1. Relations avec les Oblats

Michael Power est né le 17 octobre 1804 à Halifax, Canada, dans une famille d’émigrés irlandais. Après ses études au collège de Montréal et dans les grands séminaires de Montréal et de Québec, il fut ordonné prêtre le 17 août 1827. Il fut curé de plusieurs paroisses du Bas et du Haut-Canada avant d’être nommé évêque de Toronto en décembre 1841. Mgr Rémi Gaulin, évêque de Kingston, l’ordonna évêque dans l’église de Laprairie le 8 mai 1842. Mgr Power célébra aussitôt un synode et fit la visite pastorale du diocèse. En 1845 il commença la construction de la cathédrale et fit venir les Jésuites pour desservir les missions amérindiennes de la Baie Georgienne et de la rive nord des lacs Huron et Supérieur. Il mourut de typhus, le 1er octobre 1847, au retour d’un voyage en Europe.

Relations avec les Oblats
L’abbé Power, vicaire général de Montréal, accompagna Mgr Ignace Bourget en Europe en 1841 et connut alors Mgr Eugène de Mazenod à Marseille, où il s’arrêta de nouveau en juin 1847 lors d’un second voyage en Europe. Le père Jean-Baptiste Honorat assista à son ordination épiscopale le 8 mai 1842. Le nouvel évêque demanda alors au supérieur des Oblats de lui envoyer un père qui apprendrait l’anglais et serait chargé des missions indiennes (Honorat à Mazenod, le 11 juillet 1842). Le 16 juillet, Mgr Power écrivit à Mgr Bourget, disant qu’il aurait besoin de «deux ou quatre bons missionnaires capables de parcourir le pays pour aider aux prêtres déjà établis en ces quartiers et pour évangéliser ceux qui n’ont pas le bonheur d’avoir aucun ministre de la religion au milieu d’eux.» Il aimerait avoir tout de suite le père Adrien Telmon lequel, disait-il, «sachant parfaitement le chant, les cérémonies et les rites de l’Église, pourrait tout en apprenant l’anglais m’être d’un service inappréciable.»

Dans sa correspondance avec Mgr de Mazenod au cours de l’été 1842, le père Honorat parle du projet d’envoyer un ou deux Oblats à Toronto où, écrit-il, «nous avons là un évêque qui nous connaît et qui nous aime». Il propose d’envoyer le père Léonard Baveux, qui s’occuperait des Iroquois, ou le père Telmon avec le frère Louis Roux. Le Fondateur ne se hâte pas de répondre et semble peu favorable à l’envoi de pères dans ce nouveau diocèse: «Quant à Toronto, que vous propose-t-on?, écrit-il au père Honorat le 17 janvier 1843. Mais y a-t-il des missions dans ce pays-là? […] Si cela se réduirait à être curés de ces peuplades, d’être là isolés et à poste fixe, vous sentez que cela ne serait pas pour nous.» Le père Telmon répond au Fondateur, le 11 mars, en citant un extrait d’une lettre de Mgr Power au père Honorat: «Je suis convaincu que deux ou trois bons et zélés missionnaires qui parcourraient le diocèse prêchant, exhor­tant et expliquant en même temps la doctrine catholique, feraient un bien im­mense et attireraient à l’Église une foule de chrétiens qui malheureusement n’ont aucun moyen de s’éclairer, mais il faut attendre avec patience […] Je me flatte et je prie Dieu que votre établissement en Irlande soit une pépinière de bons et zélés prêtres qui viendront nous édifier et opérer dans ces endroits éloignés le même bien que leurs frères dans le Bas-Canada. Je ne voudrais qu’un seul miracle de nos jours, celui de voir tous les prêtres missionnaires français parlant l’anglais, etc.»

Mgr Power ne semble pas avoir renouvelé sa demande par la suite car en septembre 1843 les Jésuites, attendus depuis deux ans, acceptèrent d’aller dans le diocèse de Toronto et de rentrer en possession de leurs anciennes missions indiennes au nord des Grands Lacs.

Dans une lettre au Pape, le 24 septembre 1846, Mgr Power appuie la requête des évêques du Canada en faveur de l’érection du diocèse de Bytown et de la nomination du père Bruno Guigues. Le 8 septembre précédent, il proposait à Mgr Bourget de comprendre une partie du diocèse de Toronto dans les limites du futur diocèse de Bytown. En écrivant à la congrégation de la Propagande, le 12 avril 1847, il insistait pour que, suivant les lois de l’Église, le futur évêque puisse «être en état d’entendre et de parler à son peuple: il est donc urgent, ajoutait-il, que le nouvel évêque et presque tout son clergé se mettent immédiatement à cette étude; il n’y a en ce moment que quelque prêtre qui sache cette langue et dès à présent cette connaissance est absolument nécessaire; plus de la moitié de ce nouveau diocèse est composée de personnes d’origine Britannique…» Le père Guigues fut nommé évêque de Bytown le 9 juillet 1847 et l’on sait qu’il se retira aussitôt à Saint-Colomban afin d’y apprendre l’anglais avant son ordination épiscopale, le 30 juillet 1848.

Yvon Beaudoin, o.m.i.