Naissance à Pont-en-Royans (Isère), le 7 octobre 1816
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 14 août 1841
Oblation à N.-D. de l’Osier, le 15 août 1842 (no 95)
Ordination sacerdotale à Longueuil, le 29 septembre 1844
Décès à Montréal, Canada, le 27 juin 1866.

Alexandre Auguste Brunet fréquenta le collège de Saint-Marcellin et le petit séminaire de Côte-Saint-André au diocèse de Grenoble, France. En 1837, il entra dans l’armée mais la quitta l’année sui­vante et termina ses études au petit séminaire. Admis au noviciat des Oblats à Notre-Dame de l’Osier le 14 août 1841, Brunet y prononça ses vœux perpétuels le 15 août 1842 et commença ses études théologiques. Il fut envoyé au Canada à la fin de 1843, et Mgr Ignace Bourget l’or­donna prêtre à Longueuil le 29 septembre 1844.

Le père Brunet fut, avec le père Eusèbe Durocher, l’un des deux premiers Oblats à travailler à la difficile mission des chantiers de la Gatineau et de l’Outaouais. Il s’y rendit dès janvier 1845, mais en novembre il retourna à Longueuil pour s’adonner aux missions paroissiales. Rappelé dans la mission des chantiers en 1849, le père Brunet résida à Bytown (Ottawa), où il exerça son ministère auprès des jeunes bûcherons lors de leur passage dans la ville, s’occupa de la direc­tion des séminaristes, dispensa quelques cours au collège de l’endroit et prit en charge la prédication et l’aumônerie de la maison mère des Sœurs Grises. Son travail de prédilection s’accomplissait dans les chantiers auprès des employés qu’il visitait régulièrement et qu’il appelait ses «chers enfants». Brunet a laissé un petit manuscrit intitulé Le Guide des voyageurs… et dédié à Mgr Joseph Bruno Guigues, évêque de Bytown. L’ouvrage, rédigé après 1848, comprend une série de cantiques, une espèce de traité sur les «devoirs temporels et spirituels du voyageur» et les «exercices religieux du voyageur». Les cantiques, composés sur des airs connus comme: Quand Marianne s’en va au moulin ou Un Canadien errant, manifestent de la part du missionnaire un souci d’adaptation à la mentalité de ses fidèles. En raison de sa mauvaise santé, le père Brunet dut interrompre son ministère en septembre 1855. Il se rendit à la rési­dence oblate de Saint-Pierre-Apôtre de Montréal pour s’adonner de nouveau à la prédication populaire au Canada et dans plusieurs diocèses américains.

Au moment où la prédication de Charles Pascal Télesphore Chiniquy dans l’Illinois enlevait des fidèles à l’Église catholique, Mgr Anthony O’Regan, évêque de Chicago, s’adressa à Mgr Bourget pour obtenir de l’aide. Celui-ci transmit la demande aux Oblats qui hésitèrent quelque peu, alléguant l’éloignement de la mission et le manque de sujets; finale­ment, les pères Lucien Antoine Lagier et Brunet furent envoyés en octobre 1858 pour combattre le schisme. Ils exercèrent d’abord leur apostolat à Bourbonnais, puis Brunet se rendit à Kankakee tandis que Lagier se chargeait de la mission de Sainte-Anne (Saint Anne, Illinois). À la suite de leur prédication, «à peu près 150 schismatiques» revinrent à la pratique religieuse catholique. Alors que les missionnaires se préparaient à revenir au Canada, Chiniquy fit arrêter le père Brunet «sous le prétexte menteur, écrivit le Canadien, que le révérend Père l’avait accusé d’avoir fait brûler l’église de Bour­bonnais en 1853». Grâce au cautionne­ment de plus de 2000» fourni par les catholiques de Kankakee, Brunet put revenir sans délai au Canada.

Cependant, Chiniquy poursuivit Brunet en diffamation à la Cour de circuit de Kankakee qui fixa le procès au 13 avril 1859. Le missionnaire fut condamné à payer en dommages et intérêts à Chiniquy la somme de 4 625$. On interjeta appel et un nouveau procès eut lieu en janvier 1860. Le jury maintint le verdict de culpa­bilité tout en réduisant à 2 500» la somme à payer. L’évêque de Chicago décida alors de porter la cause devant la Cour suprême des États-Unis, mais abandonna plus tard son projet. Brunet, s’étant déclaré insol­vable, dut se constituer prisonnier en mai 1861. Il forçait ainsi Chiniquy à payer sa pension en prison au lieu de lui verser le dédommagement fixé par le juge. Après trois mois de réclusion, un brave catho­lique réussit à faire évader le père qui rentra à Montréal. L’affaire ne semble pas avoir eu de suite.

Même si son incarcération contribua beaucoup à ruiner sa santé déjà ébranlée, Brunet n’en continua pas moins sa prédi­cation jusqu’au moment où il fut atteint de paralysie en 1866. À sa mort en juin, il laissait le souvenir d’un homme jovial et simple qui s’était fait remarquer par son ardeur au travail.

Gaston Carrière, o.m.i.