Rome, Lesotho, le 8 décembre 2023

Luis Ignacio ROIS ALONSO, OMI Supérieur Général

LJC et MI

Avec Marie sur le chemin synodal

Chers Oblats et membres de notre famille charismatique,

Une année de plus, nous nous sommes réunis autour de notre Mère à l’occasion de la solennité de son Immaculée Conception. Je remercie Dieu, Marie et vous tous pour votre accompagnement dans la prière, au cours de cette année tous les membres du gouvernement central ont fait un pèlerinage, visitant de nombreux lieux où nous servons les plus pauvres en partageant et en vivant la Bonne Nouvelle de l’Évangile au milieu d’eux. Nous pouvons corroborer ce que le Père Vincens OMI (Secrétaire Général) nous laisse entrevoir dans une lettre adressée au Père Arnaux le 15 février 1860 : ‘‘Evangelizare pauperibus misit me. Nous sommes faits pour les pauvres ; le cœur se sent à l’aise parmi eux ; nous avons une grâce particulière pour leur faire du bien’’. Cela nous nous comble de bienfait servir les plus démunis. Cela nous fait beaucoup de bien d’être missionnaires avec eux. Cela nous fait beaucoup de bien d’entendre d’eux l’Évangile d’une manière nouvelle (R.8a). Cela nous fait beaucoup de bien lorsque nous faisons de nos communautés une maison pour les pauvres et des maisons des pauvres une maison pour Jésus, témoignant ainsi de son Royaume.

Ces jours-ci, j’ai médité sur la présence discrète de Marie dans les Actes des Apôtres. C’est interpelant le silence de Luc sur la présence de Marie lors de la Passion de Jésus et sur les apparitions du Seigneur ressuscité. Dans les Actes des Apôtres, Marie apparaît à nouveau lorsque la communauté est rassemblée dans la prière et l’espérance. Marie est aussi la Mère de Jésus et de la nouvelle communauté que l’Esprit comblera de dons le jour de la Pentecôte. Jésus lui-même a voulu que ce mystère se manifeste depuis la croix dans l’Évangile de Jean (Jn 19, 26). Le pape François nous rappelle ‘‘qu’avec le Saint-Esprit, au milieu des gens, Marie est toujours présente. Elle était avec les disciples pour invoquer l’Esprit Saint (Actes 1, 14), et qui a ainsi rendu possible l’explosion missionnaire qui se produisit à la Pentecôte. Elle est la Mère de l’Église évangélisatrice et sans elle nous ne comprenons pas pleinement l’esprit de la nouvelle évangélisation’’ (EG 284). Et aussi, ‘‘au pied de la croix, à l’heure suprême de la nouvelle création, le Christ nous conduit à Marie. Il nous conduit à elle, car il ne veut pas que nous marchions sans une mère, et le peuple lit en cette image maternelle tous les mystères de l’Évangile. Il ne plait pas au Seigneur que l’icône féminine manque à l’Église. Elle, qui l’a engendré avec tant de foi, accompagne aussi « le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus’’ (Ap 12, 17). (EG.285).

Cette présence maternelle de Marie, cette icône féminine que le Seigneur veut pour son Église, s’est manifestée tout au long du processus synodal et lors de l’Assemblée qui s’est tenue à Rome en octobre dernier. Dans cette même vision ecclésiale, l’écoute mutuelle et l’écoute de l’Esprit s’harmonisent pour découvrir ce que Dieu nous demande pour collaborer à sa mission. Cette dynamique en elle-même est une bonne nouvelle pour l’Église et pour la société en pèlerinage dans ce monde qui semble avoir perdu l’espérance.

Nous avions proposé ce processus synodal et nous le soumettons une fois de plus à notre famille. Nous devons nous ouvrir à l’Esprit pour être fidèles à notre charisme et à notre mission. Nous devons nous écouter les uns les autres et écouter ensemble la Parole de Dieu et les cris des pauvres d’aujourd’hui pour comprendre ce que l’Esprit nous murmure. Dans notre tradition, nous parlons de ‘‘adopter un mode de discernement qui favorise le consensus’’ (R. 26a). Emprunter le chemin suivi au Synode peut nous aider à réaliser le rêve de notre Fondateur d’être ‘‘un seul cœur et une seule âme’’, reproduisant cette communion missionnaire des premières communautés apostoliques. ‘‘À mesure que grandit notre communion d’esprit et de cœur, nous témoignons aux yeux des hommes que Jésus vit au milieu de nous et nous maintient unis pour annoncer l’Évangile’’ (C.37).

Les réseaux sociaux ont présenté une image du Synode que je trouve extrêmement évocatrice : des tables rondes où hommes et femmes, clercs et laïcs dialoguent et prient dans une conversation spirituelle. Je rêve que nous puissions le faire nous aussi pour discerner comment revitaliser notre vie et notre mission à partir d’une fidélité créatrice à notre charisme (cf. C.168). Je pense que María a préparé ces ‘‘tables rondes’’ autour desquelles le nombre de participants augmente progressivement. Les Oblats peuvent le faire dans chaque communauté locale et ensuite étendre la conversation spirituelle à différents niveaux en fonction des décisions à prendre. Nous devons également élargir les espaces où siègeront les laïcs et d’autres réalités et instituts qui s’associent au même charisme. Plus tard, chacun de sa vocation spécifique pourra mettre en pratique les fruits de nos discernements. Il y a de la place pour tout le monde à la table de Maria.

Dans les lettres que je vous ai adressées au cours de cette année pour tenter de lancer les processus d’animation de notre dernier Chapitre Général, j’ai proposé cette même dynamique pour prendre soin de notre maison commune avec deux directions : le soin de notre planète à partir d’une approche écologique globale y le soin de notre famille charismatique en renforçant les communautés locales. De plus, avec tous les membres du gouvernement central et du Comité CC et RR, nous avons osé rêver d’un processus synodal qui nous conduirait à affronter la restructuration complète de nos structures et maisons de formation proposée par le Chapitre général (cf. PEC, J. Formation initiale, K. Restructuration). Les CC et le RR nous guideront ensemble vers un chemin évangélique sur les traces de notre Fondateur. Nous avons imaginé ce même processus en vue de répondre aux exigences faites durant le même chapitre concernant les laïcs et les associations de laïcs qui participent au charisme commun (cf. PEC. H. Associations de Laïcs) et pour les autres propositions du Chapitre. J’ai reçu avec joie les nouvelles de personnes et de groupes qui se sont mis en chemin et qui se disposent à répondre de manière concrète. Surement beaucoup d’autres nous accompagneront dans ce même pèlerinage. Merci beaucoup.

Je ne peux m’empêcher de penser à la marque de sainteté missionnaire laissée par notre bienheureux Joseph Gérard maintenant que je le vénère sur sa tombe lors d’un pèlerinage à travers la terre sainte du Lesotho. C’était un véritable missionnaire pèlerin qui répandait l’espérance et vivait la communion. Toujours fidèle au service des plus pauvres et des malades, à l’annonce de l’Évangile et à l’amour de la Congrégation, il n’a pas hésité à s’épuiser et à risquer sa vie pour le bien de ceux à qui il avait été envoyé. Son amour pour Dieu, sa dévotion au Sacré-Cœur, son audace de tout mettre pour annoncer l’Évangile nous font reconnaître en lui un modèle de vie évangélique et missionnaire, un modèle d’Oblat qui s’est laissé guider par la proposition de Saint Eugène dans la ‘‘Préface’’ et dans nos Règles. Quand nous nous demandons comment être de meilleurs missionnaires aujourd’hui, il répond : ‘‘La réponse est dans toutes les pages de l’Évangile : il faut les aimer, les aimer malgré tout, les aimer toujours. Dieu voulait que le bien soit fait à l’homme en l’aimant. Le monde appartient à ceux qui l’aiment le plus et le leur montrent’’ (Extrait de la deuxième lecture de l’Office des Lectures de la Mémoire du Bienheureux Joseph Gérard. Notes de la retraite de l’été 1886). Les Oblats et l’Église du Lesotho sont les gardiens de ce trésor et je les remercie et encourage chacun à promouvoir davantage cet héritage de sainteté missionnaire de notre famille religieuse.

José Gérard était un passionné de Marie Immaculée et savait promouvoir sa dévotion. Avec lui et avec tous nos saints, bienheureux et toute la communauté qui vit au ciel, nous voulons nous souhaiter une bonne fête de notre Mère et Patronne, en implorant son intercession pour que Dieu bénisse chacun de nous, ainsi que tous ceux à qui nous avons été envoyés.

Avec affection, votre frère pèlerin d’espérance en communion,

Luis Ignacio ROIS ALONSO, OMI
Supérieur Général