Naissance à Nicolet (Bas-Canada), le 12 février 1787
Ordination sacerdotale, le 21 dé­cembre 1811
Ordination épiscopale, le 12 mai 1822
Décès à St-Boniface (Manitoba), le 7 juin 1853.

Joseph Norbert Provencher est né à Nicolet le 12 février 1787 d’Élisabeth Proulx et de Jean-Baptiste Provencher, cultivateur. Il entra au petit séminaire de Nicolet en 1804 et étudia la théologie à Montréal, à Nicolet et à Québec de 1808 à 1811, tout en enseignant au petit séminaire.

Ordonné prêtre le 21 décembre 1811, il fut successivement vicaire à la cathédrale de Québec, à Vaudreuil, à Deschambault, puis curé de Saint-Joachim de Pointe-Claire (1814-1816) et de Kamouraska (1816-1818). En 1818 Mgr Plessis, évêque de Québec, le désigne avec le titre de vicaire général comme missionnaire à la Rivière-Rouge, où Lord Selkirk, actionnaire de la Compagnie de Baie d’Hudson, a établi une colonie au confluent des rivières Assiniboine et Rouge. Mgr Plessis lui donne comme mission: «la conversion des nations sau­vages répandues dans cette vaste contrée» et le soin «des mauvais chrétiens qui y [ont] adopté les mœurs des Sauvages.» En 1831, cette colonie comptait 1290 personnes, Blancs et Métis, catholiques et protestants; elle en comptera 5143 en 1843. L’abbé Provencher bâtit une modeste résidence et une église sur la rive Est de la rivière Rouge, en un site qu’il appelle Saint-Boniface.

Avant même d’envoyer l’abbé Provencher dans l’Ouest, Mgr Plessis savait qu’il faudrait nommer un évêque dans le Nord-Ouest. Lors d’un voyage à Londres et à Rome, en 1819, il obtint par bulles du Pape, le 1er février 1820, la nomination de l’abbé Provencher comme évêque auxiliaire pour l’Ouest. L’élu est ordonné évêque à Trois-Rivières, le 12 mai 1822, au titre d’évêque de Juliopolis. Ce district missionnaire sera érigé en vicariat apostolique de la Baie d’Hudson et de la Baie James le 16 avril 1844, puis en diocèse le 4 juin 1847, d’abord sous le titre de diocèse du Nord-Ouest, puis de Saint-Boniface en 1851.

Comme simple missionnaire, puis comme évêque, Mgr Provencher veille à l’éducation de la jeunesse par l’ouverture d’écoles, il encourage la colonisation, travaille au redressement des mœurs chez les Blancs et à la conversion des Indiens. Au cours des vingt premières années, l’évêque ne compte qu’une quinzaine de collaborateurs, prêtres diocésains qui, en général, ne demeurent chacun que peu d’années. En 1843, il part pour le Bas-Canada et l’Europe dans l’espoir d’obtenir des religieux et des religieuses. En passant à Montréal, grâce à Mgr Bourget, il obtient quelques Sœurs de la Charité de Montréal. À Marseille, il rencontre Mgr Eugène de Mazenod qui lui promet des Oblats de Marie Immaculée. Les deux premiers, Pierre Aubert et Alexandre-Antonin Taché, arrivent à la Rivière-Rouge à l’été 1845.

Le père Guigues, supérieur des Oblats du Canada, a hésité à envoyer ces deux pères. Mgr de Mazenod a dû lui écrire quelques lettres pressantes, en particulier celles du 5 décembre 1844 et du 24 mai 1845. Dans la première, il lui dit: «Il faut avoir un peu de courage et de la confiance en Dieu qui nous trace la route et qui ne nous abandonnera pas quand nous prendrons [sic dans Yenveux VII, 37] en son nom et pour sa gloire. Partout nous nous sommes établis avec des faibles commencements. Le temps n’est pas encore venu de faire autrement. Ainsi, je le répète, sans hésiter répondez aux vœux de Mgr l’évêque de Juliopolis et commen­cez son œuvre, ne fût-ce qu’avec deux sujets, en attendant les autres de la bonté de Dieu.» Il ajoute, le 24 mai 1845: «Vous raisonnez à perte de vue quand il n’y a plus à discuter et que je me suis prononcé de la manière la plus formelle. Vous devez savoir pourtant que ce système n’est jamais admissible, pas plus chez nous que dans aucune congrégation bien réglée, parce qu’il est contraire aux principes de l’ordre et de l’obéissance. Mais il l’est encore moins dans l’affaire en question à cause des inconvénients très graves qui en résulteraient…»

Deux autres pères partent pour Saint-Boniface en 1846, les pères Henri Faraud et François Bermond. Ces premiers mis­sionnaires s’éloignent de plus en plus vers le Nord-Ouest pour explorer et rencontrer des Indiens. Mgr de Mazenod se préoc­cupe de leur isolement et de l’absence de vie de communauté. Il pense les rappeler lorsque, en juin 1850, le père Taché, âgé de 28 ans, est nommé évêque d’Arath et coadjuteur de Mgr Provencher. Le 26 no­vembre 1851, à Viviers, il est ordonné évêque par Mgr de Mazenod. Il rentre aussitôt à Saint-Boniface avec trois mis­sionnaires: les pères Henri Grollier, René Rémas et Valentin Végreville. D’autres suivront régulièrement par la suite.

Mgr Provencher est décédé à Saint-Boniface, le 7 juin 1853. Avant sa mort il a pu constater qu’il n’avait pas travaillé en vain. Trois paroisses existaient pour les Blancs et les Métis dont celle de Saint-Boniface, avec 1000 catholiques, et trois missions indiennes (Lac Sainte-Anne non loin du Fort Edmonton, Saint-Jean-Baptiste à l’Île-à-la-Crosse et La Nativité sur le lac Athabasca.

Yvon Beaudoin, o.m.i.