Harry E. WINTER, OMI

J. Paul Martin, prêtre oblat pendant six ans et leader mondial de Justice et Paix depuis plus de 50 ans, est décédé à l’âge de 87 ans, le 7 janvier 2024 à New York, aux États-Unis, atteint d’une pneumonie, compliquée par le covid. Bien que son prénom soit Joseph, il ne l’a jamais utilisé.

Vie et ministère des premiers Oblats

Né en Angleterre le 28 juin 1936, Paul a servi comme jeune officier dans l’armée britannique de 1954 à 1956.  Il entra ensuite au noviciat oblat de la Province anglo-irlandaise en 1956, et prononça ses premiers vœux le 29 septembre 1957.  Il a ensuite été envoyé à Rome, au Scolasticat international, où il a fréquenté l’Angelicum, aujourd’hui appelé l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin, où il a obtenu la licence en philosophie et en théologie. Il a prononcé ses vœux perpétuels le 29 septembre 1960 et a été ordonné prêtre le 22 février 1964.

Paul était à Rome pour les deux premières sessions de Vatican II, à l’automne 1962 et 1963.  À ce moment-là, il avait appris le français et était capable de comprendre les deux journaux français dont nous écoutions la lecture pendant les repas : Les Informations Catholiques Internationales et La Documentation Catholique. Ces revues nous ont aidés à nous préparer au bouleversement de Vatican II, comme l’ont fait les divers évêques et théologiens oblats qui ont visité le scolasticat.

Ministère au Lesotho et transition

Paul était en relation avec l’Evêque oblat Francis Taylor, Evêque de Stockholm, en Suède, Paul pensait qu’il irait travailler en Suède, mais le Supérieur général, Leo DESCHATELETS, lui a demandé d’aller au Lesotho, en Afrique du Sud. Il devait y enseigner tout en étant Doyen de la résidence pour hommes de la nouvelle Université du Botswana, du Lesotho et du Swaziland, et en facilitant la transition de ce qui avait été un Collège oblat, à une Université publique indépendante.

Alors qu’il était doyen des étudiants et chargé de cours, le Supérieur de Paul était Anthony Hall, O.M.I.  Après trois ans au Lesotho, il a reçu une bourse qui lui a permis de s’inscrire à l’Université Columbia, à New York, aux États-Unis, en 1967. Il obtint son doctorat en philosophie avec une thèse intitulée Educating the Sotho, 1833-1884, une étude de l’œuvre des missionnaires protestants, catholiques et anglicans. Pendant son séjour à Columbia, il a visité des maisons oblates aux États-Unis et au Canada.

Transition de la vie oblate

Paul est tombé amoureux et a quitté les Oblats après 14 ans de vie religieuse.  Lui et sa femme, Roberta Isakson, ont élevé deux enfants, dont l’un est chercheur en immunologie et l’autre directrice des expositions dans un musée de New York.  Les accompagner dans la foi a été un véritable défi.
Au fil des ans, Paul a servi comme ministre de l’Eucharistie dans les paroisses qu’il a fréquentées.

Paul est l’auteur de nombreux articles, dont deux dans la revue catholique Commonweal, et un avec Harry Winter, O.M.I., « ‘Prosélytisation’ religieuse », ‘Prosélytisation’ et autodétermination communautaire en Afrique (éd. Abdullahi Ahmed An-Naiim, (NY : Orbis, 1999), pp. 20-50. 

Contributions à la justice et à la paix

En 1978, il a fondé et dirigé pendant 27 ans le Centre pour l’étude des droits humains à l’Université Columbia, aujourd’hui, Institut.  Parmi ses programmes, le Programme des défenseurs des droits de l’homme, fondé en 1989 et toujours en cours aujourd’hui, a amené à l’université des groupes annuels de défenseurs des droits de l’homme des pays du Sud, pendant quatre mois pour étudier sous sa direction et établir les contacts nécessaires pour soutenir leur travail dans leur pays. Lors de leurs passages à Washington, D.C., aux États-Unis, ils rencontraient les étudiants de George McLEAN OMI au Centre de recherche sur les valeurs et la philosophie de ce dernier.  Paul a également écrit sur les droits de l’homme et la religion dans l’une de ses propres publications. Il a édité trois recueils de documents sur les droits de l’homme et a contribué à l’Oxford Encyclopedia on Political Science et à l’Encyclopedia of the Modern Middle East.

Héritage et impact

Dans les années 1990, Paul a conçu et dirigé un projet de 1,8 million de dollars visant à familiariser les militants et les responsables gouvernementaux de l’ancien bloc de l’Est aux idées occidentales sur la liberté religieuse. Quatre groupes sont venus à New York pour quatre mois d’étude.  Trois conférences internationales sur la liberté religieuse ont eu lieu à Sofia, Budapest et Cracovie.

Tout au long de ses années à l’Institut, Paul a beaucoup voyagé dans les pays du tiers monde, aidant à établir des programmes d’éducation aux droits de l’homme au Ghana, au Burkina Faso, en Ouganda, au Brésil, au Libéria et en Équateur, entre autres.  L’une de ses préoccupations constantes était Haïti, où il a enseigné à l’Université Notre-Dame de Port-au-Prince et a été impressionné par la qualité de ses étudiants. Au cours des douze dernières années, il a enseigné et dirigé le programme d’étude sur les droits de l’homme au Barnard College de l’Université Columbia.  Jusqu’à peu de temps avant sa mort, il y enseignait tous les mardis et jeudis.

Oblation

Paul chérissait sa Croix oblate et s’est assuré en avril 2020 qu’elle soit envoyée à notre scolasticat de San Antonio, au Texas, pour être transmise à un futur Oblat.  Il aimait aussi ses frères oblats, restant en contact avec son camarade de classe suisse, Jean-Pierre Caloz, et rendant visite au centre de retraite de Tewksbury, MA, Paul Daly, Will Harvey et moi-même, les 8 et 9 mars 2020.

La mort inattendue de Paul prive le Barnard College d’un militant inégalé qui a formé tant d’experts en Justice, Paix et Intégrité de la Création.  Mais les milliers de personnes qu’il a formées poursuivront son travail.

Que son âme repose en paix !