Présence oblate: 1873-1877.
Situation géographique: capitale de l’État du Minnesota, États-Unis

Lettre du 3 juillet 1873 (St-Paul, Minnesota) du père Eugène Gauvin, o.m.i. :?« […] C’est le 23 de mai au soir que nous avons fait notre entrée à St-Paul, et la connaissance avec notre nouvelle église et notre charmant petit cottage qui sert de presbytère. Hélas ! Dans quel triste état avons-nous trouvé les personnes et les lieux … Merveilleusement bien reçus à l’évêché par Mgr Grace, son grand-vicaire et son secrétaire, le soir même. Plusieurs Canadiens de la ville sont venus nous saluer avec l’expression des plaisirs qui témoignaient de leur joie, de leur bonheur. Malgré la fatigue d’un voyage de plusieurs jours et plusieurs nuits, il fallu les suivre à l’église, au presbytère et répondre à bien des questions que suggéraient les légitimes désirs où ils étaient de connaître si les choses étaient de notre goût. Nous nous étions gardés de dire le contraire. Les trois premiers jours, nous avions pris notre logement à l’évêché, le presbytère n’étant pas encore pourvu des choses nécessaires. Enfin le troisième jour au soir, ayant pour ménagère, la vieille Kate, vraie irlandaise, irlandaise pur sang, nous avons pris possession de notre domicile curial, en nous asseyant le Père Lauzon et moi autour d’une table ronde, n’ayant pour lui faire honneur, que du pain et du beurre, avalé de plusieurs tasses d’excellent thé. Le repas a été délicieux de faim et de gaieté.

Le dimanche, 25, j’ai chanté la messe et prêché. Nos Canadiens étaient admirables d’attention. Leur sympathies nous était acquise. Après la messe quelle ne fut pas ma surprise de me voir salué par des connaissances de Montréal, de Québec, de Burlington et de Plattsburg. Je n’étais pas en pays étranger. Après avoir donné maintes et maintes poignées de mains, il a fallu donner des nouvelles de nos gens du faubourg Québec et de St-Sauveur et de Plattsburg. Si j’avais voulu les écouter, nous nous serions privés, tant les uns que les autres, de dîner tant le plaisir de se revoir était grand et sincère. »

C’est ainsi que furent accueillis les deux premiers Oblats à St-Louis Church de Saint-Paul de Minnesota.

La lettre d’Institution de la Maison St-Paul, Minnesota, fut signée par le père Joseph-Eugène Antoine, Provincial de la Province de l’Est du Canada, le 5 juin 1875.

Le père Lebret écrivit (au Provincial, il semble) de St-Paul Minnesota le 15 mai 1877 la lettre suivante: « J’ai reçu votre lettre ce matin […] Comme vous me l’avez dit. J’ai donné connaissance au père Therrien. Il est venu ici, aujourd’hui, un prêtre canadien d’Ogdenburg. Après dîner, il a demandé de l’accompagner chez Mgr. J’ai dit au père Ther. d’y aller afin de donner une occasion à Sa Grandeur de me faire demander. On ne lui a rien dit.

Quand j’ai vu cela, au lieu d’attendre au lendemain, je suis allé immédiatement. J’ai trouvé Mgr d’une humeur charmante. Après avoir parlé de choses et d’autres, il m’a dit qu’il avait reçu une lettre de vous et il me l’a donnée à lire. Je l’ai lu comme si je n’en avais pas la copie dans ma poche. Sa physionomie a alors un peu changé et prit un air triste. Il m’a dit qu’il regrettait beaucoup de nous voir partir mais que ce que nous demandions était impossible. Il m’a alors répété ce qu’il m’avait déjà dit plusieurs fois, que la Congrégation canadienne serait perdue, qu’il n’y aurait plus de paroisse, etc… etc. Après cela, il a parlé de la propriété de St- Louis; combien elle aurait de valeur dans quelques années, etc. Il a dit que son intention était en achetant cette propriété à un si grand sacrifice, de changer l’église de place et de la transporter quelque part où elle serait de moindre valeur, et de vendre l’emplacement actuel… Oui, a-t-il dit, mais vous vouliez la transporter du côté de St-Joseph!!!

Voilà donc notre faute, si nous l’avions transportée tout autre part, il nous aurait laissé faire. Enfin S.G. s’est consolée en disant que, dans le mois de juillet, elle allait ordonné cinq nouveaux prêtres. Je vais voir MM. Dufresne et Olivier ce soir, mais je crois vraiment que c’est inutile et qu’il vaut mieux que les Canadiens ne fassent aucune démarche. »

Dans une autre lettre datée du 30 mai 1877, le père Lebret écrit que l’annonce officielle du départ des Oblats de St-Louis de Minnesota a été faite le dimanche précédent dans les deux églises (un vrai coup de foudre, dit le père). Il y eut assemblées, délégations auprès de S. G. Tout fut inutile. Les Oblats quittèrent par train pour Montréal, le 5 juin à 10 hres.

Eugène Lapointe OMI