1. Oblat de Marie Immaculée
  2. Vicaire apostolique de Jaffna (1868-1883)
  3. Vicaire apostolique de Colombo (1883) et archevêque (1887-1892)
  4. Maladie et mort

Naissance à Riom (Puy-de-Dôme), le 21 septembre 1823
Ordination sacerdotale à Paris, le 19 décembre 1846
Prise d’habit à Jaffna, le 19 mai 1857
Oblation à Trincomalee, le 20 mai 1858 (no 459)
Ordination épiscopale à Tours, le 24 août 1868
Décès à Colombo, le 3 août 1892.

Christophe Ernest Bonjean est né à Riom, diocèse de Clermont, France, le 21 septembre 1823, second des trois enfants de Yvonne Tardif et de Jean Baptiste Bonjean, avoué près la cours d’appel de Riom. Bien que M. et Mme Bonjean appartenaient à la bourgeoisie voltairienne, ils firent faire la première communion à leurs enfants. C’est l’abbé Michel Deval, curé de la paroisse de Pontaumur où M. Bonjean avait été nommé juge de paix, qui prépara si bien Christophe que celui-ci désira alors devenir prêtre. Il en parla à son père. Comme il était peu appliqué à l’étude, son père répondit simplement qu’il lui permettrait de suivre sa vocation après le baccalauréat. Aidé de sa sœur aînée Émilie, il étudia beaucoup et fut reçu bachelier avec mention honorable. Il entra au grand séminaire de Clermont-Ferrand en octobre 1842 et, en janvier 1846, au séminaire des Missions étrangères à Paris. Ordonné prêtre à Paris le 19 décembre 1846, il partit en 1847 pour le nouveau vicariat apostolique de Coimbatore en Inde où il travailla dans diverses paroisses et auprès des soldats irlandais. Il apprit l’anglais et le tamoul. Après neuf ans d’apostolat, fatigué et souffrant d’isole­ment, il désira devenir religieux. L’abbé Pajean, confrère missionnaire, lui parla des Oblats du vicariat de Jaffna. En 1855, l’abbé Bonjean écrivit au père Étienne Semeria qui l’invita à l’accompagner en France où il allait participer au Chapitre général de 1856. Il arriva à Jaffna le 28 novembre 1855, après le départ du père Semeria, et attendit son retour en vivant avec les Oblats dont il apprécia la charité fraternelle.

Oblat de Marie Immaculée
Le père Semeria avait été nommé coadjuteur du vicaire apostolique de Jaf­fna au printemps de 1856 et fut ordonné évêque à Marseille, par Mgr de Mazenod, le 17 août 1856. À son retour à Jaffna le 12 mai 1857, il conseilla à l’abbé Bonjean de faire son noviciat à Jaffna. Il le commença sous la direction du vicaire apostolique le 19 mai 1857 et fit son oblation à Trincomalee le 20 mai 1858.

Devenu vicaire apostolique de Jaffna à la mort de Mgr Bettachini le 26 juillet 1857, Mgr Semeria mit en œuvre les projets qu’il avait conçus dès son arrivée à Ceylan: prêcher des retraites paroissiales et ouvrir des écoles. Le père Bonjean fit partie de l’équipe missionnaire, composée des pères Constant Chounavel, Jean Lebescou et Jean Pouzin. Ils prêchèrent avec succès à Kayts, Valigamam, Trinco­malee, Batticaloa, Jaffna, etc. Mgr Semeria apprécia les qualités et le zèle du père Bonjean qui devint ensuite son principal collaborateur pour ouvrir des écoles et des orphelinats, fonder une congrégation de frères et de sœurs indigènes, enseigner la langue tamoule aux nouveaux mission­naires, être maître des novices puis directeur de la Société de la Sainte Enfance et de l’œuvre de la Propagation de la foi, lutter contre le schisme goanais, écrire pour défendre le mariage chrétien et les droits des catholiques en éducation.

En 1867, le père Bonjean fut élu délégué des Oblats de Ceylan au Chapitre général et accompagna Mgr Semeria en France. Après le Chapitre, tenu à Autun au mois d’août, Mgr Semeria se proposait de repartir le 25 janvier 1868. Il tomba malade au Calvaire à Marseille et mourut le 23 janvier. Sur proposition du père Fabre, supérieur général, le pape Pie IX nomma le père Bonjean vicaire aposto­lique de Jaffna par bref du 25 juillet 1868. Celui-ci fut ordonné évêque à Tours, le 24 août suivant, par Mgr Hippolyte Gui­bert, archevêque de ce diocèse. Le nouvel évêque partit aussitôt pour Jaffna, où il arriva le 25 octobre.

Vicaire apostolique de Jaffna (1868-1883)
Rentré à Jaffna, Mgr Bonjean se mit au travail. Il forma son conseil avec le père Frédéric Mouchel comme pro-vicaire général. Il développa les œuvres commen­cées par son prédécesseur et commença de nouveaux projets dans le domaine de l’éducation, de l’apostolat de la presse, de la construction d’églises. Il entreprit une série de missions populaires. En seize mois, il écrivit 18 circulaires qui précisent aux missionnaires les méthodes d’action, règlent tous les points de discipline et fournissent des directives sûres, nettes et détaillées.

En 1869, Mgr Bonjean fut convié au Concile du Vatican et le cardinal Barnabò exigea sa présence. Il y prit une part active et répondit à une brochure de Mgr Dupanloup, évêque d’Orléans, qui était opposé à la proclamation du dogme de l’infaillibilité. À son retour au début de 1871, il ouvrit un séminaire à Jaffna, publia en 1875 un Directoire qu’il se pro­posa de continuer pour offrir conseils, directives et documentation aux mission­naires. Lors de l’épidémie de choléra et de la famine, en 1875 et 1876, il transforma en hôpital l’église Sainte-Marie à Mannar et invita les missionnaires à secourir les malades. En 1876, il fonda un journal hebdomadaire The Jaffna Catholic Guardian. Dans un ouvrage intitulé De Infidelibus et Hereticis Evangelizandis, en 1878, il rappela aux missionnaires la responsabilité de l’Église envers l’évangé­lisation des païens. Il encouragea la dévo­tion à Marie, embellit et réorganisa les pèlerinages de Madhu et de sainte Anne à Puttalam. En 1879, il participa au Chapitre général des Oblats et ordonna évêque à Marseille, le 24 janvier 1880, son coadjuteur Mgr André Mélizan. En 1881, il transforma l’école primaire de Jaffna en collège dédié à saint Patrice, fonda des couvents de religieuses, reprit ses visites pastorales et, de 1880 à 1883, écrivit 58 brochures et lettres circulaires.

Sous son administration le vicariat de Jaffna avait beaucoup progressé. En 1868, il comptait 50 000 chrétiens, 22 missions, 14 missionnaires, 31 écoles, 9 religieuses; en 1883 il y avait environ 80 000 chré­tiens, 50 missions, 23 missionnaires, 46 religieuses dont 29 indigènes, 113 écoles, un collège, un séminaire, un journal catholique et une imprimerie.

Vicaire apostolique de Colombo (1883) et archevêque (1887-1892)
En 1883, le Saint-Siège détacha Kan­dy, confié aux Sylvestrins, de Colombo, où Mgr Bonjean fut nommé vicaire apos­tolique. Après avoir salué les fidèles de Jaffna où il fut très regretté, il arriva à Colombo le 18 août. La tâche à entre­prendre était rude. Il n’y avait que 28 prêtres, les ressources manquaient, les maîtres d’école réclamaient des arriérés de salaire, les orphelinats vivaient au jour le jour, les prédications étaient rares, etc. L’évêque ne s’effraya pas. Il commença par une visite canonique de tout le vica­riat, nomma le père Boisseau son vicaire général, fonda en 1884 le grand séminaire Saint-Bernard pour la formation d’un cler­gé local, une école normale pour la forma­tion de bons maîtres. Il obtint chaque année du père Fabre plusieurs mission­naires pour remplacer le clergé diocésain italien qui quitta le vicariat, entreprit l’achèvement de la cathédrale, etc.

Quinze mois après son arrivée à Colombo, Mgr Bonjean fut appelé à Rome pour discuter de la fin de la juridiction de Goa sur quelques paroisses de Ceylan et de l’établissement de la hiérarchie en Inde et à Ceylan. Il nomma le père Boisseau administrateur du vicariat pendant son absence qui dura du mois d’octobre 1884 au début de mars 1886. Comme consé­quence des discussions à la congrégation de la Propagande, un nouveau concordat fut signé entre le Portugal et le Saint-Siège le 23 juin 1886 et, le 1er septembre 1886, la hiérarchie fut établie en Inde et à Ceylan. Le 6 juin 1887, Mgr Agliardi, dé­légué apostolique en Inde, de passage à Colombo, annonça que Jaffna et Kandy devenaient diocèses et Colombo archidio­cèse avec Mgr Bonjean comme archevêque.

L’archevêque continua à développer son diocèse. En 1886, il installa les Franciscaines Missionnaires de Marie à Moratuwa, à l’hôpital général de Colombo et à l’asile des lépreux de Hendala. En 1888, il obtint des Petites Sœurs des Pauvres pour la maison des vieillards à Moratuwa. Il y avait quatre orphelinats pour les filles abandonnées mais aucun pour les garçons. Il en ouvrit un à Kotte en 1884, transféré en 1887 dans le vaste local de la maison Saint-Vincent de Maggona. Cette maison se développa et devint également école de réforme et école industrielle. En 1889, il construisit à Borella le centre administratif du diocèse et la maison centrale des Oblats. En 1891, il fit construire trois églises en pays bouddhiste et six autres étaient en cons­truction. En 1892, il annonça la construction du collège Saint-Joseph, désiré depuis longtemps dans la ville de Colombo, et qui fut inauguré en 1896. En neuf années la population catholique augmenta d’environ 30 000 fidèles, le nombre d’écoles passa de 140 à plus de 200; le clergé comptait 41 Oblats, 8 prêtres diocésains, 5 grands et 19 petits séminaristes.

Maladie et mort
À la fin de 1891, Mgr Bonjean eut une forte grippe. Il dut s’aliter. Il demeura au lit jusqu’à son décès le 3 août 1892, après avoir nommé le père Charles Collin admi­nistrateur du diocèse. Ses restes reposent dans la cathédrale Sainte-Lucie à Kota­hena, Colombo.

Dans l’ouvrage Our Tribute, le père Philips Jesuthasan termine les 25 pages de biographie de Mgr Bonjean par ce paragraphe: «Bien que Mgr Bonjean soit mort, son souvenir continuera à vivre pendant longtemps dans le cœur des catholiques de Sri Lanka. Il a laissé son empreinte sur l’Église de Sri Lanka, d’abord comme vicaire apostolique de Jaffna (1868-1883) puis comme vicaire apostolique et, à partir de 1886, comme archevêque de Colombo (1883-1892). Il fut un leader-né, sûr de lui-même, doué d’une profonde compréhension des per­sonnes et des situations. Il fut grand prédi­cateur, écrivain, organisateur, adminis­trateur et suscita le respect et le prestige de l’Église catholique. En prêchant, en écrivant et en bataillant, il n’avait qu’un but: la gloire de Dieu, le triomphe de l’Église et le bien des âmes […] Par-dessus tout, Mgr Bonjean fut un homme de foi et de prière d’où il puisait une immense énergie. Il aimait beaucoup notre Seigneur Jésus-Christ et avait une dévotion spéciale à Marie. Homme de grande simplicité et humilité, qu’il repose en paix!»

Yvon Beaudoin, o.m.i.