1. Arrivée des Oblats en 1853
  2. Le nom de Saint-Sauveur
  3. Érection de la paroisse en 1867
  4. Vie paroissiale
  5. Le personnel oblat
  6. Les autres familles religieuses
  7. Missionnaires et prédicateurs
  8. Vocations religieuses et ecclésiastiques
  9. Les Oblats laissent leur marque dans le quartier

Saint-Sauveur de Québec, avec Saint-Pierre-Apôtre de Montréal et Notre-Dame de Hull, est l’une des grandes et belles paroisses oblates de la province de Québec érigées au 19e siècle en plein milieu populaire, ouvrier. Les Oblats, au cours des ans, surent en faire un lieu de culte, un centre de prière et d’action apostolique où se sont succédé des figures marquantes de notre histoire locale.

Arrivée des Oblats en 1853
Établis au Saguenay, à Saint-Alexis-de-la-Grande-Baie (devenu ensuite Ville de La Baie et aujourd’hui Saguenay) depuis le 15 octobre 1844, les Oblats, fort encouragés par leur Fondateur, ne deman­daient pas mieux que de se rapprocher d’un centre plus favorable à leur vocation de missionnaires-prédicateurs. Déjà, en date du 8 juin 1844, c’est-à-dire quelques mois avant l’arrivée des Oblats au Sague­nay, Mgr de Mazenod n’écrivait-il pas à Mgr Joseph Signay, archevêque de Québec: «Les Missionnaires Oblats sont essentiellement les hommes des évêques, ils doivent être prêts à marcher à leur premier signal, recevoir leur direction d’eux, n’agir que conformément à leur vue, c’est ce qui me fait désirer que les Évêques les prennent de préférence à portée d’eux, tant que possible dans leur ville épiscopale. Quoi qu’il en soit, Mon­seigneur, vous pouvez compter sur leur dévouement et sur le zèle qu’ils mettront toujours à seconder votre sollicitude pas­torale dans tout ce que vous jugerez à propos de leur confier.» Ce n’est cepen­dant que neuf ans plus tard que ce désir se réalisera. Entre-temps, signalons qu’à deux reprises il avait été question d’un établissement à Pointe-Lévis, juste en face de Québec.

C’est donc le 14 octobre 1853 que les Oblats, à la demande de l’archevêque de Québec, se rendent à la desserte de Bois­seauville; il s’agissait d’une desserte de la paroisse de Saint-Roch; à la suite d’un incendie ravageur en mai 1845, un nommé Pierre Boisseau avait cédé à la Fabrique de Saint-Roch une partie de son terrain, d’où le nom que prit ce quartier. À cette occasion, le père Jacques Santoni, provincial, vint de Montréal avec le père Ferdinand Grenier, pour établir la com­munauté de Saint-Sauveur; le père Fla­vien Durocher, qui était supérieur de la communauté au Saguenay, fut maintenu dans sa charge à Québec, avec, comme assistants, les pères Thomas-Horace Pinet et Ferdinand Grenier; le frère John O’Brien complétait la communauté nais­sante. Le 16 octobre avait lieu la prise en charge officielle de la desserte. Les pères Charles Arnaud et Louis Babel, mission­naires itinérants, étaient aussi rattachés à cette même communauté.

L’église ouverte au culte en 1853 fut terminée avec le presbytère et ses dépen­dances vers 1866. Les limites de la paroisse s’étendaient alors sur trois milles de front et un peu plus de deux milles de profondeur, soit de la côte Sainte-Geneviève à Charlesbourg, puis de l’Ancienne-Lorette à Sainte-Foy. Un très vaste territoire donc dont le développe­ment rapide donnera lieu peu à peu à la création de huit autres paroisses.

Le nom de Saint-Sauveur
Contrairement à ce que l’on croit communément, ce n’est pas la paroisse qui a donné son nom au quartier, mais c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. L’appellation Saint-Sauveur pour cette zone en effet remonte à 1649, alors que Monsieur de Montmagny, gouverneur de la Nouvelle-France, céda à Jean LeSueur, dit monsieur de Saint-Sauveur, une terre allant du coteau à la rivière Saint-Charles, soit une partie de l’actuel quartier Saint-Sauveur. Ce monsieur Jean LeSueur fut le premier prêtre séculier à venir demeurer au pays. Curé à Thury-Harcourt, en Nor­mandie, il quitta la paroisse Saint-Sauveur qu’il dirigeait depuis onze ans et, le 8 août 1634, il arrivait à Québec. Les Canadiens ne tardèrent pas à appeler ce prêtre monsieur de Saint-Sauveur, de sorte que le quartier couvrant une partie de son territoire finit par recevoir son nom.

Érection de la paroisse en 1867
Le 14 octobre 1866, vers 4 heures du matin, un deuxième incendie commencé sur la rue Saint-Vallier, fait rage jusqu’à 4 heures du soir et consume tout le quartier, y compris l’église, le presbytère, le cou­vent des religieuses et l’école des frères. Tout est réduit en cendres.

Église Saint-Sauveur, Québec (AD)

Un peu découragé, on se remet à la tâche; les travaux de reconstruction com­mencent et vont si bon train qu’en moins de deux ans on peut dire que Saint-Sauveur est remis sur pied. Dès lors, les événements se succèdent; le 28 février 1867, c’est l’érection canonique de la paroisse par Mgr Baillargeon, sous le vocable de la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus Christ. De desserte qu’elle était, cette mission devient paroisse. Le 16 mai de la même année, l’érection civile accorde la reconnaissance légale à cette nouvelle entité juridique. La paroisse comptait alors moins de 20 000 fidèles.

Il convient de dire ici un mot de la remarquable église actuelle. Elle date donc de 1867, puisque l’incendie de 1889 qui a ravagé le quartier (une autre fois!) l’a épargnée. Sa conception est l’œuvre de l’architecte québécois Joseph-Ferdinand Peachy (1830-1903). Le temple très vaste, avec ses bas-côtés et ses jubés, peut contenir 2000 fidèles. Les tableaux de la voûte et des transepts ont été peints par l’artiste canadien Charles-Huot (1855-1930); ils forment un ensemble imposant qui, plus tard, valut à l’artiste la presti­gieuse commande des tableaux des salles de séance de l’Hôtel du Parlement de Québec auxquels il se consacra de 1910 à 1930.

Le clocher de la nouvelle église ne fut érigé qu’en 1892; il compte quatre cloches fabriquées à Baltimore, aux États-Unis. La chronique du temps précise que le coût de leur transport jusqu’à Lévis fut de 100 32» et que de Lévis à Saint-Sauveur elles furent amenées par les deux chevaux de monsieur Dorval. – Le pre­mier orgue date de décembre 1859. L’orgue actuel a été inauguré en sep­tembre 1873 et restauré par la maison Casavant de Saint-Hyacinthe en 1903. – L’église de Saint-Sauveur a été restaurée en 1943 en vue de sa consécration qui eut lieu le 21 octobre de la même année. – Notons enfin que le monument du Sacré-Cœur dans le parterre sur le devant de l’église a été érigé le 28 juin 1908.

Vie paroissiale
Saint-Sauveur fut, jusqu’à la crise qui a marqué l’Église du Québec, l’une des paroisses du Québec où l’éclat des mani­festations religieuses ne le cédait qu’à la foi des fidèles. Ainsi qu’on le lit dans une brochure publiée en 1967, à l’occasion du centenaire de la paroisse: «Les Oblats de Marie Immaculée, dont le père Durocher et ses dignes successeurs à la cure ainsi que leurs collaborateurs, vicaires et prédi­cateurs n’ont pas peu contribué à mainte­nir au sein de la population le respect des plus saines traditions: Culte au Cœur Sacré de Jésus; dévotion filiale à l’Immaculée, Médiatrice de toutes grâces; Heures saintes: Premiers vendredis du mois; exercices paroissiaux; retraites annuelles ont constitué comme la trame d’une vie communautaire et liturgique intense.»

Saint-Sauveur, intérieur de l’église (AD)

Dans un opuscule publié en 1978, le père Gabriel Bernier, o.m.i., donne les noms de toute une kyrielle de confréries et fraternités qui avaient pour but de favo­riser et de stimuler la piété: Dames de la Sainte-Famille (1855); Enfants de Marie (1864); Congrégation des jeunes gens ((1874); Congrégation des hommes (1881); Tiers-Ordre franciscain (1882); Confrérie du Saint-Rosaire, du Scapulaire, etc. Voilà pour les œuvres de piété. Viennent ensuite les œuvres de formation: le Patro Laval, l’Œuvre de Jeunesse de Saint-Sauveur aux multiples activités qui assuraient à ses adhérents une solide formation sociale et professionnelle, patriotique et sportive. Dans les années 1935-1940, les mouvements d’action catholique sont venus prendre la relève de l’Œuvre de Jeunesse et initier à de nou­velles formes d’engagement les jeunes du quartier. La JOC, la LOC, la JIC et leurs correspondants féminins ont connu alors à Saint-Sauveur des heures glorieuses.

Les camps d’été: camp Saint-Albert (1933-1974) et Maria Goretti pour les plus jeunes, camp Saint-Gérard-Majella pour les adolescents, camp familial de la LOC pour les adultes ont aussi apporté à la population du quartier de précieux services. Le scoutisme, d’institution plus récente dans le milieu, a donné, jusqu’à il y a quelques années, à la jeunesse du secteur des éléments de formation recon­nus. ‑ La paroisse Saint-Sauveur a eu son hebdomadaire, L’Étincelle du Sacré-Cœur, fondé par le père Victor Lelièvre en 1916, qui parut jusqu’en 1961. La bibliothèque paroissiale, inaugurée en 1885, comptait quelque 8000 volumes en 1947.

Mentionnons rapidement les œuvres de charité: les ouvroirs (pour la confection du linge d’autel, le tricot, la couture et le service à domicile), la Saint-Vincent-de-Paul, dont les conférences masculines et féminines (au nombre de cinq autrefois) apportaient leur assistance aux pauvres du milieu. Il faudrait aussi mentionner les associations diverses comme la Société Saint-Jean-Baptiste, les Cercles Lacor­daire et Sainte-Jeanne-d’Arc, la Société des Artisans, etc., sans oublier les nom­breuses activités du Centre Durocher érigé en 1950.

Et l’on pourrait allonger cette liste déjà impressionnante en mentionnant les six chorales paroissiales d’autrefois, la fanfare Lambilotte, fondée en 1889 par le père Valiquette, la garde paroissiale de Salaberry, corps de clairons et de gardes mis sur pied par le père Barrette en 1903, l’Heure mariale réparatrice du premier samedi du mois, et combien d’autres œuvres ou services qui illustrèrent tout autant la vitalité de cette paroisse que le zèle de ses pasteurs.

En 1898, la paroisse Saint-Malo est érigée et laisse Saint-Sauveur avec 15 130 fidèles. En 1917, son territoire est de nouveau morcelé avec l’érection de la paroisse Sacré-Cœur; Saint-Sauveur compte alors 19 282 fidèles (à cette époque on enregistre 850 à 900 baptêmes annuellement). En 1925, après deux autres démembrements, Saint-Sauveur n’a plus que 10 204 fidèles. En 1960, elle en comptera environ 12 000.

Le personnel oblat
On aura deviné que la multiplicité des services qu’on trouvait dans le quartier et la variété de leur forme, ne pouvaient être que l’œuvre d’une communauté religieuse apostolique, les Oblats, assistés, faut-il le dire immédiatement, d’autres familles religieuses.

Pour l’histoire, rappelons les noms des curés depuis la fondation de la paroisse en 1867: Flavien Durocher (1867-1876); Ferdinand Grenier (1876-1879; 1885-1894); Adolphe Tortel (1879-1883); Charles Bournigalle (1883-1885); Pierre-Marie Drouet (1894-1900); Ernest Tou­rangeau (1900-1904; 1919-1920); Wilfrid Valiquette (1904-1910); Hormidas Legault (1910-1916); Louis Beaupré (1916-1921); Dollard Francoeur (1921-1923); Médéric Magnan (1923-1932); Eugène Guérin (1932-1941); Azarie Mé­nard (1941-1946); Alzire Mathieu (1946-1947); Jean Le Duc (1948-1954); Jean-Louis Arel (1954-1960); Émile Allie (1960-1963); Calixte Beaupré (1963-1968); Grégoire Gervais (1968-1974); Fernand Dufour (1974-1985); Jean-Eudes Boudreault (1985-1987); Denis Béland (1987-1992); Jean-Guy Roberge (1992-2001); Laval Tremblay (2001-…).

Ces pasteurs ont toujours été assistés, au moins dans les années fastes, d’un nombreux personnel. Qu’on en juge par quelques statistiques. – On a vu plus haut que, lors de l’établissement des Oblats en 1853, Saint-Sauveur comptait 4 Oblats (3 pères et 1 frère). En 1880, le personnel compte 10 Oblats (8 pères et deux frères); en 1900, 15 Oblats (11 pères et 4 frères). De 1920 à 1930, Saint-Sauveur compta toujours environ une vingtaine d’Oblats; en 1940, on y compte jusqu’à 25 Oblats (20 pères et 5 frères). À partir de 1975, le personnel tend légèrement à diminuer et surtout à changer de «nature»; la maison compte de moins en moins d’Oblats consacrés au ministère de la paroisse (à Saint-Sauveur même ou dans les autres paroisses voisines dont les Oblats de Saint-Sauveur sont alors chargés) et compte de plus en plus d’Oblats retraités, semi-retraités ou malades. En 2004, le personnel compte 18 Oblats (12 pères et 6 frères); signe des temps, un seul travaille à la paroisse, le curé…

Il faut dire que la Révolution tran­quille a laissé sa marque dans la popula­tion de Saint-Sauveur, comme dans tout le Québec d’ailleurs, la baisse de la pratique religieuse a été sensible, la laïcisation et la dénatalité entre autres ont fait leur œuvre, la jeune génération s’en est allée vers les banlieues, sont arrivés nombre d’assistés sociaux et d’immigrants de diverses ethnies (les Vietnamiens, entre autres, dont le père Léo Plante, ancien mission­naire au Laos, s’est occupé activement durant plusieurs années) qui peu à peu ont changé le milieu, de sorte que depuis quelque temps on ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’avenir d’un quartier jadis populeux et prospère. Déjà en 1977, la paroisse ne comptait plus que 6 000 fidèles et on n’y faisait qu’une cinquan­taine de baptêmes par année.

Les autres familles religieuses
Tout au cours de leur histoire, les Oblats de Saint-Sauveur ont été généreu­sement appuyés par quelques commu­nautés religieuses qu’ils ont fait venir et ont aidées à s’établir dans le quartier. À signaler d’abord les Sœurs de la Congré­gation de Notre-Dame. Dès 1856 elles arrivent à Saint-Sauveur comme éduca­trices de jeunes filles; elles ouvrent trois classes dans une maison louée près de l’église. En 1861, un édifice de briques de trois étages les accueille. En 1956, année centenaire de la fondation, le couvent comptait 742 élèves et un personnel de 25 religieuses aidées de 14 institutrices laïques. La réforme de l’enseignement au Québec amènera la démolition de ce couvent en 1958. L’école secondaire Marguerite-Bourgeoys allait surgir des décombres de la vieille bâtisse.

Après les pressions exercées par le père Flavien Durocher auprès de Mgr Baillargeon, administrateur du dio­cèse de Québec, six Frères des Écoles Chrétiennes arrivaient à Saint-Sauveur le 6 août 1865. Cinq classes sont confiées à leurs soins. Mais le 14 août 1866, un incendie sème la désolation dans le quar­tier et réduit l’école en cendres. Suivra la construction d’une magnifique école pour héberger le primaire. Lors du centenaire de la paroisse en 1967, le frère Edmond Gingras, frère enseignant, écrivait: «La révolution, qu’on dit tranquille, amena en 1959 des exigences de cultures, d’adap­tation, qui obligèrent les supérieurs de la Congrégation… à fermer nombre de leurs maisons, afin de pouvoir remettre aux études des frères en mesure d’acquérir des qualifications universitaires leur permet­tant d’exercer leur apostolat d’éducateurs dans de nouveaux secteurs.» Il ajoute que c’est bien à regret que les frères durent se retirer de Saint-Sauveur après une centaine d’années de dévouement auprès d’une population aimée et sympathique.

Parmi les œuvres du quartier, l’Orphelinat, dirigé par les Sœurs de la Charité de Québec, mérite une mention spéciale. Commencé en 1907 dans un ancien magasin, l’institut vit le jour offi­ciellement avec la bénédiction de la nou­velle construction en 1909. En plus de recevoir les orphelins du quartier, et un peu plus tard les personnes âgées, cette institution donnait à la population des services fort appréciés: dispensaire antitu­berculeux, assistance maternelle, clinique dentaire, etc. Mais l’heure fatidique a sonné: cette construction ancienne pré­sente trop peu de sécurité pour des per­sonnes âgées; il sera démoli au début des années 70.

Ces trois familles religieuses recon­naissent tout le support qu’elles ont reçu de la part des Oblats de la paroisse, non seulement en qualité d’aumôniers, mais aussi lorsqu’il s’est agi de reconstruire après les incendies, de trouver des fonds pour les agrandissements, etc. Il convient de signaler enfin la présence à la maison de Saint-Sauveur des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, de Sherbrooke, de 1923 à 1992. Durant presque 70 ans elles ont assuré les services domestiques et accom­pagné de leur prière le travail des Oblats de la paroisse.

Missionnaires et prédicateurs
La maison de Saint-Sauveur a tou­jours compté des missionnaires-prédica­teurs dans son personnel. De Saint-Sauveur partaient les missionnaires qui évangélisaient le diocèse de Québec et même les diocèses éloignés. À Saint-Sauveur aussi se retiraient souvent les missionnaires du Golfe Saint-Laurent et du Labrador. Un véritable esprit mission­naire régnait dans la paroisse et on n’est pas surpris de voir que l’œuvre de forma­tion oblate, le juniorat Sacré-Cœur d’Ottawa, fut encouragée en son temps par les Oblats et les fidèles de Saint-Sauveur. Actuellement, soit en 2004, la maison de Saint-Sauveur compte deux missionnaires-prédicateurs.

Parmi ces missionnaires on ne peut omettre de mentionner peut-être le plus illustre d’entre eux, le père Victor Leliè­vre, qui a marqué le quartier et plus tard la ville et même la province de Québec. Le père Lelièvre arrivait à Saint-Sauveur en 1903; il s’est tout de suite consacré corps et âme aux ouvriers du quartier. Ses heures saintes du vendredi à des ouvriers en salopettes qui remplissaient le temple paroissial, ses processions de la fête du Sacré-Cœur qui immobilisaient toutes les activités profanes de la ville sont des événements qui ont marqué les généra­tions passées. Prémices de son zèle qui déjà annonçaient l’œuvre à venir, au cours de l’été de l’année 1921, 114 ouvriers suivaient une retraite qu’il prêchait au collège des Frères des Écoles Chrétiennes de Saint-Sauveur. Deux ans plus tard, en 1923, surgissait en effet l’œuvre des retraites fermées de Jésus-Ouvrier avec toutes ses ramifications apostoliques: Service royal du Sacré-Cœur, Comité du Sacré-Cœur, etc. L’œuvre dépendra de Saint-Sauveur jusqu’en 1930, année où elle deviendra autonome. Avec le temps, Jésus-Ouvrier est devenu une école de formation pour laïcs chrétiens; l’œuvre, animée par une dizaine d’Oblats, attire une large clientèle par ses activités diver­sifiées à laquelle collaborent de nombreux bénévoles.

Vocations religieuses et ecclésiastiques
Le zèle des Oblats de Saint-Sauveur suscita de nombreuses vocations reli­gieuses et sacerdotales parmi les fidèles. Lors du centenaire de la paroisse célébré en 1967, on a publié les statistiques révé­latrices suivantes: religieuses de toutes communautés: 475; frères de toutes com­munautés: 65; prêtres religieux: 70, dont 55 Oblats; prêtres diocésains: 50, tous originaires de la paroisse Saint-Sauveur. On croit rêver!

Les Oblats laissent leur marque dans le quartier
C’est non seulement dans les cœurs que les Oblats ont laissé leur marque, mais aussi dans la géographie du quartier. Les habitants de Saint-Sauveur ont été reconnaissants en effet envers leurs pas­teurs en baptisant de leurs noms plusieurs des rues de leur quartier. Il y a d’abord l’avenue des Oblats qui longe les terrains du presbytère et de l’église de Saint-Sauveur; c’est en 1926, année centenaire de la fondation de la Congrégation, qu’on lui a donné ce nom. Lors de ces mêmes fêtes apparut la rue de Mazenod qui coupe à angle droit l’avenue des Oblats. Dès 1891, il y eut une rue Durocher, en l’honneur du curé-fondateur de la pa­roisse. (La Société Saint-Jean-Baptiste a élevé en 1912, dans le parc qui porte son nom, un monument en son honneur; le palais des loisirs du quartier a également été baptisé Centre Durocher.)

Il existe aussi une rue du nom de Père-Grenier pour rappeler cet ouvrier des premières heures, le père Ferdinand Gre­nier, Français d’origine, qui mourut en 1903 après avoir donné plus de quarante ans de sa vie à Saint-Sauveur. La rue Tourangeau rappelle le curé du début du 20e siècle; elle se trouve actuellement sur le territoire de la paroisse Saint-Malo. On trouve encore dans le quartier la rue Père-Lacombe, un valeureux Oblat qui vécut de 1827 à 1916 et exerça surtout son ministère dans l’Ouest canadien. La rue Père-Arnaud figure dans un quartier qui autrefois était rattaché à Saint-Sauveur. Ce nom, Charles Arnaud, rappelle le souvenir d’un intrépide missionnaire du 19e siècle au Témiscamingue, à la Baie d’Hudson, au Saguenay et sur la Côte Nord du Saint-Laurent.

Ville Vanier, dont le territoire appar­tenait autrefois à Saint-Sauveur a son boulevard Père-Lelièvre qui longe la propriété de Jésus-Ouvrier. Enfin signa­lons que deux Oblats, les pères Jacques Crépeau et Clément Rousseau, vicaires à Saint-Sauveur en 1943, ont aussi laissé leur nom à deux rues du complexe domi­ciliaire de Sainte-Monique-des Saules, dont ils étaient les promoteurs.

Laurent Roy, o.m.i.