1. Histoire et signification
  2. L'événement que l'autel rappelle

Dans la chapelle de la Maison générale, à l’entrée à droite, se trouve l’autel communément appelé «autel des vœux».

Autel des vœux (Bucca).

Histoire et signification
Il s’agit du maître autel de l’église de la Mission à Aix, dernière lequel les pères de Mazenod et Tempier ont fait vœu d’obéissance réciproque le jeudi saint 11 avril 1816.

Le 29 octobre 1880 les Oblats ont été chassés de leur maison et l’église de la Mission fut fermée. On transporta cet autel et la statue de la Vierge à l’Enclos où trois Oblats se sont retirés, chargés alors par Mgr Forcade du sanctuaire de Notre-Dame de la Seds. Les Oblats sont revenus peu à peu dans leur maison d’Aix et le père Louis Boeffard, supérieur de 1885 à 1888, y a ramené l’autel des vœux.

Les religieux furent expulsés de France en 1903. Le père Arthur Clavé, espagnol résidant à Aix, eut le temps de mettre en lieu sûr, puis d’envoyer à Rome, l’autel des vœux, la statue de la Vierge, le cœur du Fondateur et son prie-Dieu. Dans les Missions de 1908, p. 278, il est dit que l’autel est placé dans le «sanctuaire familial» (le sacellum), près de la chapelle du scolasticat international, via Vittorino da Feltre. De 1908 à 1933 cet autel, la statue de la Vierge, le cœur du Fondateur, etc., sont demeurés là. Lors de l’inauguration de la maison générale à côté du scolasticat, au début de 1933, la «statue miraculeuse qui était jusqu’ici dans la sacellum du scolasticat […] est transportée dans la chapelle de la maison générale et placée au-dessus du grand autel». (Codex historique de la maison générale, le 2 février 1933). Le même événement est raconté le même jour dans le codex historique du scolasticat où il est dit en plus que les scolastiques continuent à aller prier dans le sacellum puisqu’on y a laissé le cœur du Fondateur. Il est encore question du cœur du Fondateur dans le sacellum, dans ce même codex, le 12 novembre 1938. On ne mentionne jamais l’autel des vœux qu’on ne vénérait sans doute pas autant que la statue de la Vierge et le cœur du Fondateur.

Il est probable que l’autel des vœux a été transporté à la maison générale lors de son inauguration en 1933. Il est sûr qu’il se trouvait là après la guerre dans une salle au rez-de-chaussée qu’on appelait «la chapelle du Général» parce que le père Deschâtelets y célébrait habituellement la messe. Au mois d’août 1950, à l’ouverture de la Maison générale actuelle, via Aurelia 290, on y a transporté l’autel des vœux, la statue de la Vierge et autres souvenirs du Fondateur.

L’événement que l’autel rappelle
L’autel portait autour de la table sacrée, en lettre d’or, l’inscription «Ante hoc altare votis se Deo sacraverunt C. J. E. de Mazenod et H. F. Tempier protoparentes nostri, III Idus April. A. MDCCCXVI» (Missions, 1889, p. 286). Aujourd’hui, cette inscription a fait place à une autre gravée sur cuivre, au côté droit du retable, et se lit en français: «Autel des premiers vœux, Aix, Jeudi Saint, 11 avril 1816.»

On sait avec certitude aujourd’hui que les pères de Mazenod et Tempier ont fait alors vœu d’obéissance réciproque. Le premier document que l’on possède à ce sujet provient des Mémoires du Fondateur que le père Rambert cite, sans date: «Ma pensée fixe fut toujours que notre petite famille devait se consacrer à Dieu et au service de l’Église par les vœux de religion […] Je m’en ouvris au […] père Tempier, que j’avais choisi pour mon directeur et qui m’avait pris pour le sien. Il fut charmé de cette proposition qui répondait à ses propres pensées, et nous convînmes, M. Tempier et moi, de donner suite à ce projet […] Bref, le père Tempier et moi nous jugeâmes qu’il ne fallait pas différer davantage et le jeudi saint (11 avril 1816), nous étant placés tous les deux sous l’échafaudage du beau reposoir que nous avions élevé sur le maître-autel de l’église de la mission, dans la nuit de ce saint jour, nous fîmes nos vœux avec une indicible joie. Nous savourâmes notre bonheur pendant toute cette belle nuit en la présence de Notre Seigneur» (Rambert, Vie de Mgr de Mazenod… I, 1883, p. 187).

Rambert précise plus loin qu’il s’agissait des trois vœux de religion (Ibid., p. 188). Mais, dans sa retraite faite à Aix en mai 1818, le père de Mazenod écrit en toutes lettres: «La vue de la perfection religieuse, l’observance des conseils évangéliques se sont montrés à mon esprit dégagés des difficultés que j’y avais rencontrées jusqu’à présent. Je me demandais pourquoi aux vœux de chasteté [fait avant le sous-diaconat] et d’obéissance que j’ai fait précédemment, je n’ajouterais pas celui de pauvreté et, passant en revue les différentes obligations que cette pauvreté évangélique m’imposerait, il n’en est aucune devant laquelle j’ai reculé.» (Écrits oblats I, t. 15, p. 171-172).

D’après les souvenirs du père Tempier, lui-même et le père de Mazenod n’ont fait alors que le vœu d’obéissance réciproque. À l’occasion de sa fête en 1860, alors qu’il était supérieur du scolasticat de Montolivet, on lit dans le numéro du 2 avril du Sanctuaire, bulletin des scolastiques: «M. de Mazenod et monsieur Tempier se résolurent à faire un vœu d’obéissance qui les rendrait tour à tour supérieur et inférieur à l’autre; ils se vouèrent une obéissance réciproque. Le 11 avril 1816, la chapelle de la maison présentait un touchant spectacle…» (Missions, 1938, p. 93). Même explication dans la notice nécrologique du père Tempier, composée par le père Joseph Fabre, qui a connu intimement le père Tempier de 1842 à sa mort en 1870 (Notices nécrologiques O.M.I., t. II, p. 49).

L’interprétation du père Rambert a souvent été suivie par les écrivains oblats; il est clair cependant que l’autel des vœux nous rappelle le vœu d’obéissance réciproque fait par les pères de Mazenod et Tempier, le jeudi saint 11 avril 1816. Selon le père Bernad, c’est devant ce même autel que se fit, le jour de la Toussaint de l’année 1818, la première émission solennelle des vœux des Missionnaires de Provence (Bernad, M., Mgr de Mazenod, 1913, p. 43).

Yvon Beaudoin, o.m.i.