Biographie

Né à Collongues (Alpes Maritimes), diocèse de Nice, le 13 octobre 1845; fils d’André Augier, cultivateur, et de Jeanne Philippe; entré au noviciat de l’Osier, France, le 7 septembre 1863; oblation le 8 septembre 1864; ordonné prêtre le 21 mai 1869; élu supérieur général le 19 mai 1898; démissionnaire de la charge de supérieur général le 24 janvier 1906; décédé à Naples, Italie, le 2 novembre 1927.

Cassien Augier, attiré chez les Oblats par son frère Célestin, commença ses études dans l’institution Sainte-Famille, à Marseille, et les poursuivit au juniorat de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) lorsque celui-ci rouvrit ses portes après une interruption de quelques années. Il fit ses études ecclésiastiques au scolasticat d’Autun.

Le jeune Oblat fut assigné tout d’abord au grand séminaire d’Ajaccio. En 1877, après un bref séjour à Aix-en-Provence comme missionnaire, le père Augier devenait un des aumôniers de l’œuvre du Sacré- Cœur de Jésus de Montmartre, récemment acceptée par les Oblats. En 1881, il quitte Montmartre pour Rome, où il exerce la fonction de procureur de la Congrégation près le Saint-Siège et fonde un scolasticat. De 1883 à 1885, Il voit à la construction d’un grand édifice (au 5 via Vittorino da Feltre) capable de loger convenablement le groupe de scolastiques toujours croissant. Cet édifice recevra l’administration générale en 1905.

L’année 1890 ramène le père Augier à Paris, à la maison générale, en qualité de quatrième assistant du conseil général (il sera 3e en 1893 et 2e en 1894). Il visite plusieurs maisons d’Europe. De longues tournées en missions l’amènent, en 1894, dans les vicariats du Natal, de l’État Libre d’Orange et du Transvaal, avec la charge particulière de pourvoir à l’organisation de la nouvelle préfecture apostolique du Basutoland et, en 1896-1897, aux établissements d’Australie et aux vicariats de Jaffna et de Colombo. Au sein de l’administration générale, il est chargé spécialement de la relève oblate, ce qui l’amena à fonder, en 1891, Les Petites Annales de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, dont il assuma la direction jusqu’à sa nomination comme supérieur général. De plus, il est rédacteur des Missions de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée (1890-1898).

Le 19 mai 1898, le chapitre général élisait le père Cassien Augier supérieur général, au premier tour de scrutin et à la quasi unanimité des voix (37 sur 42). L’élu avait 53 ans et jouissait d’une bonne santé.

Sous sa gouverne s’opérèrent des développements notables dans la Congrégation. Les établissements d’Australie forment un vicariat des Missions (1900); avec l’encouragement explicite de Léon XIII, des missions sont fondées au pays de Galles auprès des gallois eux-mêmes (1900); l’immense vicariat d’Athabaska-Mackenzie est divisé en deux vicariats (1901); le vicariat des missions de Saint-Boniface, dont les œuvres se stabilisent et se fortifient, est élevé au rang de province sous le nom de province du Manitoba (1904); une deuxième province est érigée aux États-Unis, couvrant la partie sud du pays (1904); vu l’importance de l’œuvre du Vœu national de la Belgique au Sacré-Cœur de Jésus qui vient d’être confiée aux soins des Oblats, une province est érigée en Belgique (1905); et enfin, en 1906, les missionnaires de la Cimbébasie inférieure (Windhoek) reçoivent de l’autorité civile la permission de travailler auprès des indigènes. D’autre part, les missions de l’Afrique australe, bien que très actives, n’ont toujours qu’un personnel missionnaire fort restreint et les vicariats du Transvaal et de ’État libre d’Orange ont passé par l’épreuve de la guerre des Boers (1899-1902).

En Europe même, le père Augier, dès le début de son généralat, se rend présent aux Oblats: il visite les maisons de France, d’Angleterre, d’Allemagne, de Belgique, d’Italie et d’Espagne; il prend part aux événements qui regroupent les Oblats. En 1900, il obtient du Souverain Pontife l’approbation d’un scapulaire dit du Sacré Cœur de Jésus, destiné en même temps à honorer la Sainte Vierge sous le titre de Mère de Miséricorde et il reçoit la mission de le propager. Il préside à la construction et à l’inauguration, en 1900, de la belle chapelle dédiée à Notre-Dame de Lourdes, attenante à la maison générale. Enfin, il participe, à la tête de plusieurs Oblats, aux fêtes du cinquantenaire de la définition du dogme de l’immaculée Conception célébrées solennellement en la basilique Saint-Pierre, à Rome, le 8 décembre 1904.

L’administration du père Augier fut assombrie par la dispersion des Oblats de France sous le coup d’une loi persécutrice des religieux, votée à Paris en 1901. Cette loi, ordonnant la dispersion des religieux membres des Congrégations non approuvées civilement et la liquidation de leurs biens, fut appliquée en 1903-1904. Le père Augier prit les meilleures dispositions pour sauvegarder la vie religieuse chez les Oblats dispersés et pour amoindrir le plus possible les pertes matérielles. Il dut transporter la maison générale de Paris à Liège, en 1904, puis à Rome, en 1905. Les missions étrangères qui dépendent encore en bonne partie de la France pour la relève des missionnaires et les ressources matérielles en seront affectées.

Les besoins toujours grandissants de ressources financières à l’administration générale déterminèrent l’économe général, appuyé par le supérieur général, à s’engager dans certaines opérations financières qui, loin d’être profitables, aboutirent à des pertes considérables. Compromis dans ces mauvaises affaires et privé de l’appui de ses assistants dans le conseil général, le père Augier, s’adressant au Saint-Siège, obtint d’être relevé de sa charge de supérieur général, le 24 janvier 1906. Il se retira à Santa Maria a Vico, à Maddaloni, puis définitivement à Naples. Il fut chapelain des sœurs de l’Espérance (Sainte-Famille de Bordeaux) et exerça dans leur chapelle un ministère hautement apprécié du peuple napolitain. En raison de son travail et de son influence, la province d’Italie le considère comme un bienfaiteur insigne.

Le père Augier s’est dépensé avec beaucoup de générosité pendant toute sa vie au service de la Congrégation qu’il a aimée. En témoignent la délicate charité fraternelle et le dévouement généreux qui ont caractérisé sa vie même après sa démission comme supérieur général survenue en des circonstances particulièrement pénibles pour lui. Il était un homme de cœur, de talent et de piété, et d’attitude modeste. Sous son généralat, le nombre d’Oblats est passé de 1427 à 1 917 (en 1907).

Outre ses rapports sur le scolasticat de Rome parus dans Missions en 1882, 1883, 1885, 1886 et 1890, et ses contributions comme rédacteur des Petites Annales de la Congrégation des Missionnaires Oblats, de 1891 à 1898, et des Missions, de 1890 à 1898, le père Augier a publié vingt circulaires, nos 66-85, colligées dans Circulaires administratives des supérieurs généraux, vol. 2, p. 323-442; vol. 3, p. 1-112.

Donat Levasseur, o.m.i.

Sources et bibliographie
Petites Annales de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, 8 (1898), p. 181-183.
Rapport lu au Chapitre général (1904), dans Circulaires administratives des supérieurs généraux, vol. 3, p. 50-81.
Cosentino, Giorgio., o.m.i., Storia della Provincia d’Italia ossia la nostra Congregazione in Italia dai suoi inizi al 1950, p. 84-85, 102-103.
LevasseurDonat, o.m.i., Cours d’histoire de la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée, Ottawa, éditions des Études oblates, 1955 (Archives d’histoire oblate, 9), p. 185-192.
Idem., Histoire des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, Montréal, Maison provinciale, 1986, vol. 2, p. 14-16; 23-27.