Pasquale CASTRILLI, OMI

17 Oblats participent à la Conférence organisée par la Commission européenne de la Mission pour les Oblats qui qui servent dans la pastorale des sanctuaires en Europe.

L’engagement des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée dans les sanctuaires est toujours d’actualité. C’est ce qu’a mis en évidence le Congrès qui s’est tenu à Lourdes du 20 au 23 novembre sur le thème : « Sanctuaires, lieux d’évangélisation. Honorer le passé, répondre au présent, avec l’espérance de l’avenir ». La conférence, promue par la Commission Européenne de la Mission (CEM), a été suivie par 17 Oblats venant d’Irlande, de Norvège, de Belgique, du Luxembourg, de France, de Pologne et d’Italie.

Les conférences thématiques

Les contributions thématiques ont offert d’excellentes perspectives. Le Père Bernard DULLIER, connecté via ZOOM depuis Aix-en-Provence, a traité le sujet ‘Eugène De Mazenod et les sanctuaires, un regard historique’. Bernard a rappelé les raisons pour lesquelles les sanctuaires de Notre Dame du Laus et de Notre Dame de l’Osier ont été acceptés par Saint Eugène de Mazenod. « La vue de situations concrètes a provoqué une réaction missionnaire chez Eugène », a-t-il dit, ajoutant, à propos de la première communauté oblate en dehors d’Aix-en-Provence, « après des années d’étude, je crois pouvoir dire que la véritable naissance de la Congrégation a eu lieu au moment où Eugène a accepté d’envoyer des Oblats au sanctuaire de Notre Dame du Laus ». Selon DULLIER, les trois points qui ont conduit le Fondateur à accepter de desservir les sanctuaires : « l’évangélisation des âmes les plus abandonnées, la gloire de la Vierge Marie, une meilleure orientation à donner à la dévotion des fidèles ».

Le Père Bernard DULLIER, OMI

Dans son intervention intitulée « Charisme oblat et pastorale des sanctuaires », le Père Mark KEMSEKE, Oblat belge, a souligné que la pastorale des sanctuaires est une « mission permanente et un ministère de compassion ». Mark a rappelé les points clés du charisme oblat et, dans la dernière partie de sa conférence, il a posé la question « qu’est-ce que les pèlerins sont en droit d’attendre des Oblats dans les sanctuaires », en cherchant une réponse dans sa longue expérience d’aumônier à Lourdes.

Enfin, le recteur du sanctuaire de Lourdes, le Père Michel Daubane, a présenté une réflexion sur le thème : « Le rôle des sanctuaires dans l’Église d’aujourd’hui. La pensée du Pape François », en faisant largement référence à la rencontre qui s’est tenue au Vatican du 9 au 11 novembre dernier pour les recteurs et les agents pastoraux des sanctuaires. Réconforter les pèlerins, affermir leur foi, permettre à chacun de regarder l’avenir avec espérance, tels sont les trois points qu’il a proposés dans sa réflexion. Le Père Daubane a conclu en laissant quelques questions ouvertes. « Quel est l’engagement dans les sanctuaires pour éduquer à la piété populaire ? Comment vivre le ministère du ‘réconfort’, parfois difficile ? Quelle formation et quelle relecture régulière proposer aux confesseurs engagés dans les sanctuaires ? ».

Deux points d’intérêt

Les participants à la Conférence de Lourdes se sont surtout sentis interpellés par deux sujets. Tout d’abord, le thème de la formation des confesseurs, rappelé également par le Pape François dans son audience du 11 novembre dernier aux participants de la Rencontre internationale des recteurs et des travailleurs des sanctuaires au Vatican : « Je recommande que, dans le choix des prêtres pour les confessions, il y ait un bon discernement, afin qu’il n’arrive pas que ceux qui viennent au confessionnal, attirés par la miséricorde du Père, trouvent des obstacles à la pleine réconciliation… Il ne peut pas arriver, surtout dans les sanctuaires, qu’ils trouvent des obstacles, parce qu’en eux la miséricorde de Dieu demande à s’exprimer de façon surabondante, de par leur nature même ». Ce sujet a été discuté en groupes, avec le recteur du sanctuaire de Lourdes et l’abbé Bernardino Giordano du sanctuaire de Lorette parmi les participants à la conférence. Le Pape François invite les sanctuaires à préparer des confesseurs et à choisir des confesseurs appropriés qui peuvent accueillir, consoler et bénir.

Un deuxième point d’attraction a été le retour à l’histoire oblate des origines. Tout le monde s’est réjoui d’entendre Bernard DULLIER et Mark KEMSEKE rappeler les débuts de la Congrégation oblate à partir de la première communauté oblate hors d’Aix-en-Provence, établie en 1818 dans le sanctuaire de Notre Dame du Laus, diocèse de Gap. Bien que les toutes premières intentions de De Mazenod n’aient pas inclus un engagement envers les sanctuaires, ce fut en fait le ministère des missionnaires OMI, qui, dans les premières décennies de la Congrégation, s’est ajouté et a complété celui des missions itinérantes.

Un espace a été réservé, pendant les journées de la conférence, pour le partage et la prière. La fraternité oblate est toujours une dimension importante de ces rencontres européennes. L’année dernière, la Commission Européenne de la Mission s’est réunie à Nikolauskloster, près de Dusseldorf, en Allemagne. La joie de se rencontrer, de partager, mais aussi de s’édifier réciproquement dans la recherche des voies d’évangélisation dans le contexte européen, ont été des dimensions importantes aussi de ce congrès.

Impressions des participants

« Une histoire très riche d’Oblats dans les sanctuaires », dit le Père Martin MORAN, Oblat du sanctuaire d’Inchicore, à Dublin. « Je ressens un appel à garder les choses simples ; les sanctuaires sont un endroit idéal pour aider les gens et rencontrer à nouveau le Christ. Je trouve de grands signes d’espoir dans le ministère des sanctuaires ».

Roman TYCZYŃSKI, du Luxembourg, demande : « Comment pouvons-nous orienter ce ministère vers l’avenir ? Les sanctuaires sont des lieux de mission permanente : soyons fidèles à cette notion que nous avons héritée de notre Fondateur. En ce qui concerne la piété populaire, on dit parfois qu’il faut l’abandonner, je trouve au contraire que les manifestations populaires sont importantes. Le Fondateur disait qu’il fallait être proche du peuple, et pour transmettre l’Évangile il fallait parler une langue compréhensible : le dialecte provençal ».

Le Père Vincent GRUBER, qui commence son service au sanctuaire de Pontmain en France, a vu dans cette rencontre un rendez-vous providentiel. « Cette rencontre a été un immense cadeau pour me recentrer sur la question des sanctuaires, a-t-il dit. J’ai pris cette rencontre comme une sorte de programme, avec des points d’attention. Dans les sanctuaires, il y a beaucoup de gens qui ont besoin de Dieu. La beauté de la liturgie : les gens ont besoin de signes. Et nous, Oblats, sommes les spécialistes des signes dans la prédication ».

Grzegorz GLABAS, de la paroisse-sanctuaire de l’Immaculée Conception à Aoste, en Italie, a parlé du rôle des laïcs dans la pastorale des sanctuaires, tandis que Jagath GUNAPALA, un Oblat travaillant en Norvège, et Mariusz BOSEK, du sanctuaire de Koden, en Pologne, ont réfléchi à la pastorale des vocations et aux défis de la pastorale des sanctuaires, en commençant par le monde des jeunes.

Le père Jean-Georges ZYILHOUBE, de France, a souligné la valeur du partage pour se laisser « éclairer par la vision de notre Fondateur dans notre pastorale oblate des sanctuaires ». Et il a noté qu’à travers la conférence de Lourdes « nous avons reçu des encouragements sur nos lieux de travail. Nous avons aussi eu de nouvelles idées sur ce ministère et peut-être retrouvé un dynamisme. Nous avons réalisé que les sanctuaires sont des lieux privilégiés d’évangélisation aujourd’hui ».