Fabio Ciardi, OMI,
Directeur du Service général des Etudes Oblates

Le 20 mai 1861, lorsque le P. Tempier annonce à Mgr de Mazenod que le temps est venu de se préparer à la mort, la réaction du Fondateur est immédiate : « Je ne veux qu’une chose, que la volonté de Dieu se fasse. Récitez-moi les prières des agonisants. Mais avant, donnez-moi ma croix de missionnaire et mon chapelet, ce sont mes armes, je veux les garder près de moi. » Il demande ensuite le scapulaire de la Sainte Vierge et la bénédiction du Pape.

Un peu plus tard, il renouvelle ses vœux religieux et dit sa joie d’avoir fondé la Congrégation : « Dites-leur (aux Oblats) que je meurs heureux… Que je meurs heureux parce que le bon Dieu a daigné me choisir pour fonder, dans l’Eglise, la Congrégation des Oblats. » Il bénit les Oblats présents et ceux qui sont au loin, dans les missions, nous laissant ce que nous avons toujours considéré comme son testament spirituel : « Pratiquez vraiment entre vous la charité… la charité… la charité… et au dehors, le zèle pour le salut des âmes.”

Ensuite, il bénit les Sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux : « Dites-leur que je les ai beaucoup aimées, que je les aime, que je suis leur Père. Dites-leur que je veux que les deux familles soient toujours unies, qu’elles ne forment qu’une seule famille. Elles seront heureuses et solides dans cette union fraternelle. »

Le lendemain, de bon matin, il recommande à un confrère qui allait célébrer la sainte messe : « Oh ! demandez (au Bon Dieu) que se fasse sa sainte volonté. Je le désire de tout mon cœur. »

A plusieurs reprises, pendant la journée, il répète à ceux qui l’entourent : « Si je m’assoupis, ou si je vais plus mal, réveillez-moi, je vous en prie ; je veux mourir en sachant que je meurs ! » Il dit la même chose au médecin : « Oh ! Comme je voudrais me voir mourir, pour accepter encore mieux la volonté de Dieu ! »

Le soir, écrit le Père Fabre, « nous récitions le Salve Regina, que notre bien aimé Père a compris et suivi entièrement. Aux paroles : “après cet exil, montrez-nous votre Fils”, il a ouvert un peu les yeux. A chacune des invocations : “O clémente, ô pieuse”, il a fait un léger mouvement. A la troisième : “O douce Vierge Marie”, il a rendu l’âme. »

Saint Eugène de Mazenod meurt en offrant sa vie en parfait accomplissement de la volonté de Dieu. Personne ne la lui prend, il la rend librement, comme un don d’amour à ce Dieu qui la lui a donnée.

Il meurt heureux. Il meurt comme il a vécu, accomplissant la volonté de Dieu, avec ce qu’il a toujours aimé : la croix oblate en main, la prière à Marie, la bénédiction du Pape, portant en son cœur les Oblats qu’il bénit ainsi que la famille oblate, représentée par les Sœurs de la Sainte Famille. Il meurt entouré de fils et de filles, comme un père.

Aujourd’hui, la troupe des fils et des filles de saint Eugène est nombreuse comme jamais, répandue sur toute la terre, pour vivre en plénitude le propre de sa grande vocation : la volonté de Dieu ! Cette troupe de fils et de filles est appelée à se serrer à nouveau autour du père, à faire sien ce qu’il a aimé et à mettre en pratique le testament qu’il a laissé. Et ce testament est le même que celui de Jésus, il ne pouvait pas nous en laisser un autre: “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés… Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.” (Jean 13,34-35 ; 20,20).

C’est un commandement adressé à toute la famille oblate : en ce temps-là aux Oblats et aux Sœurs de la Sainte Famille, et aujourd’hui à tous les Oblats dispersés dans le monde, aux laïcs qui partagent le charisme, aux Instituts de vie consacrés, nés du charisme oblat, et qui partagent la mission avec les Oblats.

Une grande famille, rassemblée une fois encore autour du père, saint Eugène de Mazenod. Une famille unie par la même charité et par la même passion pour l’annonce de l’Evangile.