1. Oblat en 1843
  2. Tournée de recrutement en Europe (1846-1848)
  3. À Saint-Pierre-Apôtre (1848-1864)
  4. Maladie et mort (1864-1865)

Naissance à Montier-en-Der (Haute-Marne), le 6 novembre 1796
Ordination sacerdotale à Rouen, le 31 mai 1828
Prise d’habit à Longueuil, le 1er août 1842
Oblation à Longueuil, le 2 août 1843 (no 107)
Décès à Montréal, le 21 novembre 1865.

Jean-Claude Léonard Baveux, connu au Canada sous le nom de père Léonard, est né à Montier-en-Der, diocèse de Langres, le 6 novembre 1796 (15 bru­maire, an cinq), de Marie Catherine Lefranc et Jean-Claude Baveux, cultiva­teur. Jeune encore, il perdit son père et sa mère et fut élevé par un oncle. Au sortir de l’école primaire, il travailla à la ferme. En 1815, au retour de Napoléon de l’île d’Elbe, Léonard fut enrôlé dans l’armée pendant quelques mois. Il suivit ensuite son chef d’escadron à Monistrol. À la suite d’une mission prêchée par le père André Coindre, il sentit naître en lui la vocation missionnaire, suivit les cours de latin d’un vicaire, puis continua ses études au petit séminaire de Monistrol et au grand séminaire du Puy. Il entra chez les Sulpiciens au début de 1828 et fut ordonné prêtre à Rouen, le 31 mai de la même année.

Il est immédiatement envoyé au Canada et demeure quelque temps au collège de Montréal. Il travaille ensuite à la réserve iroquoise d’Oka (lac des Deux-Montagnes) en 1829-1834, et à la paroisse Notre-Dame de Montréal en 1834-1840. En 1840-1841, il est secrétaire et collabo­rateur de Mgr Charles de Forbin-Janson, évêque de Nancy, durant sa tournée de prédication au Canada.

Oblat en 1843
Peu de temps après le départ de Mgr Forbin-Janson, les Oblats arrivent au Canada, le 2 décembre 1841. L’abbé Léo­nard les connaît et demande à devenir l’un deux afin de prêcher des missions parois­siales comme il l’a fait en 1826-1827, simple clerc, avec le père Coindre, puis avec l’évêque de Nancy en 1840-1841.

Il commence son noviciat le 1er août 1842 à Longueuil, où il fait son oblation le 2 août 1843. Postulant, en juillet 1842, il prend déjà part à la mission de Va­rennes, puis à plusieurs autres au cours de son noviciat. Dès le 11 juillet 1842, le père Honorat annonce au Fondateur l’en­trée de ce prêtre «missionnaire accompli […], d’une santé à toute épreuve, d’un caractère excellent et d’un zèle qui ne laisse rien à désirer.»

C’est grâce à son amitié avec monsieur Berthelet que celui-ci donne aux Oblats sa maison de Longueuil, où le père Léonard habite jusqu’à 1846. Au cours de ces années, il prend part à beaucoup de retraites et de missions prêchées par les Oblats. Partout il sait mettre de l’entrain, par sa prédication et l’animation du chant et des cérémonies.

Tournée de recrutement en Europe (1846-1848)
Le père Honorat et le père Guigues après 1844, premiers supérieurs des Oblats au Canada, demandent sans cesse des pères et des frères à Mgr de Mazenod. Celui-ci ne peut pas leur envoyer les missionnaires demandés puisque les besoins sont également grands dans les communautés et les œuvres de France et d’Angleterre. Le père Léonard n’ignore pas cette situation et, semble-t-il, se propose lui-même pour aller faire une tournée de recrutement en France et en Belgique. Avec la permission du père Guigues, il fait le voyage en Europe du 1er octobre 1846 au 20 juillet 1848. Il visite la plupart des séminaires de France et de Belgique, depuis la fin décembre 1846 jusqu’au mois de mars 1848. Il y avait eu 115 prises d’habit au noviciat de Notre-Dame de l’Osier de 1841 à 1847; il y en a autant en 1847 et 1848. La tournée du père Léonard est un succès. Plus de 100 séminaristes entrent au noviciat et une cinquantaine feront leur oblation. Avant 1847, la plupart des vocations venaient des diocèses du Midi de la France; après cette date, les novices arrivent de toute la France et de Belgique.

D’abord perplexe sur le succès de cette tournée à la suite d’habiles recruteurs, Mgr de Mazenod s’émerveille bientôt du nombre d’entrées au noviciat. «Quel homme êtes-vous donc? écrit-il le 2 avril 1847. Vous enfoncez toutes les portes et prenez les places à l’escalade. Rien ne vous résiste.» Au cours de l’été 1847, on ouvre un second noviciat à Nancy, celui de Notre-Dame de l’Osier est rempli. Le Fondateur parle alors du «cauchemar» et du «désespoir» du père Tempier qui n’a plus d’argent pour subvenir aux besoins des novices et des scolastiques. Sur les instances des pères Tempier et Vincens, en octobre 1847, le Fondateur demande au père Léonard de suspendre sa tournée. Mais, en novembre, il apprend qu’un recruteur aussi habile que le père Léonard est sur le point de parcourir les diocèses. Il écrit aussitôt au père, le 8 novembre: «À nouveaux faits, nouveaux conseils.» Il serait inutile de passer après un autre. «Il importe donc de le devancer. Graissez donc vos bottes, mon cher père Léonard, pour mieux dire: prenez en main votre croix et marchez à la conquête des sujets que la Providence nous destine…»

Le père arrête ses courses au mois de mars 1848, parce qu’il veut assister au sacre du père Guigues, nommé évêque de Bytown, parce que le père Tempier n’a plus d’argent, et aussi à la suite de la révolution de février 1848.

À Saint-Pierre-Apôtre (1848-1864)
À son retour au Canada, le père Léonard reçoit son obédience pour Saint-Pierre-Apôtre, à Montréal. Depuis longtemps, Mgr Bourget désirait établir les Oblats dans sa ville épiscopale. M. Pierre Beaudry, riche citoyen, lui donne un terrain au faubourg Québec, nouveau quartier de la ville, avec une nombreuse population. L’évêque cède ce terrain aux Oblats et c’est le père Léonard qui est chargé de la fondation oblate, succursale de l’unique paroisse de Montréal. Les Oblats ont le titre de prêtres desservants. En 1849, le père Baudrand est nommé supérieur de la communauté, mais le père Léonard demeure le responsable de la pastorale jusqu’en 1864. En 1851-1853, on construit une église néo-gothique que, dans une lettre à Mgr Guigues, le 1er septembre 1852, le père Léonard désigne comme «la plus belle du Canada». En 1854-1856, on construit un vaste presbytère.

En 1850, le père Léonard est élu délé­gué de la province au Chapitre général qui se tient à Marseille du 26 au 31 août. En 1851, il est nommé quatrième consulteur de la province.

Maladie et mort (1864-1865)
En 1863, le père Léonard commence à sentir les premières atteintes de la maladie qui l’emportera bientôt: l’hydropisie. Au début de 1864, le provincial le nomme directeur de la résidence du Sault-Saint-Louis (Kanawake), où la population est peu nombreuse et le travail pastoral beau­coup moins accablant.

Il conserve ce titre jusqu’à son décès, survenu le 21 novembre 1865 à l’Hôtel-Dieu de Montréal, où il est hospitalisé depuis la fin juillet. Son corps est exposé pendant deux jours dans la chapelle infé­rieure de l’église Saint-Pierre et, le 23 no­vembre, Mgr Guigues célèbre la messe des funérailles, entouré de nombreux prêtres et d’une foule considérable de fidèles qui appelaient le père Léonard «le Père du Faubourg.» Le défunt avait 69 ans. Son corps repose aujourd’hui dans le cimetière oblat de Richelieu.

Gaston Carrière
et Yvon Beaudoin, o.m.i.