1. Noviciat de 1863 à 1921
  2. Le scolasticat de la Province
  3. Maison pour vocations tardives 1934-1940
  4. Scolasticat de philosophie, 1940 à l971
  5. Scolasticat de philosophie et de théologie, 1971-1990
  6. La fermeture

Belmont House a été une maison de formation tout le temps que les Oblats l’ont occupée. Son histoire reflète, à travers les années, les hauts et les bas qu’a connus le recrutement des vocations et l’évolution constante de la formation qu’on y donnait.

A l’origine, la propriété était une villa de campagne de l’époque géorgienne (vers l790), dans le petit hameau de Galloping Green, Stillorgan, comté de Dublin, Irlande. Ce n’était pas, en fait, une très belle maison, mais le terrain (environ sept hectares) était grand et dominait toute la baie de Dublin, commandant «une des plus belles vues d’Europe», selon le provincial du temps, le père Robert Cooke (dans Sketches of the Life of Mgr de Mazenod, t. II, p. 317). Elle avait déjà servi d’école préparatoire au collège missionnaire All Hallows, de Dublin. Le père Joseph Fabre, supérieur général, a vu la propriété à l’occasion de sa visite de la province enI1863 et en a approuvé l’achat. Le 10 octobre de la même année, les Oblats en prenaient possession.

Noviciat de 1863 à 1921

La propriété de Belmont a été acquise pour servir de noviciat de la province Anglo-Irlandaise et aussi de juniorat. Elle est demeurée noviciat jusqu’à ce que, en I92l, l’expansion du nouveau scolasticat oblige à déménager les novices à Cahirmoyle, dans le comté de Limerick. Le juniorat a été transféré à Kilburn en octobre l88l (voir Missions, 51 (1913), p. 131.) Jusqu’à, 1862, le noviciat avait été à Lys-Marie, en Angleterre. Cette année-là, on l’avait déménagé à Glen Mary, dans le comté de Wicklow, en Irlande. Le père Fabre était d’avis que Glen Mary était trop petit et trop loin de Dublin (voir Missions, 3 (1864), p.531).

De 1863 à 1921, quelque 492 novices, dont l7l frères, ont pris l’habit à Belmont (voir Missions, 73 (1939), p.22s).

Le premier supérieur et maitre des novices, de 1863 à 1868, a été un français, le père Prosper Boisramé. Ses rapports mensuels au supérieur général sur les novices sont conservés dans les archives générales de Rome, avec ceux de ses successeurs, les pères Timothy Gubbins (1868-1878 – 1882-1887), Thomas Dawson (1878-1882). La lignée des maîtres des novices s’est poursuivie avec les pères Edmond Peytavin (1887-1889), Daniel McIntyre (1889-1900), John Foley (1900-1901), Thomas Leahy (1901-1902) J. Patrick Newman (1902-1913), Joseph Danaher (1913-1921).

On peut avoir une idée de l’atmosphère qui régnait dans cette maison les premiers temps en relisant ces souvenirs: «Le père Newman…, qui était du premier groupe, avait l’habitude de raconter comment toute la communauté parcourait entièrement à pied la distance de Glen Mary à Belmont en récitant le chapelet. Au passage de la communauté à travers le petit village de Cabinteely, la cloche de l’église sonnait dans l’air du soir et tous se joignaient à la récitation publique de l’Angélus» (voir John Collins, «Belmont Over the Years», dans De Mazenod Record, 1963, p.4-8.) Le père Boisramé racontait lui-même comment cette marche était faite pour gagner des grâces pour la vie de la communauté de sa nouvelle maison. En badinant, il disait voir, dans l’averse qui les avait trempés durant le parcours, un signe que la prière des novices était exaucée!

La chapelle donne une autre indication de l’esprit de la communauté. Elle a été consacrée le 20 décembre 1887 par Ms Donnelly, grâce aux efforts du père William Ring et à l’aide des associés du premier pèlerinage national irlandais à Lourdes, que commémorent des plaques de la chapelle. Elle était dédiée à Notre-Dame de Lourdes et aurait été la première chapelle à l’être en Irlande. Admirée comme un bel exemple de style néogothique, ses vitraux révèlent quelle était la piété des Oblats de l’époque et l’esprit qu’ils voulaient transmettre aux novices. Les vitraux de la nef présentent quatre grands fondateurs: saint François d’Assise, saint Bernard, saint Vincent de Paul et saint Dominique. On y trouve aussi saint Simon Stock, carme anglais, et saint François Xavier, patron des missions. Dans le sanctuaire, saint Pierre et saint Jean, sont accompagnés, d’un côté, par le saint gallois Winifred et la sainte écossaise Margaret, et, de l’autre côté, par saint Charles Borromée et saint Alphonse de Liguori, qui ont influencé le Fondateur. Une niche située au-dessus du maître-autel surplombe le tout, celle de Notre-Dame de Lourdes. L’ensemble illustre l’orientation de la mission de la province en Angleterre, au pays de Galles et en Écosse comme en terres étrangères, et sa dévotion principale à Notre-Dame de Lourdes (voir Katherine Tynan, Missionary Record, 1891).

Pour avoir une connaissance plus approfondie de cette communauté, on devra attendre que l’on fasse l’étude, par exemple, des notes du père Boisramé. La spiritualité personnelle de celui-ci allait être ramassée dans ses livres de méditations utilisés par des générations d’Oblats de langue française.

Lorsque le père Ring devient provincial en 1883, il trouve Belmont dans le marasme, avec peu de vocations et une bâtisse dans un état de délabrement sérieux. Il fait de la formation sa priorité, trouve de l’argent et remet la maison à neuf. On a dit qu’il avait sauvé Belmont (voir Mission, 1939, p.227). Il ne réussit pas sur un point, cependant, celui de changer le nom de la maison de Belmont en celui de Lourdes. Les notes du maitre des novices portent cet entête, mais le père Fabre s’oppose à ce changement et la maison conserve le nom de Belmont. Le père Ring est nommé supérieur en 1887; cette fonction est alors séparée de celle de maitre des novices.

Le scolasticat de la Province

Après leur noviciat, les scolastiques poursuivaient leurs études en France. Ce n’est pas sans difficulté qu’un scolasticat de la province a vu le jour à Belmont entre les années 1900 et 1920.Le père Joseph Danaher peut être considéré comme son architecte. Il en raconte l’histoire dans une lettre du 18 juillet l920 à Mgr Dontenwill: «Dès 1900, on avait décidé d’offrir à Belmont un cours de philosophie d’une durée de deux ans, de sorte que les étudiants puissent obtenir leur baccalauréat ès arts de la vieille université Royale. Il n’était pas nécessaire d’assister aux cours pour obtenir le diplôme. C’était un diplôme universitaire sans formation universitaire; il avait très peu de valeur. Mais à l’époque, on ne pouvait obtenir mieux. En 1900-1901, cinq scolastiques ont fait leur philosophie à Belmont. En 1901- l902, il y en avait neuf. En 1902-1903, ils étaient six. En septembre 1903, plus rien ne fonctionnait. Le cours de philosophie sera rétabli exactement sur les mêmes bases en 1907. En 1907-1908, il y avait trois scolastiques, en 1908-1909, six, en 1909-1910, six, en 1910-1911, sept, en 191l-1912, dix et en 1912-1913, trois. Entre temps, l’Irlande obtenait une université nationale dont le règlement devait entrer en vigueur en 1912-1913. Dorénavant, seuls ceux qui assistaient aux cours de la nouvelle université pouvaient se présenter aux examens. Lors de la session du conseil provincial tenue à Londres en août 1913, on a décidé de supprimer le cours de philosophie à Belmont et d’envoyer tous les scolastiques à Liège pour la philosophie et la théologie […] En 1912, j’ai suivi le cours de philosophie de l’université de Dublin et l’ai trouvé excellent. Peu à peu, j’ai acquis la conviction qu’il était essentiel pour le bien-être de la province d’avoir notre propre scolasticat. La décision prise par le conseil provincial, en août 1913, de le supprimer a produit un effet foudroyant et causé une grande déception. Comme votre Grandeur s’en souviendra, dans la première partie de l’année 1914, la question entière d’un scolasticat pour la province britannique a été soulevée de nouveau. Après bien des échanges de lettres et des discussions sur le sujet, les plus hautes autorités de la Congrégation ont décidé d’accorder à la province britannique la permission d’établir définitivement son propre scolasticat. En septembre 1914, nous recommencions avec sept scolastiques. En 1915-1916, encore sept. En l916-1917, dix. En 1917-1918, treize. En 1918-1919, nous avions dix-huit scolastiques et en 1919-1920, nous en avions vingt-trois.»

Le 4 avril 1920, jour de Pâque, Mgr Miller pouvait ordonner à la prêtrise, dans la chapelle de Belmont, cinq scolastiques qui avaient fait toutes leurs études à Belmont: les pères Conway, Ahearne, Gaffney, Doherty et Long. Le besoin d’espace s’est bientôt fait sentir: «Il y a cinq novices scolastiques de sorte que la maison est pour le moment à toutes fins pratiques pleine. On doit prévoir certains agrandissements dans un proche avenir. Nous pourrions présentement bâtir une aile à assez bon compte grâce à certains frères qui possèdent un métier. Et ceux qui sont bien placés pour le savoir disent que c’est ce que nous devrions faire. Je suis entièrement de cet avis» (Joseph Danaher à Mgr Dontenwill, le 25 février 1917, A.G., dossier Belmont). On a donc ajouté une grande aile sur le côté est de la maison en 1917, avec dortoirs, salles d’étude et réfectoire au sous-sol. Le frère Gilbert Gallagher, M. Joe Rothwell de Rockferry et le frère Patrick McIntyre dirigeaient les opérations et les scolastiques apportaient leur aide.

De 1921 à 1934, seul le scolasticat a occupé Belmont. Ce fut l’âge d’or de la maison, marqué par le supériorat du père Joseph Danaher de 1915 à 1930. Le père William O’Connor a été le premier professeur de philosophie. Les cours de théologie ont commencé vers 1917. Des ordinations ont eu lieu chaque année, sauf en 1922.

Mgr Augustin Dontenwill, supérieur général, a fait la visite canonique de la maison en 1923 (voir Missions, 51 (1923), p. 625-626).

Le cercle De Mazenod a été fondé en 1925 à Belmont. Encouragé par le supérieur général, le provincial et Ms Ovide Charlebois, entre autres, ce groupe d’étude se consacrait à la collecte de documents d’archives sur la province et sa mission (voir De Mazenod Record).

Mgr Patrick Whelan, archevêque de Bloemfontein, qui a reçu sa formation à Belmont, s’exprimait ainsi: «Comme le reste de mes contemporains, je peux dire en vérité que je connaissais Belmont comme ma poche. A une époque ou l’autre j’ai nettoyé et fait briller les parquets et les carreaux, ce qui était toujours une tâche plus frustrante que n’importe quel problème de métaphysique. Pour le meilleur et pour le pire, j’ai peint la cuisine et un des dortoirs […] Les travaux manuels extérieurs me plaisaient toujours, surtout durant les mois froids et gris de l’hiver. Arracher les pommes de terre, les navets et les betteraves, faire les foins, même mettre un anneau au groin de la truie […] toutes ces activités semblaient nous nettoyer l’esprit et nous rafraîchir les idées sur la vie en général et sur celle du scolasticat en particulier […] » (Cité par COLINS, John, dans « Belmont Over the Years », De Mazenod Record, 1963, p. 4-8).

Maison pour vocations tardives 1934-1940

La communauté du scolasticat devenait trop considérable pour la maison de Belmont. En 1932, les théologiens quittaient, suivis en 1934 par les philosophes. Les premiers sont allés à Jersey, puis, en 1934, à Daingean, dans le comté d’Offaly, où les philosophes les ont rejoints. Belmont est devenu la maison pour les vocations tardives, institution créée cinq ans plus tôt à Saint Kevin’s, Glencree, et connue sous le nom de collège Notre-Dame des Apôtres.

Le père Eugene Doherty a été, pendant six ans, la figure dominante de Belmont. Dans son rapport de 1938 au provincial, on apprend qu’on enseignait aux candidats «le latin, le grec, l’anglais, l’irlandais, les mathématiques, la chimie, l’histoire, l’apologétique, le dogme catholique, la liturgie, les cérémonies liturgiques, le plain-chant, la diction et les exercices physiques». Jusqu’à 1938, les candidats au noviciat passaient un examen d’aptitude composé par les professeurs de la maison et soumis à des examinateurs externes. À partir de 1938, on a adopté les examens de fin d’études de l’université d’Irlande comme norme d’acceptation au noviciat. Cette même année, six des huit candidats qui s’étaient présentés se sont qualifiés (voir Missions,70 (1936), p. 117-119).

L’année scolaire durait de septembre à juin, avec des vacances à Noël et en été. Les étudiants publiaient une revue intitulée Belmont Annals.

Le cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve a visité la maison en 1935 (voir Missions, 69 (1935), p. 609).

La communauté oblate était constituée, pendant ces années, des pères William Doyle, James Glasheen, Columba Hennessy, Michael O’Dwyer, Thomas Fahy et des frères Maurice O’Dea, Martin O’Connell, John McGovern.

Scolasticat de philosophie, 1940 à l971

Belmont est redevenu un scolasticat de philosophie en 1940. On a beaucoup discuté de l’avenir de Belmont vers 1950. Devait-on réunir tous les scolastiques à Piltown? Si oui, que faire de Belmont? Le père Daniel Collier, par exemple, a fait trois propositions: « une maison de formation de missionnaires (missions et retraites à l’intérieur), un noviciat pour les frères, où on accepterait des garçons d’environ seize ans et on leur apprendrait un métier tout en leur donnant une formation religieuse. Enfin, une maison pour l’Association, qui serait à elle seule. » En 1949, une partie du juniorat a occupé temporairement la maison pendant qu’on agrandissait celle de Belcamp et que les philosophes se retrouvaient temporairement à Piltown. Le père W. Francis O’Connor a mis de l’avant un projet qui aurait donné un caractère permanent à cette organisation et établi un juniorat pour les élèves plus avancés, mais le provincial ne l’a pas accepté.

Les philosophes revenaient en 1954. On a rallongé l’aile est de 1955 à 1958, pour y faire d’autres dortoirs, des salles d’étude et de récréation. Les travaux ont été accomplis par les frères Patrick McIntyre, John Hickey et Francis Flanagan, avec l’aide des scolastiques.

En 1960, lors d’une opération faite avec goût, on agrandissait la chapelle pour répondre au nombre grandissant de scolastiques.

Le père Léo Deschâtelets, supérieur général, a visité Belmont à l’occasion des célébrations de son centenaire et accordé aux scolastiques un mois de vacances dans leur famille durant l’été.

Le style de vie était très simple à Belmont. Pour les scolastiques et les frères en particulier, c’était encore une vie confinée principalement à la maison elle-même. L’horizon des scolastiques n’était pas compliqué; une vie régulière de prière et d’étude, de marches, de randonnées et de sport. Cela devait changer de façon drastique à la fin des années 1960, avec le début d’une période pénible d’expériences et de recherches.

Les supérieurs et directeur du scolasticat à cette époque ont été les pères Joseph Danaher (1940- 1946), Denis Bowes (1946-1952), Peter O’Neill (1952-1958), Michael McGough (1958-1964), John C. Daly (1964-1967) et Matthias O’Shea (1967-1970).

Pendant cette période, la communauté a connu quelques personnages remarquables. Mentionnons les pères Henry Lennon, Patrick McGouran, James Glasheen, John Delany, William F. O’Connor, John McCarthy, Francis Forde, John Collins, Gerard Hanley, Luke Griffin, Edward Dunphy, Brian de Burca, les frères John McGovern, James Carney, Patrick McIntyre, Hugh Dwan, James Reynolds, John Hickey, Francis Flanagan et John Delaney.

Scolasticat de philosophie et de théologie, 1971-1990

Dans le climat qui prévalait dans l’Église à la suite du concile Vatican II et à une époque où une baisse importante du nombre de scolastiques mettait en jeu la survie de Piltown, plusieurs ont plaidé en faveur de Dublin comme le meilleur endroit pour faire des études théologiques et acquérir une préparation pastorale. En 1971, les théologiens rejoignaient de nouveau les philosophes à Belmont. Ce déménagement a exigé aussi que l’on agrandisse l’édifice: trois pavillons, séparés du corps principal ont été construits en 1971, deux devaient servir de résidences pour les scolastiques, la troisième étant réservée aux sœurs de la Sainte-Famille. Une communauté des sœurs de la Sainte-Famille a suivi les théologiens de Piltown à Belmont. Jusque-là les frères oblats avaient assurés tous les services de la maison en plus de cultiver la terre. Les sœurs ont pris charge de la cuisine et de la maison. Leur pavillon servait aussi à l’occasion de maison de formation pour les religieuses.

En 1968, avec la constitution, à Milltown Park, Dublin, d’un regroupement des congrégations religieuses établies dans cette ville, regroupement connu sous le titre de Milltown Institute of Theology, les cours de philosophie donnés à la maison ont cessé; certains étudiants ont cependant continué d’aller à l’université Nationale pour la philosophie. Lorsque les théologiens sont arrivés de Piltown, ils ont poursuivi leurs études au Milltown Institute.

Jugée dangereuse, la villa originale d’époque géorgienne était démolie en 1975 et remplacée par un édifice pourvu de chambres individuelles, de salles de récréation et de réception, d’une cuisine moderne et d’un grand sous-sol pouvant contenir la grande bibliothèque de la maison. On rénovait en même temps le déambulatoire reliant l’édifice à la chapelle.

Pendant ce temps, le nombre de membres de la communauté variait. Une partie de l’aile servait d’hébergement pour les étudiants laïques de l’université Nationale à la fin des années 1970. Belmont est devenu pendant un certain temps une maison de formation à tout faire où logeait le premier prénoviciat de la province de 1979 à 1983. Les novices de l’année 1983-1984 ont demeuré aussi à Belmont avant que le noviciat ne déménage, en 1985, dans les nouveaux locaux de Belcamp. Le maître des novices était le père Michael O’Connor, assisté du père Anthony Bissett. Les directeurs du prénoviciat ont été les pères McEvoy et Hynes. Belmont a aussi servi de maison de retraite pour les Oblats malades et âgés dans les années 1980; on avait engagé un personnel à temps partiel pour les soins infirmiers.

Le genre de vie régulière que la maison avait connu jusque-là est disparu. Le présent article n’a pas pour but d’étudier l’évolution de la formation et de la vie religieuse elle-même, mais on peut rappeler ici, d’une façon générale, les changements vécus dans cette communauté de formation. Disparue la table d’honneur; disparu aussi le port quotidien de la soutane et de la croix. Les scolastiques avaient plus de liberté pour les sorties. Ils allaient à Milltown, assumant des tâches pastorales dans la ville ou ailleurs. Ils allaient travailler l’été dans les maisons oblates de Grande-Bretagne ou encore passaient les vacances dans leurs familles. La lecture des journaux n’était plus interdite. La télévision devenait d’un usage courant. Les réunions consacrées à l’établissement et à la révision de ce nouveau style de vie prenaient beaucoup de temps. L’acceptation du rôle actif des scolastiques dans la vie de la province a été un des points saillants du congrès provincial de 1987, dont certaines sessions préparatoires avaient eu lieu à Belmont. On a eu recours aux talents des scolastiques qui ont surpris par leur efficacité. L’autel de marbre blanc, consacré par Mgr Gaughren d’Australie alors qu’il était en Europe pour le Chapitre général de 1898, a été remplacé par un simple autel de bois qui permettait au célébrant de faire face à l’assemblée. La guitare a remplacé l’orgue. Il y a eu beaucoup de départs du scolasticat à toutes les étapes. Les ordinations se sont faites de plus en plus rares. On parlait d’«éducateurs» au lieu de «professeurs». Des prêtres et des scolastiques des autres provinces sont venus de plus en plus nombreux à Belmont pour étudier la langue. En 1987, on a envoyé des scolastiques en «régence» en Grande-Bretagne y faire un stage d’un an. Ce ne sont là que quelques-uns des signes de la transformation qu’a connue alors la vie oblate et qui a affecté la communauté de formation de Belmont.

Les supérieurs du scolasticat ont été, pendant cette période, les pères Colm Hennessy (1970-1973), Malachy Sheehan (1973-1979) Edward McSherry (1979-1985), Michael Hughes (1985-1989), Maurice O’Connell (1989-1990) et Antoin Hanley (1990-1991). La communauté comprenait les pères Brian McNamee, Francis Dromey, Luke Griffin, Desmond O’Driscoll, Raymond McEvoy, Patrick O’Toole et les frères Michael Dunne, Daniel Casey, Dan Foley, O’Doherty, James Conroy, Thomas Cosgrove, John Hickey, James Curtin, William Kelly, Seamus Walsh et Teigh Cronin.

Le père Marcello Zago, supérieur général, a visité Belmont lorsqu’il prit part au congrès provincial de 1987. Les provinciaux d’Europe s’y sont réunis en 1988.

La ville de Dublin était alors en pleine expansion, englobant la campagne autour de Galloping Green. Le chemin devant la grille est devenu une route moderne. Une grande partie du terrain a été vendu pour la construction domiciliaire en 1987.

La fermeture

L’année 1989 a été un point tournant pour Belmont. Cette année-là on a pris la décision de déménager le scolasticat dans des locaux plus petits situés dans des quartiers plus pauvres de Dublin.

Ce qu’on voulait en premier lieu, c’était une nouvelle résidence pour les scolastiques qui revenaient de régence. On avait compris que leurs besoins étaient différents de ceux qu’ils avaient avant leur régence. Ils désiraient un style vie communautaire qui leur laisserait une plus grande responsabilité personnelle et leur permettrait un plus grand engagement dans le ministère.

Une décision plus radicale est vite venue devancer ces projets, celle de déplacer tous les scolastiques de Belmont. Les raisons apportées étaient diverses. Belmont était une propriété trop grande pour un groupe réduit de scolastiques. Depuis son acquisition, le quartier s’était enrichi au cours des ans et convenait moins à la présence d’un scolasticat oblat. Le Chapitre de 1986 avait dit: «Pour une expérience concrète de la pauvreté, nos maisons de formation seront situées, autant que possible, en milieu pauvre et seront caractérisées par un style de vie simple» (Missionnaires dans l’aujourd’hui du monde, n° 160).

Les scolastiques plus âgés déménagèrent, en octobre 1989, au 72, rue Sean McDermott, à Dublin. Les autres devaient déménager, en décembre 1990, sur le cours Goldenbridge, à Inchicore.

De leur côté, les sœurs de la Sainte-Famille décidaient, pour des raisons de mission, de se retirer en juillet 1989.

Finalement, le provincial en conseil, après avoir étudié la question des propriétés de la province à Dublin, a jugé que Belmont n’était plus nécessaire et devrait être vendu. Le supérieur général supprima canoniquement la maison. La vente a eu lieu le …………..

En 1891, les scolastiques de la Congrégation qui demeuraient alors à Belcamp devaient déménager en Hollande. Avant de quitter, ils se sont rendus à Belmont faire leurs adieux aux novices. Dans la tristesse du départ, le père Charles Tatin, provincial, leur a dit: «Il est bon que de temps en temps le souffle de l’obéissance nous fasse changer de place, de peur que nous ne prenions racine quelque part. Ne nous attachons jamais à rien et n’imitons pas l’escargot qui traîne sa coquille après lui» (dans Missions, 29 (1891), p. 491).

Exactement cent ans plus tard, ces paroles s’appliquaient encore!

Michael Hughes, OMI