Naissance au hameau de Crossac (Haute-Loire), le 15 décembre 1821
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 24 février 1847
Oblation à N.-D. de l’Osier, le 27 février 1848 (no 184)
Ordination sacerdotale à Ottawa, le 29 octobre 1848
Décès à Ottawa, Canada, le 1er août 1884.

Jean François Régis Déléage fréquen­ta le petit séminaire de Monistrol-sur-Loire, Haute-Loire, et le grand séminaire du Puy avant d’entrer au noviciat des Oblats à Notre-Dame de l’Osier, Isère, France, le 24 février 1847, où il fit profes­sion le 27 février 1848. Il termina ses études théologiques à Montréal et y fut ordonné prêtre, le 29 octobre 1848, par Mgr Joseph Bruno Guigues, évêque de Bytown (Ottawa).

Le nouveau prêtre, parlant peu l’anglais, se dévoua d’abord, de 1848 à 1853, dans la paroisse Notre-Dame de la Visitation (Our Lady of the Visitation), à South Gloucester, Haut-Canada, qui comptait environ 2000 Irlandais. Malgré une violente opposition des Orangistes, il y construisit une église et, en plus de cette paroisse, desservit plusieurs missions, dont Osgoode, Metcalfe et Embrun.

Envoyé dans le Bas-Canada comme curé de la paroisse naissante l’Assomption de Maniwaki (L’Assomption de la Sainte-Vierge) qui comptait, en 1853, environ 200 familles, et comme supérieur des Oblats œuvrant dans cette région, le père Déléage y éleva une belle église, encoura­gea la construction d’écoles et introduisit en 1870 les Sœurs Grises de la Croix (aujourd’hui les Sœurs de la Charité d’Ottawa). Il se fit un devoir de développer la colonisation sur les terres que le gouvernement avait concédées aux Oblats afin d’encourager les Algonquins à la culture, mais ne connut guère de succès. Le père Déléage fit venir plusieurs familles de South Gloucester, lesquelles furent suivies par des Canadiens français qui s’installèrent sur les rives de la Lièvre. Il établit un moulin à scier à la chute des Eaux, en 1854, puis un moulin à scier et à farine sur la rivière Joseph (rivière Saint-Joseph), en 1860, qui fut à l’origine de la paroisse Moulin des Pères ou Sainte-Famille-d’Aumond. Il obtint du gouverne­ment la construction de routes et l’octroi d’un bureau de poste. On lui doit aussi la formation de plusieurs paroisses de la région de Maniwaki: Saint-Gabriel, Sainte-Philomène et La Visitation.

En plus de son travail de curé, le père Déléage desservit plusieurs années les missions du Témiscamingue et devint, avec le père Jean Marie Pian, un des pre­miers prêtres catholiques à hiverner au fort Albany (Fort Albany, Ontario), sur la baie James, en 1859-1860. On le retrouve aussi dans les missions du Saint-Maurice et dans celles des «chantiers», surtout de la Gatineau. Grâce à ce travail, il devint l’ami d’Alonzo Wright, le roi de la Gati­neau, qui l’appelait «my old friend». Le curé fut l’ami de tous, Blancs et Amérin­diens. On dit qu’il maîtrisait huit dialectes.

Son échec financier, dû aux difficultés à vendre le bois des moulins, l’amena à demander à être relevé de ses fonctions de supérieur. Après un bref séjour dans la pa­roisse Sainte-Anne, à Mattawa, Ontario, de 1879 à 1881, il termina sa vie à la mission de Témiscamingue, fondée sur ses instances en 1863, afin de se rappro­cher des missions du Nord et d’être plus à même d’apprendre les différents dialectes indiens.

Jean François Régis Déléage fut toute sa vie un missionnaire dévoué qui ne reculait devant aucun sacrifice pour assurer le bien-être spirituel et matériel de ses ouailles. Il appartient à la lignée des grands missionnaires du siècle dernier, tels les pères Pian, Nicolas Laverlochère et Louis Étienne Delille Reboul, pour ne mentionner que quelques-uns de ceux qui ont travaillé dans les mêmes missions.

Gaston Carrière, o.m.i.