Galashiels est situé sur les frontières de l’Écosse, au sud d’Édimbourg. La région a été un centre de commerce du textile depuis le 16e siècle. L’augmen­tation de ce commerce a permis à la ville de se développer rapidement passant de 1600 habitants en 1825 à 18000 en 1891. Avec les nouveaux-venus le nombre de catholiques allait en augmentant. Selon le père Ortolan, à l’arrivée des Oblats il y avait quelque 300 catholiques dans la ville et environ 1000 dans les environs. Il y eut une voie ferrée à partir de 1849. En 1849-1853 il y a eu trois épidémies de choléra. La période la plus prospère de la ville fut entre 1850 et 1880, par la suite l’industrie du textile diminua.

Avant 1853 Galashiels était desservie par un prêtre qui venait de Hawick une fois par mois. Il n’y avait pas d’église. La ville était sous la juridiction de Mgr James Gillis, vicaire apostolique du district de l’Est de l’Écosse. (C’est aujourd’hui dans l’archidiocèse de Saint-André et d’Édim­bourg). Le père Noble y avait prêché une mission de cinq semaines pendant le carême de 1850; les pères Cooke et Hickey prêchèrent aussi en mars 1852. Les Oblats acceptèrent la proposition de Mgr Gillis de prendre en charge la mission, avec l’aide financière de M. James Hope-Scott. Celui-ci consentit «à fournir une grande maison pour loger six ou huit prêtres et former un centre missionnaire, monter une bibliothèque de théologie et avoir une communauté qui serait en possession de la propriété sans en être dérangée tant qu’elle remplirait les termes de l’accord» (Denny, p. 79). Dans une lettre du 11 novembre 1852 au père Bellon, Mgr de Mazenod exprima sa joie de cette opportunité. Le père Bellon signa l’accord le 31 décembre 1852. Dans une entrée du Codex de Sicklinghall on lit: «Décembre 1852. La nouvelle maison de Galashiels en Écosse a été fondée… Les pères Cooke et Dutertre avec les frères Fox et Dunkley ont été envoyés là pour commencer et former une communauté sous le patronage de M. Hope…» L’intention des Oblats était aussi de se servir de cette maison comme pied-à-terre pour prêcher dans toute l’Écosse. Le père Dutertre venait de Leith et après peu de temps il partit pour Liverpool. Le frère Dunkley fut cuisinier et tailleur. Le frère Fox, scolastique, arriva de Sicklinghall pour être économe. Avec le frère Gobert, il fut ordonné là par Mgr Gillis le 10 août 1853, mais Gobert fut envoyé à Leeds. Fox resta jusqu’en 1854. En février 1855, le frère scolastique Gubbins arriva de Sicklinghall pour être ordonné diacre et faire partie de la communauté. En avril 1856, les pères Lynch et Kirby sont dans la maison pour leur retraite et des vacances. Les devoirs du père Cooke, pro­vincial, l’ont souvent obligé à s’absenter; en 1857, il s’établit à Inchicore. En 1856-1858, le père Noble était supérieur, remplacé par le père Bradshaw en 1858. Des visites canoniques ont été faites par le père Aubert en 1855 et par le Fondateur le 7 août 1857.

Quand les Oblats arrivèrent, Hope-Scott faisait déjà construire une chapelle temporaire pour les catholiques de l’endroit; elle sera ouverte le 9 janvier 1853. Elle pouvait contenir 200 personnes assises. Très tôt il fallut construire une église plus grande, commencée en 1856 et dédiée à Notre-Dame et à saint André. Les Oblats espéraient l’ouvrir à l’occasion de la visite du Fondateur en 1857 (Codex de Sicklinghall, 21 janvier 1857), mais la construction n’était pas encore finie. Dans une lettre à Newman du 30 décembre 1857, écrite d’Abbotsford, Hope-Scott écrivit: J’espère que dans une dizaine de jours l’église pourra servir de quelque façon et sans me hâter pour la partie décorative…dont je ne puis assumer complètement les dépenses en ce moment. Je pense que ce sera mieux fait quand nous nous serons habitués à son intérieur et aurons examiné ce qu’il faut mettre et ce qu’il faut enlever…» On s’en servit à partir de 1858 et, après l’avoir agrandie en 1870, elle fut officiellement ouverte le 8 août 1873. Hope-Scott était mort trois mois plus tôt. Dans son plan d’ensemble la nouvelle église «suit ceux de la vieille église des Franciscains de Bruges en Belgique (O’Neil). La résidence des pères est construite le long de l’église et sert encore aujourd’hui.

La mission était difficile. Selon le père Dutertre «comparée à l’Écosse, l’Angleterre est entièrement romaine.» Le père Fox a écrit: «les gens ici deviennent terriblement bigots et sont enflammés par les ministres et les maîtres. Ceux qui viennent à nos cérémonies sont expulsés de leurs réunions. Même ceux qui travaillent ici, peintres et menuisiers, sont publiquement dénoncés. Les proprié­taires ont décidé de ne pas laisser de maisons à un catholique ou à un Irlandais. Malgré cela 19 personnes viennent à nos instructions ». Cependant la mission porta des fruits. Le père Fox écrivait le 10 mars 1853: «Encore des progrès, 450 per­sonnes fréquentent notre maison papiste. Intéressante mission… Le père Cooke entend les confessions souvent pendant le jour et est très occupé à distribuer l’argent recueilli pour être distribué à ceux qui sont dans le besoin. Hope-Scott donne vingt livres pour cela. Hansom prépare les écoles. Hope-Scott est bon comme il l’a toujours été. Il m’a demandé de choisir quelques meubles pour notre parloir.» Les missionnaires avaient d’excellentes relations avec la famille de Hope-Scott. Selon le père Dutertre «chacun est très bon pour nous. M. et Mme Hope-Scott ne cessent d’exprimer leur joie de notre présence ici. Ils nous considèrent comme les apôtres de l’Écosse.» Après le décès de Mme Hope-Scott en octobre 1858, M. Hope-Scott écrivit à Gladstone, le 3 novembre 1858 en réponse à une lettre de condoléances: «Si jamais, dans le conflit des controverses politiques et reli­gieuses, vous êtes tenté de penser ou de parler avec sévérité de cette église, si elle peut vous sembler arrogante, ou exclu­sive, ou formelle, par égard pour ma pauvre Charlotte et pour moi, examinez cette pensée, au moins pour un instant, et rappelez-vous avec quel soin et amour extraordinaires elle veille sur ses enfants» (Ornsby II, p. 164).

Lorsque Mgr de Mazenod visita l’Angleterre en 1857, l’avenir de la mission était déjà incertain. Son rayon d’action était trop étroit et les occasions de prêcher des missions trop peu nom­breuses pour justifier l’emploi d’un personnel plus nécessaire ailleurs. Les Oblats se retirèrent. Ceci a été rendu plus facile par le fait que M. Hope-Scott était absent, quelque temps après la mort de sa première femme. Les Jésuites succédèrent aux oblats (1862-1902) et plus tard le clergé diocésain.

Michael Hughes, o.m.i.