La mission de Notre-Dame des Vic­toires est située à 200 kilomètres au nord-est d’Edmonton. C’est le père René Rémas qui l’a fondée en 1853. Le sol y était fertile et deux rivières (rivières aux Castors et Athabaska) mettaient cet en­droit en communication relativement facile avec les missions de l’Île-à-la-Crosse et du lac Athabaska. C’est pour­quoi on fit de Notre-Dame des Victoires un entrepôt et un centre d’appro­visionnement pour les missions du nord. Les pères Jean Tissot et Augustin Maisonneuve, avec les frères Joseph Salasse et Patrick Bowes arrivés en 1855 et 1857, furent chargés de cette œuvre. Ils défrichèrent le terrain, construisirent maison, chapelle, couvent et école-pensionnat dirigée par les Sœurs de la Charité de Montréal à partir de 1862. Ils firent également un chemin carrossable vers le fort Pitt au sud.

Lac-la-Biche, Alberta (AD)

Les pères Maisonneuve et Tissot s’étaient souvent plaints de Mgr Taché. Le 13 décembre 1859, Mgr de Mazenod leur écrit pour louer les vertus de leur nouveau supérieur, Mgr Grandin, coadjuteur de Mgr Taché. Il ajoute: «Je vous félicite donc d’avoir un tel supérieur et tout ce que je demande et que j’espère c’est que vous viviez dans le plus parfait accord avec lui dans tous les rapports que vous aurez ensemble. »

En 1868, la mission était fréquentée par quatre à cinq cents Métis catholiques et des Cris, la plupart encore infidèles. Dans un rapport de l’année 1873 sur le vicariat d’Athabaska-Mackenzie, on lit que la mission Notre-Dame des Victoires appartient au diocèse de Saint-Albert mais, depuis 1869, elle est placée sous la juridiction religieuse du vicariat de mis­sions du Mackenzie comme procure des missions du nord. Elle a des «logements suffisants », elle possède des champs cultivés, de nombreux chevaux et une grande quantité de bœufs et de vaches, un moulin à farine et à scie. C’est dans ce moulin que, le 15 juillet 1897, le frère Antoine Kowalczyk a eu le bras droit cassé et mutilé; on dut l’amputer quelques jours après. Quelques années plus tôt, vers le 20 juin 1875, le frère Alexis Reynard allait de la mission du Grand Lac des Esclaves vers le Lac-la-Biche lorsque, pour défendre une orpheline, il fut tué et mangé par son guide iroquois.

Les pères visitaient les postes de Saint-Valentin, du Petit-Castor, de Saint-Jean-Baptiste et du fort Pitt. La mission qui appartenait d’abord au diocèse et au vicariat de missions de Saint-Boniface, passa au vicariat de missions d’Atha­baska-Mackenzie en 1864, au vicariat de missions de Saint-Albert en 1889, à celui de l’Alberta et de la Saskatchewan en 1906, à la province oblate d’Alberta-Saskatchewan en 1921 et à la province Grandin en 1985. Mgr Faraud a eu sa résidence dans cette mission de 1869 à 1889. Le père Victor Legoff y a été missionnaire et directeur de 1903 à 1927. Au début du XXe siècle, elle était moins importante puisque l’école-pensionnat avait été reconstruite dans la réserve amérindienne du lac La Selle. De plus, à cause des communications plus faciles, elle servit de moins en moins d’entrepôt pour les missions du Mackenzie. En 1905 les Filles de Jésus ouvrirent à la mission Notre-Dame des Victoires une école-pensionnat pour les enfants blancs de la région. En 1921, l’église fut détruite par un cyclone et reconstruite. Les Oblats ont quitté en 2002.

Yvon Beaudoin, o.m.i.