1. Évêque missionnaire

Naissance à Saint-Rambert-d’Albon (Drôme), le 11 février 1832
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 7 décembre 1853
Oblation à Montolivet, le 8 décembre 1854 (n° 383)
Ordination sacerdotale à Saint-Boniface, le 20 décembre 1857
Ordination épiscopale à Fort Chippewyan, le 15 août 1867
Décès à Saint-Bernard (Grouard, Alberta), le 9 juillet 1903.

Isidore Clut est né le 11 février 1832 à Saint-Rambert-d’Albon, diocèse de Va­lence, France, d’Élisabeth Guillermet et de Nicolas Clut, cultivateur. Après sa rhéto­rique au petit séminaire de Valence, Isidore commença son noviciat à Notre-Dame de l’Osier le 7 décembre 1853 et fit son oblation devant le père Tempier à Montolivet le 8 décembre 1854. Au début du noviciat, le maître des novices a écrit: «[Clut] est un excellent sujet sous tous les rapports; santé forte, beaucoup de capa­cité et une piété aussi édifiante que généreuse. Grande vivacité de caractère mais d’une bonté et d’une charité admi­rables». Dans les notes sur les novices en octobre 1854, on lit encore: «Ce frère me paraît avoir fait beaucoup de progrès pour la piété; je le crois maintenant tout à fait solide. Il a du talent et du caractère; naturellement grave et sérieux.»

Isidore Clut a étudié la théologie au scolasticat de Montolivet à Marseille de la fin 1854 à juin 1857. Le père Mouchette, modérateur des scolastiques, porte habi­tuellement des jugements plutôt sévères sur lui. En 1855, il en souligne le «caractère lent, paresseux» et le manque de générosité. En 1856, il écrit que le frère «laisse à désirer pour la régularité […], n’est pas assez mortifié; il a beaucoup trop fréquenté ceux que nous avons congédiés.»

Au début de 1857, Mgr de Mazenod avait promis d’envoyer quelques mission­naires à la Rivière-Rouge. Au moment du départ, le père Jules Bouquillon tomba malade. Le Fondateur fit alors partir le scolastique Clut. Il écrit à Mgr Alexandre Taché, le 22 mai: «J’étais vraiment désolé, je me voyais au moment de n’avoir personne à vous envoyer, lorsque le bon Dieu m’a inspiré […] de m’adresser à l’excellent frère Clut dont je connaissais le dévouement. C’est un sujet parfait qui a été transporté de joie quand je l’ai appelé. Il ne comptait pas être propre encore pour les missions puisqu’il n’est pas sous-diacre et qu’il a encore à faire une année de théologie, mais il est d’un âge mûr […] Je vous conseille de ne pas différer de le faire prêtre. C’est un religieux solidement vertueux, qui ne négligera pas de terminer ses études théologiques lorsqu’il sera prêtre. Il est doué d’un très bon esprit […] Vous serez content de lui. Ce sera un trésor pour votre mission.»

Évêque missionnaire

Arrivé à Saint-Boniface au cours de l’été, il a été ordonné prêtre par Mgr Taché le 20 septembre 1857 et est aussitôt parti pour la mission de la Nativité à Fort Chipewyan, Alberta, où il est demeuré jusqu’en 1869. Il desservait également la mission du Fond-du-Lac Athabaska.

Par une bulle datée du 3 août 1864, Mgr Henri Faraud, dont les rhumatismes rendaient les voyages difficiles, obtint du Saint-Siège la permission de se choisir un auxiliaire. Après avoir consulté ses mis­sionnaires, il nomma le père Clut et, le 15 août 1867, il l’ordonna évêque à Fort Chipewyan, au titre d’évêque titulaire d’Arindèle et auxiliaire du vicariat aposto­lique d’Athabaska-Mackenzie. Mgr Clut demeura à ce poste jusqu’en 1903, avec Mgr Faraud jusqu’en 1890, puis avec Mgr Émile Grouard de 1891 à 1903.

Il fixa sa demeure à Fort Providence, territoires du Nord Ouest, en 1870, 1875-1877, 1882-1884, à Fort Chippewyan en 1880-1881, à la mission Saint-Bernard en 1881-1882, où il demeura ensuite de 1894 à 1903 comme aumônier des Sœurs de la Providence. On peut dire cependant que Mgr Clut n’eût guère de demeure fixe; il passa sa vie en courses apostoliques et en voyages. Ce n’est pas sans raison qu’on l’a surnommé «l’évêque de peine». Il visita sans cesse les missions du vicariat, en particulier Fond-du-Lac (1866, 1867, 1874), Hay River (1875-1877), Fort Simpson (1871, 1872, 1875, 1886), Fort Nelson (1875). Il se rendit même à Arctic Red River en 1874, en Alaska en 1872-1873 et à Saint-Michel, île du Pacifique, en 1873. Il prit part à quelques sessions du concile du Vatican en 1869-1870. Dans le but de se faire soigner et de recueillir des fonds, il fit un voyage en Europe en 1877-1880, à Montréal en 1886, en France en 1887 et en 1889.

Mgr Clut est décédé le 9 juillet 1903 à la mission Saint-Bernard, aujourd’hui Grouard, en Alberta. Il connaissait quelques langues amérindiennes qu’il enseigna aux missionnaires. Il composa une partie du Dictionnaire de la langue Déné-Dindjié (Paris, 1876) du père Émile Petitot. Dans son rapport au Chapitre général de 1904, Mgr Grouard déplorait la mort de son coadjuteur et ajoutait: «Je n’ai point à faire l’éloge de Mgr Clut. Ses œuvres parlent assez pour lui. En piété, en zèle, en courage, en abnégation de lui-même, il a été le digne émule des Taché, des Faraud, des Durieu et des Grandin» (Missions O.M.I., 43 (905), p. 183).

Yvon Beaudoin
et Gaston Carrière, o.m.i.