Jérôme Marie Champion de Cicé est né à Rennes le 4 septembre 1735. Ordonné prêtre en 1761, il fut évêque de Rodez de 1770 à 1781 et archevêque de Bordeaux de 1781 à 1801. Il émigra en Angleterre pendant la Révolution. Après le Concordat de 1801, il fut archevêque d’Aix et d’Arles de 1802 à 1810.
À son retour d’exil en 1802, Eugène fit aussitôt connaissance avec l’archevêque et se lia d’amitié avec lui. Le père Rey écrit: «Les relations avec Mgr de Cicé prenaient le caractère des relations d’un fils des plus dévoués avec un père vraiment digne de toute confiance. Sa charge d’administrateur [des prisons] les avait rendues fréquentes et plus suivies. Monseigneur l’avait pris en singulière affection, l’invitait souvent à sa table et l’appelait son fils» (Mgr de Mazenod, I, p. 82).

La correspondance d’Eugène ne confirme pas pleinement ces affirmations. On apprend toutefois qu’il a été reçu par Mgr de Cicé dès le mois de novembre 1802, peu après son retour, et en 1807, en relation avec l’œuvre des prisons. Il l’avait trouvé bon administrateur car plusieurs fois au cours de sa vie il fait allusion aux mesures prises par l’archevêque à Aix et à Marseille.

En 1808, Eugène mit l’archevêque au courant de son projet d’entrer au séminaire et reçut son approbation. Celui-ci lui donna même pour monsieur Emery une lettre de recommandation «qui, écrit plus tard Mgr de Mazenod, m’honorait de son amitié et qui fit de moi à mon bon supérieur un portrait dessiné par une prévention outrée» (Mgr de Mazenod au sulpicien Faillon, le 29 août 1842).

En 1809, Mme de Mazenod, qui était invitée de temps en temps à déjeuner avec Mgr de Cicé, fit pression sur lui pour rappeler Eugène à Aix après deux années de séminaire. L’archevêque se borna à observer que cela dépendait d’Eugène et de monsieur Emery (Leflon I, p. 343-344).

Lors de ses vacances à Aix, au début de l’été 1810, Eugène visita Mgr de Cicé, gravement malade, et qui mourut le 22 août, âgé de 74 ans.

Yvon Beaudoin, o.m.i.