Naissance à Cassence (Haute-Loire), le 1er janvier 1819
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 28 mai 1846
Oblation perpétuelle à Nancy, le 25 février 1848 (no 183)
Décès à Kamloops, Colombie-Britannique, le 6 septembre 1908.

Philippe Surel est né à Cassence, dio­cèse du Puy, France, le 1er janvier 1819, d’Agnès Guérin et de Claude Surel. Il commença son noviciat à Notre-Dame de l’Osier le 28 mai 1846 et fit sa profession perpétuelle à Nancy le 25 février 1848. Il est destiné aux missions d’Orégon, mais travaille d’abord plus d’une année à Nancy comme cuisinier et jardinier. Le 30 septembre 1849, Mgr de Mazenod écrit: «Je suis forcé d’enlever le frère Surel de Nancy, quelque utile qu’il y soit, parce que c’est celui de nos frères qui peut faire le mieux dans un pays où il faut tout créer.» De Nancy, le père Dassy, supérieur, a écrit plusieurs fois pour louer ce frère. Le 3 octobre 1849, il l’envoie à Marseille en disant: «Le frère Surel que je vous envoie suivant votre ordre est un très bon frère sous le rapport de l’intelligence et de l’activité. On n’a qu’un reproche à lui faire en ce qui concerne le travail; il n’aime pas à être guidé par ses supérieurs et veut habituel­lement suivre ses propres idées […] Il a besoin d’être encore instruit sur les vœux d’obéissance et de pauvreté. Avec des ménagements on peut l’utiliser grandement. Il désire les oeuvres de piété et ne recule devant aucun sacrifice par générosité.»

En novembre 1849, le frère part pour l’Orégon avec le frère Janin et le père D’Herbomez. Le père Tempier se donne beaucoup de peine pour leur acheter «une pacotille de toutes sortes de choses, depuis l’aiguille jusqu’à la charrue et à l’enclume […] Enfin, écrit le Fondateur au père Casimir Aubert en Angleterre, le 24 novembre, nos chers évangélistes sont partis et, Dieu aidant, ils arriveront dans sept ou huit mois. Qu’ils ont été édifiants!»

Arrivés en Orégon, le père Ricard met quelques terres, données par le gouvernement américain, au nom de chacun des deux frères. Ceux-ci écrivent au Fondateur pour demander l’autorisa­tion de devenir vraiment propriétaires. Un des deux demandes même la dispense de ses vœux parce que le père Ricard lui refuse cette autorisation. Il ajoute que, comme il est à présumer que la réponse de Marseille tardera, il prendra son parti avant de la recevoir. «Autant valait-il me dire qu’il veut aller au diable, répond le Fondateur, le 22 mars 1852. C’est là tout simplement une pensée d’apostasie.» Le 12 mai 1853, il écrit au père Ricard: «Vous parlerai-je de vos frères? Vraiment, depuis que vous les avez faits propriétaires, ils ont perdu la tête. C’étaient des hommes sages, de vrais bons religieux. Ils n’ont pas compris qu’étant religieux ils ne peuvent être que des prête-noms pour les propriétés que l’on plaçait sur leur tête, et que ces terres doivent être acquises pour la congréga­tion […] Tâchez de le leur faire com­prendre sans les brusquer car ils se plaignent qu’on les traite fort durement, qu’on a fait d’eux des esclaves, et qu’on ne les soigne nullement sous le rapport spirituel, ce qui est grave, car ils ont en ceci un droit qu’on ne peut leur contester, et je vous conjure d’y pourvoir sur-le- champ pour vous acquitter d’une obliga­tion indispensable. Il faut aussi modérer leur travail, c’est encore là un devoir de charité et de justice.»

Par la suite, Mgr de Mazenod ne parle plus du frère Surel qui se dévoue pendant une dizaine d’années à Saint-Joseph d’Olympia et à Ahtanum, état de Washington, puis à Esquimalt en Colombie-Britannique. Il travaille ensuite à Fort Hope et dans la vallée de l’Okana­gan (1859), à Sand Cove et à Fort Rupert (1859-1866), sur la ferme de Williams Lake (1866-1883) et, enfin, à Kamloops de 1883 à sa mort en 1908. La revue Missions O.M.I. fait souvent mention de son activité dans ces diverses localités et de son soixantième anniversaire d’obla­tion en 1908. On lit à ce sujet: «Notre cher frère Philippe Surel de la maison de Kamloops, en Colombie-Britannique, est un des rares privilégiés auxquels le bon Dieu donne la grâce de célébrer, en bonne santé et en joyeuse activité, le soixantième anniversaire de leur oblation perpétuelle. On ne saurait trop le répéter: soixante ans de vie religieuse doivent former une bien belle couronne pour le ciel, surtout lorsque, comme pour notre cher jubilaire, ces soixante ans se sont écoulés, nous allions dire cachés, dans la pratique constante des vertus de l’Oblat et l’accomplissement fidèle de tous les devoirs de notre sainte vocation…» (1908, p. 411).

Le frère Surel est décédé à Kamloops, Colombie-Britannique, le 6 septembre 1908. Ses restes reposent dans le cime­tière oblat de Mission City.

Yvon Beaudoin
et Gaston Carrière, o.m.i.