1. Modérateur des scolastiques
  2. Supérieur et missionnaire

Naissance à Lenoncourt (Meurthe et Moselle), le 19 mars 1828
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 9 mai 1851
Oblation à N.-D. de l’Osier, le 10 mai 1852 (no 328)
Ordination sacerdotale à Marseille, le 3 avril 1853
Décès à Montmartre, le 10 octobre 1894.

Antoine Mouchette est né à Lenoncourt, diocèse de Nancy, le 19 mars 1828. Il a étudié au petit séminaire de Pont-à-Mousson de 1844 à 1848 et au grand séminaire de Nancy de 1848 à 1851. Après avoir entendu une conférence du père Léonard Baveux en 1847 et une causerie du père Nicolas Laverlochère en 1851, il décida de devenir missionnaire. Avec Joseph Gérard, il commença son noviciat à Notre-Dame de l’Osier le 9 mai 1851 et y fit son oblation le 10 mai 1852. Au conseil général, le 6 mai, on l’avait admis à l’unanimité à la profession sur recommandation du père Gustave Richard, maître des novices, qui avait écrit: «Le frère Mouchette joint à une grande piété et à une vertu solide des talents plus qu’ordinaires et le plus heureux caractère. Il jouit en outre d’une bonne santé, est très attaché à sa vocation et plein d’amour pour la Congrégation; c’est en un mot un excellent sujet.»

Modérateur des scolastiques
Après une dernière année de théologie au grand séminaire de Marseille, il est ordonné prêtre par Mgr de Mazenod le 3 avril 1853. Au cours de l’été, le Fondateur le nomme modérateur des scolastiques. Il lui écrit le 9 juillet: «Je devais m’entretenir avec vous précisément le jour où il m’a fallu partir. Je vous aurais expliqué moi-même pourquoi je vous avais élevé au sacerdoce avant le temps fixé pour les autres. C’était précisément pour que ceux que vous deviez diriger fussent accoutumés à révérer en vous la dignité dont vous étiez revêtu, et que vous n’eussiez pas été appelé à les confesser à peine sorti de leurs rangs. Je voulais d’ailleurs que vous vous fussiez vous-même en quelque sorte familiarisé avec votre sublime dignité et que vous eussiez recueilli d’abondantes grâces de l’exercice de votre sacré ministère. Tout cela a eu lieu; il ne me restait plus qu’à vous donner quelques avis…»

Le père Mouchette occupe ce poste auprès des scolastiques au grand séminaire en 1853-1854, puis à Montolivet de 1854 jusqu’au départ des scolastiques pour Autun en 1862. Il y enseigne également l’Écriture sainte et la liturgie. Mgr de Mazenod l’aime beaucoup et lui fait confiance, mais lui donne de nombreux conseils sur la formation des Oblats. Il va souvent à Montolivet et écrit 23 lettres au modérateur entre 1853 et 1860. Par sa direction, le père Mouchette a profondément marqué beaucoup d’Oblats. Le père Jonquet a écrit qu’il «faisait bon marché des avantages purement extérieurs. Préférer le solide au brillant, former les futurs missionnaires à la simplicité et au zèle, provoquer l’amour de Jésus Christ et la soif de souffrir pour lui, allier l’esprit apostolique de saint Liguori à l’esprit suave et contemplatif de sainte Thérèse, c’était son but. Il voulait la lutte et non la résignation blasée. L’âme des saints, disait-il, n’est pas cette mer Morte que ne soulève aucune tempête, et où rien ne vit sous la pesanteur des eaux. C’est plutôt cette mer de Génézareth qui a ses tempêtes, mais où doit commander Jésus.»

Pendant son séjour à Montolivet le père compose la Vie du frère Camper, revue par Mgr Jeancard, et publiée à Paris en 1859. Il est aussi nommé économe provincial du Midi en 1854 et convoqué nommément au Chapitre général de 1856.

Supérieur et missionnaire
En 1862, le père Mouchette est nommé supérieur et maître des novices à Notre-Dame de l’Osier. Il n’y reste que cinq mois et reçoit une obédience pour Vico en Corse. Le père Fabre l’envoie supérieur de cette maison dans le but d’examiner si on doit conserver ou non l’école ecclésiastique qui se maintient avec difficulté et ne répond pas aux sacrifices que les pères s’imposent. Les classes supérieures et le pensionnat sont supprimés en 1863, l’école est fermée en 1864. La maison est rendue à sa première destination, les missions et l’aide aux curés des alentours. Le père redonne vie aux missions et à la congrégation des Enfants de Marie, il restaure surtout l’église du couvent.

De 1867 à 1869 il est supérieur au Calvaire à Marseille et, en 1869, il est nommé premier supérieur et curé oblat de la paroisse de Saint-Andelain au diocèse de Nevers. Il souffre beaucoup à cet endroit. L’évêque tient fermement à ce que les Oblats y remplacent un prêtre diocésain. La population veut garder son curé et s’oppose à la venue des Oblats. Il faut plusieurs mois de patience de la part du père Mouchette et de ses confrères avant de pouvoir exercer librement le saint ministère.

En 1884, le père est supérieur à Tours. Au départ des Oblats de cette maison en 1886, il est envoyé à Jersey où il passe quelques années, se dépensant dans le ministère paroissial et comme aumônier des Dames de Saint-André. Au mois d’octobre 1890 il arrive à Montmartre comme chapelain. Malgré une santé chancelante, il prêche, confesse, s’occupe des confessions, assiste aux offices, etc. En 1893, il fait le voyage en Italie où il prêche une retraite aux scolastiques et celles des Sœurs de l’Espérance et des Petites-Sœurs des Pauvres à Naples. Il revient en France épuisé. Un longue maladie le fait beaucoup souffrir. Il meurt le 10 octobre 1894. «C’était un mercredi, lit-on dans sa notice. Saint Joseph avait environné de sa protection une vie commencée sous ses auspices […] De telles morts sont des triomphes, et l’on peut appliquer ici le mot célèbre de saint Augustin: Ideo victor quia victima!» Son corps repose au caveau des Oblats dans le cimetière de Montmartre.

Yvon Beaudoin, o.m.i.