Naissance à Saint-André (Hautes-Alpes), le 17 janvier 1825
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 14 août 1842
Oblation à N.-D. de l’Osier, le 15 août 1843 (no 111)
Ordination à Marseille, le 8 avril 1848
Décès à Philipstown (Daingean), Irlande, le 15 septembre 1905.

Joseph François Arnoux est né à Saint-André, diocèse de Gap, le 17 janvier 1825. Il a été parmi les premiers junioristes à Notre-Dame de Lumières en 1840. Il a commencé son noviciat à Notre-Dame de l’Osier le 14 août 1842, où il a fait son oblation le 15 août 1843. De 1843 à 1848, il étudie la philosophie et la théologie avec les scolastiques au grand séminaire de Marseille. Au cours de ses vacances à Notre-Dame de Lumières en 1844, le père Ricard, supérieur, juge plutôt négativement les scolastiques et «n’accorde qu’à deux, au frère Chevalier et au frère Arnoux, de s’être bien conduits» (Fondateur au père Bellon, le 30 août). Mgr de Mazenod l’ordonne prêtre dans la cathédrale de Marseille, le 8 avril 1848 et l’envoie à Notre-Dame de Lumières pour exercer le ministère auprès des pèlerins.

Au mois de janvier 1847, lorsqu’il forme le premier groupe de missionnaires pour l’Orégon, le Fondateur pense y envoyer François Arnoux, mais c’est le père Pandosy qui est ensuite parti. Au printemps de 1849, il reçoit son obédience pour l’Angleterre après le refus du père Palle. «Quelle différence avec ce charmant père Arnoux qui n’a pas un seul mot à m’opposer, écrit le Fondateur au père Bellon à Maryvale, le 13 juin 1849. Il est parti satisfait pour cela seul que l’obéissance lui transmettait la volonté de Dieu. Vous avez là un excellent religieux qui mérite bien toute l’affection que je lui porte.» Il part en effet au mois de mai avec le père Charles Jolivet. Chaque fois qu’il le nomme, le Fondateur le qualifie de «bon religieux», «toujours si doux, si bon, si exemplaire.» Il aurait pu ajouter l’humble et discret père Arnoux car, au cours de ses 56 années de ministère en Angleterre, où il est souvent supérieur, il fait peu parler de lui. On l’oublie aussi après sa mort. Rien n’est publié à son sujet. On peut cependant le suivre dans ses obédiences et son ministère, grâce à sa correspondance, au Codex historique de Sicklinghall dans lequel son nom apparaît souvent, et par ses articles parus dans Missionary Record.

En Angleterre, le père est d’abord chargé de la quinzaine de novices et de scolastiques qu’on vient de placer dans l’ancien séminaire diocésain de Maryvale près de Birmingham, laissé depuis peu par Newman et des ministres récemment convertis. Le Fondateur lui écrit, le 20 juillet 1849: «Vous voilà donc installé dans votre sainte maison qui, j’en suis sûr, ne dégénérera pas entre vos mains de sa juste renommée.» Le père Arnoux connut personnellement Newman au cours de cette période (Missionary Record, 5, 1895, p. 390).

Lors de la division de la Congrégation en provinces en 1851, les pères Casimir Aubert et Robert Cooke sont nommés respectivement provincial et vicaire provincial; le père Arnoux leur est donné comme second conseiller. La maison de formation passe alors de Maryvale à Lys Marie (Sicklinghall). Pour raison de santé, le père Arnoux est envoyé à Everingham et demande à venir en repos en France où il demeure pendant quelques mois en 1853-1854. De 1854 à 1857, il travaille à Lys Marie où il est supérieur et maître des novices en 1856-1858, après le départ du père Gustave Richard pour l’Irlande et avant l’arrivée du père Prosper Boisramé. C’est ainsi qu’il donne l’hospitalité au Fondateur, lors de la visite de celui-ci en 1857, après être allé le rencontrer à Leeds. Nous lisons dans le Codex de Sicklinghall: «28 juillet… Oh! l’heureux moment du supérieur quand il embrassa et, comme lui, toute la communauté de Lys Marie embrassa notre bien-aimé Fondateur… Un étranger lui fit remarquer après cela «comment cette embrassade fut affectueuse»; ah! il ne connaissait pas la force des liens qui nous unissent à jamais!»

En 1856, le père Cooke, provincial, réussit à faire une première fondation en Irlande, à Inchicore près de Dublin. Après la mort du père Richard, le père Arnoux est nommé supérieur de cette communauté de 1858 au mois d’avril 1861. «Pendant qu’il était ici, lit-on dans le Codex historique d’Inchicore, il prit part à l’importante décision d’accepter l’invitation d’entreprendre le travail au pénitencier de Glencree.» Il en a fait le récit dans Missionary Record 12 (1902), p. 158-163. Le travail principal des Oblats à Inchicore fut celui des missions. En 1860, le père Vincens écrivait au père Arnoux: «Franchement les missions données par nos pères en Irlande rivalisent de succès avec celles données par le père de Mazenod et ses premiers compagnons en France. Je ne comprends pas comment le père Cooke et ses collaborateurs peuvent résister à un travail aussi accablant.» (De Mazenod Record 17, 1949, p. 19). Pendant son séjour à Inchicore, sa mère mourut et il retourna en France pour une brève période.

De 1862 à 1866, il est de nouveau directeur à Sicklinghall où la mission n’est plus qu’une résidence après le départ du noviciat. Il est chargé du ministère auprès d’environ 250 catholiques de la région, dispersés au milieu d’une population de plus de 5000 anglicans et protestants. En 1863, il reçoit le père Fabre en visite comme supérieur général. Il va souvent prêcher des missions avec le père Cooke et d’autres Oblats. En novembre 1865, il fait encore un voyage en France pour affaires de famille. Au retour, il est à Londres, le 12 décembre 1865, pour l’ouverture, par le cardinal Manning, de l’église temporaire des Martyrs anglais. À l’été 1866, il est nommé directeur de la maison de Kilburn, faubourg de Londres, remplaçant le père Crawley, malade. Il s’attache ensuite à cette maison où il demeure jusqu’en 1878. En 1876, il participe à la retraite des supérieurs à Autun. En 1878 et 1879 il est à Belmont en Irlande. D’après sa correspondance et les premiers Personnels, le père continue à s’occuper de pastorale dans diverses communautés: Rock Ferry en face de Liverpool (1879-1881), Kilburn (1881-1882), Sicklinghall (1882-1890), Inchicore (1890), Rock Ferry (1891-1895), Belmont House (1895-1900). Dans la revue Missions O.M.I. de ces années, on lit ceci: «Le R. P. Arnoux, notre doyen, se sanctifie dans la retraite du noviciat de Belmont»; «Arnoux socius du maître des novices, une des figures des plus vénérables de la province et aussi de la Congrégation.» À partir de 1901, il est membre de la communauté de Philipstown (pénitencier pour jeunes gens au centre de l’Irlande). Il est présent à la consécration de Mgr Matthew Gaughren, à Leith, en mars 1902. Il meurt à Philipstown le 15 septembre 1905, à l’âge de 90 ans. Il est enterré à Inchicore.

Dans sa correspondance surtout avec le père Fabre et par quelques articles publiés dans la revue Missionary Record of the Oblates of M.I., on apprend quelques détails sur lui-même et sur l’histoire de la province anglo-irlandaise. Dans le no 3 de cette revue (1894, p. 141) on le désigne par ces mots: «That treasure house of old traditions» (ce précieux gardien des vieilles traditions). Il apparaît surtout comme un homme humble et disponible. Il dit quelquefois à ses supérieurs qu’il est toujours prêt pour d’autres missions. On sait que le Fondateur a pensé à l’envoyer en Orégon, puis au Texas. En 1870, le père offre ses services comme chapelain dans l’armée française ou l’armée anglaise. Le 24 décembre 1889, le provincial lui annonce qu’il recevra bientôt une autre destination: remplacer ici et là des pères malades ou absents. Il répond: «Le soldat doit toujours être prêt pour la revue; il doit en être de même pour l’Oblat qui depuis tant d’années s’est placé sous la bannière de l’Immaculée Conception.»

En 1890, il se fait le porte-parole des pères d’Angleterre qui se plaignent de la mauvaise nourriture donnée aux scolastiques en Hollande. «Le procureur de la communauté réalise trop, aux dépens des santés, le sens littéral de son titre d’économe, écrit-il au père Fabre. On assure même qu’il donne aux pères et aux frères comme nourriture et boisson ce qu’il y a de plus mauvais dans le pays, à l’exception du fromage, attendu qu’il n’y en a pas de mauvais en Hollande.» Cela est connu et les vocations ne viennent plus. Il faudra ouvrir de nouveau un scolasticat en Irlande comme font les autres congrégations religieuses.

Au cours de ses dernières années le père Arnoux est plutôt pessimiste. Souvent il parle des problèmes qui se posent dans les maisons par manque de charité et de régularité. Le 4 juin 1891, il affirme même qu’il n’y a plus de vie religieuse dans plusieurs communautés et que, au vu de cette situation, les jeunes préfèrent entrer dans le clergé diocésain.

Yvon Beaudoin
et Michael Hughes, o.m.i.