Né à Tortorici, Sicile, Italie, le 1er avril 1886.
Entré au noviciat de Saint-Pierre d’Aoste, le 1er novembre 1902.
Premiers vœux à Saint-Pierre d’Aoste, le 27 novembre 1903.
Vœux perpétuels à Rome, le 15 août 1905.
Ordonné prêtre à Roviano, le Roviano, le 28 octobre 1908.
Décédé à Palisades Park, le 11 avril 1942

Ferdinando Anzalone naît à Tortorici, en Sicile, le 1er avril 1886. Lorsque, en 1892, il désire suivre le cours élémentaire du collège Bellon, ce juniorat expérimental né du cœur plus que de l’esprit, l’institution est fermée. Ce garçon de bonne famille fait donc ses premières années de lycée avec les professeurs privés qui ont déjà préparé ses sœurs aux études pédagogiques. De là il rejoint, sur le continent, son cousin Vincenzo ét d’autres garçons de son pays qui progressent sous l’enseignement dynamique du père Gaetano Destro à la Villa del Drago, à Rome. C’est là qu’il termine ses études secondaires.

Le 11 novembre 1902, à la suite d’une nouvelle vague révolutionnaire du gouvernement français qui sanctionne la séparation de l’Église et de l’État, le noviciat de Notre-Dame de l’Osier est transféré dans le prieuré Saint-Pierre d’Aoste. C’est là qu’il est envoyé de Rome avec son compatriote Rosario Gentile. Une fois terminée l’année de probation sous la conduite sévère du père Ernest Neyroud, il prononce ses premiers vœux le 27 novembre 1903. Il passe alors au scolasticat de Rome et suit les cours de philosophie et de théologie de l’université Grégorienne, où il obtient son doctorat en théologie. En 1905, il fait ses vœux perpétuels à la maison de campagne de Roviano, construite pour les vacances des scolastiques. Il est ordonné prêtre à Roviano, en 1908, par Mgr Augustin Dontenwill, alors supérieur général. C’est à celui-ci, ancien archevêque de Vancouver, Canada, qu’il s’adressera pour obtenir une obédience pour le Manitoba.

Quittant alors la via Vittorino da Feltre, le père Anzalone part pour l’Amérique du Nord où il se met à desservir les immigrants italiens; cette mission sera interrompue par la première guerre mondiale mais reprise par la suite avec encore plus d’ardeur.

Il rentre en Italie pour accomplir le service militaire qu’il avait reporté à vingt-six ans en raison de ses d’études. Il est de maison à Maddaloni et s’adonne à la prédication, en particulier celle de missions, dans une sainte et généreuse émulation avec son supérieur et compatriote le père Salvatore loppolo. Pris d’un mal subit de la thyroïde, lui qui avait un teint radieux et une certaine corpulence se retrouve avec les yeux exorbités, blanc comme un linge et maigre comme un manche à balai. Il rejette tout ce qu’il mange; en peu de temps, il ne reste plus que l’ombre d’un homme. Il passe quelques mois dans sa famille dans l’espoir de se remettre; soutenu par une volonté extraordinaire de vivre, il prend du mieux au point de pouvoir retourner dans sa communauté. Mais, ne pouvant travailler, il demande à quitter une atmosphère qui est devenue obsédante. Il veut retourner en Amérique pour répéter l’aventure de sa première jeunesse, convaincu de pouvoir, comme de fait, retrouver ses forces.

La première idée du père Anzalone est de retourner à Winnipeg où, le 15 octobre 1913, il assiste avec satisfaction à l’inauguration d’une église destinée au service religieux des deux cents familles italiennes qui lui sont confiées. L’évêque n’étant plus un Oblat mais un membre du clergé diocésain, il pense à descendre dans une région plus chaude. Il se fait inviter pour le carême à la Nouvelle- Orléans, en Louisiane, par le père Carmelo Gagliardoni, un compagnon de scolasticat, originaire d’Ombrie, arrivé dans ce pays quelque vingt ans auparavant. Mais il ne pense pas pouvoir s’adapter à un monde composé encore de cow-boys. Il se rend alors à New York auprès d’une de ses sœurs qui habite sur la rive opposée de l’Hudson, dans l’attente que, dans l’état du New Jersey, on lui offre un poste dans le ministère qu’il désire. Il découvre, dans le quartier de Palisades Parkt une baraque qui a été l’église d’un bon groupe d’italiens originaires de la province de la Molise, laissés en plan par un pasteur peu zélé envers son troupeau. L’évêque n’a pas l’intention de le remplacer. Il a, au contraire, décidé de supprimer la paroisse. Le père Anzalone réussit à entrer dans les grâces de Walsh, qui confirme l’existence de la paroisse. Après deux ans d’efforts, le nouveau curé entre dans l’église baraque, rénove le presbytère et commence son ministère. Il lui semble avoir retrouvé son travail de missionnaire dans les régions pauvres mais humbles et dignes des Abruzzes et de la Molise, même si, parfois, au lieu d’Anzalone, on l’appelle Lazzarone (canaille).

D’Italie, on lui envoie, pour l’aider, son ami le père Giuseppe Ferrecchia. Ce tandem très bien accordé se met à l’œuvre avec une ardeur renouvelée. Le père Anzalone, qui parle très bien l’anglais, se met au service des jeunes et le père Ferrecchia, avec ses dons innés pour reproduire les divers dialectes et supporter patiemment les situations difficiles, est au service des adultes et des personnes âgées. Ils accomplissent un travail très utile qui, d’une part, aboutit à la construction d’une nouvelle église de briques dédiée à saint Nicolas et, d’autre part, outre les avantages spirituels, au soutien des finances toujours précaires de la nouvelle province italienne. Les sommes d’argent les plus considérables sont le fruit d’un ministère exercé un peu partout, à des heures que les autres consacrent au repos hebdomadaire, et de sacrifices dus à un niveau de vie très modeste. Elles vont aux maisons de formation et permettent, vers la fin de la guerre, d’envisager la fondation de la maison de Florence. En avril de 1942, à la veille même d’aboutir à l’achat de la villa de Laugier, le père Anzalone, au cours d’un voyage en automobile, pris de somnolence ou pour une autre raison, sort de route et trouve la mort en heurtant un arbre.

Le père Anzalone avait des dons brillants d’orateur, de chanteur, de financier consciencieux au service d’un tempérament impulsif et généreux jusqu’à l’épuisement total de ses forces. Il était aussi un homme pourvu d’esprit surnaturel, ouvert au dialogue avec Dieu (il savait par cœur les psaumes du bréviaire), avec les confrères et avec tous, agnostiques, juifs ou francs-maçons. Il était aussi bourru et même brusque, par amour de la vérité, mais dans la charité.

Francesco Trusso, o.m.i.