Naissance à Thodure (Isère)
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 16 juin 1843
Oblation, à N.-D. de l’Osier, le 16 juillet 1844 (no 123)
Sortie de la Congrégation en 1848.

Cet Oblat et son frère ont laissé très peu de traces dans les archives de la congrégation. Il est né à Thodure, diocèse de Grenoble, France. Il a probablement été junioriste à Notre-Dame de Lumières. Dans une lettre du 15 mai 1841, le père Honorat parle des «frères Bouvier», junio­ristes. Il est entré au noviciat de Notre-Dame de l’Osier à l’été 1842. Il l’a commencé comme frère scolastique, l’a continué comme frère coadjuteur puis de nouveau comme frère scolastique et est sorti. Il est rentré le 16 juin 1843, mais est venu, semble-t-il, étudier la philosophie au grand séminaire de Marseille pendant l’année scolaire 1843-1844. Au mois de mai 1844, le Fondateur le renvoie à l’Osier et écrit en même temps au père Vincens: «Le frère Bouvier attendait avec impatience la fin de sa philosophie pour aller se placer sous votre direction et terminer comme il faut son noviciat. Vous jugerez s’il s’y met tout de bon. Je ne l’ai pas présenté au conseil parce que j’ai compris qu’il y aurait eu quelque difficulté à le faire passer.»

Le frère fait son oblation le 16 juillet 1844. Il sort ensuite de la Congrégation, mais se repent et demande à refaire son noviciat pour une troisième fois. Le Fondateur consent à ce retour et, le 20 octobre 1847, l’envoie au père Dassy, supérieur à Nancy, avec cette recomman­dation: «J’envoie au noviciat, cher père Dassy, un jeune homme auquel je m’intéresse, c’est Bouvier que vous avez connu à l’Osier. Je m’explique au long sur son compte avec le père Santoni, je ne me répéterai donc point ici. Pour couper court à tout nouvel examen, j’ai fait connaître que c’était moi qui avais admis ce sujet. J’ai tout lieu de croire qu’il se comportera pendant son noviciat de manière à ne pas me faire repentir d’avoir cédé à ses instances persévérantes. Je vous prie l’un et l’autre de bien soigner ce brave enfant dont la conduite a été exemplaire dans l’intervalle de sa sortie à la rentrée que je lui accorde.»

Le père Santoni, maître des novices, ne veut pas l’accepter. Avec courage, il s’explique auprès de Mgr de Mazenod, le 27 octobre: Bouvier vient d’arriver, «permettez que je vous le dise, il me semble que vous avez le cœur trop bon et que vous vous laissez trop attendrir par la misère des autres. Peut-on imaginer un être plus inconstant que ce Bouvier […] Le mal chez lui est dans la tête, cet enfant n’a pas de tête; il est bon, désireux d’opé­rer son salut, il tient à la vie religieuse, mais malheureusement l’essentiel manque, c’est la tête […] On peut corriger le cœur, mais les hommes faibles d’esprit sont incorrigibles.» Le père Santoni obéit cependant et dit qu’il s’occupe beaucoup de Bouvier. Il écrit en novembre 1847 que le frère «va assez bien; il se soutient assez dans les bons sentiments qui l’ont emme­né ici; il paraît fort content, il est cependant assez léger, il a aussi le genre railleur et goguenard.» Au même moment son frère, tailleur de métier et dont le nom n’apparaît pas, fait son postulat à Nancy comme frère.

Le frère Joseph se trouve encore à Nancy en février 1848 et ne donne pas entière satisfaction au père Dassy puisque le Fondateur lui écrit le 12 de ce mois: «Vous me ferez plaisir de voir le frère Bouvier en particulier pour lui recomman­der de ma part de ne donner aucun sujet de plaintes contre lui.» Au mois d’avril 1848, à cause de la Révolution, le frère est envoyé à l’Osier. Quelques jours après, Mgr de Mazenod annonce au père Vincens que le frère Bouvier, encore novice, parti­ra bientôt pour le Canada avec le père Léonard Baveux. «Son frère, ajoute-t-il, tient beaucoup à partir aussi, mais je ne sais ce qu’on en pourrait faire au Canada. Il s’imagine pouvoir servir de catéchiste, je ne puis lui promettre qu’on l’en juge capable…» Dans une lettre au père Faraud, le 10 mai 1848, Mgr de Mazenod affirme de nouveau que: «Le père Léo­nard, avec les deux Bouvier que vous avez connus, l’un frère de chœur, l’autre convers, s’embarqueront avec un ou deux autres encore au Havre vers la fin du mois…».

Dans le Codex historique de Montréal, on mentionne, le 20 juillet 1848, l’arrivée du père Léonard avec les frères [Paul] Gelot, Émile Bouvier et un novice frère, Lucien. Celui qu’on désigne ici comme Émile Bouvier pourrait être Joseph, puis­qu’il semble scolastique et non frère. Le nom des Bouvier n’apparaît plus par la suite dans les sources oblates en France et au Canada.

Yvon Beaudoin
et Gaston Carrière, o.m.i.