Naissance à Cluses (Haute-Savoie), le 26 février 1827
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 16 décembre 1847
Oblation à Marseille, le 25 décembre 1848 (no 232)
Ordination sacerdotale à Ottawa, le 10 août 1851
Sortie en 1859
Décès à Vuippens, Suisse, le 9 dé­cembre 1897.

Pierre François Rouge est né le 26 février 1827 à Cluses, diocèse d’Annecy, de Françoise Grangerat et de Pierre François Rouge. Il commença son noviciat à Notre-Dame de l’Osier le 16 décembre 1847 et fit son oblation à Marseille le 25 décembre 1848. Le père Ambroise Vincens, maître des novices, écrivit au cours du noviciat que ce frère «a beaucoup de bonnes qualités, mais n’est pas assez fervent, ni assez exact, ni assez mortifié. Des maux de tête dont il est sujet l’excusent un peu, mais laissent toujours soupçonner un peu de lâcheté.»

Il fait une année et demie de théologie au grand séminaire de Marseille en 1849-1850 et est envoyé au scolasticat de Maryvale en septembre 1850. À Marseille, le père Jean Joseph Marchal, modérateur des scolastiques, le juge assez sévèrement. Il écrit entre autres: Rouge, «vif et ardent, ouvert et familier, généreux et bon, sensible et bienveillant, tel il s’est montré à l’égard de ceux qui lui reviennent; quant aux autres il les laisse, ou leur dit rondement des choses pénibles, ou bien s’irrite de leurs paroles et de leur conduite. Léger, impressionnable, susceptible, entreprenant beaucoup à la fois et ne perfectionnant rien, détruisant souvent ce qu’il trouve ou ce qu’il a fait pour ne pas mieux faire; tel il s’est montré dans son travail où il n’a ni méthode ni persévérance, et dans sa piété où il veut avancer rapidement sans jamais parvenir à une vertu solide […] Envoyé à Notre-Dame de Lumières, il a eu avec les pères beaucoup de démêlés et il revint au séminaire avec de grands préjugés contre eux et contre les pères du séminaire…»

Le scolastique ne fait que passer en Angleterre; il est déjà au Canada à la fin de 1850 et est ordonné prêtre à Ottawa, par Mgr Bruno Guigues, le 10 août 1851. Il demeure et travaille à Saint-Pierre-Apôtre à Montréal jusqu’en 1858. Au mois d’avril 1858, Mgr de Mazenod apprend qu’on manque gravement de régularité au Canada, en particulier à Montréal. Au conseil général, le 14 avril 1858, le Fondateur dit qu’il fera revenir du Canada «quelques-uns de ces esprits dévoyés, entre autres le père Rouge.» Celui-ci revient au cours de l’été et, à l’automne 1858, il suit, sous la direction du père Vincens, le cours des Hautes Études à Notre-Dame de la Garde.

Au mois d’avril 1859, on se propose de l’envoyer avec le père J. N. Bise, nommé curé de Montet en Suisse. Il semble bien avoir refusé cette obédience et être plutôt allé peu de temps à la Trappe. Le 12 mai, le Fondateur écrit au père Vincens de ne plus chercher à sauver ce père, «c’est un homme à jamais dévoyé, sans cœur, sans sentiment, sans religion.» Au conseil général, le 13 mai, on se propose pourtant de l’envoyer avec le père François Bermond à qui on veut confier la direction des missions de l’Orégon. Le père Bermond refuse cette obédience et le père Rouge demande à Rome la dispense de ses vœux. Le Pape renvoie la décision au jugement de Mgr de Mazenod. Celui-ci annonce ces faits à Mgr Guigues, le 9 octobre 1859, et ajoute: «Rien n’a pu adoucir cette âme féroce. J’ai fait verser la mesure de la bonté et de la miséricorde. Il n’a cessé jusqu’au dernier moment de se plaindre et de calomnier la congrégation et à peu près tous les membres qui la composent…»

Le père Rouge est alors sorti de la Congrégation, est entré dans le clergé diocésain de Genève, a été aumônier à Villarsiviriaux, près d’Orsennes, Suisse, vers 1860-1861, et devint curé de Vuippens (1862-1897). C’est là qu’il mourut le 9 décembre 1897.

Yvon Beaudoin
et Gaston Carrière, o.m.i.