Naissance à Vienne (Isère), le 9 mars 1811
Ordination sacerdotale à Grenoble, le 16 juillet 1837
Prise d’habit à Marseille, le 31 octobre 1837
Oblation à Marseille, le 1er novembre 1838 (no 77)
Décès à Galveston, Texas, le 1er oc­tobre 1853

Jean Fleury Baudrand est né à Vienne, diocèse de Grenoble, France, le 9 mars 1811, de J. F. Baudrand et de Madeleine Faure. Il a été ordonné prêtre à Grenoble, le 16 juillet 1837, par Mgr Philibert de Bruillard, ami du Fondateur et des Oblats. Entré au noviciat à Marseille le 31 oc­tobre 1837, le père Baudrand fit son obla­tion le 1er novembre 1838.

Il travailla à Notre-Dame de l’Osier de 1838 à 1841. Mgr de Mazenod demanda au père Guigues, supérieur de cette mai­son, de ne pas charger le père Baudrand «exclusivement du soin de la paroisse», autrement on pensera dans le diocèse qu’en entrant chez les Oblats on ne devient pas missionnaire, mais on reste curé. En juillet 1841, le père se prononce en faveur de l’acceptation des missions du Canada et part avec le premier groupe au mois d’octobre 1841. Il réside à Saint-Hilaire en 1841-1842, à Longueuil de 1842 à 1846, à Bytown en 1846-1847, à Longueuil de 1847 à 1850, à la paroisse Saint-Pierre de Montréal de 1850 à 1853.

Le père Honorat annonce au Fonda­teur que le père Baudrand prêche bien et est aimé du clergé, mais le juge trop indé­pendant, peu régulier et d’esprit critique. De plus, le père Baudrand écrit non pas au Fondateur mais à ses confrères en France et s’amuse à décrire la mésen­tente qui existe parmi les pères du Canada, surtout entre les pères Honorat et Telmon. Mgr Mazenod exprime son mécontente­ment dans son Journal, le 20 septembre 1842: «Les choses n’iraient pas moins bien en Amérique si le père Baudrand n’y semait cette division intestine […] Le père Baudrand est un homme sans éducation, sans délicatesse et ayant très peu de vertu. Il ne manque pas de quelque talent, mais il s’en croit beaucoup plus qu’il n’en a. Il est surtout préoccupé de la pensée de supériorité des Dauphinois sur les Provençaux qu’il a la sotte vanité de mépriser. Il s’est nourri de cette idée et il parle en conséquence de ce ridicule préju­gé sur l’insuffisance du père Honorat, son supérieur, sur le caractère du père Tel­mon, etc., tandis que lui, au lieu de s’occu­per à acquérir les vertus qui lui manquent et surtout les vertus religieuses dont il n’a pas l’ombre, n’emploie son savoir qu’à murmurer, à semer la zizanie, à se plaindre même au dehors, en faisant res­sortir les défauts de ses frères tels que son imagination et son mauvais cœur se les figurent. Il fait vraiment l’office du démon en Canada et le mal qu’il nous fait est incalculable…»

Au mois d’avril 1843, Mgr de Mazenod décide de le rappeler en France, avec l’excuse de représenter les Oblats du Canada au Chapitre général. Lorsque le père Honorat reçoit cette lettre, le père Telmon, délégué élu, est déjà parti. Sur instance de Mgr Bourget, le Fondateur laisse le père au Canada, mais écrit à l’évêque, le 10 août 1843: «Vous avez voulu accorder un sursis au père Bau­drand […] Patientons donc encore un peu, même s’il ne met pas plus de simplicité dans son obéissance; et s’il ne se corrige pas de la manie de vouloir juger tout et tous, il faudra que nous avisions.» Mgr Bourget fait-il connaître au père Baudrand cette lettre? Le 10 mai 1844, le père Honorat annonce que le père a fait une retraite, demande pardon de son com­portement et promet de changer. «Je regarde ce changement, conclut-il, comme une des plus grandes grâces que le bon Dieu nous ait faite depuis que nous sommes en Canada.»

Le père Baudrand écrit également au Fondateur et manifeste ses mêmes bonnes dispositions. La bonne entente et la con­fiance s’installent et le père est même nommé supérieur de la maison de Lon­gueuil en 1849-1850, avant d’être envoyé à la paroisse Saint-Pierre de Montréal. Il aurait même été nommé provincial en 1851, sans la nomination à l’épiscopat de Mgr Allard et de Mgr Taché. Le vieil homme est revenu alors à la surface et le père Baudrand s’est «indignement pronon­cé contre l’admission des évêques dans notre congrégation»; il a même osé «dire tout haut qu’il fallait introduire la démo­cratie dans notre Ordre!» (Mazenod à Tempier, le 24 juin 1851).

C’est le père Jacques Santoni qui est nommé provincial et ne s’entend pas avec le père Baudrand. Au début de 1852, il demande de l’expulser de la Congrégation. Mgr de Mazenod s’y oppose, et pour l’éloi­gner du Canada, au début de 1853 il le nomme supérieur du séminaire de Galves­ton où, d’ailleurs, la communauté formée de jeunes pères a besoin d’un supérieur plus âgé.

Le père meurt de la fièvre jaune, le 1er octobre 1853, après quatre jours de maladie. «Il a reçu les derniers sacrements avec piété, écrit le père Parisot, après avoir renouvelé ses vœux, le second jour de sa maladie. Sa piété sincère, la grande patience et la parfaite résignation au milieu des souffrances les plus aiguës ont grandement édifié les assistants.» Il était âgé de 42 ans. Son corps repose en face de la cathédrale de Galveston.

Yvon Beaudoin
et Gaston Carrière, o.m.i.