1. La Paroisse saint-Hilaire et les Oblats

Paroisse de Saint-Hilaire sur le Richelieu, première communauté Oblate du Canada. Lors de l’arrivée des six premiers Oblats à Montréal, le 2 décembre 1841, l’évêque Mgr Ignace Bourget leur confia la paroisse de Saint-Hilaire sur le Richelieu comme leur première demeure. Il est donc important d’écrire quelques mots à propos de ce lieu, qu’il ait été une résidence canonique ou non. Ce n’est qu’un an plus tard que, désirant se rapprocher de Montréal, ils quitteront cet endroit et se rendront à Longueuil et y demeureront jusqu’en 1848 lorsque, à l’instigation de Mgr Bourget, ils s’établissent à Montréal dans un quartier pauvre appelé le faubourg Sainte-Marie. Ils y ouvrirent une chapelle publique dédiée à saint Pierre, apôtre. Cet établissement deviendra la maison centrale des Oblats de l’Est du Canada.

Revenons à la Mission de Saint-Hilaire. Elle fut fondée le 21 décembre 1795, tout près de cinquante ans avant l’arrivée des Oblats au Canada. On y bâtit aussitôt un presbytère-chapelle avec salle au rez-de-chaussé et une chapelle de 34 bancs payants à l’étage. Érigée canoni- quement le 24 février 1827, l’architecte-constructeur Augustin Leblanc et le maître-maçon Joseph Doyon commencèrent à bâtir l’église en 1830. Bien qu’inachevée, ils la livrèrent au culte, à l’automne 1837. Antoine Provost, de Beloeil, confectionna la voûte en 1842. Son pre- mier curé fut nommé en 1831 en la personne de l’abbé Jacques Odelin qui y décédera en fonction, le 9 juin 1841.

Les belles lignes du presbytère original en pierres des champs et du toit à deux versants furent altérées en 1890 par l’ajout d’un lambris en pierres bossées et d’un comble brisé à quatre pans. Plusieurs travaux furent exécutés dans l’église sous la cure de l’abbé Octave Monet (1851-1856). Le Seigneur de Rouville, Thomas-Edmund Campbell, offrit au curé les services de son architecte Frederic Lawford qui réalisa la voûte, le choeur, les autels et la sacristie d’après ses plans.

En 1853, le menuisier Toussaint Guillot ajouta un jubé de 46 bancs. La même année, on aménagea un chemin couvert à la sacristie et la fabrique passa un contrat avec les maîtres-charpentiers Félix Martin et Joachim Authier en 1856 pour parachever l’intérieur de l’église.

En 1882, la fabrique fit l’acquisition de l’orgue Casavant construit, en 1856, pour le séminaire de Saint-Hyacinthe. C’est le plus ancien orgue Casavant encore en service. Le célèbre peintre canadien Ozias Leduc, fils de la paroisse, décora l’église en 1898. Son œuvre comporte quinze grandes peintures murales sur tôle marouflée et des ornements au pochoir sur les voûtes et les murs. Les tableaux représentent les sept sacrements, les quatre évangélistes, les mystères de la Nativité et l’Ascension du Christ, de l’Assomption de la Sainte Vierge et le patron de la paroisse, saint Hilaire de Pothier écrivant son traité sur la Sainte Trinité.

L’église de Saint-Hilaire est classée monument historique depuis 1965, tandis que les tableaux d’Osias Leduc sont reconnus biens culturels depuis 1976.

La Paroisse saint-Hilaire et les Oblats

La première communauté oblate arriva à Montréal le 2 décembre 1841. Une rencontre à Mar- seille, le dimanche 20 juin 1841, entre Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, et Mgr Eugène de Mazenod, fondateur des Oblats, aboutit à l’envoi de six Oblats. L’évêque de Marseille choisit le père Jean-Baptiste Honorat comme Supérieur de cette première communauté oblate canadienne. Ses compagnons sont les pères Adrien Telmon, Jean Baudrand, Lucien Lagier, et les frères Basile Fastray et Louis Roux. Arrivés à New York, en provenance du Havre, sur le navire Utica, le 25 novembre 1841, ces Oblats frapperont à la porte de l’évêché de Montréal le jeudi 2 décembre. Le jeune abbé Damase Dandurand, secrétaire de l’évêque, les accueille.

Mgr Bourget installe les Oblats à Saint-Hilaire. Les registres de cette mission s’ouvrent en 1799. La paroisse a été érigée canoniquement le 24 février 1827. Comme indiqué plus haut, le premier curé, Jacques Odelin, décède en fonction, le 9 juin 1841. Le 7 décembre 1841, les Oblats se rendent donc à cette paroisse, située à quelque trente-cinq kilomètres à l’est de Montréal, au pied du mont qui porte le même nom, du côté est de la rivière Richelieu.

En plus de la responsabilité de la paroisse, Mgr Bourget leur confie le lieu de pèlerinage du mont Saint- Hilaire. Une immense croix d’une trentaine de mètres de hauteur, bénie le 6 octobre 1841, domine le sommet de la montagne. À ce moment-là, Mgr Charles de Forbin-Janson, ami de Mgr de Mazenod, est en tournée en Amérique et prêche devant une foule évaluée à 15 000 personnes.

Les Oblats donneront leur première mission du 12 au 25 décembre à Saint-Hilaire, soit quelques jours après leur arrivée. Ils se rendront ensuite à Saint-Vincent de Paul pour la deuxième mission du 23 décembre au 6 janvier. Ils donneront une autre mission à Beloeil du 28 décembre au 26 janvier et prêcheront ensuite à Boucherville, dans les cantons de l’Est, à Saint-Denis-sur-le-Richelieu.

Du 14 mars au 5 avril 1842, les pères Honorat, Baudrand, Lagier et Dandurand, premier novice oblat, donnent la mission à Longueuil. Les Oblats établirent leur premier noviciat canadien à Saint-Hilaire. L’abbé Damase Dandurand en fut le premier novice. Le second, Louis Riel, qui avait commencé le 3 juin 1842 comme assistant frère, quitte peu de temps après et épouse Julie Lagemodière. Leur fils aîné, Louis, né le 22 octobre 1844, devint le célèbre défenseur des droits des Métis dans l’Ouest canadien.

Ce furent les deux seuls novices à entreprendre leur noviciat à Saint-Hilaire. Les Oblats quittent Saint-Hilaire pour s’établir à Longueuil au mois d’août 1848. Mais le père Lucien Lagier assurera le service de la paroisse jusqu’au mois de mai 1842. L’autel sur lequel les Oblats célébraient la messe existe encore et on le conserve à la sacristie de la paroisse.

Eugène Lapointe OMI