Présence oblate: depuis le début des Oblats au Canada

Introduction à l’origine de la mission des Oblats au Nord Ouest du Québec. Il faut parler, dès le début, du Témiscamingue, du Lac Abitibi et, en particulier, du Grand Lac Victoria (Kichisakik en anishinabe), à Maniwaki, aux Lacs Barrière et Rapide et même à Senneterre, tout un territoire de lacs et de rivières au nord-ouest du Québec où de temps immémorial vivait la nation algonquine (les Anishnabeg).

C’est ce que nous tenterons de faire dans un premier temps pour en venir ensuite exclusivement à l’histoire individuel de chaque endroit.

1. Les débuts de la mission chez les Anishinabeg au nord-ouest du Québec. L’histoire commence avec le Grand Lac Victoria que visitaient les coureurs de bois au temps de la domination française et que les missionnaires suivirent de près. Les Relations des Jésuites racontent qu’en 1651 le Père Buteux partit de Trois-Rivières, avec un groupe d’algonquins Ceux que nous appelons ici Algonquins (en raison de l’histoire) se nomment Anishinabeg dans leur langue. Pour cette partie de ce travail, nous utilisons l’ouvrage de l’abbé Ivanhoe Caron, Au Grand Lac Victoria : Étude historique et topographique, Québec, 1913, 23 pages.

Pour remonter jusqu’aux sources de la rivère Saint-Maurice et de l’Outaouais, au plus fort de l’extermination des Hurons par les Iroquois. Le Père Buteux et ses compagnons furent tués et mangés, non loin, dit-on, de l’extrémité sud du Lac Victoria. En raison des incursions des Iroquois qui forcèrent les Algonquins à quitter leur pays et à se mettre sous la protection des Français à Québec, les missions de ce côté furent abandonnées.

Mais en 1838, M. Louis Charles de Bellefeuille, prêtre de Saint-Sulpice, fonde la mission catholique du Grand Lac. Ensuite de 1839 à 1844, des prêtres du diocèse de Québec et de Montréal la visitent plus ou moins régulièrement : Mgr Ed. Poiré, les abbés Hypolite Mo- reau, Joseph Bourassa, Étienne Payement, J. Baptiste Olscamp et le Père Duranquet, s.j.. Ils ne se bornaient pas au Grand Lac. Ils se rendaient d’abord au Témiscamingue, de là au lac Abitibi, puis retournaient par le Grand Lac et la rivière St-Maurice. Le voyage se faisait en canot. Les missionnaires retrouvaient, dispersés au milieu des forêts, les descendants échappés des mains des Iroquois presque trois siècles plus tôt.?

2. Reprise de la mission par les Oblats

Sur les instances de Mgr Bourget, les Oblats de Marie Immaculée reprirent la relève en 1844. Le père Laverlochère se rend au lac Abitibi et au Grand Lac durant les années 1845-1846 et 1847. Il abandonne le Grand Lac au père Hercule Thomas Clément en 1848 et se rend, pour la première fois, à la Baie d’Hudson (Baie James) qu’il visite jusqu’en 1858.

En raison du poste de traite des fourrures, établi au Grand Lac en 1797, les Autochtones s’y réunissent à chaque saison estivale. Certains viennent même de Matagami, montent la rivière Bell, font le portage de la ligne de partage des eaux pour atteindre le versant de la rivière des Outaouais, le Grand Lac Victoria.

De 1849 à 1850, le père Clément continua les missions du Grand Lac qu’il mit sous la protection de la Ste-Vierge De fait, la mission de Kitchisakik est dédiée à Sainte-Clothilde. Quand le fut-elle et par qui ? Je n’ai pas pu trouver les documents à cet effet.

Il la choisit pour patronne sous le titre de N.-D. des Sept Douleurs. Il fut rem- placé par le père François Andrieux qui continua la mission jusqu’en 1860. De 1861 à 1864, c’est le père Régis Déléage qui visite cet endroit, puis le père André Lebret de 1865 à 1866. Tous ces missionnaires avaient Maniwaki comme pied à terre. Ils visitaient les Autochtones en été, mais en hiver ils s’occupaient des camps de bûcherons Il faut savoir qu’en se fixant à Maniwaki, mission fondée en 1849 par le père Hercule Thomas Clément et le frère Brady, les Oblats n’y allèrent pas exclu- sivement pour les Autochtones. Ils devaient également desservir en hiver les chantiers des compagnies forestières qui obtinrent des concessions sur presque tout le territoire des Algonquins et s’occuper des colons qui s’y établissaient en nombre de plus en plus croissant, créant peu à peu des villages dont plusieurs atteignirent le statut de ville au XXe siècle. Même si le territoire immédiat de Kitchisakik resta intouché par la population blanche, les Oblats favorisèrent la colonisation en y collaborant de manière active, en particulier le père Déléage, qui fit venir des Irlandais et des Canadiens français. Ceci contribua à mettre de la pression non seulement sur les lieux de chasse des Autochtones mais sur l’intégrité de leur territoire dont il durent céder une portion assez considérable à diverses époques de leur histoire pour la création de villes et villages, ainsi que le passage de routes régionales.

En 1863, on bâtit la première chapelle du Grand Lac. Le père Déléage raconte :

Quand j’arrivai au poste, je fus agréablement surpris de voir la nouvelle chapelle debout et couverte; l’année dernière, j’avais fortement engagé le commis du poste à la bâtir, lui promettant d’user de mon influence sur les sauvages, pour diminuer ses dépenses, et le commis, non content d’avoir avancé l’ouvrage plus rapidement que je n’espérais, avait aussi fait construire un autel. Bien qu’il soit petit et peu élégant, il est infiniment plus convenable que les misérables planches dont je m’étais servi l’année dernière dans le grenier à foin où je fis la mission. J’ai arrangé et décoré l’intérieur de la chapelle pendant les deux ou trois jours que les Indiens mirent à se réunir. Elle est de 35 pieds sur 25; mais elle a paru aussitôt trop petite Cité par Ivanhoé Caron, p. 9-10. Dans un article du supplément à la revue L’Église canadienne, vol. 21, no 21, 18 août 1988, page S-335, on lit que l’église fut refaite à partir de 1882, bénie par Mgr Z. Lorrain le 8 juin 1888, qu’un amérindien du nom de Pierre Thomas avait conçu l’idée de cette église et a été des plus actifs à y travailler, que le frère Tremblay, o.m.i., en avait terminé la construction en 1886. En 1896, le père Armand Laniel agrandit l’édifice de 12 pieds par la construction d’un choeur, d’une sacristie et d’un clocher pour abriter la cloche que Mgr Lorrain donna à la mission en 1893.

Le père Lebret fut remplacé en 1867 par le père Jean-Pierre Guégen, qui visita le Grand Lac jusqu’en 1880. Le père Méderic Prévost le seconda à partir de 1873. Le père Guégen possédait une grande énergie, un grand courage et un zèle ardent. Les Autochtones l’ont beaucoup aimé. Après le père Guégen, les pères J.M. Eugène Pian, Armand Daniel et Georges Jos. LeMoine se succédèrent mutuellement au Grand Lac. Exception faite de la bénédiction de l’église en 1888, Kitchisakik reçut la visite d’évêques pour les deux premières fois au début du 20e siècle. En juin 1901, Mgr Z. Lorrain de Pembrooke, après s’être rendu à la mission du Témiscamingue, retourna à Maniwaki en passant par le Grand Lac et le Lac Barrière. Dix ans plus tard, ce fut au tour de Mgr Latulipe, vicaire apostolique du Témiscamingue, de se rendre dans ces missions autochtones,

Eugène Lapointe OMI