1. Les bâtiments de l’église et de la communauté
  2. Maison de formation 1852-1879
  3. La mission locale
  4. Ara Cœli 1953-1975
  5. Funérailles
  6. Supérieurs et directeurs

C’est à Sicklinghall, un beau village au cœur du comté de Yorkshire, que se trouve la plus ancienne maison oblate de la province anglo-irlandaise. Les Oblats y sont arrivés en 1852 pour desservir la mission locale et ceci a permis de rester aussi longtemps à cet endroit. On ne se proposait pas cependant de faire de cette mission la seule ou même la principale œuvre. Les Oblats pensaient avoir trouvé là une habitation stable pour leur pro­gramme de formation après avoir décidé de quitter Maryvale. En cela encore ils furent déçus.

Les bâtiments de l’église et de la communauté
En 1848, le châtelain Peter Middleton construisit une église pour les catho­liques. Il ajouta un presbytère et institua un fonds pour l’entretien de l’église. Il invita les Oblats à accepter cette mission; il les avait rencontrés à Everingham. Devant quitter Maryvale, ils acceptèrent volontiers. On lit dans le Codex histori­cus que les pères Cooke et Jolivet prirent possession de la maison en mai 1852. Le père Bellon, venu comme visiteur de la province en juillet 1852, appela la maison «Lys Marie» en l’honneur de l’Immaculée conception. La maison était trop petite pour les besoins des Oblats. Ils ajoutèrent un réfectoire, une biblio­thèque, une chapelle et des chambres. Les travaux étaient terminés en juin 1853. L’église construite par M. Middleton fut solennellement inaugurée le 30 août 1854 par Mgr Briggs, évêque de Beverly, au milieu de grandes célébra­tions. Elle est décrite dans le journal The Tablet du 9 septembre 1854 comme une belle et dévote structure gothique, dessi­née par C. Hansom. Le révérend père Cooke fit un sermon sur le mystère de l’Immaculée conception. Tôt dans l’après-midi, 150 personnes participèrent à un élégant et copieux déjeuner, placé sous une tente élevée sur la propriété. La maison n’était pas construite pour proté­ger de l’humidité du climat. Ceci fit craindre pour la santé de la communauté. En 1857, les Sœurs de la Sainte-Famille posèrent à Sicklinghall les fondements d’une maison d’accueil pour les Sœurs et d’une petite école dépendantes du cou­vent de Leeds.

Sicklinghall (AD)

Maison de formation 1852-1879
Le père Gustave Richard fut nommé supérieur et maître des novices. Il arriva le 19 février 1853. Il amena avec lui de France le novice scolastique Mourier. D’après le Registre des admissions au noviciat de 1847 à 1909, le premier no­vice à entrer fut Louis Francis Slade, natif de Bristol. Il fut reçu par le père Bellon le 18 septembre 1852. Le Codex ne mentionne pas ce novice et il n’est plus question de lui par la suite. Les premières entrées signalées dans le Co­dex sont celles des frères coadjuteurs John Atkinson de Leeds et Leo Weymeare de Belgique. Ils furent reçus par le père Richard le 30 avril 1853. Le Registre des admissions au noviciat de 1847 à 1909 énumère 98 novices reçus à Lys Marie en 1852-1860. Le noviciat passa ensuite à Glenmary en Irlande.

Dès le début il y eut aussi des scolas­tiques à Sicklinghall. Le Registre des admissions signale 12 oblations à Lys Marie (Mourier, Bushel, Weymaere, Cooney, Bennett, McGrath, Ring, Mahony, Donnelly, Healy, King et Crou­sel). Cependant les scolastiques furent envoyés à Inchicore, Dublin, en juillet 1862, avant d’être transférés à Autun, France, l’année suivante. Lys Marie accueillit de nouveau les scolastiques de la province qui quittèrent la France pen­dant la guerre franco-prussienne en 1870. Parmi ceux-ci se trouvaient les futurs évêques Anthony Gaughren et Cox.

Lys Marie fut aussi pendant quelques années le juniorat de la province. Il y avait neuf junioristes lorsque le Fonda­teur y fit une visite en 1857. Les junio­ristes partirent pour Dublin avec le père Bennett en juillet 1861 mais retournèrent à Lys Marie avec le père Hennessy au mois d’août 1864 parce qu’il n’y avait pas suffisamment de place à Belmont. En 1865, le père Cooke, provincial, écrivit au supérieur général que les junioristes n’avaient jamais été aussi nombreux; il y avait un excellent groupe de 20. Un d’entre eux, John Francis McGuire de Dublin, se noya en 1865. Le père Matthews était le maître principal et le directeur spirituel, le père Hennessy enseignait les mathématiques et la géo­graphie. En 1866, nous voyons que le père Healy, tout en habitant Liverpool, aidait pendant les examens, les junio­ristes étaient alors dix-sept. Malgré cela, on ferma le juniorat en 1869 pour le rouvrir en 1873 et le fermer en 1879, quand il passa à Kilburn.

La mission locale
Le Codex historicus nous apprend que, en 1852-1865, les pères exerçaient un modeste ministère auprès de la com­munauté catholique locale. Nous voyons les Oblats se mêler socialement avec les catholiques de la région. Parmi ceux-ci, il y avait la famille Middleton, Charles Waterton, un excentrique voyageur et zoologiste amateur qui fut un grand ami du père Richard dans sa maladie. Les Watertons étaient de la vieille noblesse catholique du Yorkshire avec leur demeure à Walton Hall. En juin 1856, M. Middleton fit une visite aux Oblats de Sicklinghall, amenant avec lui «le cé­lèbre M. Waterton de Walton Hall près de Wakefield. C’est un grand voyageur; il a écrit des livres intéressants et de valeur sur l’histoire naturelle. Il a dans sa résidence une très curieuse collection d’animaux de toutes les parties du monde. Il invita le père Richard à aller passer un mois ou deux avec lui à Walton Hall et a promis de le guérir de la mala­die qu’il considère très dangereuse. C’est un grand homme qui connaît les mala­dies, mais qui n’a jamais été médecin. Bien qu’il soit déjà âgé de 70 ans, il fait plusieurs kilomètres à pied par jour et occupe tout son temps par la prière, l’étude et des travaux utiles» (Codex, 16 juin 1856). Par la suite, il devint un bon ami de la communauté et, sur l’ordre du provincial, le père Richard accepta l’invitation et passa quelque temps à Walton Hall, mais il ne guérit pas. Le père Cooke remarque que «M. Waterton a une profonde vénération pour le père Richard et considère que c’est un grand privilège de servir sa messe, ce qu’il fait souvent.» Parmi les autres voisins, il y avait des membres de la famille Weld. Un de ceux-ci peignit la fresque de la «Proclamation de l’Immaculée concep­tion» sur l’arc du chœur qui n’existe plus. Au moins dans le voisinage de leur résidence, les Oblats pouvaient porter la soutane en public sans froisser les gens, bien qu’un postulant prêtre quitta la communauté parce qu’il était incapable de justifier cette brèche à la loi du pays.

Mgr Robert Cornthwaite, successeur de Mgr Briggs comme évêque de Bever­ley en 1861, aima Lys Marie et s’en servit pour les retraites de son clergé. Le père Cooke leur prêcha une «retraite pastorale» en 1863. Le père Arnoux était alors le supérieur et exerçait le ministère auprès de la population locale qui com­prenait de deux à trois cents catholiques, fort dispersés. Contrairement à la situa­tion des autres missions oblates de Grande-Bretagne, tous les paroissiens étaient de descendance anglaise, au mi­lieu d’une population protestante d’environ 5000 personnes. Il y eut des conversions de temps en temps. Comme il était difficile pour tous les paroissiens de se rendre à Sicklinghall, une petite chapelle auxiliaire a été louée pour quatre ans à Wetherby en 1866, à environ deux miles de Sicklinghall. En 1872, on ouvrit une nouvelle chapelle permanente. Les Sœurs de la Sainte-Famille dirigèrent à cet endroit une petite école. Wetherby était destinée à devenir une importante paroisse indépendante avec une maison oblate ouverte en 1929. Au Chapitre général de 1873, le provincial décrit Lys Marie comme une résidence dépendante de Leeds avec trois pères et deux frères. En 1893, la communauté comprenait deux pères et deux frères. Ils continuaient à desservir la communauté locale et la chapelle de Wetherby. Les locaux servi­rent aussi de maison de repos pour les Oblats. Un ou deux pères ont continué pendant des décennies à exercer ce mi­nistère. Dans un rapport au Chapitre de 1921, le provincial y décrit la vie comme «une paisible monotonie, brisée seule­ment par le changement périodique de supérieurs. »

En 1929, le père Clenaghan brisa cette monotonie en introduisant des retraites de fin de semaine. Les locaux furent réparés. La maison était ouverte toute l’année pour des retraites, mais les retraitants ne se présentaient que du printemps à la fin de l’automne. Les retraites commençaient le samedi soir à 19h30 par des visites au Saint Sacrement, une conférence, les confessions et les prières du soir. Le dimanche il y avait la messe, trois conférences, des visites au Saint Sacrement et le chemin de croix. On gardait le silence et on faisait des lec­tures pendant les repas. Les retraites finissaient le dimanche soir. Chaque fin de semaine il y avait une moyenne de 15 retraitants, quelquefois 25, surtout des membres d’associations catholiques tels les Catenians, Saint-Vincent de Paul, C.Y.M.S., et la ligue des femmes catholiques. En plus de ces retraites, le clergé diocésain (une quinzaine de prêtres) venait pour une journée de retraite chaque mois. Quelquefois des sé­minaristes y faisaient leur retraite d’ordi­nation. Occasionnellement des fidèles venaient pour une retraite individuelle.

Ara Cœli 1953-1975
Une nouvelle œuvre appelée Ara Cœli fut entreprise en 1953 sur invitation de Mgr Heenan de Leeds. La province ouvrit à Sicklinghall un centre de ré­adaptation pour prêtres. Mgr Heenan s’est inspiré de la Via Cœli, projet de Jemez Springs, New Mexico, USA, et reçut l’appui du cardinal et des évêques d’Angleterre et de Galles. C’est le père Eamon O’Donoghue qui fut le directeur de l’œuvre pendant 25 ans. Des travaux ont dû être faits à la maison pour l’adapter à ce nouvel usage; ils étaient terminés en février 1953. Le nouveau centre eut un médecin qui y faisait des visites régulières. Le principe suivi était «les prêtres pour les prêtres ». Une Sœur de la Sainte-Famille était cuisinière, mais il n’y avait pas de domestiques. Les prêtres eux-mêmes préparaient la salle à dîner et prenaient soin de l’entretien de la maison. Deux Oblats formaient le per­sonnel. Un traitement psychiatrique était disponible dans les villes voisines de Leeds et de York. L’alcoolisme était le principal problème. Les Oblats ont conti­nué leur travail à la paroisse qui ne compte plus que 24 catholiques. Ils ont aussi été aumôniers d’un camp voisin de l’armée américaine. L’œuvre prit fin en 1975 à la mort du père O’Donoghue. Les Oblats continuent de travailler auprès de la communauté locale. Leur maison, très délabrée, a été vendue pour faire place à des habitations. Un seul père y demeure et vit dans un petit appartement attaché à l’église.

Funérailles
Plusieurs Oblats sont enterrés à Sicklinghall: frère Edmund Anglim, père Bouquillon, frère Bartholomew Burke, scolastique Caix, père John Cooke, Mgr R. Cornthwaite, 1er évêque de Leeds, père George Crawley, frère Thomas Duignam, père T. Furlong, père Gilligan, père. Gobert, père Healy, frère Keogh, père William Laffan, frère James McGrath, père M. Merrick, père Patrick O’Donnell, père H. O’Donoghue, père G. Payne, père Thomas Pinet, père Patrick Red­mond, père L. Roche, père John Scollard, frère James Stoddart, père Patrick Tier­nan. John Francis McGuire, junioriste, y est aussi enterré. Peter Middleton et sa femme Juliana sont inhumés dans la voûte de famille de l’église.

Supérieurs et directeurs
Pères Gustave Richard 1853-1856, Arnoux 1856-1857, Bennett 1857-1862, Arnoux 1861-1866, Crawley 1866, J. Matthews 1867, Patrick Brady 1871, Hilaire Lenoir 1873-1875, Newman 1876, Michael Brody 1878-1882, Arnoux 1886-1887, Richard D’Alton 1892, James Gibney 1895, Wilfrid Browne 1899, Michael Brody 1904-1907, Patrick Dunn 1911, Nicholas Ryan 1911-1912 et 1918-1927, John Clenaghan 1928-1931, Conway 1935-1936, John Clenaghan 1937-1943, Scollard 1944-1949, Eamon O’Donoghue 1950-1975, John Cooke 1975-1986, Patrick Cronin 1987-2001, John Murphy 2001.

Michael Hughes, o.m.i.