1. Contexte de la visite
  2. Chronique de la visite
  3. Réflexions

Cet article vise, à partir de ce que Mgr de Mazenod a écrit dans ses lettres lors du voyage (Écrits oblats I, t. 3, p. 129-147), à clarifier le contexte de la visite, à ajouter quelques détails prove­nant d’autres sources, à préciser la chronologie et, enfin, à faire quelques réflexions.

Contexte de la visite
Il y avait eu beaucoup de changements depuis 1850. Au Chapitre général du mois d’août 1850, on avait décidé de diviser la Congrégation en provinces. Celle d’An­gleterre fut établie en avril 1851. Le père Cooke était provincial depuis novembre 1851. Les pères Aubert et Bellon, qui jusqu’alors avaient dirigé la mission, n’étaient plus dans la province. Le père Aubert avait été le premier provincial mais seulement pour quelques mois; il était maintenant provincial du Midi de la France et secrétaire de Mgr de Mazenod. Le père Bellon était retourné en France et devenu supérieur du grand séminaire de Romans, mais avait fait la visite cano­nique d’Angleterre en 1852 et 1853. De nouvelles fondations avaient été faites: Mount Saint Mary à Leeds en 1851, Sicklinghall et Galashiels en 1852, maison de retraite à Dublin en 1856. On avait quitté quelques missions: Penzance, Maryvale et Ashbourne en 1852, Alden­ham en 1853, Everingham en 1855. Aucune solution n’avait été trouvée pour la dette d’Asbhourne et la province en avait subi les conséquences en termes de finances et de réputation. Le père Pinet avait été appelé du Canada pour prendre en main les affaires financières de la mission. On n’exagère pas en disant que le visage de la mission avait complè­tement changé dans le peu de temps écoulé depuis 1850. Mgr de Mazenod fit ce voyage dans un but précis: présider la cérémonie d’ouverture de l’église oblate de Mount St. Mary à Leeds, prévue pour le 29 juillet. Son but était aussi plus large: «nouer ou resserrer les liens utiles à notre communauté naissante ». C’est pour cette raison qu’il accepta aussi de visiter l’Irlande. Lorsqu’il pensa à ce voyage, il espérait voir son ami le père Gustave Richard à Dublin. Mais, à son grand regret, le père mourut le 20 avril 1857.

Chronique de la visite

Départ de France: 28 juin – 10 juillet

Mg de Mazenod, accompagné du père Aubert et de l’abbé Guiol, prêtre marseil­lais qui parlait un peu l’anglais, quitta Marseille le 28 juin pour Nancy où il devait ordonner prêtre un Oblat. Trois scolastiques de Montolivet allaient aussi continuer leurs études à Sicklinghall et Mgr de Mazenod les ordonna diacres au cours de son séjour. Il put observer quelque peu leur caractère pendant le voyage. De Nancy, il alla à Paris où il resta quelques jours pour affaires. Depuis Paris les deux groupes voyagèrent sépa­rément. Monseigneur, Aubert et Guiol partirent le 10 juillet et arrivèrent le même soir à Londres où ils demeurèrent quel­ques jours. Les scolastiques prirent une autre voie plus économique et arrivèrent à Londres le 11 juillet. Ils partirent aussitôt pour Sicklinghall où ils arrivèrent le 14.

La visite de Londres: 10-16 juillet

Les Oblats n’avaient pas encore de mission à Londres. Le père Cooke, pro­vincial, était à Dublin. Monseigneur et ses compagnons demeurèrent chez M. Dah­dah, riche homme d’affaires. Le Fonda­teur écrit que, à Londres, il retira de l’argent de chez «Pastré et frères ». Ceux-ci avaient une maison de commerce à Marseille et un établissement à Londres. Son séjour à Londres fut très rempli. Il célébra chaque jour dans une église voi­sine. Le groupe fit des visites, guidées par le duc de Norfolk, et dîna chez lui à St. Jame’s Square en plusieurs occasions. Ils virent des sessions de la Chambre des Lords et de la Chambre des communes, le Palais de Cristal où se tint la grande expo­sition de 1851, le British Museum. Mgr de Mazenod n’a pas réussi à rencontrer le cardinal archevêque Wiseman, il réussira plus tard, mais il rencontra Mgr Grant de Southwalk, les lords Campden, Stafford et Devaux, de même que Messieurs Monsell et Hope-Scott, l’avocat qui se chargea de la mission de Galashiels. Il visita les Sœurs de la Retraite. Il reçut des lettres du père Tempier et du père Fabre et en en­voya une au père Tempier, le 15.

La visite de Liverpool: 16-20 juillet

Le jeudi 16, Mgr de Mazenod et ses compagnons voyagèrent par train vers Liverpool, en passant par Birmingham. Là, ils quittèrent le train pour accompa­gner Guiol chez Mg Ullathorne afin de visiter Oscott. L’évêque était absent et Mgr de Mazenod n’avait aucune affaire à traiter à Birmingham. Agacé par ce retard, Monseigneur reprit le train à la station New Street et arriva à la station Lime Street de Liverpool dans la soirée. Les pères Jolivet et Gubbins l’attendaient. Ils le conduisirent à la mission Holy Cross où les attendait le père Dutertre. Le qua­trième membre de la communauté, le père Bradshaw, faisait sa retraite à Sickling­hall. Monseigneur passa à Liverpool trois journées reposantes. Il admira les nou­velles écoles. Il voulut aller voir Mgr Alexandre Gosse, évêque de Liver­pool, mais celui-ci était en vacances au pays de Galles. Il alla chez les Jésuites. Leur église, située rue Salisbury, non loin de Holy Cross, et dédiée à saint François Xavier, avait été fondée en 1845. Il visita la ville à pied avec le père Aubert. Il assista à une cérémonie religieuse dans l’église des «Catholiques apostoliques », communément appelés les Irvinites, à la rue Canning, au coin de la rue Catherine, construire en 1856. Le père Rey dit que Monseigneur visita les grands navires qui devaient poser les câbles dans l’Atlantique. Il écrivit au père Tempier. Le dimanche il fit sa première visite dans l’église oblate encore pauvre. À sa messe, le sermon fut donné par le père Fox, de passage à Liverpool, au retour de sa re­traite à Sicklinghall. Le père Fox partit aussitôt pour Dublin afin de préparer l’arrivée du Fondateur. Celui-ci partit le lendemain, lundi 20 juillet. Il prit le ba­teau à Liverpool, ou alla-t-il à Holyhead pour abréger le voyage par mer? Il semble qu’il partit de Liverpool puisque la tempé­rature était excellente, la mer calme et qu’on ne parle pas d’un voyage par terre jusqu’à Holyhead.

La visite en Irlande: 20-27 juillet

Mgr de Mazenod débarqua en Irlande tard dans la soirée de lundi 20 juillet. Il fut conduit à Inchicore où il demeura avec les Oblats dans une petite maison de campagne où ceux-ci demeuraient alors. C’était une chaude soirée d’été et bien qu’il était 11 heures, il ne faisait pas en­core nuit. La nouvelle de son arrivée fut vite connue et la foule arriva pour le saluer. Il fut profondément touché. Le lendemain à 10 heures il reçut des visi­teurs: Mgr O’Connor OSA, évêque titulaire de Saldes et ancien vicaire apos­tolique de Madras, et le père Crane, prieur des Augustins qui parlait italien; les deux étaient de bons amis des Oblats. Il alla ensuite présenter ses respects à Monsei­gneur (plus tard cardinal) Cullen, arche­vêque de Dublin, dans une voiture en­voyée par l’archevêque. Celui-ci résidait alors au 55 rue Eccles. Mgr de Mazenod dîna chez lui. Rey écrit qu’étaient réunis les notables de l’université catholique, plusieurs membres du grand séminaire de Maynooth et les archevêques d’Armagh et de Cashel. La place d’honneur fut assi­gnée à Mgr de Mazenod. Le mercredi 22 juillet fut une autre journée bien remplie. Il fut conduit au grand séminaire All Hallows, à la maison des Jésuites, chez les Sœurs du Sacré-Cœur et chez les Augustins. Il visita aussi le séminaire national de Maynooth, comté de Kildare, et dîna là, invité par le recteur, docteur Russell. Au retour à la maison, il visita quelques importants citoyens d’Inchicore et les Sœurs de la Merci à Goldenbridge. Le jeudi 23, il visita l’université catho­lique à Stephen’s Green. D’après le Co­dex de la maison de retraite, il visita aussi un voisin des pères, M. Ryan, dont les pères traversaient le jardin tous les matins pour aller célébrer la messe chez les Sœurs de la Merci. Il dîna chez les Au­gustins où il rencontra encore Mgr O’Connor et le fameux père Passionniste Ignace Spencer qu’il avait souvent ren­contré à Marseille. Le vendredi 24, il visita un autre ami des Oblats, le docteur Yore, vicaire général et curé de Arrran Quay. Il distribua les prix au couvent des Sœurs du Sacré-Cœur, cérémonie prési­dée par Mgr Cullen et, à la joie des Oblats, rentra à la maison pour le dîner. Le sa­medi 25, il visita les ateliers du chemin de fer Great Southern and Eastern Railway, adjacents à la propriété des Oblats. Les travailleurs lui firent un accueil chaleu­reux. Plusieurs assistèrent à sa messe le lendemain et firent la communion. Monseigneur dîna chez le chanoine Pope, administrateur de la cathédrale, au pres­bytère de celle-ci. L’archevêque y était. Dimanche le 26, le Fondateur célébra la messe de 7 heures dans l’église en bois et distribua la communion pendant une heure. Comme on lit dans la presse (Freeman’s Journal, le samedi 25 juillet), il alla ensuite avec les pères Aubert et Cooke à la pro-cathédrale de la rue Marl­borough pour présider avec l’archevêque la grand-messe pontificale et donner la bénédiction. L’archevêque l’amena en­suite dans sa voiture pour une brève visite des environs. Au retour, à 4 heures, il fut accueilli par la fanfare de la ville. Se faisant l’interprète, le père Robert Cooke dit aux gens que Mgr de Mazenod était heureux de constater que leur foi est la même que la sienne et que celle de l’ancien diocèse de Marseille qu’on dit fondé par saint Lazare. Après la bénédic­tion du saint Sacrement, Monseigneur, sous un dais, rentra à la maison des Oblats, entouré des hommes et des femmes des confraternités, et des filles du couvent des Sœurs de la Merci. Il alla ensuite dîner chez l’archevêque, accom­pagné des pères Aubert et Cooke. Son Acte de visite de la maison d’Inchicore est daté de ce jour. Il n’y a que des lou­anges pour l’esprit religieux de la com­munauté et pour son travail missionnaire. Il recommande la fidélité à la Règle. Comme dans son Acte de visite de 1850, il insiste sur la stricte observance de l’usage romain des confessionnaux et sur la nécessité d’obtenir son approbation pour toute construction. Le lundi 27, il retourna à Liverpool. Au cours de sa visite, il parla avec Mgr Cullen de la pos­sibilité de créer une paroisse pour les Oblats en divisant celle de St. James. L’archevêque sembla favorable à l’idée, mais ne fit rien.

La visite de Leeds, 27 juillet – 1er août

Après une nuit à Holy Cross, Liver­pool, Mgr de Mazenod, ses compagnons et le père Cooke allèrent à Leeds en passant par Manchester où ils visitèrent la cathé­drale. À Leeds, Monseigneur demeura chez les Holdforth (Rey) mais dîna et passa la journée avec la communauté oblate où le père Arnoux arriva de Sick­linghall pendant la récréation du soir; les Oblats de Leeds étaient alors très occupés par la préparation de l’ouverture de l’église le lendemain. Le père Lynch était le supérieur, assisté des pères Pinet, éco­nome, Kirby, Gobert, J. Gubbins et du frère Vernet. Le mercredi 29 eut lieu la cérémonie de la bénédiction et de l’ouverture solennelle de la nouvelle église, moment fort de la visite du Fon­dateur. L’évêque du lieu, Mgr Briggs, était présent avec Mgr Brown de Newport. Le cardinal Wiseman prêcha à cette cérémo­nie et le docteur Manning à Vêpres. Ce fut un événement d’une immense portée, célébrée dans toute la ville, par les pro­testants comme par les catholiques. Le banquet se tint dans un hôtel de la ville. Le 30 juillet, Monseigneur visita les prin­cipales familles de Leeds, bienfaitrices de la mission. Le vendredi 31, réunion du Conseil. Monseigneur alla ensuite visiter M. Henry Maxwell où il passa la nuit. Il lui fit cette visite pour le remercier de l’invitation faite d’aller habiter chez lui pendant son séjour à Leeds, avec le cardi­nal Wiseman qui y demeura. Mgr de Ma­zenod n’y alla pas parce que cette habita­tion était trop éloignée de Leeds. Le len­demain 1er août était la fête de naissance du Fondateur. Il célébra la messe au châ­teau des Maxwell avec la famille. Dans une lettre au père Tempier, écrite de là, il évita de détailler les événements des derniers jours et lui envoya plutôt des coupures de journaux. Il partit l’après-midi pour Sicklinghall, voyage de moins de deux heures par train. Les pères Arnoux et Hickey et le frère Regan l’attendaient à la gare de Wetherby.

La visite de Sicklinghall: 1-4 août

Cette visite est décrite avec des détails colorés dans le Codex de Sicklinghall. Monseigneur rencontra la communauté composée de 35 personnes et consola le père Bouquillon, moribond . Dans la soirée il reçut le père W. Bennett au novi­ciat. Le père Bennett était alors directeur au juniorat qui commençait. Le lendemain dimanche et fête de saint Alphonse de Liguori, Monseigneur célébra la messe de communauté et le père Hickey prêcha sur le saint du jour, en faisant quelques com­paraisons avec le Fondateur. Après Vêpres, il fallut faire quelques visites chez les voisins: les honorables Mes­sieurs Bland qui avaient mis leur voiture à la disposition du visiteur, Mme Dowagen Stourton, sœur du cardinal Weld, amis du Fondateur d’après le Codex, la famille Clayton, le «pauvre John Shepherd, infirme depuis sa naissance. Il fit baiser sa croix pectorale au pauvre homme et il le bénit.» Le 3 août, il se mit à la disposi­tion de la communauté pour recevoir ceux qui voulaient lui parler; un des pères traduisait. Il rencontra séparément les novices, les frères et les junioristes. Le soir, il reçut Robert Barrett au noviciat. Le père Rey dit qu’il y eut réunion du Conseil provincial ce jour-là: les pères Cooke, Arnoux et Hickey. Le Fondateur ne semble pas avoir laissé un Acte de visite. Le Codex signale quelques-uns de ses conseils: «Il rappela au Maître des novices de lui écrire tous les trois mois et de lui envoyer l’état détaillé des novices, de chacun d’eux. Il parla durement des apostats.» Le 4 août, il se leva tôt pour la messe à 5 heures et le départ en voiture vers la gare de Pannal où il prit le train pour Édimbourg. Le père Noble accom­pagna le groupe.

La visite en Écosse: 4-7 août

Mgr de Mazenod était attendu à la gare d’Édimbourg par Mgr Gillis et le père Mangin. Ils firent une brève visite de la ville. Il demeura chez l’Évêque. Ils se connaissaient déjà. Le lendemain, le Fon­dateur commença la journée par une lettre au père Tempier pour se plaindre de ne pas recevoir de lettres. Mgr Gillis l’accompagna ensuite à l’église du cou­vent de sainte Marguerite d’Écosse pour la célébration de la messe. Après le dé­jeuner, il se proposa de partir par train pour se rendre à la maison oblate de Ga­lashiels, mais l’Évêque lui fit d’abord visiter quelques monuments d’Édim­bourg: le musée, l’université, la biblio­thèque, le château, le palais Holyrood; c’est ainsi qu’il ne partit pour Galashiels que dans la soirée. Il demeura avec la communauté des Oblats, dans le presby­tère construit pour eux par M. Hope-Scott. Le jeudi le 6, il l’employa en visites de politesses aux bienfaiteurs. Chemin faisant, on visita les ruines de l’abbaye de Melrose. On s’arrêta chez Lord Henry Kern et sa femme, puis on visita Abbots­ford. Le vendredi fut réservé à la visite canonique de la communauté, interrom­pue cependant par l’arrivée inattendue de Mgr Gillis. Avant de quitter Galashiels, Monseigneur reçut une lettre de l’Évêque de Quimper annonçant qu’il mettait fin au contrat avec les Oblats du séminaire. Triste nouvelle qui laissa un souvenir amer de la visite à Galashiels. Mgr de Mazenod prit le soir même le train pour York où il arriva à deux heures du matin. Il célébra la messe dans un couvent. Il rencontra Mgr Briggs et le remercia. Il quitta York dans l’après-midi, passa quelques heures en visites de politesses à Everingham qu’il quitta à 5 heures de l’après-midi pour Mount Saint Mary à Leeds.

Retour à Leeds: 8-11 août

Mgr de Mazenod retourna à Leeds pour ordonner prêtre Timothy Ryan et sous-diacres les frères Guillard et Ayral qui avaient fait le début du voyage avec lui. Il ordonna aussi sous-diacre William Ring. L’ordination eut lieu dans la nouvelle église le dimanche 9 août. Le 10, il passa quelque temps avec les Sœurs Oblates de Marie Immaculée qui étaient venues de Notre-Dame de l’Osier pour travailler avec les Oblats. Il alla voir la famille Middleton qui fut admise à la participa­tion des mérites et des prières de la congrégation en reconnaissance de ce qu’elle avait fait pour les Oblats à Sick­linghall. Le 11 août, il salua tout le monde, en particulier la famille Hold­forth, et commença son voyage de retour.

Retour à Londres et départ d’Angleterre: 10-15 août

Mgr de Mazenod passa d’abord deux nuits à la résidence de Lord Campden à Horn House, près de Rutland Water, Rutland. C’était un pieuse famille où Lord Campden servit la messe de l’évêque. Ce fut une courte période de repos pour Monseigneur avant d’entreprendre le long voyage de retour. Il partit pour Londres le 13 août, s’arrêta à Oxford pour visiter l’université qu’il était bien aise de voir. Les collèges étaient fermés, sauf Christ Church, fondation du cardinal Wolsey. À 4 heures les voyageurs arrivèrent à Londres où M. Dahdah les accueillit et où ils demeurèrent encore. Vendredi 14 août, Monseigneur alla visiter le cardinal Wi­seman, les Pastré, le docteur Manning et alla aussi dire un triste adieu au duc et à la duchesse de Norfolk. Le 15, il partit pour Paris après avoir célébré la messe dans l’église de Chelsea.

Réflexions
Ce fut une visite remarquable, faite rapidement et sur une longue distance. Mgr de Mazenod eut rarement un peu de temps pour lui-même: «Voyages et courses sans nombre» (lettre au père Soullier, 2 août. Écrits oblats, I, t. 3, p. 143); «Je ne puis trouver un quart d’heure de repos pour m’entretenir avec les absents» (lettre au père Fabre, 23 juillet, Écrits oblats I, t. 3, p. 137); «Je n’ai rien pu coucher sur le papier de toutes ces merveilles» (lettre au père Tempier, 1er août, Écrits oblats I, t. 3, 141). Du seul point de vue physique c’était un exploit. Par rapport au but de la visite, ce fut aussi une importante réussite personnelle. Tous les objectifs furent atteints. Comme ambassadeur de sa congrégation, il a établi de bons contacts avec les principaux personnages des en­droits où ses fils travaillent. Il se trouva bien avec chaque classe de la société. À Dublin, il gagna aussi la confiance de Mgr Cullen, le très influent archevêque. En Angleterre, il a été capable de s’entretenir pendant quelque temps avec le cardinal Wiseman et le docteur Man­ning, les deux hommes d’Église les plus influents d’alors. Ces deux personnages ont vu les Oblats dans les pauvres quar­tiers de Leeds et sont demeurés en bonnes relations avec les pères. Dans une impor­tante lettre à M. Fabre de l’Oratoire de Londres, le 27 octobre 1852, Wiseman avait parlé de sa déception de ne pas trouver en Angleterre une congrégation religieuse prête et désireuse de travailler à l’évangélisation des pauvres de son dio­cèse, d’une façon soutenue, continuelle et persévérante.» Il aura certainement été frappé par ce qu’il a vu à Leeds quand il a assisté à l’ouverture du Mount St. Mary. Sans trop tarder les Oblats pourront fon­der une mission dans l’extrême Est de Londres. Les horizons de Mgr de Mazenod furent aussi élargis. Il a été étonné de la ferveur des catholiques irlandais. Ses contacts positifs avec le protestantisme anglais l’ont stupéfait sans diminuer son horreur de la réforme protestante.

Mgr de Mazenod a également renforcé l’esprit des Oblats et les a raffermis dans les nouvelles directions qu’ils avaient prises. Dans le Codex de la maison de retraite de Dublin, on a écrit: «Nous n’oublierons jamais la bonté que montra non bon père dans le peu de temps qu’il demeura avec nous. L’affection de son cœur pour ses enfants. Il regretta beau­coup de ne pouvoir parler en anglais avec les frères. Mais sa bonté et sa simplicité étaient la preuve de sa dévotion fraternelle envers eux et envers tous les membres de la communauté. Nous avons été édifiés par son esprit de mortification car il n’a dormi que quelques heures. Il allait au lit le dernier, souvent à 11 heures, et il était debout le premier à 4 heures. Ce fut un exemple vraiment édifiant pour une per­sonne de près de 75 ans. Il nous adressa quelques mots par lesquels il exprima l’affection de son cœur et sa joie d’avoir été ici avec le bon peuple et au milieu de ses enfants.» Ce récit du Codex se ter­mine par ce cri plaintif: «Ah! Quand retournera-t-il encore?»

Michael Hughes, o.m.i.