Présence oblate : 1891-1970. Situation géographique : capitale du Canada.

Chez les Oblats, un juniorat était un établissement où l’on faisait suivre un cours d’études classiques à des jeunes gens qui se disposaient à joindre la Congrégation et à devenir prêtres Oblats de Marie Immaculée. Un juniorat était donc, comme le noviciat, une maison uniquement destinée à recruter des vocations, avec cette différence que le noviciat n’admet que des sujets déjà préparés aux études philosophiques ou théologiques, tandis que le juniorat a pour objet de préparer les futurs missionnaires à ces mêmes études et de les acheminer ainsi vers le noviciat.

C’est en France, sous le regard de leur Fondateur et près du berceau de leur famille religieuse que les Oblats inaugurèrent en 1840 leur premier juniorat. Il y a quelques années chaque province oblate possédait son juniorat. Le Canada ne pouvait rester longtemps dépourvu de cette maison de formation. Les besoins de missionnaires pour les divers ministères confiés à la Congrégation la réclamaient.

Le juniorat Sacré-Cœur eut ses humbles commencements et dut passer par une longue série d’épreuves. C’est au noviciat Notre-Dame des Anges (Lachine) en 1871 que le juniorat canadien débuta, alors que le père Vandenberghe était provincial et que le père Lebret était maître des novices. Jusqu’en 1876, date où il fut transféré au collège d’Ottawa, le juniorat produisit, en dépit de son peu d’importance apparente et de sa courte durée, douze Oblats profès.

Le temps des épreuves arriva pour de bon en 1888. Réduits à un petit nombre, les junioristes quittèrent le local qu’ils avaient occupé depuis douze ans dans le collège; ils cessèrent d’avoir leur règlement particulier et furent entièrement confondus avec les élèves du collège. Le besoin d’un changement devenait urgent. Aussi, en attendant un meilleur état de choses, le juniorat fut-il en pratiquement aboli en 1888.

On nourrissait toujours, pourtant, le désir et l’espoir de voir surgir sur des bases solides une maison où les jeunes aspirants oblats pourraient se préparer au noviciat. À cette fin, on jeta, en 1889, sur les bords du Lac Saint-Jean, à la résidence de la Pointe-Bleue, les fondements d’un établissement suffisamment spatieux pour recevoir 50 junioristes.

Un obstacle inattendu, venu de la part de l’Ordinaire du lieu, fit que la maison ne reçut aucun aspirant. Il fallut songer à un autre expédient. Les autorités, de concert avec le père Martinet, visiteur canonique, décidèrent de mettre à la disposition des junioristes une maison d’assez vastes dimensions que la Congrégation possédait à quelques pas de l’Université et à proximité de l’église Saint-Joseph. Le père Martinet en fit lui-même l’ouverture officielle le 3 septembre 1891. Sous ce nouveau régime, les junioristes devaient suivre les cours de l’université jusqu’à la 5e forme et n’avoir de relations avec les élèves du collège que pendant les classes. Ce fut un succès. Et le nombre de junioristes doublant d’une année à l’autre, le provincial décida dès septembre 1893 la construction d’un nouveau juniorat. Enfin, le 4 janvier 1895, tous furent installés dans le nouvel édifice et Mgr Duhamel, évêque d’Ottawa, en fit la bénédiction le 16 du même mois.

Selon les Nouvelles Oblates du 25 mars 1970, on peut lire le communiqué suivant : « Le 17 mars, l’Université d’Ottawa signait l’acte par lequel elle achetait la Résidence Sacré-Cœur d’Ottawa, bâtisse et terrain. Le Juniorat Sacré-Cœur, nom sous lequel l’Institution fut longtemps désigné, date de 1891. En 1893-1895, on construisit la vieille partie de l’édifice actuel et, en 1937, la partie plus récente. Le fondateur du Juniorat Sacré-Cœur fut le père Maxime Harnois, supérieur de 1891 à 1902. Le Séminaire oblat de Mazenod, fondé en 1960, recevait les élèves des trois premières années du cours. Deux résidences d’étudiants ouvertes en 1966 et en 1968 logeaient les élèves qui restaient encore dans la vieille institution. L’acte de vente à l’Université d’Ottawa permet à la communauté de la résidence Sacré-Cœur de demeurer encore, pour un an, dans les locaux qu’elle occupe présentement. »

Eugène Lapointe OMI