Naissance à Embrun, diocèse de Gap, le 26 mai 1805
Prise d’habit à N.-D. du Laus, le 1er décembre 1831
Oblation à N.-D. du Laus, le 13 novembre 1832 (no 51)
Ordination sacerdotale à Marseille, le 6 avril 1833
Expulsion de la Congrégation, le 2 août 1840
Curé dans le diocèse de Gap de 1841 à 1886
Décès, le 21 février 1886.

Jacques Antoine André Pélissier est né à Embrun (Hautes-Alpes), le 26 mai 1805. Il a fait son noviciat à Notre-Dame du Laus, sous la direction du père Hippolyte Guibert, maître des novices et supérieur, du 1er décembre 1831 au 13 novembre 1832. Mgr Eugène de Mazenod, évêque d’Icosie, l’a ordonné prêtre à Marseille, le 6 avril 1833.

Il a travaillé quelque temps au Calvaire, sous la direction du père Casimir Aubert. Dans un compte rendu sur les scolastiques et les jeunes pères, le 20 avril 1834, le père Aubert écrit que le père Pélissier a quitté le Calvaire. Il a peu gagné pendant son séjour «par un effet de son caractère presque apathique et tourné un peu aussi à l’originalité».

Le père Pélissier fait partie de la communauté d’Aix jusqu’en 1837. En 1836, il ne veut plus s’occuper «d’un service de charité auprès des pauvres malades ou bien à évangéliser des pauvres enfants» (Mgr de Mazenod au père Pélissier, le 16 décembre 1836). En janvier 1837, le père Hippolyte Courtès écrit qu’il entrevoit chez ce père des dispositions à l’apostasie. Le Fondateur note dans son journal, le 11 janvier, que Pélissier «est de ceux que le bx Liguori appelait pietre smosse (pierres instables); elles finissent presque toujours par tomber».

En février 1837, le père Pélissier est envoyé à Notre-Dame du Laus où le père Vincent Mille vient d’être nommé supérieur. N’étant pas bon prédicateur, le père Pélisier s’occupe des pèlerins. Il semble d’abord aimer sa situation. Il écrit et demande «qu’on lui passe sa raideur naturelle qu’il appelle rondeur de caractère, résolu qu’il est de travailler plus que jamais sérieusement à se connaître et à ne mettre aucun obstacle à son avancement spirituel» (Journal de Mazenod, le 14 avril 1837). De son côté, le père Jean-Baptiste Honorat, alors au Laus, «rend bon témoignage du père Pélissier qui a la volonté de bien faire et est content dans le sanctuaire. Il ne faut pas le presser, lui faire confiance, etc.» (Journal de Mazenod, le 10 mai).

Le père ne reste au Laus que pendant quelques mois. Il refuse d’obéir au père Mille. On l’envoie à Notre-Dame de l’Osier. Le 8 septembre 1837, il écrit au Fondateur pour dire qu’il est très édifié de la communauté et qu’il espère en profiter pour sa propre perfection. Ces bonnes dispositions ne durent guère. Une semaine après, le 15 septembre, Mgr de Mazenod note encore dans son journal: «Le père Pélissier est tel à l’Osier qu’il était ailleurs…; l’apathie de son caractère est invincible.» Le père Bruno Guigues le supporte mais s’en plaint. Dans son journal, les 22 et 23 janvier 1838, le Fondateur fait cette triste et terrible réflexion: «Triste renseignement sur le père Pélissier. Il est d’une apathie sans égale, ne sachant se gêner en rien, n’embrassant les œuvres de zèle que lorsqu’elles sont de son goût et ne lui causent aucune peine… C’est un corps mort, il n’a ni zèle, ni conscience; il s’engraisse, voilà tout.»

À l’Osier, le père Pélissier est chargé de la paroisse. Il s’en occupe très peu et affirme qu’il n’est pas entré dans la Congrégation pour être curé. En une importante lettre, le 30 mai 1839, Mgr de Mazenod réfute ce principe et dit: «Il n’y a de contraire à notre institut que ce qui offense Dieu. Tout le reste est soumis à l’obéissance.»

En juin 1840, le père est envoyé à Notre-Dame du Laus pour aider les pères à l’occasion des pèlerinages de l’été, mais on l’avertit qu’il sera ensuite appelé à Marseille. Cette éventualité lui fait peur. Il quitte le Laus et se retire dans sa famille d’où il écrit pour demander dispense de ses vœux. Le conseil général, réuni le 2 août 1840, décide à l’unanimité son l’expulsion.

L’abbé Pélissier est ensuite nommé curé dans le diocèse Gap: à Embrun de 1841 à 1848, aux Crottes de 1848 à 1871 et à Baratier de 1871 à 1886. C’est là qu’il meurt le 21 février 1886.

Yvon Beaudoin, o.m.i.