du devoir de réflexion nécessaire pour découvrir la volonté de Dieu avant de prendre une décision. Selon saint Ignace, l’obéissance ne supplée pas au devoir de réflexion. Le supérieur n’est pas infaillible et sa prudence peut être en défaut. Il reconnaît le droit, qui date de la plus ancienne tradition monastique, de faire des «représentations» [47]. Le supérieur doit chercher à s’éclairer et alors avoir recours à la réflexion de ses religieux. D’autre part, le religieux a le devoir d’aider le supérieur dans l’exercice de sa charge en lui offrant ses avis et conseils, tout en maintenant, en son for intérieur, une disponibilité qui laisse à l’autorité le dernier mot.

Saint Ignace pousse cette consultation plus loin en permettant à ses religieux d’offrir au supérieur leurs avis et leurs opinions, même après la décision de ce dernier: «Si, après la décision du supérieur, celui qui traite avec lui avait la conviction qu’autre chose conviendrait mieux ou croirait avoir de bonnes raisons, même sans avoir cette conviction intime, après trois ou quatre heures, il pourrait représenter au supérieur que telle ou telle chose serait bonne, en gardant toujours dans son langage et dans ses mots une forme qui ne laisse apparaître aucun dissentiment, aucun désaccord, en ne revenant pas sur la décision précédente. Et même si le supérieur a maintenu sa décision une ou deux fois, un mois après ou un temps plus long s’étant écoulé, on peut représenter à nouveau son sentiment. […] L’expérience, en effet, découvre avec le temps beaucoup de choses et il arrive même qu’elles prennent un aspect différent pour un même homme» [48].

Malgré la sévérité apparente du Fondateur dans ses exigences d’obéissance, il fait appel et demeure ouvert aux suggestions de ses disciples. Dans la Règle de 1818, il écrit: «On pourra, cependant, exposer les raisons qu’on pourrait avoir de refuser, ce qu’on fera avec beaucoup de modestie et de soumission, s’en rapportant, après avoir exposé ses motifs, à la volonté du supérieur comme à la décision de Dieu même» [49]. À l’occasion de l’élévation de Mgr Bruno Guignes à l’épiscopat, le Fondateur a reçu nombre d’objections à cette nomination. Il répond alors au père Jean-Fleury Beaudrand: «On aurait désiré que ce ne fût pas. Très bien, jusque-là on n’était pas blâmable. On a écrit pour empêcher que cette promotion n’ait lieu en donnant les raisons que l’on avait pour cela. C’est bien encore. Il est permis d’avoir cette opinion. Mais […] lorsque la chose est devenue un fait accompli, que l’on ne sache en prendre son parti, que l’on pousse des cris de révolte, que l’on se laisse aller jusqu’à […] tenir des propos qui blessaient et le respect et l’obéissance dus aux supérieurs […] c’était de la démence» [50].

Le Fondateur ne semble pas tolérer les réflexions faites après qu’une décision a été prise par un supérieur. Il écrit au père Mille: «Au nom de Dieu, ne raisonnez jamais quand il s’agit d’obéissance. Le mieux sera toujours de faire simplement ce qui est prescrit» [51]. Au père Eugène Guigues, qui juge une de ses décisions impossible à exécuter, le Fondateur écrit: «Vous raisonnez à perte de vue quand il n’y a plus à discuter et que je me suis prononcé de la manière la plus formelle. Vous devez savoir pourtant que ce système n’est jamais admissible […]» [52].

La raison pour laquelle le Fondateur ne semble pas accepter les remarques qui lui sont présentées après une décision, c’est qu’elles sont presque toujours faites sous forme de critiques, de récriminations et de murmures: «[…] réclamations. Je suis décidé à ne pas les écouter» [53]. «Je déteste aussi cette habitude de se plaindre sans raison d’une infinité de choses, comme si chaque sujet était appelé chez nous à gouverner la Congrégation» [54]. C’est surtout à ceux qui murmurent qu’il adresse les paroles les plus implacables: «Maudits sont les murmurateurs, […] ce sont de véritables suppôts de l’enfer[…]» [55].

Dans la pensée du Fondateur, une fois la décision prise par le supérieur, le religieux doit passer à l’action, car l’obéissance est surtout fonctionnelle et essentiellement apostolique. L’obéissance est nécessaire pour la réalisation la plus parfaite du projet apostolique. Elle ne vise que la fidélité de la communauté à l’appel du Saint-Esprit et s’impose comme instrument pour la mission.

b. Le caractère et la noblesse du Fondateur

Deux autres facteurs ont probablement contribué à former la pensée du Fondateur concernant l’obéissance. Dans le document qu’il écrit pour M. Duclaux à son entrée à Saint-Sulpice, Eugène se dit d’un caractère vif et impétueux. Il ajoute: «Les désirs que je forme sont toujours très ardents, je souffre du moindre retard et les délais me sont insupportables» [56]. Il s’indigne très profondément contre les obstacles qui se présentent à l’exécution de ses décisions: «[…] rien ne me coûterait pour surmonter les plus difficiles» [57]. Toute sa personne s’insurge à la seule apparence d’une contradiction et, si la contradiction se maintient, il demeure davantage convaincu qu’on ne s’oppose à ses volontés que pour un plus grand bien. On peut ajouter qu’il est enclin à la sévérité, très résolu de ne jamais se permettre le moindre relâchement, mais fort porté aussi à ne pas le souffrir chez les autres. «Je ne puis souffrir aucune espèce de modification pour tout ce qui est devoir» [58]. La trempe de son caractère a sans doute fortement influencé sa conception et sa pratique de l’obéissance durant toute sa vie.

Eugène, de plus, était de la noblesse. Durant son enfance, il a été entouré de serviteurs. Durant son exil, il a côtoyé la noblesse d’Italie et sans doute adopté certaines attitudes communes aux personnes de cette classe sociale. Durant l’exil, il a reçu une formation religieuse des frères Zinelli, deux Jésuites qui l’ont probablement initié à la doctrine de saint Ignace. Toutes ces expériences ont contribué à former chez Eugène le chef que Dieu préparait pour son ministère dans la vigne du Seigneur.

La notion d’obéissance aveugle était à ce point répandue dans les communautés religieuses à l’époque du Fondateur que la consultation et la réflexion ont souvent été oubliées dans l’exercice de l’obéissance. Cette situation a prévalu durant les quatre siècles antérieurs au concile Vatican II. Avec le renouveau qui a précédé et surtout suivi celui-ci, l’obéissance aveugle de saint Ignace n’a pas eu bonne presse dans la littérature religieuse. Comme le dit si bien, à propos des communautés féminines, M. Dortel-Claudot, dans une étude exhaustive sur l’obéissance: «[…] la supérieure locale exerçait avant le concile une autorité trop pesante sur ses sœurs, étouffant leur personnalité et bridant leurs initiatives» [59]. La même remarque vaut pour les communautés masculines, surtout avant la deuxième guerre mondiale de 1939-1944. Cette obéissance a, cependant, contribué à la sainteté d’un grand nombre de religieux et à l’extension du Royaume de Dieu aux quatre coins du monde.

L’OBÉISSANCE DANS LA CONGRÉGATION DE 1861 À 1965

Après la mort du Fondateur, en 1861, les Chapitres et les supérieurs généraux, dans leurs lettres circulaires, ont élaboré et commenté la notion d’obéissance oblate et ont essayé de l’adapter aux conditions sociales toujours changeantes.

La Congrégation a, jusqu’à présent, célébré trente-deux Chapitres généraux et les Supérieurs généraux ont écrit plus de trois cents lettres circulaires. Ces documents constituent une source inépuisable de lumière sur tous les aspects de la vie oblate.

1. LES CHAPITRES GENERAUX

Avant Vatican II, quatre Chapitres généraux ont révisé la Règle, les Chapitres de 1850, 1867, 1908 et 1926. Après Vatican II, deux autres Chapitres ont dû refondre la Règle. Celui de 1966 a rédigé un nouveau texte des Constitutions et Règles afin de les rendre conformes aux directives de Vatican II; celui de 1980 a élaboré et approuvé le texte définitif.

La plupart des trente-deux Chapitres, qui ont eu lieu entre 1818 et 1992, ont traité du problème de l’obéissance. Ils ont surtout légiféré sur l’extension du vœu. C’est le Chapitre de 1850 qui a inséré dans les Constitutions et Règles que «chez nous on fait le vœu d’obéissance»; celles de 1826 ne mentionnaient pas explicitement l’émission de ce vœu. Ce Chapitre a aussi légiféré sur des questions comme la permission nécessaire pour entendre les confessions ou celle requise pour faire imprimer un ouvrage, sur plusieurs aspects de la charge de supérieur local et enfin sur d’autres aspects du vœu [60].

Le Chapitre de 1898 a déclaré que chez nous le vœu d’obéissance est absolu, c’est-à-dire qu’il ne peut être limité par aucune condition ou restriction; en conséquence, le Supérieur général peut assigner tout religieux au ministère où le bien de la Congrégation l’exige [61].

Mais ce sont les Chapitres de 1908 et 1926 qui ont eu la charge de rendre les Constitutions et Règles conformes aux nouvelles décisions prises par le Saint-Siège. En 1901, la Congrégation des Religieux avait publié dans un document intitulé Normæ une liste de modifications que toutes les congrégations religieuses devaient apporter à leurs Constitutions. Pour répondre à ces normes, le Chapitre de 1908 a introduit une définition du vœu d’obéissance où il reprend les termes mêmes du document. La Règle primitive, en effet, ne contenait pas de définition du vœu; il était donc difficile de distinguer entre le vœu et la vertu d’obéissance [62].

De plus, l’ancienne Règle ne fixait pas l’étendue du vœu, à savoir «quand est-on tenu en raison du vœu ou seulement de la vertu?» [63]. On a alors inséré deux articles tirés textuellement de ces normes [64]. «Un profès n’est tenu d’obéir, en vertu du vœu, que lorsque le supérieur légitime commande, en termes exprès «au nom de Notre Seigneur» ou «au nom de l’obéissance». «Au supérieur qui intime simplement un ordre, il est seulement obligé d’obéir en raison de la vertu» (C et R de 1908, art. 236). «Les supérieurs ne commanderont, au nom de l’obéissance, que rarement, avec précaution et prudence et pour une cause grave, et cela, quand un bien commun ou privé de grande importance semblera le demander. Il importe en outre qu’ils imposent ce précepte formel par écrit ou au moins en présence de deux témoins» (C et R de 1908, art. 237). Enfin, pour répondre aux nouvelles preions, le Chapitre de 1908 a précisé l’obligation de la Règle et l’obéissance aux supérieurs [65].

En 1917, paraissait le code de Droit canonique qui, pour la première fois dans l’histoire de l’Église, contenait toute sa législation. À la suite de cette parution, la Congrégation des religieux, par un décret du 26 juin 1918, obligeait toutes les congrégations religieuses à entreprendre la révision des leurs constitutions pour les rendre conformes au nouveau code. De plus, le 26 octobre 1921, cette même Congrégation déclarait que, dans ce travail, on ne devait changer que les constitutions contraires au code et que, autant que possible, «on devait se servir des formules du code même» [66]. Telle a été la tâche du Chapitre de 1926. Puisque le Chapitre de 1908 a déjà révisé les Constitutions et Règles selon les normes de 1901, le Chapitre de 1926, «outre quelques corrections de forme, […] changea les articles sur l’extension du vœu d’obéissance, sur l’obéissance au Pape et aux évêques, sur l’obligation des Règles, l’obéissance aux supérieurs, sur les vice-supérieurs, la présentation aux ordres la permission pour les confessions, l’obéissance au préfet de sacristie et la permission pour les publications» [67].

Sans vouloir commenter toutes ces révisions, il serait utile de souligner les points suivants:

a. Concernant l’étendue du vœu, le Chapitre de 1926 ajoute au texte de 1908 les mots «en termes exprès» pour signifier que, pour que le vœu soit en jeu, il doit s’agir «d’un vrai commandement sur un point déterminé et non sur la vie religieuse en général» [68].

b. Le Chapitre statue qu’il faut obéir au Pape «même en vertu du vœu» comme au supérieur suprême de la Congrégation. Il ajoute un article sur l’obéissance aux évêques non pas en vertu du vœu, mais de la vertu d’obéissance [69].

c. Ce même Chapitre déclare aussi que tous les membres de la Congrégation, sujets et supérieurs, doivent vivre selon les exigences des Constitutions et tendre à la perfection de leur propre état. Pour atteindre ces fins, les Oblats doivent remettre leur volonté entre les mains des supérieurs et humblement se soumettre à tous leurs frères qui ont autorité sur eux [70].

2. LES LETTRES CIRCULAIRES

La plupart des lettres circulaires ont été écrites à l’occasion des Chapitres généraux, soit comme rapports sur l’état de la Congrégation au moment du Chapitre, soit comme commentaires des décisions prises par celui-ci. Il est évidemment impossible de faire, ici, une étude approfondie de la doctrine de l’obéissance contenue dans ces lettres. Il suffira d’en rappeler certaines pour souligner leur apport à la pratique du vœu d’obéissance dans la Congrégation.

a. Dans une lettre circulaire écrite dix ans après la mort du Fondateur, à l’occasion de la publication des Actes du Chapitre de 1867, son successeur, le père Joseph Fabre, rappelle que l’obéissance doit être «prompte, humble, universelle, non seulement effective mais affective; voilà les qualités que doit avoir l’obéissance d’un vrai religieux: la nôtre a-t-elle ces qualités?» [71]. Il remarque qu’à cette époque l’obéissance présente «de graves difficultés» [72] et rappelle l’enseignement du Fondateur sur l’obéissance affective, celle qui soumet non seulement la volonté mais aussi le jugement aux supérieurs légitimes.

Cette circulaire a pour objet de rappeler aux Oblats la beauté et la sainteté de leur vocation, et le devoir qui leur incombe d’y correspondre généreusement.

b. L’année suivante, il adresse une autre lettre circulaire aux supérieurs locaux et directeurs de résidence [73]. Le père Fabre y explique la mission du supérieur local et les obligations inhérentes à cette charge. C’est une lettre de la trempe de celles du Fondateur, car elle part du cœur et semble être davantage une effusion de son âme et de son cœur de père qu’une expression de son autorité de supérieur. Après avoir dit aux supérieurs qu’ils doivent «maintenir l’esprit de famille» [74], répandre «l’amour de notre sainte vocation» [75], «se préoccuper de l’obligation qui lui incombe de maintenir dans sa maison l’esprit de charité parmi les membres qui la composent» [76], le père Fabre rappelle que «nous ne faisons tous qu’une même famille; l’obéissance seule nous désigne la communauté dont nous devons faire partie. Notre devoir est sans doute de nous dévouer au bien de cette maison et d’entretenir avec ceux de nos frères qui l’habitent avec nous les rapports d’une charité constante et habituelle» [77]. Il craint que «l’esprit d’indépendance, d’insubordination qui règne dans le monde ne pénètre que trop, même dans les communautés» [78]. C’est pourquoi, il demande aux supérieurs: «L’exemple! l’exemple! mes bien-aimés pères, […] souvenons-nous de l’irrésistible efficacité de ce moyen d’action dans l’intérieur de nos communautés» [79]. Le supérieur, recommande-t-il fortement, «doit se faire aimer dans sa maison et y acquérir la confiance de ses sujets, […] il est supérieur pour le bien de ses frères» [80].

Sur les devoirs du supérieur, le père Fabre donne les consignes suivantes: «Qu’il fasse observer la Règle, c’est son devoir, mais qu’il sache rendre ce joug aussi doux que possible. Que son action soit celle d’un père qui aime et non celle d’un maître qui commande. Qu’il montre un intérêt véritable pour tous ses religieux, qu’il les accueille toujours avec bonté, qu’il compatisse à leurs peines et à leurs misères, que ses paroles ne viennent pas seulement de l’esprit, mais qu’on sente bien qu’elles partent d’un cœur dévoué» [81]. Enfin, il demande au supérieur local de «laisser à chacun, selon la Règle, la latitude nécessaire pour faire le bien dans le saint ministère et aussi pour remplir les emplois dont on pourrait être chargé dans la maison et au dehors. […] Il ne convient pas qu’il intervienne directement en tout et se mêle personnellement à tout. Qu’il reste à sa place» [82].

Cette lettre mérite d’être lue et méditée par tous les Oblats qui exerçent la charge de supérieur local. Le père Fabre veut tempérer les rigueurs de l’obéissance en recommandant aux supérieurs les vertus de douceur, de bonté et de charité dans l’exercice de leur fonction. Cette lettre est remplie de bons sens, de tendresse et de charité évangélique. Ces mêmes conseils ont été répétés dans une autre lettre circulaire, elle aussi adressée aux supérieurs locaux [83].

c. Dans son rapport au Chapitre de 1887, le père Fabre remarque que l’obéissance est en déclin dans la Congrégation. «Comme religieux, nous devons, avant tout, chérir l’obéissance. Or, l’intelligence, l’amour et la pratique de cette vertu fondamentale baissent, et baissent beaucoup. On ne perd jamais de vue ses droits vrais ou prétendus. […] L’autorité est trouvée sévère; elle est blâmée et méconnue» [84]. Il ajoute qu’il s’agit non pas d’une «tendance seulement, mais [d’]une cruelle réalité» [85]. Il attribue ce manque d’obéissance à «la multiplicité des œuvres extérieures», devenue «un des grands obstacles à l’observation de la Règle» [86]. Pour remédier à une telle situation, il rappelle: «Dans une Congrégation, il ne peut, il ne doit y avoir aucune œuvre personnelle. Toutes les œuvres doivent être faites selon la Règle, c’est-à-dire selon l’obéissance[…]» [87]. Il faut donc que tous les Oblats soumettent «leurs actes au contrôle de l’obéissance» [88].

d. La lettre du père Louis Soullier du 26 mars 1894 [89] est d’un tout autre ton. Elle expose une conception militaire de l’obéissance religieuse, marquée d’une distance et d’une froideur entre les supérieurs et les sujets. «Dans une armée, tant vaut la discipline, tant vaut l’armée elle-même. La discipline, chez nous, c’est en haut un gouvernement juste et bon qui s’exerce au nom d’une règle fixe et autorisée, […] c’est en bas une obéissance généreuse et filiale […] qui rend la mission [des supérieurs] facile par la pratique d’un profond et tendre respect. […] La discipline, c’est l’esprit de corps, l’amour du drapeau, la fidélité vaillante à toute consigne, dût-elle conduire à de grands périls, à de grandes souffrances et même à la mort» [90].

Dans la même lettre, le père Soullier affirme que le religieux doit obéir à la Règle, mais toujours selon l’interprétation du supérieur. «Les sujets font vœu d’obéir aux supérieurs faisant application de la Règle, et non à la Règle indépendamment de la volonté du supérieur. L’autorité vivante prime la lettre morte» [91]. De plus, précise-t-il, un candidat à la vie religieuse ne peut poser comme condition sine qua non le droit d’être assigné aux missions étrangères. «Le vœu d’obéissance, insiste-t-il, est fait sans restriction, […] il n’y a pas d’exemption» [92]. Il ajoute, cependant, que «ceux qui sont vraiment appelés de Dieu peuvent se tenir assurés qu’ils seront envoyés aux missions», car «les goûts ne seront jamais absolument contrariés parce qu’ils ne sont jamais entièrement séparables des aptitudes» [93].

e. Dans ses lettres circulaires du 19 mars 1899 et du 2 juillet 1905 [94], le père Cassien Augier déplore l’état d’insubordination qui existe dans la Congrégation: «L’impatience de tout joug, […] une vie toute d’impression et d’activité nerveuse, imprégnée de naturel et d’humain [font que] la maison tend à se transformer en une simple hôtellerie, un rendez-vous aux heures des repas et du repos» [95].

f. Dans sa lettre circulaire du 19 mars 1927 [96], Mgr Augustin Dontenwill promulgue les décisions du Chapitre général de 1926. Il consacre une section importante de ce document au vœu d’obéissance. Il répète la doctrine communément acceptée à l’époque, qui est celle de saint Ignace. Après avoir rappelé que «le vœu d’obéissance est le vœu religieux par excellence» [97], il ajoute que les saintes Règles «distinguent trois degrés dans l’obéissance: l’obéissance effective, l’obéissance affective et l’obéissance de jugement» [98]. «L’obéissance effective consiste en l’obéissance extérieure; on fait ce qui est commandé et on s’abstient de ce qui est défendu» [99]; «l’obéissance affective va plus loin; c’est la volonté qui se plie, c’est l’âme qui accompagne l’acte extérieur» [100]. Il s’étend ensuite sur l’obéissance de jugement. Celle-ci a lieu quand le sujet conduit sa volonté à voir «Dieu dans le supérieur, quand c’est son ordre que vous recevez et que vous le recevez comme tel. Or c’est cela même l’objet de l’obéissance de jugement» [101]. Sans cette qualité, l’obéissance sera imparfaite, elle sera «découronnée de son sommet, privée de son mérite, dépouillée de tout caractère surnaturel» [102]. Selon cette doctrine, «l’obéissance de jugement sera toujours non seulement possible, mais nécessaire, si nous voulons obéir surnaturellement» [103].

g. Enfin, le père Léo Deschâtelets définit, dans sa lettre circulaire du 15 août 1951 [104], ce qu’est l’obéissance oblate. «Il n’y a qu’une manière d’obéir en Oblat, écrit-il, et c’est celle qui ne réserve aucune chance de vie à la volonté propre, en un mot, une obéissance affective et effective à la volonté de Dieu manifestée par celle des supérieurs. On n’est Oblat qu’à ce prix» [105]. Cette obéissance est nécessaire pour mieux accomplir l’œuvre qui nous est confiée par l’Église. Dans l’Église, le bien ne peut se faire «qu’à la condition de tenir en mains la volonté de tous [les] sujets pour les lancer à l’accomplissement des tâches les plus difficiles» [106].

Dans sa lettre du 8 décembre 1953 [107], le père Deschâtelets rapporte les décisions du Chapitre de 1953. Au numéro 9 de ce document, le Chapitre aborde la question de l’obéissance: «L’obéissance religieuse étant mal comprise et l’indépendance personnelle répandue, on demande au Chapitre général d’y remédier». À cette demande, celui-ci répond: «Que les sujets de leur côté, se rappelant le vrai motif et l’absolue nécessité de l’obéissance, se soumettent humblement à tous les ordres légitimes de leurs supérieurs et s’efforcent d’entrer pleinement dans leur esprit» [108].

En conclusion, on notera que toutes les décisions des Chapitres généraux concernant l’obéissance, comme toutes les lettres circulaires des supérieurs généraux qui ont abordé ce problème, ont eu pour motifs les abus répandus parmi les membres de la Congrégation. Le seul document qui traite de ce sujet en élaborant un enseignement positif est la lettre circulaire du père Fabre du 5 mars 1872. Voilà pourquoi ce vœu n’a pas fait l’objet d’une étude approfondie depuis la mort du Fondateur. Les textes ne font que répéter la doctrine traditionnelle de saint Ignace sur l’obéissance aveugle, tout en l’adoucissant par des exhortations aux supérieurs, les encourageant à être aimables, prudents et soucieux du bien commun de la communauté qui leur est confiée.

De plus, tous ces documents insistent sur l’obligation d’obéir aux décisions des supérieurs en tout ce qui n’est pas péché. L’autorité des supérieurs semble sans borne, même si elle doit s’exercer selon les Constitutions et Règles. Le qualificatif «universelle» de l’obéissance des sujets implique que les supérieurs sont infaillibles dans leurs décisions et manifestent toujours la volonté de Dieu. On mentionne, cependant, très rarement que les supérieurs doivent de leur côté chercher cette volonté de Dieu et prendre les moyens les plus aptes de la découvrir. Il est vrai que tous les supérieurs ont leur conseil pour les assister dans cette démarche, mais nous ne trouvons, dans les documents capitulaires et dans les lettres circulaires, aucune mention de l’obligation de consulter la communauté ni l’individu concerné. Ce n’est pas que l’obéissance aveugle soit fausse; elle a, en effet, contribué à la sanctification de nombreux religieux. Mais elle doit être complétée par le discernement nécessaire à la prise de décision du supérieur. Jusqu’ici les documents qui faisaient autorité ont insisté sur l’obéissance qui devait faire suite aux décisions des supérieurs. Durant toute cette période, l’autorité était la voix de Dieu et il n’y avait que peu de place pour la contribution active du subordonné [109].

DE VATICAN II À NOS JOURS

Avec Vatican II et la découverte du besoin de discernement qui doit précéder les décisions des autorités religieuses, la notion d’obéissance retrouve son équilibre. Le Concile rappelle, d’abord, au religieux qu’il doit faire l’offrande totale de sa volonté à Dieu et qu’il doit se soumettre avec révérence et humilité aux supérieurs, selon les Constitutions et Règles, en esprit de foi et d’amour envers la volonté de Dieu [110]. Puis il ajoute: «[…] suscitant leur soumission volontaire [… les supérieurs] amèneront leurs subordonnés à collaborer par une obéissance responsable et active dans les tâches à accomplir et les initiatives à prendre. Ils les écouteront donc volontiers, ils stimuleront leur effort commun pour le bien de l’Institut et de l’Église, se réservant néanmoins fermement le droit de décider et de commander ce qui est à faire» [111]. Cette orientation vers une obéissance comportant un dialogue avec les subordonnés a alarmé plusieurs pères du Concile. Plus de quatre cent cinquante d’entre eux ont demandé que cette notion soit rayée du document en raison de l’esprit démocratique qui pourrait alors s’introduire dans les communautés.

Vatican II a obligé toutes les congrégations religieuses à se renouveler selon l’esprit et les principes qu’il avait adoptés et, pour atteindre ce but, à tenir au besoin trois chapitres généraux afin de présenter un texte définitif avant 1980.

1. LE CHAPITRE DE 1966 ET LA LETTRE CIRCULAIRE DU PÈRE DESCHÂTELETS

La Congrégation des Oblats a été une des premières, dans l’Église, à répondre à ce désir de Vatican II. À peine un mois et demi après sa clôture, les Oblats tenaient, en janvier 1966, un Chapitre qui avait pour objet le renouveau de la Congrégation. Ce Chapitre a complètement refondu les Constitutions et Règles dont la section sur l’obéissance «représente la part la plus élaborée d’une vision renouvelée de nos vœux» [112].

En 1968, le père Deschâtelets écrivait une lettre circulaire intitulée «L’esprit du renouveau dans la Congrégation» [113] où il énumère et développe tous les éléments de renouveau contenus dans les décisions du Chapitre de 1966. Voici les points principaux de cette lettre:

a. «L’Église […] délègue une partie de son autorité à la communauté — supérieurs et membres — pour faciliter sa mission d’annoncer l’Évangile. Il n’en saurait être autrement.

b. Dans une communauté […] le principe et le lien invisible coordonnant toutes les volontés […] c’est l’Esprit du Christ […].

c. Cette unité intérieure […] doit s’exprimer à l’extérieur; il lui faut un signe. Il lui faut un animateur. […] Ce chef, ce signe d’unité dans le Christ, c’est le supérieur […].

d. Le supérieur […] invite ceux-ci [les sujets] à agir avec lui. Loin d’imposer des décisions d’en-haut, il stimule son équipe à les préparer avec lui et, une fois ses décisions arrêtées, il les soutient dans l’exécution. […] Il leur laisse un champ d’initiative et d’action personnelle […].

e. Les relations de la tête avec les membres constituent l’exercice de l’autorité; à l’inverse, les relations des membres avec la tête fondent l’obéissance.

f. Le supérieur n’est pas au-dessus, encore moins en dehors de sa communauté, […] tous se mettant à la recherche de la volonté de Dieu et s’aidant mutuellement à l’accomplir, sous l’inspiration de l’Esprit Saint. […] L’esprit de charité facilite leur collaboration et leur soumission à des décisions qui, même faisant suite à un dialogue franc et ouvert, pourraient se trouver en opposition avec leur sentiment personnel» [114].

Le père Deschâtelets termine cette section de sa lettre en posant la question suivante: «N’avons-nous pas à repenser le service que [l’obéissance] doit assurer dans l’unité et la charité?» [115]

2. LE CHAPITRE DE 1980

Le Chapitre de 1980 a terminé l’œuvre gigantesque du renouvellement de nos Constitutions et Règles. Le texte a été approuvé par la Congrégation des Religieux par un décret du 3 juillet 1982. Le thème de l’obéissance est traité dans les constitutions 24 à 28 et dans les règles 18 et 19. Ces Constitutions et Règles définissent l’obéissance oblate à la lumière des principes de Vatican II et intègrent plusieurs des principes du Chapitre de 1966. C’est pourquoi le commentaire des Constitutions de 1966, Dans une volonté de renouveau, demeure avec celui du texte définitif fait par le père Fernand Jetté, O.M.I., Homme apostolique [116], les deux meilleurs sur l’obéissance oblate dans le monde moderne.

Dans ces nouvelles Constitutions, «le même esprit demeure, mais avec une insistance nouvelle sur l’engagement de chacun, sur la responsabilité, sur sa «liberté fortifiée par l’obéissance» [117]. L’équilibre est rétabli et les principes de renouveau de Vatican II sont pleinement intégrés dans la vie de la Congrégation. L’obéissance ne comprend pas seulement le devoir du religieux d’obéir à toutes les décisions de ses supérieurs. Elle exige aussi que toute décision soit préparée par un discernement, soit de la communauté, soit du supérieur avec l’individu concerné afin de découvrir ensemble la volonté de Dieu. Sans diminuer l’autorité du supérieur, l’obligation d’obéir est maintenant contrebalancée par le devoir du supérieur de rechercher cette volonté dans un contexte de discernement et de dialogue, tout en gardant son droit de décider.

Les Constitutions de 1982 conservent intact l’esprit d’obéissance «mais avec une insistance nouvelle sur l’engagement de chacun, sur sa responsabilité, sur la «liberté fortifiée par l’obéissance». La section qui traite du vœu comprend cinq constitutions et deux règles. Le Chapitre de 1986 a ajouté à la constitution 26 un paragraphe qui oblige les religieux à obtenir la permission de leur supérieur majeur pour toute publication de nature religieuse. Cette addition a été suggérée par la Congrégation des Religieux afin de rendre les Constitutions et Règles conformes au nouveau code de Droit canonique de 1983 [118].

Depuis sa fondation, la Congrégation a accumulé un patrimoine de points de repère importants qu’on a dû compléter par les nouveaux apports de Vatican II. L’œuvre du Chapitre de 1980 a été d’intégrer les principes du Concile à ce patrimoine oblat.

3. LES IDEES MAÎTRESSES DE L’OBEISSANCE

Quelles sont donc, selon les nouvelles Constitutions et Règles de 1982, les idées maîtresses qui doivent inspirer chaque Oblat dans le domaine de l’obéissance?

a. Comme pour le Fondateur, l’obéissance demeure un moyen fondamental d’imiter le Christ. Vatican II nous dit: «À l’exemple du Christ qui est venu pour faire la volonté du Père […] les religieux, sous la motion de l’Esprit Saint, se soumettent dans la foi à leurs supérieurs […]» [119]. Ainsi, le premier article des Constitutions sur l’obéissance débute par ces mots: «La nourriture du Christ était «de faire la volonté de celui» qui l’avait envoyé (Jn 4, 34)» C 24). Notre obéissance a donc pour fondement théologique l’obéissance même du Christ. Elle doit s’enraciner dans l’attitude du Christ et être en conformité avec la sienne. Nous vivons ainsi avec le Christ son obéissance au Père et nous la reproduisons en nous-mêmes. À sa suite, nous nous identifions à Lui dans l’abandon total de son être au Père. Il n’avait qu’un seul désir: celui de plaire à Dieu. Notre obéissance doit toujours s’appuyer sur celle du Christ, qui demeure le fondement et la raison d’être de notre vœu.

b. L’obéissance nous fait entrer dans le dessein de salut de Dieu. L’Oblat en fait le vœu «pour se dépenser sans réserve à l’accomplissement de sa volonté de salut» (C 24). «Par cette profession, dit Paul VI dans son exhortation Evangelica testificatio, […] vous faites l’offrande totale de votre volonté et vous entrez plus fermement et plus sûrement dans son dessein de salut» [120]. Il reprend plus loin le même thème: «Il s’agit de servir dans leurs frères le dessein d’amour du Père» [121]. La finalité de nos actes d’obéissance est de permettre à Dieu de «réaliser au travers de nous son unique dessein de salut des hommes en Jésus Christ. C’est dire autrement que, par l’obéissance, nous participons à la mission du Christ» [122].

c. L’obéissance demeure un mystère de foi. Les Constitutions nous disent: «[…] nous accepterons avec foi l’autorité […]» (C 26). Ce vœu reste un mystère à vivre dans l’obscurité de la foi et par amour pour le Christ. La vue de foi sur notre vie et sur le monde aide toujours à obéir, car «cela nous accule à nous tourner vers Dieu seul» [123]. Notre obéissance nous plonge au cœur du mystère du Christ en assumant les ruptures et les morts à soi-même que ce vœu entraîne. Cette foi doit être présente à toutes les étapes de l’obéissance: tout d’abord la recherche de la volonté de Dieu, puis l’adhésion de la volonté aux décisions des supérieurs et surtout, au moment où le vœu l’exige, le détachement et la mort à soi. Il faut quitter ses propres voies pour entrer dans celles du Père.

d. Le vœu d’obéissance nous oblige à rechercher la volonté de Dieu. «Comme personnes […] nous avons la responsabilité de rechercher la volonté de Dieu» (C 26). Dieu transmet ses appels à tout religieux et il lui signifie ses volontés. L’Oblat doit donc se servir de toutes les médiations que Dieu utilise pour manifester sa volonté. Les Constitutions nous font connaître ces médiations. Certaines sont communes à tout chrétien qui recherche la volonté de Dieu, car le religieux est d’abord un chrétien comme les autres. Donc, «certaines médiations utilisées par Dieu pour faire connaître au religieux sa volonté seront les mêmes que celles utilisées par Dieu pour faire connaître sa volonté à n’importe quel chrétien» [124]. D’autres médiations seront propres à la vie religieuse, car l’engagement dans cette vie, qui est un second baptême, identifie le religieux davantage au Christ et lui offre des moyens propres pour découvrir la volonté du Père.

— Les médiations communes.

Dieu nous parle, tout d’abord, par des médiations communes à tous les disciples du Christ.

La médiation commune la plus importante, qui doit se trouver toujours en tête de liste, est évidemmentl’Écriture sainte. «[…] la Parole de Dieu est l’aliment de leur vie intérieure et de leur apostolat […]» (C 32, § 2).

Vient ensuite l’Église qui «appelle à grands cris les ministres auxquels elle a confié les plus chers intérêts de son divin Époux, pour qu’ils s’efforcent de ramener par leurs paroles et par leurs exemples la foi prête à s’éteindre dans le cœur d’un grand nombre de ses enfants» (Préface). C’est pourquoi nos Constitutions nous «engagent à obéir au Saint Père» (C 27).

En troisième lieu, on peut regrouper le monde, les événements de la vie, les autres, les pauvres,etc. «Notre vie est réglée par les exigences de notre mission apostolique et par les appels de l’Esprit, déjà présent chez ceux à qui nous sommes envoyés» (C 25, § 2).

Les médiations propres.

Le religieux est, cependant, un chrétien placé dans une vocation particulière; il appartient à une congrégation religieuse. Alors, certaines médiations de la volonté de Dieu seront spécifiques à la vie religieuse «en ce sens que Dieu n’en utilise pas de semblables pour signifier son vouloir au chrétien qui n’est pas religieux» [125]. Ces médiations propres au religieux sont les suivantes:

La médiation propre la plus importante est évidemment celle des Constitutions et Règles. «Par vœu, les Oblats s’engagent à obéir […] à leurs supérieurs en tout ce qui touche directement ou indirectement à l’observance des Constitutions et Règles» (C 27). Et on ajoute: «Les Oblats conformeront leur vie et leur action missionnaires aux Constitutions et Règles de la Congrégation» (C 28). Les Constitutions ont toujours été l’objet premier du vœu d’obéissance. C’est pourquoi, durant la cérémonie de profession, on nous remet une copie des Constitutions et Règles en nous adressant les paroles: «Faites cela et vous vivrez».

La seconde médiation propre à la vie oblate est le supérieur et, par cette appellation, il faut entendre les supérieurs aux différents niveaux, général, provincial et local. «Par le vœu, les Oblats s’engagent à obéir […] à leurs supérieurs légitimes» (C 27). Les Constitutions nous rappellent que le supérieur est «un signe de notre unité dans le Christ» (C 26), et «de la présence du Seigneur qui est au milieu de nous pour nous animer et nous guider» (C 80). «L’unité d’une communauté religieuse, rappelle le père Jetté, repose en bonne partie sur leur action et sur l’attitude qui est nôtre par rapport à eux» [126].

Enfin, les Constitutions indiquent que la communauté est une médiation de la volonté de Dieu. «Nos décisions reflètent davantage cette volonté [de Dieu] quand elles sont prises après un discernement communautaire et dans la prière» (C 26, § 1). Il ne s’agit pas ici d’introduire un système démocratique où toute décision doit être résolue par un vote majoritaire. Les Constitutions sont claires sur ce point: «Nous appuierons loyalement les décisions prises par les supérieurs et, avec esprit de coopération et d’initiative, nous consacrerons nos talents, nos activités, notre vie même, à notre mission apostolique dans l’Église» (C 26, § 20). Toutefois, la règle 18 propose ceci: «Pour les décisions majeures et les questions touchant à la vie et à la mission de l’ensemble de la communauté, nous adopterons un mode de discernement qui favorise un consensus». Pour favoriser un tel dialogue et un tel discernement, les Constitutions demandent que l’on choisisse comme supérieurs des personnes qui ont «l’aptitude à animer une communauté qui sache partager et dialoguer dans une atmosphère de confiance et d’acceptation mutuelles» et «l’esprit de discernement et la capacité de prendre des décisions après avoir consulté» (C 81). Ce dialogue et ce discernement sont importants surtout «avant de confier à quelqu’un de nouvelles responsabilités» (R 19). À cette occasion, le supérieur doit consulter l’individu et lui permettre de «faire connaître son point de vue» (R 19).

Le climat de dialogue ne libère pas le supérieur de la responsabilité de décider en dernier lieu. Durant le dialogue, le religieux ou la communauté et son supérieur doivent déchiffrer les signes de la volonté de Dieu. Dans un premier temps, le religieux a le droit et le devoir d’exposer aux supérieurs les signes de la volonté qu’il perçoit dans les événements. Le supérieur doit prendre au sérieux la collaboration du religieux. Mais quand vient le temps de décider, c’est au supérieur de le faire et devant Dieu. À partir de ce moment, le religieux doit obéir.

e. L’obéissance n’est pas une abdication de la liberté humaine, mais la consécration de soi à la mouvance de l’Esprit qui nous conduit à la vraie liberté. Les Constitutions affirment que «si nous accueillons ensemble le vouloir de Dieu, la liberté évangélique devient pour nous une réalité» (C 25, § 1). Ce principe était déjà énoncé dans le document conciliaire Perfectæ caritatis: «Ainsi l’obéissance religieuse, loin de diminuer la dignité de la personne humaine, la conduit à la maturité en faisant grandir la liberté des enfants de Dieu» [127]. Le vœu d’obéissance, loin de diminuer notre personnalité, la parachève en l’intégrant à celle du Christ et en la faisant accéder au plein épanouissement par l’union de notre volonté à celle de Dieu.

f. Enfin, nos Constitutions nous rappellent, que l’obéissance revêt un caractère prophétique pour notre temps. «Par elle, nous contestons l’esprit de domination et nous voulons témoigner de ce monde nouveau dans lequel les hommes se reconnaissent en étroite dépendance les uns des autres» (C 25, § 1). Notre obéissance est déjà une annonce du Royaume de Dieu qui ne peut se réaliser que dans l’amour, l’humilité et le service. Par notre obéissance, nous témoignons de ce monde nouveau où l’homme ne cherche plus à dominer son frère et où tout pouvoir devient service des autres. Une obéissance bien vécue fait naître des relations de communion. Elle devient ainsi une bonne nouvelle pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui et témoigne d’un monde qui a été recréé par un Dieu-Amour.

CONCLUSION

Par son obéissance, l’Oblat fait l’offrande totale de lui-même à Dieu, «une offrande sans réserve pour être à Jésus Christ et, de là, être envoyé partout dans le monde, selon les besoins, pour coopérer à son œuvre de salut» [128]. Le père Jetté a bien exprimé la réalité fondamentale qui est en jeu dans le domaine de l’obéissance: «Que l’ensemble des Oblats, comme personnes, se renouvellent dans une attitude de complète disponibilité. Qu’ils soient prêts à sacrifier leur goût personnel, leur projet apostolique personnel […] pour se mettre au service de la Congrégation et se dévouer à l’évangélisation des pauvres à travers les priorités apostoliques de la Congrégation» [129].

Les sentiments qui animaient le Fondateur lors de la première révision des Constitutions de 1850 valent encore pour l’Oblat d’aujourd’hui. Dans sa lettre du 2 août 1853, il écrivait: «Tout mon espoir, mes très chers fils, c’est que cette seconde promulgation de nos lois excite dans le cœur de chacun de vous une nouvelle ferveur, qu’elle produise une sorte de rénovation de votre jeunesse […]» [130].

Francis L. Demers

Remarques

[1] «Constitutions et Règles de la Société des Missionnaires de Provence», deuxième partie, chapitre premier, § 2, Du vœu d’obéissance, dans Missions, 78 (1951), p. 50
[2] Ibidem
[3] Ibidem, p. 50-51
[4] Lettre au père François Bermond, le 19 août 1841, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 4, p. 7
[5] Lettre au père Jean-Baptiste Honorat, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 6, p. 11
[6] Retraite d’octobre 1808, dans Écrits oblats I, t. 14, n° 28, p. 67
[7] Ibidem
[8] Lettre au père H. Bourrelier, le 19 septembre 1821, dans Écrits oblats I, t. 6, n° 72, p. 89
[9] Lettre du 5 décembre 1853, dans Écrits oblats I, t. 2, n° 186, p. 70
[10] Dans les Constitutions et Règles de 1818, le Fondateur écrit: «Elle [l’obéissance] doit être prompte, humble, entière», dans Missions, 78 (1951), p. 50. Dans sa lettre circulaire no 2, il demande «que notre obéissance soit prompte, humble et universelle», dans Écrits oblats I, t. 12, p. 192-193
[11] Lettre au père François-Xavier Bermond, le 8 septembre 1842, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 12, p. 25
[12] Lettre au père Vincent Mille, le 4 juin 1837, dans Écrits oblats I, t. 9, n° 624, p. 36-37
[13] Lettre au père Eugène Guigues, le 24 mai 1845, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 54, p. 124
[14] Lettre du 26 novembre 1836, dans Écrits oblats I, t. 8, n° 590, p. 227
[15] Lettre du 3 janvier 1831, dans Écrits oblats I, t. 8, n° 378, p. 2
[16] Lettre du 25 septembre 1831, dans Écrits oblats I, t. 8, n° 404, p. 34; voir aussi la lettre à Mgr Guigues, le 26 septembre 1848, ibidem, t. 1, n° 103, p. 212. «Un religieux qui est vertueux doit comprendre que chacun est tenu de recevoir avec humilité les observations et même les reproches de ses supérieurs», lettre au père Mille, le 21 mai 1836, ibidem, t. 8, n° 573, p. 209
[17] Lettre du 24 novembre 1853, dans Écrits oblats I, t. 2, n° 183, p. 65-66
[18] Lettre au père Pélissier, le 30 mai 1839, dans Écrits oblats I, t. 9, n° 693, p. 112
[19] Ibidem
[20] Lettre du 24 juin 1851, dans Écrits oblats I, t. 2, n° 147, p. 18
[21] Conférence spirituelle, dans Écrits oblats I, t. 14, n° 48, p. 127
[22] C et R de 1818, première partie, chapitre premier, § 1, article 1, dans Missions, 78 (1951), p. 13
[23] Notes de retraite annuelle, octobre 1831, dans Écrits oblats I, t. 15, n° 163, p. 220
[24] C et R de 1818, première partie, chapitre premier, § 3, Nota bene, dans Missions, 78 (1951), p. 18
[25] Lettre du 26 septembre 1836, dans Écrits oblats I, t. 8, n° 590, p. 227. Au père Marc de L’Hermite qui doit quitter Bordeaux pour Notre-Dame de Cléry, il écrit: «[…] il s’agit du bien et de l’avantage de la Congrégation. Tout doit céder à l’accomplissement de ce dernier […]», lettre du 24 février 1855, dans Écrits oblats I, t. 11, n° 1259, p. 258
[26] C et R de 1818, deuxième partie, chapitre premier, § 3, dans Missions, 78 (1951), p. 50
[27] Lettre du 26 mars 1842, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 10, p. 19-20; voir aussi la lettre au père Tempier, le 9 mars 1826, dans Écrits oblats I, t. 7, n° 229, p. 55
[28] Lettre du 5 juin 1854, dans Écrits oblats I, t. 4, n° 38, p. 123-124. Au père Tempier: «Pourquoi le père Touche ne peut-il pas vivre sous l’obéissance du père Honorat? D’où vient cette répugnance qui trouble l’ordre d’une société naissante dans laquelle il ne devrait y avoir qu’un cœur et qu’une âme», lettre du 9 mars 1826, dans Écrits oblats I, t. 7, n° 229, p. 55
[29] Lettre du 21 avril 1832, dans Écrits oblats I, t. 8, n° 420, p. 54. Aussi: «Qu’on étudie […] le chapitre de l’obéissance et qu’on vive en paix sous la gouverne de ceux qui sont proposés au gouvernement […]», lettre au père Joseph-François Arnoux, le 24 janvier 1852, dans Écrits oblats I, t. 3, n° 53, p. 92
[30] Lettre du 30 mars 1823, dans Écrits oblats I, t. 6, n° 99, p. 115; voir aussi lettre au père Damase Dandurand, le 11 août 1843, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 23, p. 57, où le Fondateur dit que par l’obéissance, la communauté devient un «paradis terrestre»
[31] Lettre du 21 mai 1836, dans Écrits oblats I, t. 8, n° 573, p. 209
[32] Écrits spirituels, dans Écrits oblats I, t. 15, n° 130, p. 126
[33] Lettre du 21 avril 1832, dans Écrits oblats I, t. 8, n° 420, p. 54. Au même, il écrit: «[…] le Seigneur ne rémunère pas le bien qui se fait en dehors de l’obéissance, moins encore celui que l’on prétend faire contre les preions de l’obéissance», lettre du 6 avril 1837, dans Écrits oblats I, t. 9, n° 611, p. 21. Au père Justin Barret: «L’humilité et l’obéissance sont de fermes appuis et des guides sûrs […] C’est alors que le zèle est vraiment méritoire […]», lettre du 23 avril 1856, dans Écrits oblats I, t. 4, n° 25, p. 206. Au frère Jean-Bernard Ferrand: «Restez donc à Aix, vous vous y sanctifierez par l’obéissance et la régularité», dans Écrits oblats I, t. 10, n° 912, p. 137
[34] BEAUDOIN, Yvon, «Mgr Eugène de Mazenod et les Jésuites», dans Vie Oblate, 51 (1992), p. 166
[35] Ibidem
[36] Ibidem, p. 170
[37] Voir OLPHÉ-GAILLARD, Michel, s.j., «La lettre de saint Ignace de Loyola sur la vertu d’obéissance», dans Revue d’ascétique et de mystique (RAM), 30 (1954), p. 7-28; PARENTEAU, H. A., f.i.c., «La notion d’obéissance aveugle dans la lettre de saint Ignace aux pères et frères du Portugal (1553)», dans Revue d’ascétique et mystique (RAM), 38 (1962), p. 31-51, 170-196. TILLARD, Jean-Marie, o.p., «Aux sources de l’obéissance religieuse», dans Nouvelle revue théologique, 98 (1976), p. 592-626; p. 817-838
[38] Lettre du 30 mars 1823, dans Écrits oblats I, t. 6, n° 99, p. 115
[39] OLPHÉ-GAILLARD, Michel, s.j., art. cit., p. 15
[40] PARENTEAU, H. A., f.i.c., art. cit., p. 38; TILLARD, Jean-Marie, o.p., art. cit., p. 616-626
[41] OLPHÉ-GAILLARD, Michel, s.j., art. cit., p. 16
[42] Retraite de décembre 1814, dans Écrits oblats I, t. 15, n° 130, p. 127
[43] C et R de 1818, deuxième partie, chapitre premier, § 3, dans Missions, 78 (1951), p. 50
[44] Dans Écrits oblats I, t. 12, p. 192
[45] Ibidem, p. 193
[46] Ibidem
[47] OLPHÉ-GAILLARD, Michel, s.j., art. cit., p. 18
[48] IGNACE DE LOYOLA, Instruction sur la manière de traiter ou d’avoir affaire avec quelque supérieur, 29 mai 1555, dans MHSJ Epist., IX, p. 90-92, cité par OLPHE-GAILLARD, Michel, s.j., art. cit., p. 19-20, note 25
[49] C et R de 1818, deuxième partie, chapitre premier, § 3, dans Missions, 78 (1951), p. 52-53
[50] Lettre du 30 septembre 1849, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 124, p. 237. Le Fondateur exprime la même pensée dans une lettre du 14 décembre 1841 au père Jean-Joseph Lagier: «M’instruire de ce que vous saviez, me faire connaître votre façon de penser, c’était bien, c’était même votre devoir, mais, mon cher père, il fallait me laisser le jugement d’une cause qu’il ne vous appartenait que d’instruire […]», dans Écrits oblats I, t. 9, n° 753, p. 103
[51] Lettre du 4 juin 1837, dans Écrits oblats I, t. 9, n° 624, p. 36-37
[52] Lettre du 24 mai 1845, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 54, p. 124
[53] Lettre au père Tempier, le 17 août 1847, dans Écrits oblats I, t. 10, n° 939, p. 166
[54] Lettre à Mgr Guigues, le 20 janvier 1857, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 227, p. 145
[55] Lettre au père Honorat, le 18 juillet 1844, dans Écrits oblats I, t. 1, n° 43, p. 103
[56] Portrait d’Eugène pour M. Duclaux, octobre 1808, dans Écrits oblats I, t. 14, n° 40, p. 75
[57] Ibidem
[58] Ibidem
[59] DORTEL-CLAUDOT, Michel, s.j., Obéir aujourd’hui dans la vie religieuse, pourquoi? à qui? comment?, Conférence religieuse canadienne, 1986, p. 56

[60] COSENTINO, Georges, Histoire de nos Règles, vol. III, coll. Archives d’histoire oblate, t. 5, édition des Études oblates, Ottawa, 1955, p. 69-72
[61] Voir COSENTINO, Georges, Nos Chapitres généraux, coll. Archives d’histoire oblate, t. 16, édition des Études oblates, Ottawa, 1957, p. 147
[62] Voir COSENTINO, Georges, Histoire de nos Règles, vol. V, coll. Archives d’histoire oblate, t. 7, p. 101: «Itaque apud nos vovetur obedientia. Per hoc votum, assumitur obligatio obediendi præcepto legitimi superioris in iis qua pertinent directe vel indirecte ad vitam Instituti, hoc est ad observantiam votorum et Constitutionum». «C’est pourquoi, chez nous, on fait le vœu d’obéissance. Par ce vœu, on contracte l’obligation d’obéir au commandement du supérieur légitime en tout ce qui touche directement ou indirectement à la vie de l’Institut, c’est-à-dire à l’observance des vœux et des Constitutions» (C et R de 1908, art. 235)
[63] Ibidem, p. 101-102: «Vi voti tenetur professus tunc tantum obedire, cum legitimus superior præcepit expresse «in nomine Christi Domini» vel «in virtute sanctæ obedientiæ», superiori autem simpliciter præcipienti, vi solius virtutis obedire tenetur». «Raro, caute ac prudenter superiores præcipiant in virtute sanctæ obedientiæ, et nonnisi ex gravi causa, quando videlicet bonum commune aut privatum maximi momenti id requirere videbitur. Expedit præterea ut formale præceptum imponat in is, vel saltem coram duobus testibus
[64] Voir Acta Apostolicæ Sedis, 10-229
[65] Voir COSENTINO, Georges, Histoire de nos Règles, vol. V, coll. Archives d’histoire oblate, t. 7, p. 102; voir aussi C et R de 1908, art 238
[66] Voir Acta Apostolicæ Sedis, 13-538
[67] Voir COSENTINO, Georges, Histoire de nos Règles, vol. VI, coll. Archives d’histoire oblate, t. 8, p. 130; voir C et R de 1908, art. 240
[68] Ibidem, p. 131
[69] Ibidem, p. 131
[70] Ibidem, p. 132; voir C et R de 1926, art. 228 et 229
[71] Voir lettre circulaire no 22, du 1er août 1871, dans Circ. adm., I, (1850-1885), p. 216
[72] Ibidem, p. 216
[73] Lettre circulaire no 24 «Aux révérends pères supérieurs locaux et directeurs de résidence», du 5 mars 1872, dans Circ. adm., I, (1850-1885), p. 239-267
[74] Ibidem, p. 242
[75] Ibidem, p. 242
[76] Ibidem. p. 244
[77] Ibidem, p. 245
[78] Ibidem, p. 253
[79] Ibidem, p. 255
[80] Ibidem, p. 259
[81] Ibidem, p. 259
[82] Ibidem, p. 261
[83] Lettre circulaire no 32, du 4 juin 1880, dans Circ. adm., I (1850-1885), p. 349-352
[84] Lettre circulaire no 42, du 29 juin 1887, dans Circ. adm., II (1886-1900), p. 30
[85] Ibidem, p. 30
[86] Ibidem, p. 46
[87] Ibidem, p. 47
[88] Ibidem, p. 48
[89] Lettre circulaire, n° 57, du 26 mars 1894, dans Circ. adm., II (1886-1900), p. 151-198
[90] Ibidem, p. 168-169
[91] Ibidem, p. 184.
[92] Ibidem, p. 185
[93] Ibidem, p. 185-186
[94] Lettres circulaires n° 70, du 19 mars 1899, dans Circ. adm., II, (1886-1900), p. 345-374 et n° 84 du 2 juillet 1905, dans Circ. adm., III, (1901-1921), p. 48-106
[95] Lettre circulaire n° 84, p. 75-76
[96] Lettre circulaire, n° 137, du 19 mars 1927, dans Circ. adm., IV, (1922-1946), p. 61-98
[97] Ibidem, p. 69
[98] Ibidem, p. 70
[99] Ibidem, p. 72
[100] Ibidem, p. 72
[101] Ibidem, p. 72-73
[102] Ibidem, p. 73
[103] Ibidem, p. 75
[104] Lettre circulaire no 191, du 15 août 1951, dans Circ. adm., V, (1947-1952), p. 298-386
[105] Ibidem, p. 337
[106] Ibidem
[107] Lettre circulaire no 203, du 8 décembre 1953, dans Circ. adm., VI, (1953-1960), p. 107-160
[108] Ibidem, p. 117-118
[109] Voir KING, John, «Vie religieuse et obéissance», dans Actes du Chapitre général de 1966, vol. 2, p. 14

[110] Perfectæ caritatis, n° 14
[111] Ibidem
[112] Dans une volonté de renouveau, Rome, 1968, p. 129
[113] Lettre circulaire no 240, du 19 mars 1968, dans Circ. adm., VIII, (1967-1972), p. 166-169
[114] Ibidem, p. 166-167
[115] Ibidem, p. 168
[116] JETTÉ, Fernand, O. M. I. Homme apostolique. Commentaire des Constitutions et Règles oblates de 1982, Rome, Maison générale, 1992, 552 p
[117] Ibidem, p. 167
[118] Code de droit canonique, canon 832
[119] Perfectæ caritatis, n° 14
[120] Evangelica testificatio, 1971, no 23
[121] Ibidem, n° 25
[122] DORTEL-CLAUDOT, Michel, s.j., Obéir aujourd’hui..., p. 16
[123] Ibidem, p. 18
[124] Ibidem, p. 28
[125] Ibidem
[126] JETTÉ, Fernand, op. cit., p. 173
[127] No 14

[128] Lettre circulaire n° 301, du 20 mai 1986, dans A.A.G, IX (1986), p. 112
[129] Ibidem, p. 108.
[130] Lettre circulaire no 1, du 2 août 1853, dans Écrits oblats I, t. 12, p. 182.

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