Haïti

La famille charismatique Oblate s’unit, en solidarité, avec les Oblats et l’Eglise en Haïti. Nous sommes témoins de la crise profonde qui ravage le pays, aggravée par les récents épisodes de violence. Nous sommes de tout cœur avec le peuple haïtien et nous le portons dans nos pensées et nos prières en ce moment difficile. Voici, à cet effet, le témoignage du Supérieur provincial de la Province oblate d’Haïti.

Mésaventures des Oblats dans la ville de Port-au-Prince en ces derniers jours.

La ville de Port-au-Prince, toujours exposée à toutes sortes de problèmes, depuis le 29 février est sujette à une situation bien trop délicate pour sa population et nous autres les Oblats du district de l’Ouest en particulier. Nous étions en pleine retraite annuelle qui se faisait en trois branches en même temps, à cause de l’impossibilité des confrères de voyager loin et aussi à cause de la recrudescence de la violence politique d’hommes armés. Impuissants, nous avons devancé la fin de la retraite d’une demi-journée pour laisser aux confrères le temps de rentrer chez eux et surtout pour éviter les dégâts matériels et surtout la peur et la terreur qui se développaient dans le coin de la maison provinciale.

A peine sont-ils partis, notre portier avait reçu sur notre cour même un projectile perdu qui est allé loger dans son bassin. Pour l’emmener à une salle d’urgence et pour subir une intervention chirurgicale après deux jours, il fallait l’aide des policiers du quartier qui s’organisaient en brigade de vigilance permanente derrière le mur de clôture de la maison provinciale, Car la rue était occupée par les bandits, le coin était suivi par des drones, des éclaireurs qui dépistaient des proies et la plupart du temps c’étaient des religieux ou religieuses qui étaient séquestrés pour être libérés contre rançons, portant beaucoup de sévices en leur être.

Il faut dire que ces messieurs veulent les grandes maisons pour pouvoir dominer la ville et cacher leur forfait. Cela  fait que nous sommes entre deux grandes barrières au milieu des rues. L’une est attachée à notre clôture, juste derrière notre mur que nous venons tout juste de réparer pour des fissures, pour protéger une cité voisine. L’autre est à 10 kms de notre entrée pour bloquer l’accès à un éventuel passage, car il y a annonce ouverte sur la toile de leur arrivée ostentatoire. Ces situations révèlent notre précarité dans la cité, nous n’avons que la protection divine.

Toutes les communautés religieuses de la zone, depuis la remontée du kidnapping dirigé en notre direction, sont enfermées dans leurs maisons et on se contacte régulièrement pour savoir ce qui se vit. Nous, les Oblats, nous occupons la partie la plus basse de notre maison ou celle plus au fonds de la propriété pour les services de cultes.

En plus du gardien en convalescence, nous avons vu trois voitures de la communauté bloquées par ces hommes avec nos confrères sur leur route du retour en Plaine à la rencontre de nos 15 plus jeunes qui étaient bloqués bien des jours sans pouvoir se rendre à l’école.  Ils sont parvenus à sauver leur peau en abandonnant les 3 voitures non loin d’un presbytère pour gagner leurs maisons dans la tourmente. D’autres qui étaient en province pour prêcher les retraites, n’ont pas pu rentrer à leur poste à cause des vols éliminés même au jour fixé.

Nous sommes presqu’une trentaine d’Oblats sur le qui-vive, et la démission du chef du gouvernement n’a pas encore apporté d’amélioration pour notre coin de résidence, il y a toujours les tirs, les rues sont encore fermées, les banques ne fonctionnent pas, les centres commerciaux s’ouvrent en cachette, il ne nous est pas facile de nous alimenter en produits de première nécessité qui diminuent dans notre petit stockage. Nous comptons la pénurie du carburant et des produits pétroliers et nos mouvements sont au ralenti. Du coup nous profitons pour mettre de l’ordre dans nos documents et mieux les arranger comme pour les sécuriser en attendant de les numériser. Nous avons gardé l’espoir qu‘une quelconque paix arrive pour continuer notre mission de cheminer avec notre peuple en témoins.

Jolicoeur DOMINIQUE,OMI
Provincial d’Haïti

(Photo par VaticanNews)