Homélie du 4 Décembre 20023

Nous sommes heureux de célébrer cette Eucharistie qui ouvre la réunion de la Commission des Frères à la Maison générale. Au cours du Chapitre général, il y a eu de nombreux moments où les propositions de cette commission ont été entendues et approuvées. Dans cette réunion, nous demandons l’assistance de l’Esprit Saint pour découvrir comment nous pouvons mettre en œuvre ces propositions. Il y a eu aussi d’autres moments qui me font penser avec espoir que les frères Oblats nous aideront à être les pèlerins de l’espérance dans la communion dont nous avons rêvé au Chapitre. Osons rêver aujourd’hui et demandons à Dieu que nos rêves soient ses rêves et qu’il nous aide à les réaliser !

Dans la première lecture, le prophète Isaïe a osé rêver les rêves de Dieu. Des rêves qui, aujourd’hui encore, nous font trembler : “On frappera les épées pour en faire des socs de charrue, les lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée contre l’autre, on ne s’entraînera plus à la guerre”. Nous aussi, nous voulons faire ce rêve maintenant, alors que dans tant d’endroits, le drame et l’injustice de la guerre causent tant de souffrances. Nous nous souvenons de nos frères et sœurs en Ukraine et ailleurs, où nos frères et sœurs servent les plus pauvres au péril de leur vie.

Le Prophète nous invite à marcher à la lumière de la Parole de Dieu pour réaliser nos rêves. Je crois que c’est la même invitation qui nous est faite à nous, Oblats, aujourd’hui : marcher à la lumière de la Parole de Dieu en suivant nos Constitutions et nos Règles. La première prédication du missionnaire est sa propre vie et chaque Oblat est un missionnaire et un pèlerin de l’espérance dans la communion quand il vit cet Evangile qu’il est appelé à partager avec les pauvres. Dans cette rencontre, nous devons nous demander si les propositions que nous faisons nous aideront tous à mieux vivre l’Évangile et à l’annoncer aux plus pauvres. En effet, Jésus vient à nous dans chaque pauvre que nous rencontrons et donc les pauvres nous évangélisent aussi et nous devons les écouter.

C’est ce que Jésus a fait dans l’Évangile que nous avons entendu. Jésus écoute un étranger, un soldat de l’armée d’invasion. Il lui demande de guérir son serviteur. Et Jésus finira par faire l’éloge de la foi : “Je n’ai pas trouvé dans tout Israël quelqu’un qui ait une telle foi”. Le centurion ne voulait pas que Jésus rompe avec ses traditions et entre dans une maison païenne. Mais il avait tellement confiance en Jésus qu’il pensait qu’il pouvait sauver son serviteur en disant simplement un mot. C’est pourquoi Jésus loue sa foi. Disons que le rêve de Jésus de guérir tout le monde sans frontière de patrie ou de religion rencontre la foi du centurion qui ose rêver le rêve de Dieu : même mon serviteur peut être guéri.

Avons-nous cette foi, croyons-nous que ce que l’Esprit Saint nous a fait rêver au Chapitre deviendra une réalité, avons-nous la foi que l’Esprit Saint nous pousse à changer nos épées en socs de charrue et nos lances en sécateurs, également pour prendre soin de notre maison commune ? Osons-nous rêver avec Jésus d’une Congrégation où la fraternité est au premier plan, où la mission nous rapproche des plus pauvres, où les communautés sont des signes prophétiques d’espérance pour le monde ? Osons-nous rêver de nouvelles et saintes vocations pour notre famille, de nouvelles vocations de frères oblats et d’un renouveau de notre vie consacrée ?

Nous aussi, nous pouvons dire : Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir dans ma maison, mais une parole de toi suffira à me guérir. Faisons confiance à Jésus et partons en pèlerinage dans l’espérance et la communion. Faisons confiance à Jésus pour qu’il nous inspire dans ce rassemblement et que nous osions rêver. Peut-être qu’aujourd’hui commence une nouvelle ère qui nous fait marcher dans une Église synodale, une nouvelle ère pour la congrégation si nous sommes capables de marcher de manière synodale. Que chacun de nous ose rêver et se mette à l’écoute de l’Esprit pour se mettre en route pour le bien de l’Église, pour le bien de la Congrégation, pour le bien des plus pauvres.

Parmi les bienheureux Oblats, il y a trois frères oblats qui ont donné leur vie pour être fidèles à Jésus. Au milieu de la persécution, ils ont su se mettre au service de leurs persécuteurs et mourir en pardonnant. Ils ont montré que leur foi est plus puissante que la mort et que leurs rêves missionnaires peuvent se réaliser lorsque nous donnons notre vie en oblation. Demandons leur intercession auprès du Père pour que nous soyons très ouverts à rêver les rêves de Dieu. Demandons leur compagnie à ce rassemblement pour nous aider à grandir dans la foi, l’espérance et la charité afin que nous soyons le levain des béatitudes au cœur du monde. Avec Marie Immaculée, saint Eugène et tous les autres bienheureux Oblats, marchons dans la lumière du Seigneur, confiants que sa parole nous guérira et nous conduira à proclamer la venue de Jésus pour nous sauver. Amen.