Pérou


Roberto Carrasco, OMI

tiré de Kairo’s News  (www. kairosnews.cl)

Roberto Carrasco Rojas OMI a été l’un des deux Oblats, pères synodaux du Synode spécial sur l’Amazonie, qui s’est tenu à Rome en octobre 2019. Il indique clairement que le thème fondamental du Synode sur l’Amazonie n’était pas l’ordination des hommes mariés, ce sur quoi les médias se concentrent, mais plutôt l’écologie intégrale, et qu’il y a beaucoup à se réjouir à cet égard. Tel est son point de vue qu’il exprime depuis le cœur de l’Amazonie.

Un communicateur social catholique doit dire la vérité aux gens. Le thème fondamental du Synode n’était pas l’ordination d’hommes mariés. Il est regrettable que certains médias qui se disent catholiques, traitent ce sujet de façon très orientée, faisant ainsi le jeu de certains secteurs conservateurs qui profitent de ce type de désinformation pour leurs propres intérêts.

Le pape François, dans sa dernière exhortation apostolique « Querida Amazonia », exprime l’intérêt particulier qu’il porte à l’Amazonie, car pour lui  l’Amazonie est un être vivant qui souffre et qui crie dans la douleur aujourd’hui, et qui nous interpelle, parce qu’elle  nous fait voir comment nous traitons la nature.

Un rêve partagé

“Querida Amazonia” (“Amazonie bien-aimée”) est un rêve devenu réalité. Un rêve de nombreux missionnaires qui espéraient que le jour viendrait où l’Eglise s’en préoccuperait sérieusement.

François partage ce rêve parce qu’il a posé son regard et son cœur sur un lieu souvent oublié par le monde ; à partir de là, il nous invite tous à relever le défi que représente cette réalité. François  aime l’Amazonie et sait l’exprimer, au point qu’il commence son exhortation par ces quelques mots affectueux : « Amazonie bien-aimée ». C’est la plus belle chose que l’Église pouvait adresser aux peuples autochtones de cette région du monde.

Mais cette Exhortation apostolique ne s’adresse pas seulement aux peuples ou à l’Eglise d’Amazonie, elle s’adresse à toutes les personnes de bonne volonté. C’est le fruit de tout un processus d’écoute. Un processus qui, au Synode, a signifié un temps de grâce. Cette Exhortation est complétée par les contributions synodales qui ont été exprimées, discutées, discernées et dialoguées et qui se trouvent dans le Document final du Synode. Nous devons nous rappeler que le Document final produit par le Synode est une chose, et l’Exhortation apostolique en est une autre ; et ce qui nous réjouit, c’est que l’Amazonie entre comme un thème à forte connotation ecclésiale.

Laissons-nous défier par ce rêve de François. “Amazonie bien-aimée” est un rêve partagé. Le numéro 7 de l’Exhortation nous donne un véritable résumé :

Je rêve d’une région amazonienne qui se batte pour les droits des pauvres, des peuples d’origine et des derniers de nos frères et sœurs, où leurs voix puissent être entendues et leur dignité promue.

Je rêve d’une région amazonienne qui puisse préserver ses richesses culturelles propres, où la beauté de notre humanité brille de tant de diverses manières.

Je rêve d’une région amazonienne qui puisse jalousement préserver son extrême beauté naturelle et la vie surabondante, grouillant dans ses rivières et ses forêts.

Je rêve de communautés chrétiennes capables d’un engagement généreux, incarnées dans la région amazonienne, et donnant à l’Église de nouveaux visages aux traits amazoniens.

Les “viri probati” (“hommes de vertu éprouvée”)

Dans le quatrième chapitre du Document final du Synode, ce sujet apparaît comme une contribution des pères synodaux. C’est l’un des nombreux sujets qui ont été abordés, mais pas le plus important. Il est faux de dire que le Synode ait voulu se réduire à la question des « viri probati », comme si c’était la question la plus cruciale de ce Synode spécial. Nous savons que le thème principal du Synode était « Voies nouvelles pour l’Église et pour une écologie intégrale ». Lisons le numéro 91 du Document final : « Avec un courage évangélique, nous souhaitons mettre en œuvre des voies nouvelles pour la vie de l’Église et sa contribution à une écologie intégrale, en Amazonie ».

D’autres questions qui nous interpellent

Dans le numéro 85 de l’exhortation, le Saint Père déclare : « L’inculturation devrait aussi se refléter de plus en plus dans une forme incarnée de son organisation et de l’exercice du ministère ecclésial. Si nous voulons inculturer la spiritualité, la sainteté et l’Évangile lui-même, comment ne pas envisager une inculturation des façons dont nous nous organisons et mettons en œuvre les ministères ecclésiaux ? La pastorale de l’Eglise est encore précaire en Amazonie, en partie en raison de l’immensité de son territoire, des lieux nombreux d’accès difficile, d’une grande diversité culturelle, de graves problèmes sociaux, et de l’option de certains peuples eux-mêmes qui veulent se tenir à l’écart. Cela ne peut pas nous laisser indifférents et exige une réponse spécifique et courageuse de la part de l’Église »

Il y a de graves problèmes dans le territoire pan-amazonien et c’est pourquoi l’Eglise est tenue de répondre à la manière de Jésus, répondant à son Père. Nous ne pouvons pas rester dans le confort de nos maisons, avec voitures, fauteuils et lits douillets. Nous devons abandonner cela et nous reconfigurer au mystère du service.

Maintenant, c’est aux évêques et aux supérieurs des Congrégations religieuses d’adopter cet enseignement et de veiller à ce que les missionnaires qu’ils envoient en Amazonie soient préparés.