Le Vicariat apostolique du Labrador devient Vicariat apostolique de Saint- François-Xavier (Baie James et Labrador) en 1946.

En 1812, des missionnaires, en particulier des prêtres séculiers, visitèrent le Bas et le Haut Labrador le long des côtes du Saint-Laurent et, au nom des esquimaux, une pétition fut envoyée à Mgr Plessis afin d’obtenir un missionnaire.

Les Oblats de Marie Immaculée furent les premiers à pénétrer à l’inté-

rieur et au nord du Labrador; le père Louis Label y inaugura une série de longs et difficiles voyages.

Commencé trop tard en 1866, ce voyage ne put compléter la mission, les Indiens étant à la baie des Esquimaux pour échanger leurs fourrures. De Mingan à Winnaukupan, le missionnaire parcouru 510 milles. À 90 miles, à l’intérieur des terres, se trouve le poste de New River. 22 Nascapis vinrent de Petastekupan. Pour rejoindre ce poste, le missionnaire parcourut le trajet en 33 jours.

En 1868, le père retourna au poste qu’il avait visité en 1867. À New River, il rencontra 36 familles; 32 étaient des Nescapis qui venaient de l’Ungava.

Le père Babel fit une carte des voyages qu’il fit et décrivant l’intérieur du Labrador. Elle avait 5 pieds par six et représentait 18 093 milles de voyage (on a dit qu’elle aurait été vendue au gouvernement d’Ottawa pour 200 $, mais selon une lettre du 5 déc. 1922, elle a été trouvée par le père L. Lauzon, o.m.i., au Parlement de Québec). En Ungava, vivaient les trois-cinquièmes des Nascapis et autour de 50 ou 60 familles des Esquimaux.

En 1869, en absence du bateau, le missionnaire ne put aller à Petastekupan. En 1871, il écrit de la Rivière des Nascapis qu’il est à la fin de la baie des Esquimaux et au début de la rivière North West. Rigolet, dit-il, est à 20 lieues dans la baie. Il y a quelques familles d’esquimaux. Les Nascapis y viennent aussi. Le père Lacasse, o.m.i., écrit qu’il a passé 18 mois au Labrador, avec les Nascapis, qui vivent autour des Grands Lacs et le long de rivières qui coulent vers le Détroit d’Hudson. De Saint Augustin, à 300 lieues de Québec, le missionnaire traversa une langue de terre de 80 lieues pour rejoindre la fin de la baie des Esquimaux, mission souvent visitée par les pères Babel et Arnaud. De là, il parcourut 300 autres milles pour rencontrer, à travers des terres, les Indiens qui vivaient au Détroit d’Hudson. Il remonta une partie de la rivière des Nascapis, mais en raison des courants trop forts, il revint pour suivre une chaîne de lacs et fit 57 portages.

Les Nascapis qui résident dans la forêt Motsimiolno vivent sur les hautes terres qui divise la vallée de la baie des Esquimaux à partir du Détroit d’Hudson.

En 1881, le père Désiré Fafard, o.m.i., se rendit à la baie des Esquimaux et alla en Ungava, arrêtant au poste de Davis Inlet et Makvak, où il rencontra les Indiens de la rivière North West.

Les missions des Oblats du Labrador n’ont pas été toutes décrites.

En 1888, le père Lacasse écrit de Rigolet qu’il vient de compléter sa mission parmi les Indiens de la baie des Esquimaux. À la chapelle de Notre-Dame-des-Neiges, à 30 lieues de Rigolet, 180 Indiens l’attendaient. Ceux-ci s’appellent Sheshatiolanos. De Rigolet, il procède vers l’Ungava, plus de 250 lieues au nord d’une autre mission.

En 1890, le père Georges Lemoines, o.m.i., écrit de Rigolet : il faisait une mission à Notre-Dame-des-Neiges d’où il alla à une autre mission à 900 miles de là. 400 Nescapis et Montagnais étaient à la première mission et à peu près le même nombre au poste de l’Ungava.

Les notes précédentes sont historiques, je laisse à ceux qui sont intéressés de conclure. Quant à déterminer sur une carte les places exactes des missions de l’intérieur du Labrador, qui peut le faire aujourd’hui, puisque les missionnaires mentionnés ne sont plus ?

N.B. Nous avons parlé des Nascapis. Ils ont aussi parlé de nous. Le

Grand Esprit créa 1) avec sa tête les Esquimaux qui sont silencieux et sérieux, 2) avec ses armes, l’Indien guerrier, l’Iroquois, 3) le face-pale, avec ses ongles (voilà pourquoi celui-ci veut toujours voler ce qui appartient aux Indiens; il va partout saisir les terres du monde entier; il manufacture l’eau-de-vie pour rendre fous ceux qu’il veut voler; il se pense plein d’esprit, mais de fait c’est un coquin, 4) finalement, avec son cœur, le Grand Esprit créa l’homme primordial, le Nascapis.

On se souviendra que le Vicariat Apostolique du Labrador avait été confié à la Congrégation des Oblats à la fin de l’année 1945 et que le Vicaire Apostolique, Mgr Scheffer, avait été nommé le 26 mars 1946. Au moment de cette nomination, le vicariat apostolique comprenait un immense territoire de 350 000 milles carrés, avec un personnel de deux pères et un frère.

Depuis ce temps le vicariat du Labrador a réalisé des progrès encourageants. Des 4 missions organisées qu’il comptait, il est passé à 13 missions avec prêtre résident.

Pour bien comprendre le vicariat du Labrador, il faut savoir que le territoire se divise naturellement en trois districts, bien distincts par leur population et leurs problèmes. Nous avons au nord ouest le district de l’Ungava ou du Nouveau-Québec habité presque exclusivement par les Inuit et les autochtones amérindiens; puis le Labrador de Terreneuve où nous avons des Indiens, des Esquimaux et des blancs; enfin nous avons la Côte-Nord, partie de la province de Québec, depuis Natasquan jusqu’au Détroit de Belle-Île. Comme l’apostolat dans chaque district est absolument différent, il faut traiter ces diverses parties du vicariat individuellement.

Les Inuit ayant été évangélisés en tout premier lieu par les ministres protestants, arrivés quelques 60 ans avant le prêtre catholique, ils sont tous protestants à l’exception de 27.

Quant aux Indiens de Richmond Gulf et de Fort Chimo, des groupes seraient assez bien disposés, mais nous n’avons pas de missionnaires qui parlent leur langue en nombre suffisant.

Le Labrador de Terreneuve s’étend du Détroit de Belle-Île vers le Nord-Ouest, tout le long de l’Atlantique sur une distance de plus de 500 milles. Comme le Nouveau- Québec, il n’est habité qu’à la côte, à l’exception du Lac Melville où nous trouvons la base militaire de Goose Bay et le petit village de North West River. Il semble que les Indiens du Labrador soient un mélange de Nascapies et de Montagnais. Convertis au catholicisme depuis nombre d’années par nos anciens missionnaires, les pères Babel et Lacasse, ils sont tous demeurés fidèles malgré la pénurie de prêtres et l’entourage protestant. Avant que nous arrivions au Labrador, un prêtre de Terreneuve qui savait quelques mots de leur langue allait chaque année à North West River (Notre-Dame-des-Neiges) et parfois à Davis Inlet passer quelques jours avec eux, le temps de leur faire faire leurs Pâques.

Lorsque nous descendons le fleuve Saint-Laurent, nous arrivons à Sept-Îles, à mi-chemin de Blanc Sablon. Le diocèse du Golfe Saint-Laurent s’étend plus bas que Sept-Îles et que Hâvre-Saint-Pierre, jusqu’à Natashquan inclusivement. Puis commence le vicariat du Labrador avec ses côtes arides. Cette partie du Québec comprend environ 240 milles et n’est habitée que sur le bord de la mer, à l’exception de quelques endroits où les Indiens vont à l’intérieur, au cours de l’hiver.

Missions du vicariat :?1) Lourdes-de-Blanc-Sablon : au centre du vicariat, la plus ancienne où ait résidé un prêtre et se trouve à l’extrémité Nord-Est du Québec. C’est là que le Vicaire apostolique a établi son centre et qu’il réside. C’est un petit village de pêcheurs, la plupart assez pauvres et tous catholiques.

2) Saint-Augustin : remontant les rives du Golfe, nous rencontrons à 75 milles à l’ouest, la Mission Saint-Augustin, petit village dont la population est anglophone et en grande majorité catholique. Au ministère chez les blancs, il faut ajouter la desserte d’un groupe d’Indiens Montagnais assez nombreux. Ce sont les plus indigents de tout le vicariat.

3) Laissant Saint-Augustin, en remontant toujours le Golfe Saint-Laurent, nous arrivons à Baie Rouge (La Tabatière), joli petit village qui s’étage autour d’une baie boisée.

4) Tête-à-la-Baleine : à quelques 25 milles de Baie Rouge, à la mission Ste- Anne, vit un groupe de pêcheurs, plus de 50 familles, de langue française, qui demandait un prêtre depuis longtemps. La population remplie d’esprit de foi fait la consolation du missionnaire et répond facilement à ses avances.

5) La première mission que nous rencontrons en arrivant dans le vicariat, c’est celle du Sacré-Cœur de La Romaine, un modeste village de 25 familles, sis au fond d’une grande baie, près d’une rivière poissonneuse. Comme partout ailleurs, tout le monde fait la pêche, mais il n’y a pas d’endroit plus pauvre. Une autre raison militait en faveur de l’établissement d’une mission d’Indiens à La Romaine, un groupe de Montagnais, le plus nombreux de la côte et aussi le groupe le plus encourageant.

6) Paroisse du Cœur Immaculée de Schefferville : depuis longtemps on parle partout des fameuses mines de fer du Nouveau-Québec. Ce sont des richesses minières fabuleuses. Pendant 4 ans, des milliers de travailleurs ont accompli une œuvre gigantesque, la construction d’une ligne de chemin de fer de Sept-îles à Knob Lake, une distance de 360 milles, au prix de difficultés sans nombre. On dit qu’il revient au père Louis Babel, d’avoir découvert dès 1866, les riches gisements de fer de l’Ungava et du Labrador.

7) Kuujjaq-Fort-Chimo (Résidence Notre-Dame-de-Fatima, 1952).

8) Il semblait impossible alors de fonder une résidence au Lac Knob, sous le titre de Marie-Immaculée (donné à Rome, le 7 août 1952). La compagnie disait que la ville n’était pas assez organisée pour qu’elle puisse assurer la résidence permanente d’un prêtre catholique. Elle voulait seulement avoir un prêtre qui puisse, durant certaines périodes, venir faire du ministère. Dans les circonstances, le père Marcel Champagne trouvait plus avantageux de s’établir à Sept-Îles en attendant que cette fondation soit possible.

Eugène Lapointe OMI