Biographie

Louis Soullier est né à Meymac, diocèse de Tulle, le 26 mars 1826, de Léonard Soullier et de Marie-Jeanne Julie Gorse. Deuxième enfant d’une famille qui devait en compter huit, il fit ses études au petit séminaire de Servières. Il entra au grand séminaire de Tulle (Corrèze) le 1er octobre 1846. Attiré par les missions, à la suite de conférences données au grand séminaire par le père Léonard Baveux, missionnaire oblat au Canada, il entra au noviciat de Notre-Dame de l’Osier, le 4 février 1848, où il fit son oblation le 10 octobre 1847. Il compléta ensuite ses études ecclésiastiques au grand séminaire de Marseille et a été ordonné prêtre à Marseille par Mgr Eugène de Mazenod, le 25 mai 1850.

De 1850 à 1861, le père Souiller se dévoua avant tout au ministère de la prédication des missions. D’autres activités l’occupèrent durant cette période. Assigné tout d’abord à la maison de Nancy (1850-1854), il concourut au relèvement du sanctuaire de Notre-Dame de Sion troublé par la présence d’hérétiques. À la maison de Limoges (1854-1855), il remplit la fonction de supérieur. Revenu à Nancy (1855-1858), il remplit la même fonction et s’occupa activement du sanctuaire de Notre-Dame de Sion, desservi par sa communauté. Deux ans plus tard, il est appelé à fonder une maison de missionnaires à Autun et en devient le premier supérieur (1858-1860). Enfin, en 1860, il ouvre une autre nouvelle maison de missionnaires, celle-ci à Angers, dont il est aussi le premier supérieur.

En juillet 1861, il cesse la prédication des grandes missions pour occuper la charge de prodirecteur général de l’Association de la Sainte-Famille de Bordeaux. Dans son zèle infatigable. Il se dépense non seulement auprès des religieuses de la maison mère de Bordeaux, mais aussi auprès des membres de l’Association dans les autres maisons qu’il visite. Peu après sa nomination à Bordeaux il assume en plus, pour quelques mois (juillet-décembre 1861), la charge de vice-provincial de la province France-Nord.

Le Chapitre général tenu à Paris en 1867 nomme le père Soullier premier assistant au conseil général de la Congrégation, fonction qu’il occupera jusqu’à sa nomination comme Supérieur général. Outre sa participation importante au conseil général lui-même, il seconde le Supérieur général dans ses relations avec l’extérieur et il visite des provinces et vicariats des missions. Ainsi, outre les provinces d’Europe, il a visité la province du Canada et le vicariat de Saint-Boniface (1876), les missions du Texas (1876), les vicariats de Ceylan (1878), les vicariats de Saint-Boniface, de Saint-Albert et du Mackenzie dans l’Ouest et le Nord canadiens (1883) et les missions de l’Afrique méridionale (1888). Partout, il exerce une heureuse influence. Son abord est facile et ses relations amicales. Il est admirablement servi par sa mémoire étonnante des hommes et des choses, et par l’observation pénétrante et prompte de son esprit naturellement inquisiteur.

Le 11 mai 1892, le Chapitre général de la Congrégation élisait au premier tour de scrutin (20 voix sur 34) le père Louis Soullier supérieur général de la Congrégation. Le nouveau Supérieur général est particulièrement bien préparé à l’exercice de ses nouvelles fonctions. Bras droit de son prédécesseur, le père Fabre, pendant près de vingt-six ans, il a collaboré étroitement à l’administration générale de la Congrégation et a visité les provinces et les missions oblates à travers le monde.

Bien que déjà âgé de soixante-sept ans, le père Soullier déploie une activité intense à la tête de l’Institut. Durant son court généralat de cinq ans, ses voyages le conduisent non seulement dans les maisons oblates d’Europe, mais de nouveau au Canada et aux États-Unis (1894) et à Rome. Il fait paraître la troisième édition des Règles, en 1894. Il donne une impulsion aux œuvres: des noviciats sont ouverts à Soto, en Espagne (1894), à Angers, en France (1895) et au Bestin, en Belgique (1896); une première maison est établie en Australie (1894) et, après des négociations menées habilement avec le gouvernement impérial d’Allemagne, une province oblate est fondée en Allemagne (1895); enfin, il procède, en 1896, à l’établissement des Oblats en Cimbébasie inférieure (Namibie), dans un territoire missionnaire accepté depuis 1892.

Le père Soullier a livré les grandes orientations qui lui tenaient à cœur dans deux longues et admirables circulaires adressées aux membres de la Congrégation. La première (le 17 février 1895, 51 p.) est consacrée à la prédication des Oblats; la deuxième (le 8 décembre 1896, 128 p.) veut promouvoir l’étude chez les Oblats, non seulement au temps de leur formation première, mais aussi une fois qu’ils sont engagés dans le ministère. Ces deux importantes circulaires furent rééditées.

Le père Soullier fut un homme d’action, guidé plus par la raison que par le sentiment, et toujours fermement attaché à l’Église. Dans sa vie intérieure, il nourrissait une piété simple mais profonde. Son commandement était doux bien que ferme. Il savait adoucir ce qui était dur par le tact, l’affection, une diplomatie de bon aloi et toujours par des considérations surnaturelles. Ses décisions d’ailleurs étaient bien mûries. On trouvait chez lui un ensemble rare de souplesse et d’énergie, d’activité et de calme. Sous sa gouverne, la Congrégation a passé de 1211 à 1427 membres.

Le père Souiller a publié onze circulaires (nos 51 à 61) reproduites dans Circulaires administratives des supérieurs généraux, vol. 2, p. 92-290. Ses actes de visite canonique des provinces ou vicariats de Jaffna (1879), du Canada (1876 et 1883), de Saint-Albert (1883) et de la province Britannique (1893) ont été imprimés. Le récit de son voyage en Amérique en 1894 est paru sous le titre de Voyage en Amérique avril-octobre 1894, Bar-le-Duc (1895), 229 p., ill. Enfin, il a laissé un grand mémoire adressé à la Propagande: Les Oblats de Marie Immaculée et le projet de loi de 1894 sur le mariage (Ceylan), Rome, Impr. du Vatican, 1896, 127 p.

Donat Levasseur, o.m.i.

Sources et bibliographie
Archives générales: environ 400 lettres, des actes de visites et quatre volumes manuscrits de notes de prédication (environ 2550 pages).
Devès, M., o.m.i., «Le T.R. Père Louis Soullier», dans Missions, 35 (1897), p. 422-431.
Soullier, M., Vie du T.R.P. Louis Soullier, 3e supérieur général des Oblats de Marie Immaculée, Paris, 1907, 532 p., ill.
Levasseur, Donat, o.m.i., Cours d’histoire de la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée, coll. Archives d’histoire oblate, Ottawa, éditions des Études oblates, 1955, p. 179-184.