1. Au noviciat des Oblats (1846-1847)
  2. Aux États-Unis
  3. Deux Oblats dans l’Illinois. Le père Brunet en prison
  4. Apostasie. Dernières années

Charles Chiniquy naît à Kamouraska (Bas-Canada), le 30 juillet 1809. Il étudie au séminaire de Nicolet et est ordonné prêtre le 21 septembre 1833. Après avoir été vicaire dans quelques paroisses, Mgr Joseph Signay, archevêque de Québec, lui confie en 1838 la cure de Beauport où il fonde une société de tempérance à laquelle adhèrent beaucoup de paroissiens. En 1842, l’archevêque le transfère à Kamouraska où il s’occupe des écoles et prêche avec succès la tempé­rance dans sa paroisse et dans les environs, jusqu’à Montréal. Il publie en 1844 un ouvrage intitulé Manuel ou Règlement de la société de tempérance dédiée à la jeunesse canadienne.

Au noviciat des Oblats (1846-1847)
Le 28 octobre 1846, Chiniquy com­mence son noviciat chez les Oblats à Longueuil. Il annonce cette décision à Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, le 28 août 1846, en lui demandant «de prier le Dieu des miséricordes de me pardonner les fautes sans nombre que j’ai commises dans ma vie de curé, fautes qui méritent des larmes de sang». Il avait en effet scandalisé les fidèles par une conduite licencieuse. À ses paroissiens, il justifie son geste en disant que chez les Oblats il aura une armée de collaborateurs pour prêcher la tempérance. Même motivation dans une lettre du 9 décembre 1846 dans laquelle il invite M. Mailloux, un de ses amis prêtres qui prêche des missions, à le joindre chez les Oblats: «S’il savait, est-il dit, ce que la discipline donne de force, [comment] l’union, l’entente, la charité qui règnent dans une communauté, multiplient les moyens de convertir les peuples…»

Au cours de son noviciat, il écrit à des amis pour exprimer son bonheur. À M. Cazeau, vicaire général de Québec, il dit par exemple le 6 décembre 1846: «La so­litude et le silence du cloître sont encore ce qu’elles ont toujours été, le séjour le plus beau pour tout homme, mais surtout pour le prêtre qui ne veut s’occuper que de sa grande affaire […] J’ai sous les yeux tous les jours des exemples admirables de toutes les vertus, et il n’y a pas de livre ni de discours comme l’exemple pour aider à pratiquer la vertu…»

Au cours du noviciat Chiniquy va plusieurs fois à Montréal pour faire imprimer la seconde édition de son Manuel de tempérance. On décide pour cela de prolonger son temps de probation (Chiniquy à Cazeau, le 14 novembre 1847). Au début de 1847, il est question de la nomination du père Bruno Guigues à l’épiscopat comme premier évêque de Bytown. La plupart des Oblats du Canada sont mécontents de cette nomination de leur supérieur qu’ils jugent indispensable à la communauté. Ils écrivent à Mgr de Mazenod contre ce projet, ce que fait également le novice Chiniquy dans une «lettre déplacée» qui déplaît fort au Fondateur. Au conseil général, le 15 décembre 1847, on ne l’admet pas à la profession. Chiniquy avait cependant déjà décidé de ne pas faire son oblation. Il avait écrit à M. Cazeau, le 6 décembre 1847, qu’il était sorti du noviciat: «Pour moi, disait-il, il n’y a plus de maison religieuse du jour où le supérieur laisse le nom et la qualité de père pour prendre celui de Seigneur…» Il ajoutait cependant: «Au reste, je ne pourrai jamais assez bénir le bon Dieu de la grâce qu’il m’a faite de me faire passer 14 mois dans la solitude, partagés entre la prière, l’étude et la méditation.»

À sa sortie du noviciat, il se retire chez son ami l’abbé Louis Moïse Bras­sard, curé de Longueuil, et demande à Mgr Bourget de pouvoir travailler dans le diocèse de Montréal. Il parle ensuite contre les Oblats et exerce une mauvaise influence sur le curé Brassard qui ne veut plus s’occuper des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie tant que le père Allard y demeurera le conseiller spirituel.

Aux États-Unis
De 1848 à 1851, Chiniquy prêche avec beaucoup de succès en faveur de la tempérance dans le diocèse de Montréal, où il est connu et au faîte de la popularité. En 1851 cependant, pour des raisons semblables à celles qui ont expliqué ses départs de Beauport et de Kamouraska, Mgr Bourget lui demande de quitter son diocèse. C’est alors que Mgr James Oliver Van de Velde, évêque de Chicago, de passage à Montréal, invite Chiniquy à tra­vailler auprès des Canadiens de langue française de son diocèse. Il s’installe à Sainte-Anne dans l’Illinois où il construit une église, un presbytère, une école; il est bientôt entouré de 10 000 Canadiens, mais est critiqué par ses confrères des paroisses environnantes et la discorde s’installe dans la région. Mgr Anthony O’Regan décide de l’envoyer dans une autre paroisse. Chiniquy refuse d’obéir. En 1856, l’évêque le suspend, puis l’excommunie. En 1858, Mgr James Duggan, successeur de Mgr O’Regan, confirme l’excommunication.

Deux Oblats dans l’Illinois. Le père Brunet en prison
En 1856, Mgr O’Regan invite Mgr Bour­get à lui envoyer quelques prêtres pour contrecarrer l’influence de Chiniquy sur ses fidèles. L’évêque de Montréal envoie deux amis de l’apostat: les abbés I. S. Lesieur-Desaulniers et L. M. Brassard et demande quelques Oblats que Mgr Gui­gues ne peut pas envoyer dans l’immédiat. En 1858, ce sont des amis du diocèse de Québec, les abbés L. T. Bernard et A. Mailloux qui partent pour l’Illinois ainsi que deux Oblats, les pères Lucien Lagier et Augustin Albert Brunet. Les Oblats prêchent à Sainte-Anne, Bourbonnais et Kankakee. Leurs missions ont un grand succès et environ 80 familles sont retirées du schisme.

Avant leur retour à la fin de 1858, Chiniquy a l’audace de faire arrêter le père Brunet sous le prétexte que celui-ci l’au­rait accusé d’avoir fait brûler l’église de Bourbonnais en 1853. À la suite de quelques procès, à l’audience du 9 février 1960 le père Brunet est condamné à payer une forte somme à Chiniquy, de même que les frais du procès. Il se déclare insol­vable et se constitue prisonnier à Kanka­kee. Il entre en prison le 13 mai 1861. Un ami l’aide à s’évader le 26 août suivant.

Apostasie. Dernières années
En 1858, Chiniquy quitte l’Église catholique, devient ministre dans l’Église presbytérienne et entraîne avec lui beaucoup de fidèles. Il écrit et prêche au Canada et aux États-Unis contre l’Église catholique, ses dogmes et ses sacrements. Il se marie en 1864. Après avoir voyagé, publié des ouvrages et prêché contre Rome en Angleterre, Australie, Nouvelle Zélande, etc., il retourne passer ses dernières années à Montréal, où il meurt impénitent le 16 janvier 1899.

Yvon Beaudoin, o.m.i.